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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Années 1930, un écrivain britannique viens faire un pèlerinage dans un village d'altitude du Valais. L'ambiance est superbement maîtrisée, les couleurs font ressortir la fraîcheur de l'atmosphère, ou la chaleur quand les personnage se retrouvent dans la salle de l'auberge chauffée au feu de cheminée. L'histoire prend le temps de se mettre en place, se dévoile tout doucement égrenant quelques petits mystères. L'écrivain est sur la trace d'un musicien au nom serbe qui serait mort dans ce village. Quel rapport entre ce pianiste et Peter Pan. Et il y a le vieux Baptistin recherché par la police, et un mystérieux pianiste qui joue les oeuvres du compositeur le soir dans le salon de l'Hôtel encore fermé. On boit du fondant. À la fin du premier tome, les interrogations restent encore nombreuses, mais je suis totalement envoûté par l'ambiance, les décors, la montagne, l'inquiétant glacier. le ton feutré, intimiste se met au service de la montagne, de cette région suisse.
Cosey, auteur de bande dessinée suisse a délaissé quelques temps l'Himalaya avec son personnage de Jonathan pour nous amener dans une aventure romanesque au coeur du Valais. On ressent à travers ses illustrations et le calme du récit, son amour pour son pays. Il possède sa manière propre de représenter la neige, les montagnes, le ciel, avec un trait fin et précis.
Les éditions du Lombard avaient fait pression sur lui pour qu'il se consacre à Jonathan plutôt qu'à ce projet, on était en 1984, pourtant les lecteurs, comme moi à l'époque vont se précipiter sur “À la recherche de Peter Pan”. Ce succès inattendu provenait sans doute du fait que Cosey proposait quelque chose de nouveau dans l'univers de la bande dessinée, où l'aventure passait au second plan derrière la nature, la montagne, le folklore, c'est presque une bande dessinée ethnologique, naturaliste et poétique, un “roman graphique”. Je rouvre régulièrement cet album, la tranche est un peu jaunie, et j'ai toujours autant de plaisir, il y a aussi une certaine philosophie de la vie, où le temps est suspendu, on prend une grande bouffée d'air frais en lisant cet album.
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Dans le cadre du club des chroniqueurs Signé, j'ai reçu cette bande-dessinée signée Cosey. J'ai déjà demandé celles qui me tentaient vraiment, j'ai donc choisi par défaut pour cette sélection-ci. On dit souvent que les meilleures surprises surviennent quand on n'attendait rien. Ca se confirme ici.

Le résumé ne m'intriguait pas outre mesure et la couverture bien que sublime ne m'inspirait pas d'avantage. Mais contrairement aux préjugés que j'avais, j'ai vraiment accroché à l'histoire et les dessins sont très réussis.

Sir Melvin Woodworth est un écrivain à succès. Parti se ressourcer dans les Alpes valaisannes, il espère y retrouver l'inspiration qui lui manque tant, alors que son éditeur le presse de lui fournir le manuscrit de son troisième roman. Grand amateur de Peter Pan de James M. Barrie, il lui donnera finalement pour titre: A la recherche de Peter Pan. Mais plus que des idées pour la rédaction de son livre, c'est des secrets concernant son frère qu'il découvrira. En allant en vacances dans le village d'Ardolaz au pied d'un glacier, jamais il n'aurait imaginé faire de telles rencontres et découvrir la vraie vie de son aîné.

L'intrigue est pleine de surprise et de révélations. Bien que s'étendant sur une centaine de pages (c'est long pour une BD), elle se lit très très vite. le fait que certaines pages soient entièrement dépourvues de texte joue pour beaucoup mais ces passages illustrés servent totalement l'histoire. C'est donc tout aussi agréable à lire!

