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Je découvre l'auteur avec son premier livre et je peux tout suite annoncer que ce ne sera pas mon dernier.

L'auteur nous emmène faire un tour en Albanie avec cette histoire de vengeance.
Et c'est totalement ce que j'aime lire.

J'ai tout de suite apprécié la plume de l'auteur, assez directe et très immersive.
On va suivre Arben, qui après avoir quitté l'Albanie doit y retourner. Il a une quête particulière que l'on découvre au fil des pages.
Le récit alterne entre le passé de Benny et le présent.
J'ai beaucoup aimé cette construction narrative, comment l'auteur présente son personnage, son enfance en Albanie.
Arben est un personnage auquel je me suis vite attaché même s'il a ses démons et un côté assez sombre malgré lui.

Il y a donc tous les éléments que j'aime dans un bouquin qui a pourtant un thème vu et revu dans le polar : la vengeance.
Oui mais ce livre n'est pas que ça, il y a une plume, un rythme, un personnage principal bien dessiné, un contexte culturel et social.
Et on apprend aussi beaucoup de choses sur le pays à travers une époque particulière puis en 2017.
Ce sont tous ces éléments qui en font pour moi un vrai bon bouquin, surtout qu'il s'agit d'un premier.

La fin est originale et très pertinente.
J'aime beaucoup, car ça démarque le roman des autres livres abordant la même intrigue de vendetta.

Je relirai l'auteur avec plaisir.
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C'est l'histoire d'une vengeance. Arben, surnommé Beni, revient dans sa ville natale de Korçë dans le sud de l'Albanie près de la frontière avec la Grèce. Il a fui son pays pour la France il y a vingt ans. Nous sommes en août 2017 et il y revient pour se venger de ceux qu'il soupçonne d'avoir brisé sa vie de famille.

Plus que par la violente vengeance, j'ai été passionné par l'histoire de Beni qui se confond avec l'Histoire moderne de l'Albanie. Danü Danquigny fait alterner les épisodes de cette vengeance implacable avec le récit de la vie de Beni, une vie tout aussi tragique que le destin de l'Albanie à partir des années 1980. Dès les années 1970, sans l'avoir visité, j'ai malgré tout entretenu quelques liens avec ce pays depuis le stalinisme d'Enver Hoxha jusqu'à l'intervention de l'armée française en avril 1997. Alors les souvenirs de Beni me parlent et me touchent.

L'enfance de Beni s'est passée dans un pays hors du temps, un îlot de stalinisme à la fin du 20ème siècle entretenant la peur d'une agression occidentale, avec des bunkers et des galeries souterraines, avec Enver Hoxha dirigeant communiste dont la jeunesse est liée à la France. La fin du stalinisme s'est mal passée. Une liberté retrouvée mais un peuple désorienté, ( oublié par le reste du monde qui avait les yeux tournés vers l'Europe de l'Est et l'ex-Yougoslavie : ça c'est moi qui le dit ), alors le crime en a profité.

Au début Beni croyait sans doute bien faire lorsqu'il a suivi Mitri, Loni et Alban dans leurs petits trafics pour un salaire minable. Il ne pensait pas avoir d'autre alternative pour nourrir Rina son épouse et leur petite fille. Puis a fallu encore plus d'argent pour fuir ce pays en pleine déliquescence. le crime s'est organisé et Beni a fait passer la frontière grecque à des jeunes filles. Puis il y a eu la drogue, les armes vers le Kosovo. Beni oubliant la loi, la morale et les traditions veut de plus en plus d'argent pour sauver sa famille mais sa femme ne croit plus en lui. Pendant ce temps l'Albanie n'en finit pas de sombrer dans le chaos. L'aigle à deux têtes du drapeau albanais a perdu de sa superbe. L'Etat a fait faillite puis c'est au tour du peuple albanais entraîné dans une ruine financière collective provoquée par des obscures organismes de financement pyramidal. Fin 1996 la guerre civile éclate. Lorsque Beni part avec sa fille et son tout jeune fils, c'est une fuite et lorsqu'il revient pour se venger, le lecteur ne sait plus très bien si c'est pour se venger de ses anciens complices ou de lui-même.

