Jusqu'au 31 août 2019, je ne connaissais pas du tout ma compatriote
Geneviève Damas. Ce jour-là, j'ai participé à l'anniversaire de l'ouverture de la super chouette librairie Livre's à Marche-en-Famenne (Belgique).
Geneviève Damas était invitée pour y présenter son roman "
Bluebird". Ce fut une belle découverte et une belle rencontre. Depuis ce jour, j'ose dire que je suis une fan inconditionnelle de cette autrice.
Il y a un moment que j'avais
Jacky dans ma PAL haute comme un gratte-ciel :-)
Et cette fois encore,
Geneviève Damas m'a emportée dans un univers qui fait partie de l'actualité : les préjugés religieux, la haine que cela engendre et le djihâdisme.
D'emblée, le roman commence par une lettre écrite par le narrateur Ibrahim, à son professeur qui l'encourageait à terminer ses études secondaires. Ibrahim n'était pas loin du but, il n'avait que 3 examens de repêchage et un travail de fin d'études à rendre. A cette lettre , Ibrahim a joint ce travail de fin d'études que le lecteur parcourra dans les chapitres suivants. Il y relate la belle amitié qu'il a vécue avec
Jacky.
Ibrahim, est un jeune marocain d'environ 18 ans. Il vit dans les quartiers défavorisés de Bruxelles là où se concentre une grande partie de la communauté musulmane. On apprend presque en filigrane qu'il a interrompu ses études secondaires pour partir au Djihad en Syrie, convaincu par un "ami". Depuis son retour en Belgique, il est classé "S", il est soumis à des règles strictes édictées par "sa" juge : pas d'internet, de smartphone, contrôle de son horaire…
Lors d'une rencontre inter-écoles entre une école à majorité musulmane, une école catholique et une école juive, des binômes sont formés pour apprendre à se connaître l'un l'autre. Passer outre les préjugés, les guerres, la violence, le racisme, l'antisémitisme. Puis écrire un portrait de son "autre".
C'est ainsi qu'il rencontre
Jacky ou Yacoub (son prénom officiel).
Jacky est juif, vit dans les quartiers riches de Bruxelles. Tout les sépare. Et pourtant, ils vont se lier d'amitié. Ensemble, ils vont faire de belles excursions à vélo hors de Bruxelles, ils vont participer aux 20 km de Bruxelles et ils font du street-art et remportent même un concours.
Quelle belle amitié, parsemée parfois de doutes, de questionnements , mais aussi de complicité, d'ouverture à l'autre, de compréhension.
Malheureusement, cette amitié sera vite ternie par leurs communautés respectives et mise à rude épreuve.
Un beau roman à l'écriture fluide , avec des mots justes, pleins d'espoir et de tolérance mais sans naïveté aucune. Hélas, le temps n'est pas encore à la fraternité entre ces communautés opposées. Il y a encore trop de plaies béantes, de guerres, de morts ou autres exactions au nom des religions concernées.