Politiquement incorrect, à faire tourner de l'oeil un militant woke, et ne parlons pas des allergiques au jeux de mots vaseux, ils sont déjà en choc anaphylactique. C'est lourd, l'intrigue est burlesque, pas du tout crédible, un peu foutraque, totalement rocambolesque, ce n'est pas non plus pour les amateurs de thriller et aficionados du suspense… Et j'y ai pris beaucoup de plaisir.
Un assassinat d'un ministre d'un petit royaume perdu dans le Pacifique est assassiné dans un aéroport parisien.
San-Antonio et son compère Bérurier vont enquêter sur l'affaire qui va les amener en Suisse puis dans cet archipel sordide, et vont devoir déjouer une affaire d'espionnage sur fond de concurrence entre deux nations européennes pour s'octroyer les faveurs de ce petit royaume.
Mais passons, ce n'est pas pour l'intrigue qu'on ouvre un
San-Antonio…
San-Antonio, c'est un nom que j'ai toujours eu sous les yeux, mon père devait en lire autrefois, et il y avait toujours un tome qui traînait quelque part, même chez mes grands-parents, c'est donc tout naturellement que j'ai ouvert un volume un jour, une seule fois dans ma vie, il y a presque 40 ans. J'avais buté sur le vocabulaire d'argot, et l'intrigue m'avait laissé de marbre. J'avais oublié à quel point niveau lourdeur, c'est en harmonie avec le gabarit de son personnage secondaire, le fameux Bérurier, bien gras, bien vulgaire.
Mais tout ça est assez réjouissant au final. J'ai aimé cette lecture, parce que j'ai ri, j'ai beaucoup ri. L'intrigue n'est qu'un prétexte à nous proposer quelques belles maximes graveleuses ou grossières, quelques réflexions irrévérencieuses, souvent à s'esclaffer. Les personnages arrivent à être gauchos et réacs à la fois. Et l'auteur nous offre quelques tergiversations sur sa personne, il nous prend régulièrement à témoin, c'est surtout pour cette complicité affichée avec le lecteur que j'y ai pris du plaisir, le meilleur est dans les parenthèses ou au détour d'une réflexion qui déborde du contexte.
Bon, évidemment, on frise souvent l'overdose, les calembours sont parfois lourdingues et la vulgarité de Bérurier peut donner la nausée, l'outrance est la raison d'être de
San-Antonio. Ce côté fausse littérature policière et vrai bordel littéraire m'a séduit, la langue française prend parfois quelques beignes (même pas mal !), et l'argot devient régulièrement jubilatoire, ça sonne aux oreilles, c'est coloré, clinquant, il y a quelques moments d'anthologie à dénicher entre les calembours foireux, ça fait travailler les zygomatiques, et ça c'est bon.
Voilà, mon deuxième
San-Antonio, et je crois bien que j'en lirai d'autres, mais pas à la suite, c'est un peu comme les Chamallows, on s'enfilerait bien tout le paquet, au delà de l'écoeurement, mais on sait qu'on sera barbouillé tout le reste de la journée.