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EAN : 9782072731792
136 pages
Gallimard (18/05/2017)
3.98/5   137 notes
Résumé :
Au Canada, Jean Iritimbi, un Centrafricain sans papiers, rencontre, dans l’hôtel où il travaille au noir, Patricia, une cliente blanche qui s'éprend de lui. Pour le ramener avec elle à Paris, elle vole le passeport d’un Afro-Américain. Mais Jean Iritimbi n’a pas dit à Patricia qu’il a une famille au pays, une femme et deux filles. Il apprend en les appelant qu’elles sont en route pour le rejoindre. Hélas, le bateau qui les transporte fait naufrage. On annonce peu de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (40) Voir plus Ajouter une critique
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Jean Iritimbi vient du centre de l'Afrique et tente de s'établir au Canada , de gagner assez d'argent pour faire venir son épouse et ses deux filles. Son temps de séjour écoulé, il se réfugie aux Niagara Falls où il travaille comme clandestin dans un hôtel.
Il fait la connaissance de Patricia, une Parisienne aisée qui vient là pour répandre les cendres de sa mère. Elle tombe amoureuse de lui.
Par un moyen pas très légal, ils rejoignent Paris.
La famille de Jean tentera de le rejoindre par la mer avec les risques que cela comporte.
Le court roman donne la parole à Jean, à Patricia et à Vanessa la jeune fille de Jean.
Beaucoup de sentiments s'enchaînent dans le roman avec une grande note d'humanité.
Ceci est le troisième roman de Geneviève Damas. Je l'avais découverte grâce à Latina et avais lu "Si tu passes la rivière" : un excellent roman.
Celui-ci aborde un autre thème avec justesse et toujours une aussi belle écriture.
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Patricia est une femme solitaire, bibliothécaire, elle dispose d'un talent très discutable pour choisir ses partenaires, discutable au point qu'elle se retrouve, à quarante-trois ans, mère célibataire d'une fille qui n'est pas la sienne, Vanessa, jeune Centrafricaine de douze ans rescapée d'un naufrage. L'un de ces naufrages qui ne quittent pas l'actualité, l'un de ces naufrages qui jettent les victimes de violences ethniques, de dictateurs, de guerres et de famines dans les dents de la mer.

Patricia n'a pas choisi Vanessa, Vanessa n'a pas choisi Patricia.

Il aura suffit d'une promesse vite faite et d'un naturel généreux et dévoué pour piéger Patricia dans cet engagement envers le père de Vanessa, celui de prendre en charge la petite victime de stress post-traumatique.
Dès le départ cette relation semble donc compromise, d'autant plus que Vanessa ne prononce pas un mot. Pourtant, malgré les nombreuses difficultés, Patricia ne renonce pas, peut-être y trouve-t-elle une gratification personnelle, elle qui n'a pas eu d'enfant, mais son courage, sa tendresse et son abnégation devant ce défi que la vie lui lance forcent l'admiration.

Geneviève Damas a choisi de traiter ce drame qui devient aujourd'hui hélas tristement banal avec une grande simplicité, mais cette simplicité lui donne indéniablement une grande force. Elle donne la parole aux trois principaux protagonistes de l'histoire, le père de Vanessa d'abord, Patricia ensuite, Vanessa enfin. Vanessa l'enfant, celle de douze ans seulement, née de l'Océan ; Vanessa le cactus, celle qu'on n'approche pas sans se blesser ; Vanessa la farouche, celle qui ne parle pas, et pourtant...

C'est peut-être bien Vanessa qui aura le dernier mot dans cette histoire, Patricia ?

C'est grâce à Ladybirdy et à sa critique de Bluebird que j'ai découvert Geneviève Damas. Merci à toi miss car j'ai beaucoup aimé Patricia.
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Difficile de commencer une critique mitigée d'un de mes auteurs préférés !
Ce tout petit roman aborde le thème délicat des migrants, d'une tout autre façon que la manière habituelle.