En bref, cette BD a été une excellente surprise! J'ai été prise dans ma lecture de bout en bout. Je ne peux que vous la recommander !
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Ce tome comprend une histoire complète et indépendante de tout autre. Comme l'indique le titre, il s'agit de l'intégrale de l'histoire : il regroupe les 2 tomes initiaux parus en 1984 et 1985, et prépublié dans le Journal de Tintin en 1983-1984. Ce récit est en couleurs, entièrement réalisé par Cosey (Bernard Cosendai), un auteur suisse. Il est connu entre autres pour la série Jonathan (16 tomes) et pour un récit de Mickey Une mystérieuse mélodie : ou comment Mickey rencontra Minnie (grand prix du Festival d'Angoulême 2017). Ce tome commence par une introduction de 3 pages écrite par André Guex, auteur de Geiger : Pilote des glaciers et de Valais Naguère. 281 photographies anciennes. Il évoque la région du Valais, un canton de Suisse situé au sud du pays.

Peu avant 1930, la malle de la Poste progresse tranquillement pour rallier le village d'Ardolaz dans les Alpes Valaisannes en Suisse. Un mystérieux individu à chapeau et à moustache saute dedans à la faveur d'un tunnel. Un peu plus loin sur le bas-côté, 2 gendarmes interpellent un touriste pour savoir ce qu'il fait là. Melvin Z. Woodworth leur explique qu'il vient séjourner à Ardolaz pour trouver l'inspiration pour écrire son prochain roman. La malle arrive. Woodworth propose une petite goutte de Gin aux policiers, d'une bouteille de ses affaires personnelles, transportées par la malle. Il est un peu surpris d'apercevoir Baptistin, mais n'en dit rien aux gendarmes. Il finit par rallier Ardolaz à pied, mais arrive après la malle, ayant ainsi perdu son pari avec le cocher.

Une fois installé à l'auberge de monsieur Zufferey, il va faire le tour du village. Il va se recueillir sur la tombe de Dragan Z. Madjevic, puis se promener autour du Grand Hôtel qui est fermé pour l'hiver. le soir alors qu'il lit tranquillement dans le fauteuil de sa chambre, il entend un énorme craquement. Il s'agit du glacier avoisinant qui bouge. Au petit déjeuner, il évoque l'histoire d'un ancien village qui aurait été enseveli par le glacier. Les gendarmes sont toujours à la recherche de Baptistin, accusé de faux-monnayage. Melvin Woodwaorth reçoit un courrier de son agent Virgil G. Ashbury qui menace de lui couper les vivres si son prochain roman tarde encore trop. Pour essayer de déclencher le processus créatif, Woodworth se met à relire Peter Pan (1911) de James M. Barrie (1860-1937), personnage créé en 1902.

Il est toujours un peu intimidant de se lancer dans la lecture d'une oeuvre ayant été intégrée au patrimoine de la bande dessinée. le lecteur sera-t-il à la hauteur ? Saura-t-il en apprécier la substantifique moelle, y percevoir ce qui fait sa valeur ? Peu importe, autant déjà commencer par la lire comme n'importe quelle bande dessinée pour voir si elle fournit un bon moment de lecture. Généralement, la première composante qui accroche le lecteur réside dans l'intrigue. Cosey propose d'emmener le lecteur dans un canton suisse, plus précisément dans un village de haute montagne, pour toute la durée du récit (à part l'épilogue de 3 pages itinérant en Italie). Il met en scène un écrivain à la recherche de l'inspiration, peu avant 1930. A priori, il n'y a pas de quoi titiller l'attention d'un amateur de récit d'aventures. Mais en fait, l'auteur intègre plusieurs éléments d'ordre romanesque, comme un trafic de fausse monnaie, un fuyard (Baptistin) qui échappe aux gendarmes, un individu qui rôde la nuit dans le Grand Hôtel fermé pour la saison et qui y joue des airs au piano, une mystérieuse jeune femme (Evolena) qui se baigne dans une source chaude, un village qui aurait disparu, et même Melvin Woodworth a un objectif caché qui a trait aux circonstances de la vie et de la mort de Dragan Z. Zmadjevic dans ce village.

Finalement le lecteur se retrouve très intrigué, avec l'envie d'en savoir plus sur ces mystères. Il plonge dans une histoire agréable et facile à lire, sans dimension intellectuelle exigeant trop de concentration de sa part. Il se rend compte qu'il apprécie également la dimension touristique de l'histoire, l'évocation de ce village de montagne au début du vingtième siècle. Il en a un premier aperçu avec les tenues vestimentaires des personnages : à commencer par les culottes courtes de Melvin Woodworth et ses grosses chaussettes de laines qui montent jusqu'au genou, en continuant par les uniformes d'époque des gendarmes, en passant par les vêtements confortables et un peu empruntés des villageois. Il n'y a pas de doute que le dessinateur ait fait les recherches nécessaires pour assurer la véracité historique de ces éléments.

