La nuit, j'écrirai des soleils

L’écriture comble le gouffre de la perte, mais il ne suffit pas d’écrire pour retrouver le bonheur.

On parle pour tisser un lien, on écrit pour donner forme à un monde incertain, pour sortir de la brume en éclairant un coin de notre monde mental. Quand un mot parlé est une interaction réelle. un mot écrit modifie l'imaginaire.

Quand les indiens ont eu le droit d'avoir une âme après la controverse, il a bien fallu trouver une autre main-d'oeuvre bon marché. Ce fut le début de l'esclavage noir. On avait intérêt à penser que ce n'est pas un crime de chasser,
de ligoter, de déporter un Noir qui n'est pas tout à fait un homme puisqu'il est
noir.

La création d'un monde de mots permet d'échapper à l'horreur du réel en éprouvant au fond de soi le plaisir provoqué par la poésie, une fable, une belle idée, une chanson qui métamorphose la réalité et la rend supportable.

Sur trente cinq-écrivains français des plus célèbres du XIXè siècle, dix-sept ont subi la perte, mort ou séparation, de l'un des deux parents.


NDL : maintenant, avec le nombre de couples avec enfant qui se séparent, on va avoir plein d'écrivains !

LA VIE N'EST PAS LE MANQUE

La vie sans Autre est un désert, un gouffre plutôt, où l'on éprouve un vertige anxieux au risque d'y tomber. Telle est la condition de l'angoisse. On peut combattre ce vertige par l'action, par la fuite qui évite de contempler l'abîme. On peut aussi remplir le vide avec des mots parlés ou des mots écrits.Le manque invite à la créativité, la perte invite à l'art, l'orphelinage invite au roman. Une vie sans actions, rencontres et sans chagrins ne serait qu'une existence sans plaisirs et sans rêves, un gouffre glacé.

Les enfants ne volent pas, ils s'emparent d'un objet, c'est différent.

Quand tout va bien, les hommes ont des bonheurs ridicules, mais quand tout va mal, ils ont des malheurs merveilleux.

Ce qui remplit notre monde mental, ce n'est pas le réel, c'est la représentation du réel.

Toute explication est la bienvenue, qu'elle soit magique, religieuse, philosophique ou scientifique, elle redonne cohérence au monde fracassé. L'enfant peut s'adapter à une représentation où il pense de nouvelles conduites. En sachant quoi faire, il reprend confiance.