AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,38

sur 377 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Qui sauve une seule vie sauve l'humanité toute entière »

Une bien belle “histoire” et un beau personnage que celui de Rose, mère avant tout, « mère » de ses enfants, de son mari, des petits patients de son cabinet de pédo-psychologie, qui devient aussi un peu la mère d'un jeune migrant dont elle fait l'improbable rencontre lors d'une croisière en Méditerranée. Sans trop se poser de questions Rose est dans l'action : pour tenter de “prendre du recul” par rapport à son mariage qui “prend l'eau” Rose “embarque” ses deux enfants, Gabriel et la petite Emma, en croisière. Une nuit, le paquebot recueille à son bord des dizaines de migrants, occupants d'une embarcation en détresse. Les scènes de surconsommation illustrent le gouffre accablant qui sépare ceux qui “ont tout” mais ne savent pas être heureux, de ceux qui ont tout perdu. Rose se prend de compassion pour l'un d'eux. Pourquoi celui-là et pas un autre ? Parce que leurs regards se sont croisés ? Parce que ce jeune homme lui rappelle vaguement Gabriel, son fils ? Rose l'apprendra plus tard, il se prénomme Younès. Dans l'urgence elle lui tend le portable de Gabriel. Elle l'ignore encore, mais dans les contacts enregistrés dans le répertoire, son numéro, associé à une photo fantaisiste sous le nom de « Maman » deviendra au fil des semaines qui vont suivre le seul point d'ancrage pour le jeune Nigérien. Un jour il l'appellera à l'aide, Rose répondra à cet appel. Associant malgré eux mari et enfants à son projet un peu fou de « remettre Younès sur pied » afin qu'il puisse de nouveau envisager un « passage », Rose mettra tout en oeuvre avec une opiniâtreté et une énergie inébranlables, une petite dose de « magie » aussi.

La prose de Marie Darrieussecq est « poétique ». Les événements sont décrits du point de vue de Rose. Avec des phrases courtes, comme si Rose cherchait juste le mot, le mot juste, pour retenir ses émotions fugaces : stupeur, désarroi, urgence, détermination, force, espoir.

J'ai beaucoup aimé cette lecture, qui m'a permis de découvrir l'auteure et donné envie de lire ses autres romans.
Commenter  J’apprécie          110
Un très beau livre sur le hasard des rencontres qui modifie la trajectoire d'une vie. Marie Darrieussecq aborde un sujet d'actualité, l'immigration, sous un angle original, l'accueil par des citoyens qui ne sont pas des super héros, juste des êtres humains avec leurs qualités et leurs défauts. Parce que l'accueil de quelqu'un chez soi n'est pas un choix simple et que ce grand saut soulève de nombreuses interrogations, notamment la chance d'être né de ce côté du monde...

Un livre très intéressant qui questionne et résonne longtemps après l'avoir terminé.
Commenter  J’apprécie          100
Quelle claque ! Je prends conscience après avoir refermé ce livre de ce qu'est un grand écrivain.
Car ici ni rebondissement, ni scénario alambiqué, ni effets de manche pour accrocher le lecteur. Rien de tout ça dans cette écriture tellement particulière, faite de ruptures, de collages, de métaphores osées et percutantes, de juxtaposition du style direct et indirect, de figures originales et subtiles qui donnent à cette plume une incroyable force.

J'ai adoré cette anti-héroïne, une psychologue un peu étrange, qui sent les choses et transmet du fluide apaisant avec ses mains, une femme en quête de sens qui pour se poser et réfléchir à ce que va devenir sa vie, emmène ses deux enfants, sans son mari qu'elle a laissé en compagnie de son inséparable bouteille, en croisière en méditerranée. Oui, oui, une de ces croisières totalement déconnectées du réel sur de monstrueuses villes flottantes accueillant 4000 passagers et plus, le non-sens absolu tant sur le plan humain, touristique qu'écologique, une pure aberration inventée par nos sociétés de la démesure…
C'est là qu'à la faveur d'une nuit sans sommeil, Rose va assister à la rencontre improbable de deux mondes qui normalement s'ignorent : celui des croisiéristes nageant dans le luxe artificiel d'un univers en carton-pâte et celui des clandestins en détresse, surnageant dans les eaux noires de la méditerranée, les uns contraints de recueillir les autres au milieu de la nuit.

