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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La Chine, tout comme la Russie, ne recueille absolument pas ma sympathie tant les faits historiques ont démontré une volonté hégémonique de domination sur des peuples autrefois libres afin de les rattacher à leur dictature communiste.

Certes, je connaissais l'invasion du Tibet en 1950 ainsi que l'asservissement de ce peuple pacifique avec le Daila Lama en exil. Je me rappelle également du massacre sans précédent de la jeunesse étudiante chinoise réclamant un peu de liberté au char d'assaut de la place Tien-an-Men en 1989. Puis, il y a eu les récentes répression sur Hong-Kong qui était sous le joug britannique une ville assez libre. Maintenant, il y a la forte menace d'invasion sur la démocratie de Taïwan sans compter sur leur solide amitié avec la Corée du Nord qui déstabilise toute la région. Qui pourra les arrêter ?

Ce que je ne savais pas, c'était l'histoire des Ouïghours du Turkistan oriental qui ont été envahi en 1949 par Mao après qu'il est décimé sournoisement leur gouvernement. Ce beau pays est devenu le Xinjiang, une province chinoise à l'extrême ouest de la Chine qui a été colonisé progressivement.

Les Ouïghours, qui sont un peuple turcophone musulman comme la plupart des pays d'Asie centrale, sont 11 millions dans cette région à égalité avec les Hans (principale ethnie chinoise). Ils veulent retrouver leur autonomie pour préserver leur culture qui est actuellement menacé. Cela donne lieu à des révoltes mais surtout à une répression d'une incroyable radicalité de la part de la Chine qui cache ses méfaits au monde entier. Nous y étions habitués depuis l'épisode du COVID et leur absence de décès.

Une telle lecture m'a révolté, non pas la BD en elle-même mais ce qu'elle dénonce à savoir un véritable génocide mené par ce grand pays soutenu par une grande majorité de nation ayant besoin de leur financement de l'économie. le journaliste Eric Debré, auteur de cette BD, a mené différentes enquêtes sur une période de 25 ans en collectant des informations et des preuves totalement fiables.

Il en ressort qu'un million de ouïghours seraient actuellement dans des camps de concentration rebaptisés par le pouvoir politique chinois « camp de rééducation ». Les prisonniers subissent un lavage de cerveau où ils doivent chanter des louanges en faveur du dirigeant de ce pays Xi Jinping et baiser le drapeau chinois sans compter les nombreuses tortures et sévices physiques. C'est d'une immoralité sans nom.

Notre regard est actuellement tourné vers la Palestine. Certes, il n'y a pas d'échelle de souffrance. le monde entier ignore ce qui se passe réellement dans cette province qui compte plus de 300 camps. Les femmes sont stérilisées de force afin de contenir la population de ce peuple. Quelle sera la prochaine étape ?

Il est vrai que certains partisans de ce peuple ont fréquenté les islamistes radicaux de la pire espèce afin de fomenter des attentats. Ils sont alors qualifiés de terroriste ce qui peut être assez pratique pour justifier des actes de répression.

Alors, oui, c'est une BD qui est très utile afin de connaître un peu mieux ce peuple et ce qu'il vit au quotidien sous l'emprise d'une sanglante dictature. Evidemment, on ne pourra rien faire pour les aider car cela dépend de la diplomatie d'un pays mais on pourra toujours compatir à leur malheur.

Le journaliste auteur de cette BD avoue lui aussi son impuissance face à un tel désarroi. Au moins, il aura permis d'accéder à une foule d'informations intéressantes sur ce sujet délicat. C'est un très beau travail journalistique qui est incroyablement bien reproduit sur le format BD car la lecture demeure agréable grâce à un graphisme clair et lisible ainsi qu'une narration fluide.