Les recherches de Cosey couvrent également l'architecture du village avec ses chalets de bois et leurs toits en ardoise, son église en pierre, les clôtures de bois, le luxe du Grand Hôtel, etc. Au fil des séquences, le lecteur peut également découvrir les occupations quotidiennes des villageois : filage de la laine, travail du bois, élevage de chèvres. Il se rend compte que l'évocation de ce village et de cette époque n'a rien de superficielle ou de générique quand le personnage principal bénéficie d'explications sur quelques pratiques, ou de la définition de quelques termes locaux. Ainsi le lecteur découvre avec Melvin Woodworth (ou retrouve s'il connaissait déjà) la définition du chemin de bisse : canal d'irrigation creusé dans la terre, ou accroché au rocher, conduisant à la belle saison l'eau des torrents vers les prés et les prairies qui se dessèchent. Il croise des termes comme le fendant (un cépage chasselas en Valais), les mayens et les raccards qui sont tous explicités au cours du récit. L'authenticité de cette reconstitution historique n'est donc pas à mettre en doute, et c'est un vrai plaisir que de pouvoir découvrir le village par les yeux du nouveau venu, de l'accompagner faire du ski dans une zone encore majoritairement sauvage, sans touriste, de découvrir les spécialités locales (encore un petit verre de fendant ?), et de savourer une raclette à l'air libre, avec quelques nouveaux clients de passage.

Cette bande dessinée est découpée en 9 chapitres assez rapides, et le lecteur s'aperçoit que dès le troisième, il est complètement emporté par l'histoire. Il n'a pas besoin de temps d'adaptation pour pouvoir apprécier les dessins de Cosey. Ils appartiennent à un registre descriptif avec un bon niveau de détails. Il utilise un trait d'encrage assez fin pour tracer les contours de chaque forme. Dès la première page, le lecteur apprécie de pouvoir observer ce toit qui protège le pont permettant de traverser une rivière. À chaque page, il peut choisir de lire rapidement pour ne s'intéresser qu'à l'histoire, ou prendre son temps pour apprécier les détails qui s'y trouvent : la forme d'une luge, une pile de bûches, l'aménagement de la chambre d'auberge de Woodworth, les formes des sacs à dos, les bâts des ânes et leur contenu quand les villageois sont contraints d'évacuer le village, la bouilloire utilisée par Woodworth, la robe de soirée d'Evolena, un abreuvoir, etc.

Cosey sait créer des personnages aisément reconnaissables, avec des allures différentes, qu'il s'agisse de Melvin Woodworth, jeune homme plein d'allant et confiant en ses capacités, d'Evolena jeune femme pleine d'entrain et souriante, de Baptistin homme chenu plus âgé, encore dans la force de l'âge, des 2 gendarmes, ou du cochon Wilfrid, des villageois, etc. Il se montre assez facétieux avec les 2 gendarmes, les utilisant comme le duo des Dupondt dans un premier temps, en tant que ressort comique, avec une forme de condescendance de la part des autres personnages, mais finalement des professionnels assez compétents dans un deuxième temps. Il s'avère convaincant pour animer de manière réaliste le cochon que Woodworth a baptisé Wilfrid. Dès la première page, le lecteur apprécie de pouvoir contempler la nature. Alors que la malle postale n'en est encore qu'au début de son ascension, il voit la ligne des arbres, la terre à nu, et les formations rocheuses des montagnes avec des affleurement rocheux à plusieurs endroits. le lecteur ressent l'impatience à prendre de l'altitude pour parvenir aux paysages entièrement recouverts de neige. Il constate qu'au fur et à mesure de la progression de la malle, les bas-côtés se couvrent de plus en plus de neige.

