L'écho du fracas se répéta longtemps dans la vallée. Enfin ce fut le silence, un silence total. Même les cris du torrent, plus bas, s'étaient tus. Un nuage blanc s'élevait majestueusement. De microscopiques cristaux de glace dansaient en suspension dans l'air, jouant avec la lumière.
Et je me sentais minuscule...
[Dans le village hivernal déserté, menacé par les craquements du glacier, Melvin Z. Woodworth entre dans la maison du "Régent" (instituteur du village) par l'escalier de bois extérieur pour accéder à sa bibliothèque] :
" La maison du Régent. "... " Magnifique ! " ... " Voilà ce qu'il me faut. "
[Repartant dans la neige avec ses pensées, plusieurs gros livres reliés sous les bras] :
" Dickens, Rabelais, Mallarmé et un jeune Ramuz -- du pays -- me tiendraient compagnie. "
-- Toute petite, je me cachais le soir derrière les fenêtres pour observer les clientes de l'Hôtel. Si distinguées, si élégantes. J'admirais leurs toilettes... je rêvais de dîner en tête à tête avec un beau monsieur très grand et, bien sûr, très intelligent.
-- ... et pourquoi n'avez-vous pas abandonné la vallée malgré la menace ?
-- J'ai très peur du glacier. Je l'ai toujours craint. Mais plus haut, sur les pâturages d'été, il n'y a aucun risque. L'avalanche ne monte pas.
-- Les pâturages d'été ? Je les croyais inaccessibles à cette saison...
-- Et puis... je suis très attachée à cette contrée... C'est une vallée merveilleuse, tu sais. Son écho, par exemple. Un écho extraordinaire... Parfois on l'entend dire des choses...
(Dialogue aux chandelles entre Evolena -- fille du vieux Baptistin -- et "Sir" Melvin Z. Woodworth dans le Grand Hôtel déserté et isolé dans la neige)
Nous demeurions à Porto Vecchio, à l'hôtel Dante. Et si c'était l'enfer, j'aurais vendu mon âme au diable pour y rester éternellement.