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Citations sur L'ensorcellement du monde (262)

Les soumis, heureux et tranquilles dans un groupe sans innovation, s'opposent aux insoumis malheureux et anxieux dans un groupe en changement. Les soumis sont angoissés par les insoumis qui cassent leur équilibre ronronnant en leur posant des problèmes dont ils ne veulent pas. Alors que les insoumis sont angoissés par les soumis qui les contraignent à une vie frileuse.
Le conflit devient une force bénéfique qui permet aux individus d'adapter le groupe à son milieu, en évitant les maléfices extrêmes de la désintégration des insoumis ou de la pétrification des soumis.
L'angoisse devient alors le moteur de l'évolution !
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Ceux qui prétendent organiser une culture sécuritaire qui détruirait l'angoisse et nous offrirait des distractions incessantes pour lutter contre l'ennui nous proposent-ils autre chose qu'une lobotomie culturelle ? Si une telle culture existait, nous connaîtrions une succession de bien-être immédiats, nous serions satisfaits, dans un état dépourvu de sens, car nous n’éprouverions qu'une succession de présents.
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Quand les générations sont coupées des précédentes, au point que chacune considère l'autre comme un Martien agressif et ne peut en attendre que la transmission d'âneries désuète ou de transgressions choquantes, on se retrouve dans la situation socioculturelle décrite dans Sa Majesté-des-Mouches, quand après un naufrage les enfants sont sauvés et débarquent sur une île déserte. Contraints à recommencer l'aventure humaine, ils redécouvrent le feu et s'organisent autour de lui, ils se mettent à chasser en sexualisant les rôles sociaux, ils se répartissent les tâches, refont des clans et repartent en guerre.
Nos enfants, qui ignorent les anciens, les méprisent et parfois même les agressent, se retrouvent dans la situation où il habiteraient une île, désertée par l'humanité, mais peuplée de machines dont ils seraient les seuls à savoir se servir.
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Le statut naturel de l'alimentation permet aux êtres vivants de structurer l'altérité. L'homme, qui en est le champion interespèces, imprègne ses aliments d'affectivité, de symboles, de civilisation et de récits. Si bien que, lorsque nous passons à table, c'est un mythe de plusieurs siècles que nous trouvons dans nos assiettes.
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Car être seul, ce n'est pas être. Nous ne pouvons qu'être ensorcelés, possédés pour devenir nous-mêmes.
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Le simple empirisme d'une sage-femme s'installant dans un village breton, au XIXe siècle, a radicalement modifié la mortalité des enfants. Les parents, moins angoissés par la mort qui les hantait, ont osé s'attacher aux nourrissons dont le développement s'est métamorphosé. Le fait de savoir que la mort s'éloignait a changé le style des inter-actions précoces, modifiant radicalement l'environnement affectif du bébé.
p. 251
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Dès l'instant où l'homme a découvert le feu et le silex taillé, il a changé son rapport au monde. Il baignait moins dans un monde qui le pénétrait, car il pouvait agir sur lui et le mettre à distance. Le feu, le silex, les peaux raclées et les abris coupe-vent, non seulement structuraient le groupe et son affectivité, mais encore changeaient la représentation de soi dans le monde. Nous n'étions plus soumis au froid et aux bêtes qui nous mangeaient. Nous pouvions, grâce à nos pensées et à nos cailloux, agir sur le monde et le rendre conforme à nos besoins. Dès l'instant où la technique a changé la représentation de soi, elle a changé aussi la représentation du temps. La transmission des connaissances a fait naître la tradition. Avant le feu et le caillou taillé, le corps des mères devait constituer le tranquillisant majeur.
p. 248
Hérédité et hérité
Dès que la technique apparaît, l'hérédité se relativise, et l'héritage devient une force façonnante. L'artefact technique et artistique prend sa puissance créatrice en structurant le milieu, au-delà du corps des femmes. Une mère apeurée ne constitue pas le même socle affectif qu'une mère sécurisée. Et son alentour n'a déjà plus la même structure sensorielle pour un petit garçon ou une petite fille, selon qu'elle se sécurise autour d'un lanceur de cailloux ou contre sa propre mère. Désormais, l'héritage des objets et des gestes constitue la matérialité du monde qui entoure un enfant et participe à son façonnement. L'héritage de l'outil infléchit les conditions de développement d'un programme génétique. Et la tradition devient tuteur de développement.