Dans le chapitre II, Melvin Woodworth part faire un tour à pied aux environs du village, ce qui permet de regarder alentour, malgré un petit banc de brume. Dans le chapitre III, il part faire un tour à ski, d'époque en bois. le lecteur partage son plaisir à se laisser glisser, à progresser dans la neige fraîche, seul au monde, à découvrir une source chaude au milieu d'un bosquet de mélèzes. Au fil des chapitres, Melvin Woodworth a l'occasion de faire d'autres sorties à ski, de découvrir l'intérieur d'une grotte, et de passer sur le glacier. le lecteur reste béat d'admiration devant la manière dont Cosey sait conserver le blanc de la page pour rendre compte de la virginité de la neige. le lecteur se retrouve à projeter la texture et la résistance de la neige dans ces zones blanches de la page où évolue Woodworth ou d'autres personnages. L'artiste n'abuse pas de ce mode de représentation, en particulier, il donne une couleur grise aux étendues enneigées lors des séquences nocturnes. Il sait également rendre compte de la résistance de la neige, entre autres lorsque Woodworth se retrouve les quatre fers en l'air dans de la poudreuse. Il réalise une mise en couleur naturaliste, essentiellement basée sur des aplats de couleurs unis. Il introduit rarement des nuances, essentiellement pour rendre compte de reliefs mis en évidence par la luminosité. Il ajoute des petits traits secs pour rendre compte des textures des surfaces, que ce soit le bois ou les tissus. Il utilise également les couleurs pour faire mieux ressortir quelques surfaces par rapport aux autres par exemple 2 plans différemment éloignés de lignes d'arbre.

Le lecteur un peu tatillon peut trouver qu'un ou deux passages comprennent des invraisemblances, ou des situations un peu tirées par les cheveux. Il y a bien sûr le comportement du cochon Wilfrid qui relève plus du dispositif artificiel bien pratique pour aider le héros, que d'un comportement naturaliste totalement plausible. Néanmoins le lecteur peut y voir une forme de comédie, sans réelle incidence sur l'intrigue en elle-même. Cosey donne l'impression de jouer dans un registre de chassé-croisé, pour introduire une tension momentanée, et ne pas se répéter dans les recherches menées par les 2 gendarmes. le lecteur peut aussi s'étonner de voir Evolena se balader dans la neige jambes nues, ou en talon, alors que les autres personnages restent en tenue hivernale pour affronter le froid de la saison, et la couche de neige. Mais il ne s'agit que de menus détails au regard de la globalité du récit. du coup, il pardonne également le final un peu trop spectaculaire quand l'une des attaches du sac à dos de Baptistin lâche au mauvais moment, ou quand ce personnage fait une découverte spectaculaire à un moment bien opportun. Il le pardonne à l'auteur, parce que malgré tout celui-ci a pris soin de préparer ces événements, à commencer par le poids du chargement du sac, mais aussi parce qu'il voit bien qu'il s'agit pour l'auteur d'introduire des rebondissements pour rester dans le registre de l'aventure.

Totalement décontracté par la facilité de la lecture, le lecteur se laisse emporter par l'intrigue, par le plaisir de se retrouver dans cette région, par le grand air, et par la bonne nature du personnage principal. Il se rend compte que la reconstitution de l'ambiance du village le convainc entièrement. Il se surprend à aller se renseigner sur la vie de Joseph-Samuel Farinet (1845-1880) faux-monnayeur, ayant fait l'objet d'un roman : Farinet ou la fausse monnaie (1932) de Charles Ferdinand Ramuz. Malgré quelques facilités de scénario, Cosey a recréé une communauté, en la présentant par les yeux d'un nouveau venu. Au sein de son intrigue, il évoque donc cette forme d'activité criminelle qui est la création de fausse monnaie. Il évoque également le symptôme de la page blanche chez l'écrivain, et la situation financière précaire qu'il provoque. Au travers de l'histoire personnelle de Melvin Woodworth, il parle aussi d'un immigré (son père), de sa relation avec son père, de la distance qui sépare les membres d'une même famille, de la vie rêvée du frère absent. le lecteur peut trouver comme un écho de ces thèmes dans l'exode imposé des villageois d'Ardolaz, devant abandonner leurs racines, devant quitter leur foyer. Il y a finalement des thèmes sous-jacents assez graves dans le récit, même s'ils ne prennent jamais le pas sur l'histoire racontée. le lecteur peut d'ailleurs voir dans la conclusion de l'épilogue l'affirmation d'une valeur qui rejoint la question de la cellule familiale.

