Juin 1994 en Bretagne, la vie suit son cours malgré la guerre et l'occupation de la France par les troupes allemandes. Jules, adolescent de 15 ans, chasse, pêche et vend ses prises à un restaurateur. Son père est le régisseur du château du village. La vie de Jules va changer quand un russe blanc en exil, Georges, va arriver et être hébergé au château.
Georges est un érudit, un intellectuel, un poète. Il partage ses passions et ses connaissances avec Jules qui, en échange, lui fait découvrir la nature et ses secrets. le jeune homme et le jeune garçon deviennent amis et complices.
Suite au débarquement du 6 juin, les troupes alliées progressent partout en France. Les troupes allemandes sont aux aguets et un groupe arrive dans le village. Ce groupe a pour mission de débusquer les résistants, les partisans pour empêcher les sabotages et la liaison avec les troupes régulières.
Pour les officiers de ces troupes allemandes tous les moyens sont bons même s'il faut passer par la torture et les exécutions. Jules et Georges vont être confrontés à l'assassinat d'un soldat allemand, ce qui va déclencher une répression féroce des allemands.
Cousseau et Cuvillier nous plonge dans l'horreur de la guerre au coeur de la Bretagne. Ils nous montrent le courage des bretons et leur abnégation. Ils nous livrent une belle histoire d'hommes avec l'amitié entre l'humaniste Georges et le terrien Jules. Georges a fui les bolchevicks et porte des souliers rouges en forme de défi. Ses souliers rouges qu'il devra les abandonner pour ne pas être pris par les allemands.
Les auteurs mettent en évidence le courage des femmes bretonnes qui s'engagent pour protéger les leurs ou pour les venger. C'est une ode au courage. Ils prennent en compte une partie cruelle de la Seconde Guerre mondiale : le repli des troupes allemandes après le DDay, leurs exactions en désespoir de cause. Cousseau rappelle le rôle de la milice et de ces français engagés auprès des allemands, trahissant leur pays et étant parfois de réelles ordures.
Les deux auteurs introduisent de la poésie grâce à Georges et à ses passions, goût de la poésie que Georges transmettra à Jules. Ils évoquent aussi le folklore breton et l'Ankou, représenté par un vieillard vivant au fond des bois. Symboliquement, les allemands essaieront de détruire la poésie représentée par Georges et la légende bretonne représentée par le vieillard en pendant les deux.
Cousseau et Cuvilier montrent aussi qu'il y avait aussi des braves hommes chez les allemands. Ils nous livrent une histoire au scénario bien écrit et bien rythmé. J'ai beaucoup apprécié la poésie proposée et le côté onirique. J'ai beaucoup aimé le graphisme de Damien Cuvilier et surtout sa mise en couleurs si particulière, sa pose estompée qui semble parfois rappeler le brouillard breton.
C'est encore une fois une BD sur la seconde guerre mondiale mais elle vaut le détour.
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Toi l'Homme libre
Soulève-toi
Si ton cœur vibre
Soulève-toi jusqu'à mourir
Soulève-toi contre le pire ...
Et contre toi.
(page 29)
Le destin de l'Homme est-il entre les mains d'un dieu ou celles de cette force intime de toujours penser que le plus beau reste à venir. Une force constante, inaltérable, puisée jour après jour dans la petite part d'enfance que certains savent maintenir intacte jusqu'au crépuscule de leur existence
"L"Homme ne meurt pas ...Un jour, il cesse simplement de s'émerveiller ..."
(page 2)
Ce soldat était un brave type. C'est moi qui lui ai indiqué Kerbot pour ses pommes de terre. Il n'attendait qu'une chose, rentrer chez lui et reprendre la musique § Le monde est mal fait ... La tête d'une poignée de chefs déclare des guerres alors que le cœur de la majorité des hommes n'aspire qu'à la paix ...
(page 41)
Pourquoi ?
Pourquoi l'homme attend-il toujours de côtoyer la mort pour mesurer le bonheur d'être en vie ? ...
(page 85)
Les coïncidences n'existent pas. Il y a seulement des chemins que nos inconscients désirent voir se croiser ...
(page 7)
Rencontre avec Gérard Cousseau, alias Gégé, qui revient sur l'aventure Monsieur Tendre, ce petit moustachu aux faux-airs de Charlot. La rencontre est articulée autour de la projection du film Monsieur Tendre de Christian Lejalé, docu-sensible de 22 minutes tourné en 1984 avec Gégé himself dans son propre rôle et qui traite du principe même de création en bande dessinée. Une rencontre animée par Laurent Lefeuvre, captée pendant le festival Quai des Bulles.