La mutation du signe se prépare. Les lanceurs de cailloux ont changé la représentation de soi et sexualisé le monde, tandis que les domestiqueurs de feu ont structuré le groupe et inventé les spécialités. Le rapport au monde est chamboulé, alors que le langage est encore rudimentaire.
p. 249
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LES ÉPREUVES PRÉCOCES
CHAPITRE III
L'artifice

Le leurre dans le monde vivant
Par quel mystère un leurre parvient-il à nous ensorceler ? L'artifice est capable de nous tromper parce qu'il possède un fort pouvoir d'attraction. Et, s'il nous attire, c'est parce que notre organisme en est avide : ce qui nous trompe le mieux révèle ce qu'on désire le plus.
Mais « dans notre vie, le plaisir le plus pur est le vain plaisir des illusions [...] les illusions sont donc nécessaires et font partie intégrante de l'ordre des choses ».
Le leurre nous attrape parce qu'il est une apparence du vrai, alors que l'illusion nous séduit par sa fausse apparence, une image qui ne correspond pas au réel. Il y a pour-tant un trait d'union entre ces deux objets sensoriels. Le leurre nous attrape parce qu'il constitue une super-apparence, une perception encore plus forte que la stimulation naturelle, alors que l'illusion nous prend parce que nous nous faisons complice de ce que nous percevons. L'illusion est un mal perçu quand le sujet s'arrange avec son désir, alors que le leurre est un super-signal qui capture un sujet sain.
C'est pourquoi, en éthologie, les leurres servent souvent à explorer le monde intime d'un être vivant.
p. 179
L'illusion est un signal troublé que l'organisme accepte parce qu'il le traite mal. Alors que le leurre est un signal trop clair auquel il ne peut se soustraire. La simple existence d'un stimulus déclencheur exagéré supérieur au stimulus habituel prouve que l'évolution n'est pas aboutie. Car cette imperfection, modeste inadaptation, offre une possibilité d'adaptation nouvelle.
p. 181
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LE CORPS
Monsieur Neandertal, lui, percevait le mort et se représentait la mort. Cette représentation le poussait à la chasse, bien plus que le besoin de viande. Là où l'animal attrape une proie et la mange, l'homme donne la mort. Il n'y a pas d'acte plus humain que celui de tuer, car les hommes tuent toujours deux fois, dans le réel et dans la représentation. Avec la chasse qui théâtralise la mort et donne l'impulsion du processus d'humanisation, les forces qui nous gouvernent quittent le monde du perçu, et, dès lors, l'imperçu nous ensorcelle.
C'est pourquoi, lorsqu'un animal souffre d'un trouble des conduites alimentaires, il faut chercher la cause dans son développement ou son contexte émotionnel. Mais, quand les comportements alimentaires d'un homme sont altérés, c'est dans la représentation qu'il se fait de l'aliment qu'il faut chercher la source. L'ensorcellement d'un animal par un aliment commence avant sa naissance. Bien sûr, son programme génétique le pousse plutôt vers l'herbe ou le gibier, mais le choix n'est pas si tranché qu'on le dit : les carnivores mangent leur proie en commençant par la panse pleine d'herbes farcies, et les herbivores n'hésitent pas à brouter les insectes ou les petits animaux protidiques cachés dans l'herbe.
p. 55
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Les mères trop dévouées le sont presque toujours à cause de leur propre histoire: «je veux être une mère parfaite, tant j'ai peur de répéter ma mère qui m'a tant fait souffrir».
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