Et Peter Pan dans tout ça ? Il y a déjà les citations de James M. Barrie en ouverture de chaque chapitre qui sont toutes extraites du livre Peter Pan. le lecteur peut essayer de trouver en quoi elles viennent apporter un éclairage au chapitre afférent, ou y voir plus une idée générale du chapitre, une source d'inspiration. L'auteur va un peu plus loin encore, lorsque dans les pages 81 et 82, Melvin Woodworth rêve au dieu pan. Il est assez difficile d'établir un parallèle direct entre le parcours de Melvin Woodworth et celui de Peter Pan, ou de voir dans ce récit des thèmes comme la peur de la mort. Peut-être que Woodworth est effectivement à la recherche de Dragan Z. Zmadjevic qui semble avoir vécu son rêve d'enfance ? C'est la réflexion qu'il se fait en page 57. Peut-être est-il à la recherche d'une vie romanesque qui lui éviterait d'être adulte, de faire face à ses responsabilités ? Ou peut-être que plus simplement Melvin Woodworth est un individu qui trouve du plaisir dans l'expérience de la vie, sans réelle implication de sa part ? Faut-il voir dans la décision de Woodworth de rester au village malgré le danger, un comportement manquant de maturité ? Ou dans sa décision de venir en aide à Baptistin sans rien connaitre de lui ? Il apparaît également qu'il souhaite retrouver l'état antérieur de la chaleur familiale lorsqu'il était enfant.

Finalement, qu'elle appartienne ou nom au patrimoine de la BD, cette histoire se lit avec un grand plaisir, sans donner l'impression de retomber en enfance, ou que le média soit une excuse pour un récit infantilisant. L'auteur laisse le libre choix au lecteur de ne lire le récit que pour son intrigue et sa dimension touristique, ou de prendre le temps de penser aux choix effectués par le personnage principal.
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C'est un cadeau de Noël avant l'heure que j'ai reçu grâce à Babelio et aux Éditions du Lombard. “À la recherche de Peter Pan” de Bernard Cosey, est arrivé dans ma boîte aux lettres début décembre et, après d'autres lectures en retard, je viens de le terminer avec bonheur et tendresse.

Au coeur des Alpes suisses dans le canton du Valais, peu avant 1930, Melvin Z. Woodworth, auteur dilettante à succès, se détend en cherchant l'inspiration pour son prochain livre. Dans le petit village d'Ardenaz, il est connu et apprécié de nombreux villageois qui voient en lui un gentil aristocrate anglais un peu original. le tableau bucolique serait parfait si ne planait pas la menace du glacier, qui il y a longtemps avait englouti un vieux village, et qui aujourd'hui risque de faire de même à très brève échéance. En attendant l'inéluctable avec sérénité, Melvin parcourt la montagne à la recherche de l'histoire de son frère Dragan, compositeur mondialement connu et disparu mystérieusement. C'est pendant cette quête que Melvin va croiser de nombreux personnages qui vont fleurir l'aventure, le vieux Baptistin avec à ses trousses une paire de pandores moins benêts qu'il n'y paraît, un mystérieux pianiste qui hante le Grand Hôtel la nuit, un charmant petit porcelet maladroit…

Préfacé par André Guex, écrivain vaudois, qui nous présente les traditions du Valais agrémentées de photos en noir et blanc et d'illustrations en couleur de la main de l'auteur, “À la recherche de Peter Pan” est un album de bande dessinée un peu à part. Chronique montagnarde, quête personnelle, aventure sentimentale, hommage au passage à John M. Barrie, c'est un peu de tout cela avec la poésie en plus. Chaque chapitre étant introduit d'une citation extraite de Peter Pan, c'est ce dernier qui va donner à Melvin (s'il l'écrit) le titre de son prochain roman, et à Cosey celui de cette belle aventure.
Je connaissais de très loin cet auteur suisse, me promettant un jour d'acheter un des ses albums - voire plus si affinités - , et là, j'ai découvert un dessin d'une très grande sensibilité avec un découpage laissant la part belle à l'illustration (ce qui est essentiel pour une BD). le trait est précis dans le détail, souple sur l'ensemble, la mise en couleur est très douce : jaune et chaude pour les intérieurs, bleutée et fraîche pour les extérieurs, avec une astuce remarquable pour la neige, à savoir, garder le blanc du papier tout en lui donnant du volume avec les autres éléments du dessin, et ça, pour moi qui ai une formation de dessinateur, c'est un coup de génie.