En effet, j'ai ressenti un sourd malaise, et cela, continuellement.
D'abord lors de la narration de Jean, immigré centrafricain sans papiers, ayant quitté sa femme et ses deux filles pour le Canada, leur ayant promis de les faire venir dès que la situation serait clarifiée. Mais celle-ci ne se clarifie pas, et quand il rencontre Patricia, une Française bienveillante, il « profite de sa chance » et de son corps et la suit jusqu'en Europe, car elle tombée amoureuse de lui.
Ensuite lors de la narration de Patricia, qui a recueilli la fille cadette de Jean, Vanessa, à son arrivée sur le continent européen. Patricia lui donne tout, elle essaie de se concilier l'amour de la jeune fille de 12 ans, ou du moins son attention, car son père est parti à la recherche du reste de la famille portée disparue lors du naufrage. Tant bien que mal, elle essaie de la sauver du désespoir en lui procurant des soins et des paroles réconfortantes.
Ce désir profond d'aide et d'engagement totalement gratuit n'est nullement récompensé par la jeune fille en butte à l'atroce solitude, qui ne veut – ne peut – s'adresser à Patricia et encore moins l'aimer ou la considérer comme une personne bonne. Ce refus fait l'objet de la 3e partie, la 3e narration.
Malaise donc devant la réaction sans aucune reconnaissance des gens pour lesquels Patricia a engagé sa vie.


Malaise aussi devant les réactions de Jean qui, après des années, regrette d'être parti, d'avoir laissé ses trésors, comme il les appelle, sa famille. Et puis qui n'est plus sûr d'aimer encore sa femme et de la revoir lorsqu'elle lui dit qu'elle vient. Jean qui dit aussi respecter Patricia, mais qui ne lui explique rien.


Malaise enfin devant Jean et sa fille qui au départ détestent les Blancs, car pour eux ils possèdent tout, alors que finalement ils ne les connaissent pas, et quand ils découvrent une Blanche pleine de générosité, leur réaction est en porte-à-faux.


Malgré ce malaise, je reconnais une capacité infinie à Geneviève Damas de dire le désespoir, l'attente, la déception, mais peut-être aussi l'infime rayon de vie qui apparait au bout du tunnel.
La page blanche n'existe pas, il suffit juste de persévérer à écrire sa vie, même avec plein de ratures, car finalement, « il ne faut pas craindre d'oublier, personne ne remplace personne, mais le continue ».

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Cet ouvrage conte l'histoire d'une femme blanche, Patricia, quarante - trois ans , parisienne, bibliothécaire aisée, solitaire, qui rencontre Jean Ititimbi , au Canada, un Centrafricain sans papiers , elle tombe amoureuse de lui .

Il a quitté sa femme Christine et ses deux filles ,il y a longtemps après leur avoir promis de les faire venir . Il ne le dit pas à sa nouvelle amie.


. Il profite de sa chance et suit Patricia qui a volé pour lui un passeport à un afro-américain jusqu'en Europe , à Paris .
Il apprend , en appelant Christine qu'elles sont en route pour le rejoindre . Hélas , le bateau qui les transporte fait naufrage et on annonce peu de survivants …

C'est un récit bouleversant à trois voix , trois narrateurs , où chaque protagoniste , Jean , Patricia et Vanessa, miraculée des eaux qui ont noyé sa mère Christine et sa soeur , au coeur de la tragédie que connaissent des milliers de migrants .raconte son histoire,
Patricia se retrouve mère célibataire d'une fille Vanessa, qui n'est pas la sienne , jeune centrafricaine de douze ans , rescapée du naufrage .

En prenant Vanessa sous son aile , inconditionnellement , Patricia fait mentir et contredit tous les clichés habituels .
Au coeur des trois monologues chacun dit à l'autre ce qu'il a sur le coeur au moment des faits.
Évidemment , ce qu'il ne pourrait lui avouer tout haut en le regardant dans les yeux!
La juxtaposition heureuse de ces paroles signe l'extrême sincérité du propos .
Les phrases sont fluides , simples ,visuelles , sans atermoiement ni larmoiement .
Le récit lu d'une traite , tient par sa tension, sa puissante attraction .