A noter qu'il s'agit d'un album qui trône dans ma bibliothèque à titre personnel car curieusement toutes les médiathèques de ma ville ont fait l'impasse sur ce titre.
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Les Ouïghours, un peuple qui refuse de mourir - Eric Darbré et Eliot Franques pour les illustrations - Récit témoignage graphique - Éditions Marabulles - Lu en décembre 2022, janvier 2023. Un mot d'abord sur l'auteur Eric Darbré, qui tout jeune journaliste en 1996, découvre le drame des Ouïghours. Il est journaliste d'investigation en France et à l'étranger. Il a promis aux Ouïghours "de ne pas les laisser mourir dans le silence et l'indifférence" Il a vu les camps se dresser dans le désert, la stérilisation forcée des femmes. Et il se pose cette question "qui reste coincée dans sa gorge : jusqu'où peut aller un journaliste pour se rendre utile ?"
Et Eric Darbré, en collaboration avec l'illustrateur Eliot Franques ont gravé sur papier le calvaire des Ouïghours.
Son livre est dédicacé "Au peuple Ouïghours"Les Ouïghours sont aujourd'hui près de 12 millions et vivent dans la Région Autonome du Xinjiang dans l'extrême ouest du pays depuis plus d'un millénaire (région conquise par l'empire chinois Qing au XVIIIème siècle). Ils sont d'origine turque, sont musulmans sunnites, parlent une langue turcophone, écrivent avec l'alphabet arabe et ne se considèrent pas comme Chinois.Il existe en Chine plusieurs ethnies, les plus connues sont les Tibétains et les Ouïghours. Leur histoire est très longue et parsemée d'embûches, si vous vous intéressez à ce peuple voici le lien pour en connaître un peu plus :https://fr.wikipedia.org/wiki/Ou%C3%AFghours.Les autorités de Pékin envoient des colons Hans pour siniser la région du Xinjiang ce que les Ouïghours ne supportent pas et ils se rebellent.
En 2014, pour les "punir" de se rebeller, le gouvernement fait construire des camps d'internement."Les autorités ont décidé de les faire taire par tous les moyens y compris les pires :
- Emprisonnement de masse
- Tortures
- Viols
- Avortements jusqu'au 8ème mois ! (quand un bébé
survit, il ne pleure pas longtemps)
- Stérilisations
- Travail forcé
- Condamnations à mort"Les rapports d'ONG et de l'ONU estiment qu'au moins 1 million d'Ouïghours sont actuellement détenus dans des camps de "rééducation" et des prisons. Grâce aux images satellites, les journalistes et chercheurs en ont répertorié près de 300". pages 10 et 11. L'illustrateur Eliot Franques en a dessiné les plans page 11.le Président Joe Biden a fait part de ses préoccupations concernant la violation des droits humains dans cette région. le Président Xi Jinping déclare lui, que "tout se passe pour le mieux avec les Ouïghours"Le parcours d'Eric Darbré pour obtenir des renseignements, se rendre dans la région, est dangereux, il brave ses peurs, celle de se faire arrêter, celle d'être dénoncé, il doit faire confiance aux gens qui le renseignent et le conduisent aux endroits stratégiques.Eric Darbré continuera à se rendre en Turquie, en Asie centrale... "Partout où se cachent des réfugiés, enquêter, écouter, informer et diffuser"Des États ont déjà validé la thèse d'un génocide, les E.U, le R.U, la Lituanie, la Belgique, la République Tchèque.A ce jour, la province est toujours isolée, les journalistes, diplomates humanitaires ne peuvent s'y rendre librement.Les dessins de l'illustrateur Eliot Franques sont impressionnants de réalisme, il n'y a pas vraiment de couleur excepté le rouge, beaucoup de nuances de gris et du noir, mais le récit est très très noir, d'autant plus noir que c'est la réalité. Les visages expriment très bien les sentiments vécus.Merci Monsieur Darbré pour cet éclairage en mots et en images sur le sort des Ouïghours et bravo pour votre pugnacité à tenter de les aider de cette manière : l'information."Et tenir cette promesse faite à Timur en 1999. Encore et encore". Je ne peux que vous conseiller de lire ce témoignage empli d'informations et d'images très explicites qui en disent long sur le drame des Ouïghours. Voici quelques liens pour vous informer :
La réalité du génocide des Ouïghours en BD par Eric Darbré
https://www.marabout.comAvec « Ouïghours : mécanique d'un génocide annoncé », Eric ...
https://www.nouvelobs.com ›