Danü Danquigny raconte de belle manière une tragique page d'Histoire de l'Albanie qui mérite de ne pas être oubliée. Un roman noir que j'ai eu du mal à lâcher et qui m'a rappelé des souvenirs. Les personnages sont attachants ou cruels, à l'image de leur pays. Ce récit met aussi en évidence la fragilité de la liberté gaspillée par l'argent qui fait fi de la famille et des traditions. L'histoire de Beni incite à s'interroger sur la notion de culpabilité.

Danü DANQUIGNYLes aigles endormis. Parution le 9 janvier 2001, Éditions Gallimard, collection Série Noire, ISBN 9782072867552. Réédition en poche en avril 2021, Folio policier n°932. ISBN 9782072922718.
Lien : http://romans-policiers-des-..
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Un roman qui se passe en Albanie, voilà qui promet un peu d'exotisme. Comme tout écrivain de polars qui se respecte, l'auteur replace ses personnages dans leur contexte social. J'ai trouvé pourtant le résultat à moitié réussi seulement. Il s'agit d'une histoire de vengeance, dont le récit, très plausible, est plutôt bien mené. En parallèle, on voit se développer un trafic peu honorable: contrebande, drogue, prostitution...

Le style est noir, apte à restituer l'âpreté des décors et des personnages, saupoudré de quelques zeugmas ironiques: "je me crevais le dos et l'amour-propre". Malheureusement, l'auteur est parfois trop appuyé, lourd dans la métaphore "j'étais un dieu inutile déversant sa rage dans le désert".

J'ai trouvé intéressante la description des relations entre grecs et albanais, on comprend que les premiers méprisent les seconds et en profitent: ce sont leur immigrés exploités. Quand on pense à la manière dont les grecs eux-mêmes furent considérés par les pays riches de l'Europe, cela ne manque pas de sel. On se rend compte que tout est affaire de puissance dans ce bas monde. Comme le dit l'auteur lui-même, ce petit pays ne compte pour rien, car son économie est dérisoire... "it's the economy, stupid".

Les événements historiques qui forment la toile de fond ne sont guère analysés, et de leurs causes, on n'en apprendra pas plus que ce que l'on a pu lire dans la presse après la chute du communisme. Est-ce pour autant ce contexte qui explique la dérive mafieuse des personnages? D'autres voies auraient-elles été possibles? À méditer...
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Ils ont grandi en Albanie mais leurs parcours diffèrent après les 3 ans de service militaire obligatoire dans ce pays dirigé par un dictateur. Les petits voyous, Alban et son cousin deviendront mafieux, Elis l'idéaliste sera assassiné et Arben le personnage principal ne pourra mener la vie dont il rêvait.
Après le décès de ses parents, obligé d'abandonner ses études, il va se plier aux traditions : mariage, travail, parti.
La chute du régime, et la liberté retrouvée dégénèrent en chaos. Quand Arben est licencié, il s'acoquine avec Alban pour économiser suffisamment d'argent pour gagner l'étranger avec sa famille. Les trafics s'intensifient , le temps passe jusqu'au drame qu'il n'a pas su éviter. Il s'enfuit en France avec ses deux enfants.
L'auteur alterne les épisodes présents - août 2017 - et passés de 1978 à 1997. Quand le roman commence, Arben est revenu en Albanie pour se venger.
Je n'ai pas l'habitude de lire des romans noirs mais les références à l'histoire contemporaine de ce pays m'ont bien intéressée.
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Chronique Albanaise.

Arben a vécu la chute du communisme. Dans la force de l'âge, le chaos qui se profile offre deux opportunités aux habitants du pays, à lui et à ses potes d'enfance : rester pauvres, ou devenir truands.
C'est la seconde voie qu'il choisit...

20 après avoir quitté son pays, Arben y revient, pour venger la mort de sa femme...

Un focus sur une période clé de l'Albanie, mais une intrigue assez pauvre. A ranger plus dans la catégorie documentaire que thriller.
Aux premières loges, nous suivons un jeune loup qui nous expose les événements importants du déclin de cette modeste république.
Pour l'intrigue, çà s'emballe un peu sur la fin, sans être surprenant.

