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Par-delà l'oubli, voilà bien le titre idéal pour ce premier roman signé Aurélien Cressely ! En effet, ce livre sort de l'oubli le jeune frère de Léon Blum : René. Ce dernier a délaissé la politique pour se consacrer entièrement à la culture, à l'art, en travaillant pour le théâtre, la danse, la musique et la littérature.
Pour faire partager la vie de René Blum, né à Paris en 1878, Aurélien Cressely s'est bien gardé d'offrir un parcours linéaire. Par touches successives, partant de 1941, revenant à 1899 puis 1926, 1942, 1937, jonglant habilement avec périodes heureuses ou dramatiques, il m'a permis de découvrir un homme qui, par exemple, a permis à Marcel Proust de publier chez Grasset, du côté de chez Swann, roman refusé par les autres éditeurs.
D'emblée, Aurélien Cressely raconte l'arrestation de René Blum, le 12 décembre 1941. Ce sont trois fonctionnaires de la Préfecture de police qui viennent le chercher, l'arrêter parce que Juif. Comme son frère, Léon, il a refusé de fuir, de quitter son pays. Emmené en bus à l'École militaire, il y retrouve Jean-Jacques Bernard, un dramaturge avec qui il partage la même religion mais surtout la même passion pour le théâtre.
Judicieusement, alors que ces hommes sont rassemblés dans le manège à chevaux, l'auteur rappelle qu'au même moment, au palais Berlitz, se tient une exposition nommée « le Juif et la France » et qu'elle cible principalement Léon Blum qui fut, entre autres, Président du Conseil, c'est-à-dire chef du gouvernement du Front Populaire, en 1936. Depuis 1940, il est interné en Auvergne.
Pour René Blum, c'est le début d'un parcours fait d'humiliations, de souffrances, de faim, de froid, parcours partagé avec des milliers d'autres. Aurélien Cressely emploie des mots très forts, une formulation juste et pleine de sensibilité. Même si son ouvrage est centré sur un homme, il permet aussi de ne pas oublier toutes ces vies sacrifiées par l'idéologie nazie, bien aidée par l'antisémitisme au plus haut dans notre pays.
La carrière de René Blum comme journaliste lui permet de côtoyer le monde du spectacle. Ses critiques font évoluer le genre. Évoluant dans ce milieu, il rencontre des gens célèbres comme Bernard Grasset, Théophile Gauthier, Tristan Bernard ou Marcel Proust, déjà cité.
Ce monde de la culture est assez élitiste et j'avoue que la partie consacrée aux Ballets russes de Monte-Carlo m'a un peu ennuyé mais cela a fait partie de la vie de René Blum et je comprends qu'il ne fallait pas l'occulter.
Il ne faut pas oublier aussi que René Blum a connu un camp de prisonniers pendant la Première guerre mondiale. Comme beaucoup d'autres, il a éprouvé l'angoisse du retour, redouté l'accueil qui lui serait réservé alors que la vie s'est organisée en son absence.
René Blum est aussi un père de celui qu'il appelle affectueusement Minouchou, Claude-René, dont Josette, la mère, est séparée de lui. Hélas, ce fils a rejoint l'Action française, un mouvement d'extrême-droite.
À Drancy, René Blum assiste à l'arrivée des enfants séparés brutalement de leurs parents, est effrayé par les conséquences de la rafle du Vél' d'Hiv'. Lui qui fut le premier président du premier ciné-club de France, a été obligé de vendre les livres qu'il avait reliés lui-même, tellement la vie était devenue difficile en cette année 1941 si funeste.
René Blum méritait vraiment que sa vie, son apport important à la culture, soient rappelés, sa fin tragique aussi, à Auschwitz. Aurélien Cressely l'a réussi tout en me faisant ressentir une fois de plus toute l'horreur, l'injustice, le scandale de toutes ces vies brisées, de toutes ces souffrances insupportables que seule l'espèce dite humaine sait infliger à ses semblables.