https://www.lesoir.be/372929/article/2021-05-18/chine-le-temoignage-puissant-dune-rescapee-ouighoure-la-chambre-
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C'est le genre de livre qu'on pourrait qualifier de “nécessaire”.
On entend parler de l'oppression des Ouïghours depuis assez peu de temps, alors que le drame a commencé depuis 1996. On peut se rendre compte à cette lecture que les sujets de répression ethnique ne font parler d'eux que quand il y a un intérêt commercial ou stratégique international derrière. Tout ce qu'on découvre dans ce livre est absolument révoltant, à dénoncer d'urgence. Je ne vais pas vous dire grand chose du style ou du fond, cela importe peu finalement, c'est un livre qu'il fallait faire, qu'il fallait éditer, qu'il faut lire et faire lire parce qu'il faut arrêter de dire que la Chine est un pays fréquentable, qu'il faut arrêter de faire passer la raison commerciale avant la raison humaine. En laissant nos entreprises occidentales profiter des mains d'oeuvres bon marché on se fait le complice des pires dictatures et on favorise leur essor, mettant en péril les démocraties. le sort des Ouïghours est terrible et pour les aider, il faut commencer par le faire savoir.
Ce livre est donc absolument nécessaire !

Je vous ajoute ceci, ça date de décembre 2023, il y a encore du chemin à faire :
https://www.wedemain.fr/ralentir/ouighours-39-marques-bien-connues-profitent-encore-du-systeme/
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Il a promis .Ne pas les laisser mourir dans le silence et l'indifférence . Telle est la promesse d' Eric Darbré faite en septembre 1996 quand il a pris connaissance du drame vécu par les Ouïghours. Depuis il se bat pour que le voile se lève et que la parole se libère.. Combat difficile mais la croisade est utile et indispensable.
Cet album graphique est excessivement bien conçu . Tout lecteur est à même de comprendre l'enchainement des faits, les motivations chinoises, les méthodes "habituelles" oppression, répression, sinisation , méthodes déjà utilisées au Tibet par exemple. Les méthodes de la Révolution chinoise remises au goût du jour , certaines similaires à celles utilisées dans d'autres régimes autocratiques... le rouleau compresseur du parti est en marche pourra t'on l'arrêter? ..
J'ai refermé cet album encore une fois abasourdie . Comment l'homme peut il être toujours et encore le prédateur de son espèce. L'histoire nous le prouve, y a t'il un remède?
Eric Darbré a trouvé en la personne d'Eliot Franques un compère, un complice. le dessin percute le lecteur, les coloris sont en parfaite adéquation avec le récit, émotion empathie, colère ou désespoir tout est dit.
Un dernier mot sur la couverture coup de poing de cet album. Un ouïghour, croissant de lune, étoile sur fond bleu, muselé par une main rouge étoilée ...
Hâte de rencontrer Eric Darbré chez Babelio, merci aux éditions Marabulles et à Babélio de m'y convier.


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Club N°50 : BD sélectionnée
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Très bon documentaire sur le peuple ouïghours et la répression chinoise, par un journaliste qui mène l'enquête depuis 25 ans.

Clément
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On suit un journaliste, sur plusieurs années, qui essaye avec ses moyens de montrer au monde entier ce que subit le peuple ouïghours en Chine.

Très bon documentaire, agréable à lire et surtout très instructif !

A mettre entre toutes les mains.

Mel
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Lien : https://mediatheque.lannion...
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Comment raconter un tel drame, un tel combat? Éric Darbré choisit de se mettre en scène pour servir de fil rouge et de porte d'entrée dans ce document : on y suit son entrée dans le monde ouïghour, ses questionnements et ses enquêtes, ce qui permet de bien vulgariser le sujet et de le rendre accessible au plus grand nombre (on sent bien que c'est le but du document : remplir la promesse faite aux ouïghours de faire parler d'eux pour leur trouver du soutien).

Je ne connaissais rien aux Ouïghours avant de lire cette BD et celle-ci replace bien le contexte au début: on apprend l'existence de la République du Turkestan Oriental de 1944 à 1949, dont le drapeau est sur la couverture, on découvre la grande richesse minière et agricole de cette terre et le peuple qui l'habite, turcophone, écrivant en arabe et musulman bien que vivant en Chine dans la Province du Xinjian.