Lecture agréable, plutôt courte, mais il faut être intéressé par les descriptions historiques pour ce prendre au jeu, sinon vous allez être un peu déçus.
(plus d'avis sur PP)
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Plus dur sera leur réveil

C'est l'histoire d'Arben. C'est l'histoire d'Arben et de Rina. C'est l'histoire d'Arben, de Rina et de Mitri, de Loni et d'Alban. C'est l'histoire de l'Albanie, dans ses aspects les plus édifiants et de sombres.

Le récit de Danu Danquigny oscille entre le milieu des années 90 et le milieu des années 2010. Entre les deux, vingt ans d'exil d'Arben et de ses enfants en France. Cet exil est provoqué par la mort de sa femme, Rina, assassinée par l'un de ses associés, les Mitri, Loni et Alban. Enfin associés… complices de trafics en tout genre dans une Albanie qui s'ouvre au capitalisme à partir de 1995, à une course à la liberté et à l'argent, cette liberté voilant une course effrénée à la violence et donc aussi aux trafics. En 2017, Arben revient en Albanie, dans son village, pour venger la mort de sa femme et faire payer ses anciens acolytes.

Danu Danquigny situe la très grande majorité de son récit dans cette Albanie des années 90 qui passent un peu trop brutalement de la dictature à une forme dévoyée de démocratie, encore lourdement entachée des processus mis en place depuis de longues années par les dictatures qui se sont succédées. L'Albanie des années 2010 ne ressemble plus pour Arben à ce qu'il a connu. L'homme et le pays sont devenus des inconnus l'un pour l'autre. Arben a quitté un pays attaché à son identité et il revient dans une société en déliquescence. La décrépitude du pays est autant morale que financière ou culturelle.

Des personnes comme Loni ou Alban se sont engouffrées dans la chute de la dictature pour prendre la place libre laissée par l'autorité institutionnelle. La nature ayant horreur du vide, il en va de même d'une population qui a vécu si longtemps sous l'oppression : elle reste dans le besoin d'une main de fer dans un gant de velours : peu importe qui incarne cette main à partir du moment où elle prend ce qu'il y a à prendre. Les pauvres restent pauvres et les plus débrouillards, les plus courageux prennent tout ce qu'il y a à prendre. Arben, qui se voile la face sur bien des aspects de sa propre personnalité, nous y reviendrons, porte un regard très lucide sur ses compatriotes et notamment sur Loni et Alban et leurs petits business : « les grandes restructurations économiques censées muter la société en modèle capitaliste triomphant en avaient laissé plus d'un sur le carreau. Avec l'accès à la propriété et la liberté d'entreprendre, l'Albanie découvrait leurs corollaires, les quatre cavaliers de l'apocalypse à venir : la compétition, le chômage, la précarité et la prédation. Nous participions activement à la dernière. » Trafic de marchandises, trafic de femmes, trafic de drogue puis trafic d'armes, Alban, Loni, Mitri et Arben se sont nourris de toutes les contrebandes, de tous les vices.

Ce qui n'était pas sans rejaillir sur la femme d'Arben, Rina qui en venait à le détester et à qui celui-ci avait pourtant promis de leur faire quitter le payes, accompagnés de leur fille puis de leur fils. Arben engrangeait un maximum de fric, détournant au passage un peu de l'argent de son patron, Alban, sorte de nabab mafieux despotique local. Jusqu'au jour où il décida de procéder à son dernier gros coup. Jusqu'au jour où il retrouva sa femme assassinée avec sa propre arme de poing.

La partie du récit qui se concentre sur 2017 évoque partiellement l'Albanie « nouvelle génération » sous la coupe de la précédente. Elle a trait plus particulièrement à la vengeance qu'Arben est revenu assouvir afin de tenir la promesse faite au corps froid de sa femme. Cette période moderne fait bien le pendant de celle évoquant le passé, au moins jusqu'à ce que l'auteur fasse le lien final entre le récit du passé et celui du présent et que le lecteur, bien avant Arben, ne se fasse sa propre idée de ce qui s'est passé en 1997.

Mais du coup, et ce sera le seul point un peu négatif de ce billet, dès qu'on se fait une idée précise, bonne ou mauvaise par rapport aux intentions de l'auteur, de l'histoire, le livre perd en intérêt. Cela ne dure qu'une petite dizaine de pages. Danu Danquigny parvient tout de même, sur la dernière page, à retomber sur ses pieds. Pour ma part, je trouve que la fin qu'il propose est assez juste dans le mesure où elle colle avec l'idée que je me fais d'Arben et de ce qui s'est passé en 1997.

