Une vie qui se raconte à partir des photos d'enfance, des points de départ de souvenirs.
Une mère, un bébé, un père qui n'a pas l'air de savoir ce qu'il fait là.
Autre photo, une deuxième fille, mais un père disparu, on ne voit plus sur les images…
La mère morte, le père qui revient prendre en charge ses deux filles. Cet homme qui reste dans le noir où on ne voit pas les larmes.
Un roman de qui parle de la solidarité des deux soeurs, du regard des enfants sur les secrets des adultes et des blessures qui demeurent même quand il ne reste que quelques clichés un peu flous.
Une écriture recherchée, de belles métaphores, un premier roman réussi.
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J’ai des échardes dans le cœur. C’est ma faute : je ne pense jamais à le protéger des intempéries. Je le traîne sous le bras comme une sacoche bon marché. Le pose sur la table à l’heure des repas, à côté de mes lunettes, que j’enlève à la moindre occasion maintenant. J’ai tout jeté à la poubelle, une fois. Lunettes, cœur et restes de repas. Il m’a fallu fouiller chaque sac de vidanges quand je m’en suis rendu compte. S’il ne s’était agi que de mon cœur, j’aurais laissé glisser. Mes lunettes, elles, ont coûté cher. Papa ne me l’aurait jamais pardonné.
(Ed. Au Carré)
Les secondes s’égrènent lentement, comme pour me donner tout le temps nécessaire pour accepter que je ne sois jamais ma mère. Pour me promettre que je ne serai jamais mon père. Le matin venu, je prends enfin ma décision. Je fais le choix d’essayer d’être moi, à partir de maintenant. Juste pour voir ce que ça donne.
— Les adultes sont trop vieux pour comprendre les dessins des enfants. C’est le Petit Prince qui l’a dit, tu te souviens ? Je hoche la tête, soudain heureuse qu’Anne n’ait que deux ans de plus que moi. Parce qu’être enfant en même temps veut dire partager les mêmes secrets.