Eric Darbré nous fait ensuite rencontrer l'opposition ouïghoure qui a choisi deux chemins opposés:
la partie légitimiste avec Dulkan dont le combat a permis de reconnaître symboliquement en 2021 la réalité du génocide, 25 ans après le début de la répression (vu la lenteur, on comprend bien qu'une partie de la population ait choisi l'autre voire) et
le conflit armé qui par manque de soutien et de moyens a fini par se ranger du côté des terroristes islamistes bien que cet islam rigoriste soit loin de leurs traditions.

Et enfin, on l'accompagne sur le terrain dans la province du Xinjian, sur plusieurs voyages pour voir à travers ses yeux (et la bande dessinée prend tout son sens sur cette partie) la mise en place de la répression qui se transforme en génocide avec une colonisation des territoires disputés et une volonté d'héradiquer une culture et un peuple.

Le document est illustré par des dessins très sobres, que ce soit en termes de couleurs ou d'expression, qui servent très bien le propos en identifiant clairement les interlocuteurs ou les situations. Cette sobriété permet aussi de ne pas trop jouer sur les émotions mais bien de s'adresser à l'intellect et de garder un lecteur concentré et non juste ému.

Cette bande dessinée est pour moi un témoignage nécessaire. Comme le dit l'auteur, il a écrit des articles, tourné des documentaires, écrit des reportages… mais cette nouvelle forme d'information permet peut-être de toucher un public plus large (la preuve, je ne connaissais rien du sujet auparavant). On sent bien dans cette BD l'amertume du journaliste dont le métier est d'informer mais qui ne peut pas s'engager plus loin. On s'interroge d'ailleurs avec lui sur la responsabilité de la presse et notre responsabilité en tant que “consommateurs d'information” sur le fait que ses articles aient fait peu de bruit car juger “pas vendeur” car les ouïghours avaient moins le vent en poupe que “les tibétains”. Comment est-il possible que des phénomènes de mode puissent avoir un impact sur ces sujets ? Il manque d'ailleurs peut-être une partie sur les actions possibles en tant que lecteur ou citoyen, sur la réception qu'il aurait aimé avoir de ses articles et ce que ça aurait pu changer pour les ouïghours.
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Le Xinjiang est une province autonome de Chine grande comme 3 fois la France, dont le sol est riche de pétrole, gaz, minerais précieux, et de terres agricoles de qualité. Pékin veut évidemment faire main basse sur ces trésors, depuis 100 ans, mais les ouïghours se sont toujours rebellés.
Dans ce documentaire graphique où il se met en scène, Éric Darbré nous raconte ses rencontres avec les opposants et les victimes ouïghours, depuis son premier reportage sur place en 1996 jusqu'à aujourd'hui.
C'était peu après l'effondrement du bloc soviétique. Les ouïghours rêvent alors de la même indépendance que les nouveaux pays en « stan » voisins, turcophones comme eux. Ils veulent leur propre pays, comme ils l'ont eu entre 1944 et 1949, jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Mao. Les manifestations sont réprimées dans le sang. Et en 1996, sans internet, la seule façon de savoir ce qu'il s'y passe est d'y aller.
En 1998 il rencontre l'opposition en exil à Istanbul, la fondation du Turkestan oriental, dont deux personnes très engagées : Dolkun le futur leader du congrès mondial ouïghours, et
Asgar qui vit au Kazakhstan, où les ouïghours ont tout perdu avec l'indépendance des kazakhs.
Suite au 11 septembre 2001, qui a officiellement ouvert la chasse aux terroristes islamiques, Pékin a trouvé l'angle d'attaque idéal pour éradiquer sa population musulmane dérangeante. Emprisonnements, disparitions, torture, viols, internements en camps de « rééducation » avec travail forcé dans des serres en plein désert. Avec les avortements forcés, la situation est désormais officiellement qualifiée de génocidaire. Mais la Chine reste un partenaire économique puissant, incontournable…

Le dessin encré de Eliot Franques est classique et efficace pour ce type de sujet, mais un peu épais à mon gout. La mise en page est variée, dynamique, les textes ne sont pas chargés, la lecture est très fluide.