Arben, pour parler un peu de lui, est un être humain à la fois complexe et basique. Il est complexe dans la mesure où il est changeant. Il est basique dans le sens où il est monolithique : peu importe que sa personnalité soit changeante, il n'en « possède » qu'une seule à chaque fois. La destruction de l'Albanie accompagne celle d'Arben. Ce dernier se délite en même temps que son pays, perd ses repères, abandonne sa morale. Arben quitte l'Albanie pour la France, dans l'espoir, palpable, de se reconstruire. Quand il rentre « chez lui », il n'est plus tout à fait le même. Pour autant, dès qu'il remet les pieds dans son ancien monde, celui qui l'a vu grandir et perdre pied, Arben redevient immédiatement son propre ennemi.

Parmi les autres personnages, Danu Danguigny offre un rôle essentiel à Alban : de par son prénom, il doit incarner une Albanie à la fois sombre, violente et sans retenue mais aussi ancrée dans ses traditions de pouvoir, de machisme et de virilité.

S'il pêche pendant quelques petites pages sur la fin, le récit de Danu Danquigny possède une force, une férocité, une âpreté totalement envoûtantes. Il saisi parfaitement, en tout cas pour un lecteur qui y est extérieur, l'Albanie, rend les us et coutumes locales tels qu'ils sont, sans fioriture, sans jugement mais aussi et surtout sans complaisance. Un vrai bon roman noir !

Lien : https://garoupe.wordpress.co..
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Très peu friande de polar/série noire, cette lecture s'est imposée via un comité de lecture.

Mon commentaire ne sera pas objectif. Explication. le thème a attiré mon attention car il est très peu traité. Toutefois, la violence de cette histoire et sa narration ne m'ont pas convaincue.

Kadaré, auteur albanais de renommée internationale, reste le plus indiqué pour découvrir l'Albanie. Pour ce qui est de l'histoire de ce pays balkanique, la seule thèse au monde écrite à ce sujet est excellente : l'Albanie d'Enver Hoxha, de G. Jandot.

Je doute qu'en lisant ce polar le lecteur comprenne réellement l'histoire de l'Albanie, les rouages de sa dictature, sa chute et sa complète perdition dans le libéralisme. On comprend par ce roman noir que le peuple trinque une fois encore, c'est tout.

Les choix lexicaux m'ont laissée dubitative.
On est loin de la grande littérature.





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Roman policier, oui, mais surtout roman d'un pays magnifique, l'Albanie le pays des aigles, meurtri, blessé par le régime "communiste " d'Enver Hoxa puis par les libéraux nationalistes mafieux qui l'ont suivi, le suivent..
Un livre passablement déprimant mais vraiment magnifique. A lire sans hésitation.
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L'effondrement du bloc communiste provoqua la chute du régime totalitaire albanais qui offrit littéralement le pays au libéralisme le plus sauvage. A défaut de pouvoir fuir ce pays, Arben et ses copains mettent le doigt dans l'engrenage criminel et perdent tout sens ci-vique au profit du pouvoir que confère la peur dans les yeux de l'autre. Au summum de cette violence, un drame familial obligera Arben à fuir en France avec ses deux jeunes enfants. Vingt ans plus tard, il revient en Albanie pour se venger. L'auteur utilise le roman noir pour dénoncer les tares et les ignominies d'un pays corrompu. Magistral !
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Plus que le récit d'une vendetta (qui s'avere d'ailleurs très réussie), Danquigny offre un témoignage brut sur les années de plomb de la fin du XXème siècle en Albanie. Avide de liberté mais né au mauvais endroits (la dictature d'Hoxha) Beni va tout faire pour sortir sa famille de sa petite condition au risque de se brûler les ailes et de faire des actes qui le dépassent (en rejoignant les rangs d'un clan mafieux). Bien qu'indéfendables, ces crimes (proxénétisme, trafic de drogue ou d'armes) sont presque légitimes au vu de l'enjeu pour son auteur, le droit à la liberté et au bonheur... Bien qu'un peu long à se mettre en place (mais il était important de poser le cadre), le récit s'emballe magnifiquement offrant un final brillant et nerveux.
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