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Citations sur Portrait de l'auteur en femme ordinaire (4)

Écrire, c’est un effort inouï. Être tout le temps à la hauteur de cet effort… j’en crèverais. Je ne peux pas toujours être au sommet de ma forme. Je revendique mes moments de médiocrité. Je revendique même une médiocrité constante, car je ne suis pas sûre du tout que pour écrire il faille des dons particuliers, que certains d’entre nous auraient et d’autres pas : je crois que seul l’acharnement à vouloir, et non la capacité de tenir une plume, distingue ceux qui publient de ceux qui ne publient pas. Ça et une dose de chance due à une série de hasards.
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Je suis heureuse d’avoir vécu la vie que j’ai vécue, et si je pouvais recommencer je ne voudrais pas qu’elle ait été différente, car malgré toutes les souffrances qu’elle m’a apportées elle a été vraiment intéressante, pleine de sensations de toutes sortes, des sensations qui donnent à réfléchir. Tout le monde ne peut pas en dire autant.
La plupart des gens vivent une vie simple, monotone, sans secousses et sans surprises. Et lorsque la fin arrive, ils se sentent récompensés d’avoir été honnêtes d’un bout à l’autre. Ils ont peut-être eu quelque accroc : ils se sont dépêchés de l’éliminer ou de le surmonter. Tout est rentré dans l’ordre, et ils ont continué leur train-train.
Bien sûr il y a eu la rougeole des enfants, les oreillons, la varicelle… des tas de difficultés. Du moins c’est ce qu’ils ont pensé. Mais ils n’ont jamais eu la moindre idée des véritables difficultés de ces gens qui ont souffert, vécu deux guerres, qui ont eu faim, qui ont vu mourir les êtres chers sous les bombes ou sous la torture, qui ont vu anéantir toutes les ambitions de leur esprit et de leur coeur. Je compatis et je fraternise avec tous ceux qui ont vécu « mes guerres ». Je comprends leur douleur, leurs frustrations. J’ai eu froid, j’ai eu faim et encore faim. Mais c’est cela qui m’a fait comprendre que la vie est belle, qu’elle vaut la peine d’être vécue car elle offre chaque jour une beauté nouvelle.
Aujourd’hui, je suis fière d’avoir surmonté toutes les difficultés de cette existence sans m’être déshonorée. Je m’achemine vers la vieillesse sans complexes et sans regrets.
(Extrait du cahier de Lydia, la mère d'Anne Cunéo)
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Ce texte était déjà rédigé lorsque j’ai pu lire les souvenirs que Lydia Cuneo, ma mère, a écrits il y a douze ans environ, en italien. J’en traduis les passages qui me concernent en essayant de ne pas toucher à son texte. Je ne corrige rien du mien.
Il va de soi que la mémoire n’est pas une machine. Parfois nos souvenirs ne concordent pas. Parfois, même, ils se contredisent. Je serais tentée de dire : tant mieux.
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Une première question : qui étaient mes parents ? Sans doute pas exactement les personnes dont je garde l’image. Je tends même à penser que le père et la mère que je me suis créés dans mon imagination n’existent pas, n’ont jamais existé.
Qui était cet Alberto Cuneo, un mètre soixante-dix, cheveux gris, dents en avant, ingénieur-conseil, athée et antifasciste ? Né en Ligurie au tournant du siècle ?
Quelqu’un avec qui je m’entendais bien. Qui m’encourageait à lire. C’est seulement cela qui a compté pour moi. Mais il est aussi cet homme qui a frustré sa femme pendant quinze ans. Qui lui a dit : «C’est moi qui paie, c’est moi qui décide. » Je perçois, à travers mes souvenirs, qu’il a dû être à la fois boute-en-train, franc-parleur, instable, vite irrité. Mais avec moi, il n’était rien de tout cela.
(…)
Et ma mère ? Lydia Cuneo, un mètre cinquante-cinq, yeux et cheveux noirs, douée pour la musique et le théâtre, ménagère, sommelière, représentante de commerce, née à Trieste à l’époque où la ville était encore autrichienne ? J’en étais à me poser la question lorsque par chance je suis tombée sur son texte. Nos récits ne convergent pas sur tout, mais au fond c’est secondaire. Ce qui me frappe en lisant le sien, c’est cette énergie toujours renouvelée dans les pires adversités.
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