Merci, bravo et respect à Eric Darbré pour son engagement, son courage.
Merci à Babelio de m'avoir permis de découvrir ce précieux documentaire en avant-première dans le cadre d'une masse critique.
Un témoignage rare.
Un ouvrage indispensable.
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Les Ouïghours, un peuple qui refuse de mourir est un roman graphique documenté, accessible et très bien expliqué malgré la complexité du problème soulevé. Ce livre est en partie autobiographique. Il retrace le parcours d'Eric Darbré, un journaliste qui depuis vingt-cinq ans s'engage auprès des Ouïghours pour dénoncer les injustices et les atteintes aux droits de l'homme dont ce peuple est victime de la part du gouvernement chinois. Avant cette lecture, je ne connaissais pas leur existence ni celle des camps mis en place par la Chine.

Dans ce pays, la majorité de la population est représentée par les Hans. Mais il existe des minorités telles que les Tibétains ou les Ouïghours. Ces derniers sont turcophones, de confession musulmane, et vivent dans une région autonome de l'ouest de la Chine connue sous le nom de Xinjiang ou de Turkestan oriental. Cette région représente trois fois la taille de la France et dispose de terres agricoles générant de nombreux bénéfices (premier producteur de tomates, deuxième de coton) et de nombreux gisements de ressources naturelles. le Xinjiang fait l'objet d'un véritable enjeu géopolitique.

Le livre m'a fait découvrir l'histoire de ce peuple, en retraçant les événements marquants du XXème et XXIème siècles : les rebellions, la volonté de domination et de sinisation de la région, les attentats, la création de camps, les avortements tardifs forcés... L'auteur nous explique l'enlisement dramatique de la situation. Cette lecture questionne sur nos relations et notre dépendance à la puissance chinoise. Il est inquiétant de voir les difficultés d'engagement des différents pays dans cette question et dans la reconnaissance d'un génocide.

Un livre passionnant sur un sujet auquel nous devrions être davantage sensibilisés. Je le referme émue et touchée par le sujet, admirative du courage d'hommes et de femmes (journalistes, témoins, familles de rescapés, activistes pacifistes) qui tentent de faire changer les choses. La rencontre avec l'auteur est venue enrichir cette lecture. Je recommande ce livre.
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Je suis venu à cette lecture après les avis d'Erik_ et Jamik. Ils m'avaient donné envie de découvrir ce peuple dont j'avais entendu parlé. Cela faisait écho avec une conversation que j'avais eu avec un de mes collègues professeur d'histoire-géographie-enseignement moral et civique et qui avait souhaité sensibiliser ses élèves de 3ème à ce sujet.

Éric Darbré est un journaliste qui a fait plusieurs séjours chez les Ouïghours depuis 25 ans. Il nous explique, à travers ses différents voyages, l'évolution de la situation et la perception de cette situation dans le monde. Il nous parle de cette région, partie intégrante de la Chine, qui regroupe plus de 11 millions de Ouïghours et autant de Hans. Mais qui a aussi la particularité de détenir prisonniers plus de 1 million de personnes.

Les Ouïghours sont une minorité ethnique opprimée et réprimée par la Chine.Ils n'ont pas grand chose à voir avec la tradition chinoise : ils sont musulmans et finalement assez proches des Turcs.

Leur histoire a été marquée par l'occupation chinoise. Avant cette région était le Turkistan oriental avec son beau drapeau bleu avec une étoile (le même que la Turquie mais qui est rouge, lui). En 1949, Mao, le grand timonier, a décidé de l'annexée et d'en faire une province chinoise, le Xinjiang. Il envoie des pionniers pour occuper le pays. Ce qui attirent surtout les occupants chinois, ce sont les ressources du sous-sol du pays mais aussi la richesse et la fertilité des sols.

Éric Darbré nous expose la situation et nous montre les conditions de vie qui sont imposées à ce peuple. Grâce à ses contacts, il pourra découvrir le pays et sa situation de l'intérieur. Il pourra rencontrer des personnes qui seront d'abord sur la réserve puis seront plus volubiles sur ce qu'ils vivent. Éric va découvrir des éléments de plus en plus précis. Mais il est difficile de les publier en France car le sujet n'intéresse pas (en 2009, Bernard Kouchner parlera des "Yoghourts" en lieu est place des Ouïghours, ce qui est peu dire).