Tout en parcourant cet album, je n'ai pu m'empêcher de penser à un livre magnifique que j'ai lu l'année dernière, de Pierre Magnan, “L'Aube Insolite” que je recommande à tous les amoureux de montagne, de mystère et de poésie. En résumé c'est un véritable coup de coeur que cet album réunissant les deux tomes d'une histoire parue en 1984-85, mais qui, située au début du XXe siècle, n'a pas pris une ride et a gardé toute sa fraîcheur d'origine.

Merci encore à Pierre Krause et au Lombard (Collection Signé), pour cette belle découverte.
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Voici une BD de qualité qui m'avait marquée il y a longtemps et dont la relecture m'a permis de découvrir de nouvelles pépites.
Je reste toujours admiratif par la couverture immaculée et dépouillée.
Pour un petit résumé, on trouve sur le site de l'éditeur de quoi se faire une première idée :
Lombard :
Qu'est donc venu chercher Sir Melvin Woodworth au beau milieu des Alpes valaisannes ? L'inspiration pour un nouveau roman que ses éditeurs londoniens lui réclament à corps et à cris ? En partie, mais sa quête est double: il est également à la poursuite d'un souvenir, de l'ombre de son frère Dragan, pianiste échoué au beau milieu des montagnes. Il découvrira qu'il faut parfois relire le passé sous un angle différent pour pouvoir écrire l'avenir.
Sur un fil un peu distendu sur l'oeuvre de James M Barrie, on est plus sur un rythme à la Ramuz, notamment son Farinet où la fausse monnaie mais aussi à son Derborence. Mais cette BD est surtout un hommage au Valais du début du XX siècle, à ses paysages et à ses habitants.
Une vraie réussite !
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L'ombre tutélaire des oeuvres du "toujours jeune" C.-F. Ramuz ("Derborence", "Farinet ou la fausse monnaie", "Si le soleil ne revenait pas") plane sur cette oeuvre-phare de Cosey...

Si fine écriture du sentiment amoureux quand "là-haut", l'air se fait plus léger ; tellement léger qu'on peut apercevoir en contrebas les mélèzes s'ébrouer lentement de leur manteau neigeux.

"Le Château de l'Oiseau blanc" ou "L'espace bleu entre les nuages"...

Je pense qu'avec ses deux tomes magiquement colorés, cette oeuvre graphique et narrative superbe restera à la postérité comme "Le Rouge et le Noir" et "La Chartreuse de Parme" de COSEY... : c'est-à-dire une éclatante réussite artistique !

Anecdote : à chaque fois que vous prêterez vos deux tomes de "A la Recherche de Peter Pan", on oubliera de vous les rendre !

Remercier aussi Gilwen et pgremaud pour leurs excellentes critiques (laudatives) car l'oeuvre les mérite amplement !!

Et avis aux amateurs de l'oeuvre du papa de "Jonathan" : si vous ne la connaissez déjà, remontez bien TOUT le ruisselet jusqu'à sa source, c'est-à-dire l'Oeuvre magique du grand Vaudois C.-F RAMUZ (1878-1947)... évidemment "à rebrousse-temps" et en commençant par son début ("Aline", "Les circonstances...", "Jean-Luc... ", etc.) !

Les "romans-poèmes" existent bien : Ramuz a su les créer...
C'értait un beau jour et par temps calme. le foëhn avait même cessé de souffler...
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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Cette BD est un petit bijou de calme et de douceur. Comme toujours avec Cosey, on ressent un souci du détail et un gros travail de documentation qui permettent un beau voyage dans cette région. C'est ainsi un véritable témoignage sur la vie dans ces contrées et un art de vivre aujourd'hui menacé qui nous est offert. Pas d'intrigue tortueuse ici, mais les pérégrinations d'un écrivain sur les traces de son frère. Avec le regard vierge, un brin naïf et profondément humaniste qu'il pose sur ce qui l'entoure, il est le compagnon idéal pour une escapade alpine.