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Blum, vous avez dit Blum ? L'homme politique, celui du front Populaire ? Non je vous parle d'un de ses frères, René, plus jeune

René était un esthète, un amateur d'art, il a été journaliste, critique d'art, directeur de théâtre, directeur puis propriétaire de la Compagnie des ballets de Monaco. Il a été aussi prisonnier de guerre pendant la première guerre mondiale.
Il était français. Il était aussi juif, par héritage familial, non pratiquant. Il en est mort, gazé en 1942, dès son arrivée dans les camps de la mort. Il avait auparavant passé neuf mois dans différents camps en France. Il a jusqu'au bout essayé d'être fidèle à ce que représentait son nom. Il n'a pas failli.
« Il fit honneur au nom de Blum. Son souvenir restera comme celui d'un homme bon, d'un homme d'art et de culture, d'un homme bienveillant, d'un homme intègre, d'un homme au destin tragique. En cela, la mémoire de René restera, même par-delà l'oubli. »

L'auteur alterne entre le récit des derniers mois de René Blum, entre son arrestation en décembre 1941 et sa mort en septembre 42 et des chapitres relatant les points majeurs de son existence, entre sa découverte du Théâtre nouveau, sa direction de Théâtre, sa condition de prisonnier de Guerre, sa paternité, ses rôles pour la compagnie des ballets de Monaco.
Ces chapitres relatant l'histoire romancée de sa vie montrent à quel point il aimait l'art, et à quel point cet amour a occupé sa vie, aux dépens parfois de celui pour son fils. Mais les chapitres qui m'ont le plus marquée sont évidemment ceux de ces derniers mois. Je n'arrêterai jamais de lire des livres sur cette période. Il n'y en aura jamais trop. Et j'ai là appris des chose s que je ne connaissais pas, comme cette rafle des notables dont il fit partie, J'ai appris aussi que ces hommes passèrent plus de neuf moi en France, baladés de camp en camp. Et chose plus infame encore, on leur fit croire à deux reprises qu'ils allaient être libérés. L'espoir montait en eux, la joie de laisser enfin cet enfer derrière eux. Leurs familles étaient même conviées à les recueillir. Elles ne feront que les voir passer, pour monter dans un nouveau bus, un nouveau train. Et ces atteintes au moral seront de plus en plus difficiles à supporter, brisant un peu plus ces hommes à chaque fois.

L'auteur nous raconte cela d'une narration très soignée, très contrôlée, comme le contrôle que cet homme exerce sur lui. Et j'aurai aimé moi y voir parfois un peu plus d'émotion. Je ne veux pas dire que l'émotion est absente, certaines scènes sont poignantes et m'ont émue. Non, j'aurai aimé que cet homme accepte parfois de se laisser aller, mais d'un autre côté c'était contraire à l'idée qu'il se faisait du rôle qu'il devait tenir de par le nom qu'il portait. L'ombre de son frère l'aura poursuivi jusque là.

Et puis, dans cette écriture très belle, j'ai parfois ressenti certains mots comme étranges, comme si ce n'était pas exactement le mot que j'aurais attendu. le sens en était un peu différent. Vraiment un sentiment bizarre que je ne me souviens pas avoir éprouvé. Et que je ne retrouve dans aucune critique. C'est peut-être moi qui me fais des idées…

Merci infiniment à lecteurs.com pour m'avoir permis de découvrir ce roman.
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Vibrant hommage à un homme des Arts et des Lettres que fût René Blum, frère de Léon Blum.

Encore un très beau premier roman de cette rentrée littéraire de l'automne 2023.
Aurélien Cressely fait un splendide portrait de René Blum. Ce dernier ne nous est pas familier puisque sa vie n'a pas eu la même aura que celle de son frère. Mais la vie de cet homme n'en aura pas été moins méritante pour autant.
Pendant que Léon Blum est, de par le Front Populaire, sur le devant de la scène, René sera d'abord critique, puis journaliste, puis directeur du théâtre de Monte-Carlo pour enfin devenir diriger la compagnie de Ballets russes qui, au passage, fera le dit du grand danseur Nijinski. Il s'occupera de la troupe jusqu'à la toute fin de sa vie : il a alors 63 ans.
Aurélien Cressely nous fait voyager aux côtés de René Blum tantôt dans le monde des Arts aux cotés de grands peintres tels que Matisse, tantôt dans celui des Lettres aux côtés de Proust ou Pagnol. Il jouera par exemple les intermédiaires entre Marcel Proust et les éditions Grasset, puis auprès de Gallimard pour La Recherche.
Le cinéma l'attirera en toute fin de vie active.