Éric Darbré a promis dans le passé de porter l'éclairage sur la situation dans le Turkestan oriental. Cette Bd est une de ses contributions. Il a réussi à sensibiliser par le biais de ses articles mais ceux-ci s'adressaient à un certain public et visaient les autorités, pour infléchir la position de certains gouvernements. À travers cette BD, Eric Darbré cherche à sensibiliser l'opinion public et peut-être même des adolescents.

Ce roman graphique m'a permis de m'informer sur les Ouïghours et sur le mathyr qui est le leur. Je ne pensais pas qu'il existait un pays où un dixième de la population est dans des camps d'internement, avec des conditions de vie proches de l'esclavage et où la régulation des naissances est un véritable crime.

Au début, j'ai été surpris par le graphisme d'Éliot Franques mais au fil des pages, j'ai trouvé qu'il correspondait bien au texte, qu'il servait le scénario d'Éric Darbré, qu'il calait avec ce reportage grandeur nature. La qualité et la variété des plans permet au lecteur de se concentrer sur les propos et les idées.

À conseiller à celles et ceux qui souhaitent s'informer sur le peuple Ouïghours qui refuse de mourir et qui veulent mieux comprendre le fonctionnement de notre monde.
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Je dois reconnaître à ma grande honte qu'avant de me plonger dans ce passionnant roman graphique, je ne connaissais pas grand chose du peuple ouighour, mis à part quelques articles de presse mettant en cause les marques de luxe qui profitaient du travail à bas coût de peuples exploités à l'autre bout du monde . Rien de nouveau me direz vous car ces exactions rendues possibles par une mondialisation généralisée des échanges commerciaux existent dans de nombreux continents , notamment en Inde et nous avons encore en mémoire le drame de l'effondrement d'un "atelier textile " qui a entrainé la mort de ceux qui trimaient jour et nuit sur leurs machines à coudre. Qu'il s'agisse de produits haut de gamme ou de fast fashion, l'occident profite à fond des déséquilibres économiques et ce sont les peuples les plus pauvres qui en font les frais.
En ce qui concerne les ouighours, il ne s'agit pas seulement de s'échiner à fournir du coton à bas prix pour le monde entier, il s'agit surtout de survivre et le journaliste Eric Darbré ,sensibilisé depuis de longues années au sort de ce peuple, a enquêté avec courage et détermination pour apporter la preuve des exactions commises par les chinois sur cette ethnie musulmane turcophone qui est persécutée dans l'empire du milieu.
On découvre au fil des pages de ce récit autobiographique les atteintes aux libertés fondamentales de ce peuple, la volonté d'anéantir leur culture et leurs traditions, voire même de procéder à leur extermination par une politique de stérilisation des femmes et d'asservissement des hommes dans des camps de travail qui n'ont rien à envier à leurs sinistres prédécesseurs .
Le journaliste se fait lanceur d'alerte et à travers les preuves éclatantes des crimes commis, il se fixe le but d'alerter l'opinion mondiale afin que l'indignation partagée puisse faire reculer la barbarie.
Peut-on espérer que ce résultat sera atteint quand la Chine réplique avec vivacité en mettant en avant sa lutte impitoyable contre ce terrorisme islamiste qui fait tellement peur au monde occidental parce qu'il trouve effectivement des adeptes parmi les opprimés ?
L'actualité guerrière internationale de cette funeste année 2022 nous apporte malheureusement la preuve que les grandes valeurs que nous défendons sont loin d'être partagées par l'ensemble des nations et que la dictature peut encore faire bien des ravages, même face aux condamnations de principe du concert des nations.
Faut il pour autant baisser les bras et refuser de voir ce qui nous dérange ?
le journalisme d'investigation qui nous informe sur ce qui se passe dans ce vaste monde dans lequel nous vivons peut à juste titre revendiquer la fierté de ses engagements et de sa liberté de parole.
La forme du roman graphique par sa simplicité d'approche d'un problème géopolitique complexe , est parfaitement adaptée à un public diversifié. Loin des analyses passionnantes, mais parfois pédantes, des journaux "savants" (je ne veux citer personne ...Mais on m'aura comprise à demi-mot ), cet ouvrage clair, précis et didactique s'adresse vraiment à tous et notamment aux jeunes gens, à ceux qui prendront la relève après nous et qui lutterons à leur tour (peut être avec plus d'efficacité ) pour rendre le monde meilleur .
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