Le lecteur est tenu en haleine, pétrifié, concerné jusqu'à la dernière phrase
.
L'auteure dit , magnifiquement , le désespoir et l'attente , le mensonge et les non- dits, la souffrance morale , le dénuement, , la générosité, la révolte , la rébellion muette, , les résistances du silence prolongé de Vanessa si douloureux et pétri de questions pour Patricia .

Tout en délicatesse , justesse , sobriété , subtilité , authenticité , ce roman simple mais plein , dense , pétri ô combien , d'humanité et d'espoir, magnifique de fraîcheur et d'amour , à l'intensité incroyable , tant les émotions prennent le lecteur à la gorge , nous traverse intimement , nous touche au coeur .

J'ai été frappée par le dévouement de Patricia , sa pudeur , son engagement de coeur , sa retenue et sa générosité , sa patience ,son écoute , sans contrepartie aucune !
Il ne se dira pas en face à face mais juste par l'intermédiaire de la fille de Jean : Vanessa .
Un immense coup de coeur sur un sujet brûlant d'actualité , si sensible !
Je souligne avec force ce livre marquant , touchant , fulgurant de déchirement humain à l'humanité sans pareille !
Je remercie chaleureusement mes amis de Babelio qui m'ont fait acheter cet ouvrage !
Et j'ajoute : une auteure belge ! Bravo !
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La jeune Vanessa part de Centrafrique avec sa famille pour rejoindre son père Jean Iritimbi à Paris, où il tente de gagner un peu d'argent pour sauver sa famille de la misère. Patricia, une Française avec laquelle Jean Iritimbi a entamé une relation, tente de sortir Vanessa d'un mutisme dans lequel elle s'est enfermée après une traversée dramatique. Une fiction émouvante qui raconte avec pudeur l'éloignement, l'amour et le dévouement.

J'avais découvert ma compatriote Geneviève Damas avec un texte léger mais touchant, « S.T.I.B. », qui mettait en scène deux femmes ordinaires, à Bruxelles. Elle propose ici d'autres portraits, plus profonds, dans un cadre plus dramatique mais qu'elle traite avec une retenue qui renforce l'émotion.

Dans le premier chapitre, Jean Iritimbi raconte à la première personne comment il décide de chercher fortune clandestinement au Canada, avec l'espoir de pouvoir améliorer le sort de sa femme et ses deux filles en Centrafrique. Il garde contact avec sa famille, qui reste au centre de ses pensées. Mais une solitude s'installe avec les années qui passent et il tombe amoureux d'une française, Patricia, narratrice à la première personne du deuxième chapitre. Elle aime Jean Iritimbi d'un amour sincère et prend des risques pour le faire passer à Paris, en passant par les États Unis.

Geneviève Damas parvient à rendre avec beaucoup de finesse l'état d'esprit torturé dans lequel se trouve Jean Iritimbi: torturé de se sentir comme une bête traquée à cause de sa clandestinité, torturé d'être partagé entre son amour pour Patricia et son attachement à ses filles et à sa femme.

Son trouble s'accroît soudainement lorsque sa femme annonce qu'elle part pour le rejoindre, avec ses deux filles. On le sent commencer à agir à l'instinct. Il abandonne Patricia pour aller retrouver sa famille au port. Mais les choses se passent mal et Vanessa, adolescente, se trouve séparée de sa mère et de sa soeur. Jean Iritimbi la confie à Patricia pendant qu'il part à leur recherche.

J'ai été fort touché par le dévouement dont Patricia fait preuve envers Vanessa. Un dévouement sans atermoiement parce qu'on le sent tout naturellement mû par son amour pour Jean Iritimbi. Vanessa est extrêmement marquée par sa traversée. À la suite de Patricia, dans le troisième chapitre, elle raconte à la première personne comment, moment après moment, pas-à-pas, elle sort de la crise qu'elle a vécue, avec un attachement à Patricia qu'elle exprime avec beaucoup de difficulté.

