Les gens qui n’ont jamais d’opinions sont mortellement ennuyeux. Dès qu’une discussion s’enclenche, ils se taisent ou affirment que cela ne les intéresse pas. Ce ne sont pas des interlocuteurs stimulants. Comment, d’ailleurs, peut-on se demander, font-ils pour prendre des décisions, pour mener leur vie? Ah, ils ont bien quelques goûts ou sentiments, mais cela, dans la vie, ne constitue pas une boussole valable. Se contentent-ils, alors, de jouer les suiveurs? On avouera que ce n’est pas très enthousiasmant comme programme.
En revanche, les gens qui n’ont que des opinions tombent rapidement sur les nerfs. Ils se prononcent sur tout, mais c’est souvent à tort et à travers. Quand on les conteste, ils se contentent d’élever le ton pour répéter des jugements dont ils sont incapables de débattre. Contrairement aux premiers, qu’on pourrait qualifier d’indifférents, ils ont toutefois le mérite de susciter l’intérêt. Eux, au moins, se mouillent, s’essaient, même si la pauvreté de leur argumentation les laisse vite démunis dans l’échange.
Si chacun a le droit d’émettre des opinions, écrivait le regretté Pierre Bourgault, il n’est pas vrai qu’elles se valent toutes, loin de là.