On prend son temps, dans cette BD, celui de s'égarer dans les sentiers enneigés, de respirer le parfum des mélèzes épargnés par l'hiver et d'observer les premiers crocus pointer le bout de leur nez. L'intrigue se développe lentement, et c'est avec beaucoup de douceur que l'on découvre petit à petit les personnages et que l'on se plonge dans une atmosphère aussi reposante qu'intrigante. Une histoire toute en simplicité donc et où l'on retrouve des thèmes chers à Cosey comme la montagne, la nature, mais aussi l'amour, l'amitié et un soupçon d'aventure avec un glacier qui menace au loin et une échappée folle en haute montagne.

Beaucoup de sensibilité également dans le trait de l'auteur: cadrages réussis, couleurs douces et des paysages qui à eux seuls insufflent toute l'émotion aux scènes sans avoir besoin de recourir au dialogue. du silence donc et des décors somptueux, qui autant que les textes appellent à la rêverie.

Lien : http://livrementvotre.blogsp..
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1930 dans les Alpes valaisanne, Melvin Wooldworth vient séjourner quelque mois dans le petit village d'Ardolaz pour y trouver l'inspiration pour écrire son troisième roman mais aussi pour se recueillir sur la tombe de son frère musicien décédé accidentellement plusieurs années plutôt. Un glacier menaçant de s'effondrer sur le village, un mystérieux interprète d'une des compositions de son frère et un faussaire pourchassé par des gendarmes vont rendre son séjour pour le moins remuant.

Deuxième bande dessinée reçue dans le cadre du club des chroniqueurs signé organisé par Babelio et les éditions du Lombard, celle ci nous plonge dans les Alpes Valaisanne en 1930. C'est avec une grande précision historique que Cosey réussit a recréer un village du Valais. C'est avec un plaisir manifeste qu'il nous emmène prendre un grand bol d'air en suivant les pérégrinations de son héros Melvin Wooldworth sur les traces de son frère. On se laisse surprendre a admirer les dessins de l'auteur sur l'éclosion d'un crocus, un village a flanc de montagne ou un skieur perdu dans le blanc de la neige. Les dessins de Cosey sont tout simplement somptueux que ce soit la montagne ou les personnages qui traversent cette histoire. La seule restriction dans le dessin de l'auteur concerne le nu féminin qui (pour moi) n'est pas au niveau du reste (mais vu que ce n'est pas une bande dessinée érotique, on s'en moque un peu). Mais l'intrigue me direz vous, est elle au niveau du dessin ? La réponse est oui sans aucun doute. On se laisse entrainer avec beaucoup de plaisir dans les aventures et les rencontres que va faire Melvin Woodworth.

Une grande réussite artistique qui nous laisse ébahi par la grande qualité des dessins et par une intrigue parfaitement menée. Un livre qui mérite amplement tous les prix reçus comme le Grand prix du public 1984 à Paris.
Lien : http://desgoutsetdeslivres.o..
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C'est la couverture qui m'a attiré sur cette BD (d'ailleurs je l'ai affiché longtemps chez moi), tout ce blanc et ce bleu, cela m'avait irrésistiblement scotchée. Ensuite le dessin, relativement simple mais qui sait en quelques traits suggérer des décors majestueux. Enfin l'histoire car il ne s'agit pas uniquement d'introspection (quoique) mais d'une quête de sir Woodworth celle d'un livre à écrire et d'un frère à retrouver. Et on croise aussi JM Barrie tout au long de cette histoire qui prend son temps.
Un vrai coup de coeur, le premier roman graphique.
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Une bande dessinée à écouter avec un petit Dire Strait.
Une bande dessinée qui donne envie de découvrir le Valais
Une bande dessinée qui est une vrai hymne à la nature et la montagne.
Une bande dessinée qui accompagne nos randonnées......
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