On navigue judicieusement dans le temps. Au fil des chapitres, on se trouvera tantôt durant les périodes fastes et tantôt durant celle de sa fin tragique dans les camps de la mort.
En 1941 il décide, par dignité pour son nom, de rentrer en France. le 12 décembre 1941, sonnera sa fin tragique lorsqu'aura lui la rafle des notables de confession juive. Anne Sinclair a réalisé un documentaire concernant une partie de sa famille pareillement arrêtée et dans lequel elle nous parlait des mêmes scènes du quotidien de ces hommes enfermés. Documentaire aussi poignant que ce livre.
Cet humaniste a donc été arrêté, interné. On le suivra dans les camps français avec tout ce que cela sous-entend d'inhumanité. Il mourra comme tant d'autres sous les coups d'une barbarie sans nom.

La plume de l'auteur a cette sobriété qui sied à ce type de témoignage. Elle a cette finesse qui annonce la naissance d'un auteur français qui pourra se frayer un chemin parmi les grands.

Citations :
« Pourtant en ce jour si gris, elle n'avait pas su protéger ‘'son M. Blum'' lorsqu'ils pénétrèrent Elle le regarda s'éloigner, gravant dans sa mémoire chacun de ses mouvements, de ses gestes, passer la lourde porte en fonte, traverser la rue silencieuse, rentrer dans ‘'cette foutue voiture, avec ces foutus soldats, dans cette foutue guerre » s'écria-t-elle dans une colère froide et humide de larmes. »
« Il savait que les livres renfermaient l'âme du monde et, pour cela, il en cherchait le meilleur écrin. le livre est une porte vers l'ailleurs, vers tous les possibles qu'il faut chérir, qu'il faut protéger. Et restaient gravées en lui les images de ces livres brûlés, empilés, jetés, les flammes emportant toutes ces pages, tous ces mots. »
« René observait les autres hommes autour de lui. L'un d'eux, à quelques mètres, attira particulièrement son attention. Son regard était vide, ses yeux ailleurs. Où ? Nul ne le savait et ne pouvait le savoir, ses pensées étaient encore l'une des rares choses qu'il avait pu prendre avec lui. »

Et une phrase choisie par l'auteur et qui est de Chris Marker :
« Rien ne distingue les souvenirs des autres moments : ce n'est que plus tard qu'ils se font reconnaître, à leurs cicatrices. »
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Je n'ai jamais entendu parler, du frère cadet de Léon Blum et ce livre m'a donné envie de le découvrir, par l'intermédiaire de ce récit très intéressant et fort bien écrit.

C'est sans surprise, que René Blum fut arrêtée en 1941, à son domicile, par des gendarmes français, il s'y attendait, depuis qu'il s'était inscrit sur la liste recensant les juifs.

Profondément humain et courageux, il fit face à l'adversité, sans jamais se plaindre, il se taisait, lorsque les autres prisonniers, accusaient, son célèbre frère, d'être à l'origine de leurs déboires. Une famille de cinq garçons, où l'art sous toutes ses formes, était le centre de leur vie.

Tour à tour journaliste et critique à la Revue blanche et à Gil Blas, il fut aussi directeur artistique de casinos et du théâtre de Monte-Carlo - où il succéda à Diaghilev à la direction des Ballets russes.

Par-delà l'oubli d'Aurélien Cressely, nous relate, sa vie privée, sa carrière, entrecoupé, par les chapitres sur sa détention, dans différents camps, où parfois, on lui faisait croire à une possible libération. L'entraide, les liens d'amitié, qui aident à la survie.