C'est à mon sens Vanessa qui est le personnage central de ce roman. Car dans le titre du roman, le mot « Patricia » ne désigne pas la personne mais son nom. Vous comprendrez cette remarque mystérieuse à la toute fin du texte.

Le livre est assez court. Il aurait pu être plus long car Geneviève Damas laisse ouverte la suite de l'histoire de Jean Iritimbi. Mais cela ne m'empêchera pas de vous recommander chaleureusement de vous plonger dans l'émotion de ce récit, dont la force réside dans la retenue et la pudeur avec laquelle il a été rédigé.

« Si tu passes la rivière » reste sur ma pile. Ce sera probablement ma prochaine lecture de Geneviève Damas.
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critiques presse (1)
LaPresse
26 janvier 2018
Geneviève Damas, dramaturge belge qui a remporté le prix des Cinq continents de la francophonie en 2011 pour son roman Si tu passes la rivière, a séjourné en juin 2015 au camp de Lampedusa, en Italie.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
J'ai du mal avec le calcul et les conjugaisons. C'est normal, dit le docteur Ronvaux, Vanessa a perdu toute sa famille, elle ne connaît plus que le singulier et la solitude.
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[…] et toi qui m’as ramenée dans ton pays, tu ne seras jamais ma mère, celle qui m’a portée et m’a donné le jour, je ne dois pas avoir peur de cela, tu continues, c’est cela, tu continues en dépit de tout- ma colère, ma violence et mon désespoir-, tu poursuis l’amour de ma mère et peut-être est-ce cela qui la rend si vivante à mes yeux et dans mon cœur, parce que c’est trop dur à douze ans de vivre sans sa maman, à douze comme à seize, de la voir sans cesse disparaître au fond de l’eau , et, moi, je ne serai jamais ton enfant, jamais celui que tu as espéré, qu’aucun homme ne t’a donné, pas même mon père, mais peut-être que je te permets de vivre cet amour-là, ce souci-là, parce que c’est trop dur de rentrer dans un appartement vide, dans cette grande ville anonyme, si personne n’a besoin de toi. (p. 129-130)
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Ce que je cherche, je ne le sais pas trop bien. Ce pays est trop neuf. Je crois que je veux juste trouver ceux qui sont dans la même situation que moi, comprendre comment nous allons vivre, comment nous nous en sortirons. A vous, je ne peux pas tout dire, avec vous, je ne peux pas tout partager, Patricia.
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Je me répétais ce que disaient les vieux au village: «  Aux côtés de la femme blanche , l’homme noir ne craint rien . De l’homme blanc , tu te méfieras , mais la femme blanche peut tout » ..
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On ne recommence jamais. On continue. "Tu ne seras jamais une page blanche".
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À l'occasion du Forum des libraires 2023, Olivier Nora, Président-Directeur général, présente la rentrée littéraire des Éditions Grasset - @editionsgrasset7893
Au programme de la rentrée d'automne 2023 : 0:00 Introduction 1:01 *_perspective(s)_ de Laurent Binet* 1:15 *_À ma soeur et unique_ de Guy Boley* 1:29 *_l'enragé_ de Sorj Chalandon* 1:55 *_Rose nuit_ d'Oscar Coop-Phane* 2:30 *_strange_ de Geneviève Damas* 2:50 *_Le Jour des caméléons_ d'Ananda Devi* 3:06 *_Adieu Tanger_ de Salma El Moumni* 3:17 *_Le Grand Feu_ de Léonor de Récondo* 3:47 *_Comédie d'automne_ de Jean Rouaud* 3:58 *_Croix de cendre_ d'Antoine Sénanque* 4:11 *_Impossibles adieux_ de Han Kang* 4:39 Conclusion
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