L'unanimité dans une oeuvre m'a toujours intrigué, souvent dérangé.
Du débat sortent des sentiments contradictoires, de la discussion des points de vue différents, des éclairages focalisant les aspects d'une oeuvre que l'on ne soupçonnait pas.”
Les femmes du bout du monde” n'entre pas dans ce cadre.
Tout le monde l'aime, tout le monde l'a aimé, on y met cinq étoiles partout. Les lecteurs, surtout les lectrices, sont enthousiastes pour saluer une oeuvre majeure, qui les a émus, touchés, au point qu'ils attendent avec impatience l'ouvrage futur de
Mélissa Da Costa, l'autrice qui vend le plus de livres en France ! Drôle de critère de qualité.
Après un passage timide (mais une invitation tout de même) chez Augustin Trappenard à la Grande Librairie, je m'y suis risqué. Il est trop facile de descendre en flammes, un livre, à grands coups d'adjectifs et de tournures de phrases acides et méchantes. Après tout, il y a du travail derrière, et il n'est pas correct de ne pas le reconnaître. D'habitude je ne me livre pas à cet exercice de style. Lorsque je n'aime pas, je le garde pour moi. À quoi bon! plutôt partager des livres qu'on aime, parfois méconnus, plutôt exposer son plaisir que de détruire celui des autres. Mais il est bon me semble t'il qu'un lecteur intrigué, puisse entendre plusieurs avis avant de commencer la première page. Et là, j'avoue que le fil m'a paru mince, à tout dire inexistant. Une jeune femme bourgeoise, récemment mariée, sous la coupe d'une belle mère perverse et uniquement attachée aux apparences et aux convenances, après voir rejeté son union par de multiples aventures libertines, s'exile au bout du monde , en Nouvelle Zélande, dans un camping, pour y refaire sa vie et tisser des liens avec une jeune femme de son âge, abandonnée par son futur mari maori, et qui gère le camping avec sa mère. On parle aujourd'hui de résilience, on fait le diagnostic « se reconstruire « . Pourquoi pas? Faut il quand même un peu de talent. de suspens il n'y a pas. de psychologie et d'étude de caractères il n'y a pas non plus. de style encore moins. Exemple: “ elle sait que l'amour est comme l'océan: il peut être parfois tempêtueux et passionné, parfois calme et ronronnant. “ ou encore “quand l'amour est doux et calme comme un océan d'été, pourquoi anticiper les tempêtes “ . Tout est à l'avenant. Écrit à l'encre lourde, cette histoire redondante n'en finit pas de s'étirer, au bout de l'ennui. Cent pages auraient pu, dû, être évitées, en faire une histoire un peu plus ramassée, lisible.
Melissa Da Costa rejoint le club déjà embouteillé des
Marc Levy,
Guillaume Musso,
Joël Dicker, ou autres
Agnès Martin-Lugand. A lire une fois pour savoir ce que c'est. Des livres fabriqués à coup de guides de voyages et au mieux de bons sentiments. Livre et littérature ne sont pas synonymes. Que le lecteur en quête d'une oeuvre à même de le faire réfléchir, ou seulement éprouver du plaisir, ne se fasse pas arnaquer en tombant dans le piège de l'édition à succès , où le livre n'est qu'un objet marchand de plus pour faire de l'argent, tout en ratiboisant l'éveil à la bonne littérature. Désolé Mme Da Costa, tout le monde n'aime pas ce que vous essayez d'écrire, la route est pour vous encore longue. Mais après tout, et sans aucune agressivité,
la prochaine fois, essayez de nous étonner!