Première publication d'une autrice extrême, "
Perpendiculaire au soleil" est un manifeste engagé autant qu' un incroyable défi.
S'il fallait critiquer si peu que ce soit (qui suis-je pour avoir un avis devant tant d'investissement, tant de boulot, tant de virtuosité !), je dirais que le côté touffu et un peu désordonné de tout ce que nous propose l'artiste nuit un peu (si peu) à l'impact important de son propos... et à la contemplation de son oeuvre, que je conseille d'ailleurs de découvrir en prenant le temps, en la refermant souvent, pour laisser décanter les images et en profiter mieux !
Car quel choc !
Un choc, en tant que citoyen du monde, devant l'effroyable et kafkaïenne barbarie ordinaire de l'America first trumpienne, la puissante et toxique Amérique...
A lire les difficultés que rencontre Valentine C-le-C pour échanger idées et dessins avec Renaldo M-G (le condamné à mort américain qu'elle accompagne en tant que correspondante), on chemine en noir et blanc vers la révolte black and white...
Un choc, en tant que modeste pratiquant occasionnel du dessin dans mes loisirs, un choc devant tant de maîtrise et de créativité !
Car c'est vraiment sur ce registre que le pavé se démarque : le parti-pris du noir-et- blanc, l'expertise de Valentine C.C en matière de gravure, son goût pour l'arabesque ou les sinuosités complexes, son imaginaire, son coup d'oeil, son sens du cadre, ses effets de matière, tout ça est...bluffant !
Si j'ai bien compris, les rares touches de couleur (rouge ou rosé et vert majoritairement) n'apparaissent, dans quelques pages, QUE dans le cas ou elles restituent les productions de Renaldo M.G.
Celui-ci a en effet contribué à la construction esthétique de ce manifeste à quatre mains, car il dessine et peint lui aussi.
Valentine C.C nous dit au début de son livre que c'est un travail commun nous donnant à voir aussi les travaux de son ami prisonnier.
Mais en fait et c'est le dernier tout petit reproche que je pourrais formuler, je n'ai pas toujours compris de quelles pages Renaldo est vraiment l'auteur, ou plutôt dans lesquelles il intervient quand il s'agit de pur noir et blanc sans aucune note de couleur.
Quoi qu'il en soit, je ne peux que m'incliner devant une telle créativité, et je vais bien sûr affûter mes antennes pour guetter les prochaines productions de
Valentine Cuny-le-Callet.
Chapeau l'artiste !
J'ai aussi une pensée forte et je veux dire mon respect pour son ami Renaldo, cette vraie personne qui se dresse encore dans sa cellule de 5 mètres carré, "
perpendiculaire au soleil" comme il le dit lui-même...