31 décembre. Homer, vétéran du Viet Nam est seul dans la maison de son enfance. Felicity, gamine de 13 ans ou 11 ans ou peu importe, s'ennuie chez elle et téléphone pour ne pas passer un réveillon seule.
Sur le programme de la télévision, Homer a coché un reportage sur le Viet Nam. Un reportage filmé vingt ans après la fin de la guerre. Où les GI's retournent sur le terrain des opérations, parlent avec les habitants, se souviennent. Un reportage où Homer apparaît.
S'engage alors un dialogue improbable, une brêche dans le temps, entre Homer et Felicity sur l'être et le néant, sur l'essence des choses, sur la vie et les relations humaines.
On ne peut se départir de l'idée que Felicity a davantage que les 11 ans qu'elle se donne. Ou elle est fort précoce et mature pour son âge.
En contrepoint de ces dialogues un peu décalés parfois, on a droit aux images de reportage. Mais je ne peux m'empêcher de penser que Cosey surimprime en plus des souvenirs d'Homer qui ne sont pas dans le reportage.
Homer revoit dans l'émission le voyage d'adieu à un camarade dont il avait gardé la plaque, qu'il jette à l'eau. Et Felicity l'aide à faire un autre voyage, intérieur, par lequel Homer va jeter ses souvenirs aux oubliettes. Y'a-t-il une vie après la guerre?
Cosey nous emmène loin en peu de mots. Et si le lecteur se laisse distraire par cette absence de mots, la BD se lit vite, trop vite. A mon avis, il faut prendre son temps. Se laisser guider par les images sans texte. Par l'évocation du souvenir et par cette amitié de l'instant. L'absence d'action et de mouvement ne m'a pas gênée.
Cosey nous offre un moment de grâce intemporel, universel. Avec un art consommé de la mise en page. Jouant sur les jaunes au Viet Nam et sur les gris-bleu autour d'Homer.
C'est doux-amer. C'est la vie. C'est Cosey.
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Une BD toute en émotion et intelligence où on s'attarde sur le dessin et les couleurs d'une rare beauté. Soir de réveillon, un homme s'apprête à le passer seul jusqu'à ce que son téléphone sonne. Au bout du fil, une gamine de 11 ans. Ils vont se confier l'un à l'autre, tandis qu'en toile de fond passe un reportage sur le Vietnam qu'il a fait et où il a perdu son meilleur ami. Amitié le temps d'une soirée entre deux solitudes de personnages que tout oppose.
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Ne pas être seul le soir de la Saint Syvestre...Simple comme un coup de fil.
Un vétéran s'étant retiré de la foule se retrouve seul le 31 Décembre mais l' appel téléphonique d'une jeune fille qui a tiré son nom au sort va occuper sa soirée, de même que ses souvenirs de guerre qui passent à la télévision.
amitiés, nostalgie, solitude, ces mots résonnent tout au long du récit que ce soit en Amérique ce soir de fête que dans le documentaire filmé 20ans plus tôt.
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- Je parie que tu n'es jamais d'accord avec l'opinion générale.
- ça doit être quelque chose comme ça.
- Je comprends. Quand les gens sont du même avis que moi, j'ai toujours l'impression de m'être trompée.
- Tu n'aimes pas l'école ?
- Je ne dirais pas que je n'aime pas l'école... C'est plutôt que je la déteste ! Premièrement, je ne vois pas l'intérêt d'un enseignement dans lequel on ne vous demande pas votre avis. Et puis il y a cette Miss Gumberton et ses bas de couleurs qui jurent avec ses tailleurs. J'ai bien essayé de lui expliquer, mais ça a fini dans le bureau du directeur - un type mûr pour être ministre de la Justice en Afrique du Sud...
Par moments, j'ai horriblement peur de ne jamais mourir... La trouille de l'Immortalité... être perdu dans le temps, comme un astronaute dans l'espace...
- Veux-tu qu'on partage quelques muffins avant ton départ?
- Ne m'en veux pas, Homer, mais... Tu vois, lorsqu'on a aimé un bon bouquin... Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de rencontrer l'auteur.
- En général, je n'aime pas trop les adultes, mais pour toi, je crois que je ferai une exception.
- Qu'est-ce qui ne va pas avec les adultes ?
- Je ne sais pas... L'ennui, avec eux, c'est qu'avant de parler, ils savent déjà ce qu'ils veulent dire.