« Comme celle de millions d'autres femmes et hommes, la vie de René allait être enfouie dans les ténèbres de l'histoire, perdue à jamais dans le drame de ce monde. René n'avait pas eu plus d'avantages que d'autres à être le frère de Léon, peut-être même le contraire, il avait le devoir de montrer l'exemple. C'est ce qu'il fit jusqu'au bout. Il fit honneur au nom de Blum. Son souvenir restera comme celui d'un homme bon, d'un homme d'art et de culture, d'un homme bienveillant, d'un homme intègre, d'un homme au destin tragique. En cela, la mémoire de René restera, même par-delà l'oubli. »

Un récit fort, des drames humains, qu'on ne peut oublier.
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L'intention est louable : rendre hommage à rené Blum, beaucoup moins célèbre que son frère Léon, et qui fut cependant une figure active de la diffusion de la culture en France. Il a été entre autres le créateur des Ballets russes de Monte-Carlo. Il est aussi intervenu dans la publication de Proust et dans la querelle entre Grasset et Gallimard autour de cet épisode marquant de l'histoire de la Recherche.

Comm étant d'autres, il est victime de la vague antisémite qui a traversé l'Europe au coeur du vingtième siècle, prisonnier des camps de Compiègne , puis Drancy, avant d'être déporté à Auschwitz où il décède rapidement.

Déstructurée dans sa chronologie, la biographie, alterne les passages d'enfermement et les épisodes les plus marquants de sa vie artistique.

Il est intéressant d'avoir attiré l'attention sur les antichambres de l'horreur qu'étaient les camps française, qui n'avaient pas grand chose à envier aux camps polonais.

Il est dommage que le parti pris narratif surexplique chaque donnée, créant des doublons de phrases qui signifient la même chose :

« Derrière la vitre, l'étendue bleue n'avait pas de limite, elle semblait infinie. »


Une lecture mitigée pour ce premier roman.

163 pages Gallimard août 2023
Talents Cultura 2023
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Dans la famille Blum, on connaît Léon, ici l'auteur nous fait découvrir le frère cadet, René.
René n'est pas dans la politique, il a été directeur des Ballets russes au théâtre de Monte-Carlo, journaliste et critique.
Passionné par les arts sous toutes leurs formes, il a consacré sa vie à les développer et à les soutenir.
Proche de tous les grands artistes de son temps, aussi bien musiciens que peintres et écrivains, c'était un homme de son temps au coeur du Paris artistique de la première moitié du vingtième siècle.
Il a même fait l'intermédiaire entre Proust et Grasset pour la première publication de la Recherche.
Mais en 1941 il est arrêté dans la « rafle des notables » et est envoyé dans différents camps en France puis en Allemagne, où il se lie d'amitié avec de nombreux hommes de culture comme lui avant de mourir à Auschwitz.

Aurélien Cressely a rassemblé une documentation importante pour faire la biographie romancée de cet homme attachant.
Écrit de manière très (trop?) classique, avec des va-et-vient entre différentes époques, le livre se lit avec plaisir.
Toutefois j'ai trouvé qu'il donnait une image très lisse de cet homme, sans aspérités (sauf d'avoir été peu présent comme père pour son fils), et ce côté hagiographique m'a gênée.
Mais la période reconstituée reste intéressante et les pages sur la vie dans les camps, sur lesquels on a déjà beaucoup écrit, sont sobres et réalistes.
C'est un premier roman de la rentrée littéraire 2023.
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Ce roman commence par l'arrestation de René Blum à son domicile en 1941. René est le frère cadet de Léon Blum, « Par-delà l'oubli » nous raconte donc la vie de cet homme resté dans l'ombre de son illustre aîné. Élevé dans une famille de cinq frères où l'art est central, une famille de militants du progrès. La vie de René sera entièrement consacrée à l'art sous toutes ses formes. Tour à tour, journaliste, critique d'Art puis directeur de théâtre, il a côtoyé les plus grands : Matisse, Pagnol, Théophile Gautier, Tristan Bernard, Émile Zola, Marcel Proust, Nijinski.
Mais le roman d'Aurélien Cressely nous raconte aussi les camps d'internement, la vie dans les baraquements, la solidarité, l'amitié, la déportation dans un train vide d'espérance. Aurélien Cressely alterne les chapitres consacrés à la carrière culturelle et la vie personnelle de René à ceux concernant sa détention dans les camps de Compiègne et Drancy.
À travers le portrait de René Blum, un homme intègre qui refuse les avantages que son nom aurait pu lui offrir, un homme qui a une certaine idée de l'humanité, l'auteur nous invite à un devoir de mémoire et de transmission afin de ne pas oublier.
Un premier roman qui est une vraie réussite, tant dans la qualité de l'écriture que du choix du sujet qui m'a vraiment intéressé.
Merci aux Éditions Gallimard de leur confiance.


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Librairie Chantelivre- Issy- les- Moulineaux/ 14 octobre 2023


Un gigantesque choc d'émotions bouleversantes et dans un même élan, une toute aussi gigantesque gratitude à l'auteur, Aurélien Cressely, pour avoir sorti de l'ombre cet homme incroyable, René Blum, le frère cadet du célébrissime Léon...

Autant de Léon Blum, presque chacun connaît le très courageux parcours politique , autant on méconnaît les talents et la personnalité fort charismatique du cadet, René. Ce dernier, toutefois, était réfractaire et désintéressé de la politique. En contrepartie, il était totalement investi par le domaine multiple des Arts...

Son parcours est d'ailleurs fort impressionnant que cela soit dans les domaines du Théâtre, de la Musique, de la danse, de l'édition, etc.

Ses engagements étaient aussi absolutistes que ceux de Léon...mais...dans le Monde artistique..

Ce 1er roman fort documenté commence par l'arrestation de Léon, en décembre 1941; le récit alternera entre la remontée dans le passé
( depuis 1893) et le présent atroce de ses différents lieux d'emprisonnement, d'internements...jusqu'à l'ultime septembre 1942...

(*Les toutes 1ères lignes: )

" 12 décembre 1941

En ouvrant la porte, il n'exprima aucune surprise. Il savait.
En rentrant en France, à Paris, il savait que ce jour adviendrait.Comment feindre la surprise ? Les trois hommes qui lui faisaient face, ils étaient tels qu'il les avait imaginés, durs, sans regard, sans émotion. " Monsieur Blum?" lui demanda le premier homme.Attendait-il au moins une réponse ?
Lui, René Blum, directeur de théâtre, Croix de guerre et frère de Léon."

En sus de la tragédie , et des barbaries historiques de la 1ere et 2nde guerre mondiale que l'on " relit", ce récit nous fait revivre et découvrir les événements culturels allant de la fin 19e aux années 40...
Le premier éclat culturel raconté est daté du 10 novembre 1893, représentation et mise en scène audacieuse d'" Un ennemi du peuple" par Lugné- Poe, aux Bouffes du Nord....René y assistait; il n'avait que 15 ans...et pour lui, c'est le choc et la conviction est née qu'il est fait, d'une manière ou d'une autre, pour ce monde fantastique du Théâtre....

René sera en effet un brillant directeur de théâtre...mais pas que...il s'essaiera sans vrai succès à l'Édition (*** Toutefois, rappelons qu'il sera un artisan non négligeable pour faire publier son ami, Marcel Proust), pour réaliser au final, son rêve en s'endettant, en s'engageant totalement pour reprendre une direction et pas des moindres : celle des Ballets russes, après Diaghilev...

Juste INCROYABLE !...

Cependant René Blum n'est pas seulement un homme exceptionnellement compétent, talentueux, curieux de tout, passionné sans limites pour tout ce qui touche l'ART et la CULTURE....c'est aussi un être bienveillant, un homme d'honneur et de fidélité absolue...à ses amis, ses frères, sa famille, etc.

Ainsi, il aurait pu "sauver sa peau" en restant aux États-unis où il réussissait brillamment dans son domaine...Mais profondément préoccupé par le sort et l'emprisonnement de son frère, Léon, il décide de revenir en France, pour être près de lui, agir pour le protéger...

Décision qui , très malheureusement, signera le pire pour lui...

Une lecture indispensable mais combien tragique, interpellante...dérangeante dans le rappel et les répétitions désespérantes des Barbaries créées par les hommes, les gouvernements , les États...

Je renouvelle ma gratitude à l'auteur de nous avoir fait rencontré cet homme fantastique, que fut René Blum, Homme de Culture et "Sage parmi les sages"...Une destinée exemplaire , donnant , par son chemin, ses choix, une sacrée leçon d'humanité et de tolérance, en ces temps s'assombrissant extrêmement...

J'aimerais achever sur un extrait exprimant l'amplitude du goût de René Blum pour la Culture, et aussi plus spécialement pour les Livres, qu'il reliait lui-même...sans oublier sa conviction, quen dépit de tout, la Lecture, les Livres sont des lumières, des boucliers contre le racisme et la haine...

"Quand reverrait-il cette belle
bâtisse ? Sa bibliothèque et ses livres, si chers à son coeur, livres qu'il avait reliés lui-même , choisissant les cuirs les plus précieux, les plus épais.Il avait voulu en faire des objets raffinés et rares, telles des oeuvres d'art.
Il connaissait l'importance du beau, lui qui avait fait de l'esthétisme son métier, son obsession, son fardeau, le cherchant, le prônant, l'instruisant tout au long de sa vie.
Il savait que les livres renfermaient l'âme du monde, et, pour cela, il en recherchait le meilleur écrin. le livre est une porte vers l'ailleurs , vers tous les possibles qu'il faut chérir, qu'il faut protéger. Et restaient gravées en lui les images de ces livres brûlés, empilés, jetés, les flammes emportant toutes ces pages, tous ces mots. "


Impossible de sortir indemne de cette lecture !
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René Blum, le plus jeune des cinq frères Blum, ne faisait pas de politique. Il aimait l'art, le théâtre, et la littérature. Il a notamment contribué à la première édition de l'oeuvre de Proust qu'il a rencontré régulièrement. En 1936, il était devenu le propriétaire et directeur des Ballets de Monte-Carlo.
Arrêté lors de « la rafle des notables », en décembre 1941, il est interné d'abord dans le camp de Compiègne puis transféré à Drancy. Il y assiste en août 1942, à l'arrivée des enfants venant de Beaune-la-Rolande, après la rafle du Vel d'Hiv, et alors qu'ils ont été séparés de leurs parents déportés avant eux. Il y assiste à leur départ pour l'Est, peu de temps après, seulement accompagnés de quelques femmes de bonne volonté, héroïnes extraordinaires, anonymes, et oubliées me semble-t-il, de cet épisode d'une cruauté indicible.
René Blum est déporté vers Auschwitz à la fin du mois de septembre 1942.

Ce que j'ai aimé : la découverte de l'histoire de René Blum que j'ignorais totalement. Mais si les faits, les dates et les évènements semblent tous authentiques, je reste gênée par l'invention que s'autorise l'auteur, des sentiments et des pensées de son sujet. C'est bien sûr le parti pris du roman, j'étais prévenue. Mais ai-je vraiment le droit d'entrer par effraction, et sans certitude, dans l'intimité de cette vie et de ses souffrances ?

Ce que je regrette : une relecture insuffisante par l'éditeur, avant le bon à tirer. le style est assez banal, parfois approximatif, imprécis, maladroit ; et la concordance des temps plutôt bousculée, quand les temporalités ne sont pas carrément juxtaposées sans logique. La qualité du texte n'est pas à la hauteur de l'ambition de l'auteur.
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Nombreux sont ceux dont la renommée a été éclipsée par la célébrité d'un parent proche.
C'est le cas de René, frère de Léon Blum.
Et ce d'autant plus qu'il partagea le destin tragique de tant d'hommes et de femmes victimes de la barbarie nazie, au contraire de son frère Léon que la notoriété protégea.
L'auteur n'a pas voulu que cet homme, bienveillant et intègre tombe dans l'oubli.
Il fait revivre ici un homme engagé dans l'action culturelle, un esthète, amateur de peinture, ami de Marcel Proust, critique d'art, directeur de théâtre et d'opéra, qui fut celui qui fit découvrir les « Ballets russes » à la France.
Pour les nazis il était un Juif, et pire le frère de Léon Blum. Selon un témoignage, il eut droit pour sa fin à un « traitement spécial », pardon pour l'expression, mais c'est à peine suggéré dans le livre.
Voilà un livre honnête, tout entier au service d'un homme, un livre bref, concis, sans effet littéraire, écrit pour ne pas laisser de place à l'oubli.
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