C'est donc un pur hasard qui va mettre en contact Rose et Younes, un très jeune nigérien, sauvé de la noyade avec une centaine d'autres migrants.
J'ai vraiment aimé Rose, un personnage fragile et un peu fantasque, attaché à sa liberté, empathique et lucide, mais aussi un peu lâche, peureuse et indécise, une femme qui nous ressemble.

C'est un livre sur les frontières, les visibles et les invisibles, géographiques et psychologiques, c'est un livre sur l'exil, sur les contraires qui s'opposent, sur les contraires qui se côtoient, sur les contraires qui se ressemblent, c'est un livre sur l'ambivalence, sur la part de lâcheté et d'héroïsme que chaque homme porte en lui et qu'il décide ou pas de laisser s'exprimer. C'est fort et doux, c'est drôle et tragique, c'est déstabilisant et bouleversant. C'est formidablement bien écrit, et même si je regrette un peu de ne pas avoir suffisamment pénétré l'intimité de la psychologie de Younes et sa relation à la famille de Rose, que l'auteure a choisi de ne pas développer, je ne suis pas prête d'oublier ce beau voyage en Littérature avec un grand L.

Commenter  J’apprécie          109
Rose s'ennuie dans son quotidien de psychologue pour enfants, en plein coeur de Paris, à la veille d'un déménagement en province, nouveau départ plein d'incertitudes pour ce couple avec enfants qui vacille. Pour lui changer les idées, sa mère lui a offert une croisière en Méditerranée, à bord de ces navires usines qui sillonnent inlassablement la Grande Bleue d'une merveille du monde à l'autre. La rencontre avec un bateau de migrants africains en provenance de Libye va faire basculer son destin. Elle qui ignorait tout de ce qui dépasse la raison, y compris sa propre capacité à "faire du bien", va trouver un nouveau sens à sa vie. Un roman plein de tendresse et de fraîcheur, écrit dans une langue maîtrisée, n'hésitant toutefois pas à braver la syntaxe pour mieux faire ressortir la force des sentiments et le vent de folie qui parfois nous emporte…
Commenter  J’apprécie          80
Bien sûr, il y avait eu « Truismes », savoureuse fable, comme une entrée fracassante en bonne littérature, mais ensuite, pendant d'assez longues années, un tantinet de déception face à une oeuvre pourtant généreuse et honorable, avant le très beau « Être ici est une splendeur » il y a trois ans, avant surtout ce « La Mer à l'envers », conjuguant fantaisie et gravité dans un récit émouvant, résonnant en permanence, de la Méditerranée à Calais, des échos de notre quotidien (votre serviteur peut en témoigner qui, lisant le passage du sauvetage des migrants auquel assiste Rose, entendait en même temps à la radio les atermoiements de l'Europe face à l'accueil de nouveaux rescapés), mettant en scène avec habileté et humour la leçon que l'exil de l'autre nous apporte. Au début du roman, Rose - une psychologue parisienne qui voit sa vie s'effriter, hésitant entre un divorce de son mari alcoolique et un déménagement qui sauverait leur couple – participe à une croisière en Méditerranée avec ses deux enfants, Gabriel et Emma. Et Marie Darrieussecq de prendre un vrai plaisir à peindre, à travers le regard de sa protagoniste, un tableau satirique de cet univers des croisières et des multiples ridicules des situations ou des personnages qui s'y croisent… Mais bientôt, le navire s'arrête, et Rose, bien malgré elle, se retrouve témoin puis actrice du sauvetage de migrants en péril de naufrage. Parmi eux, elle rencontre Younès, un jeune nigérien, à qui elle donne de l'eau, la parka de son fils, et finalement le téléphone de ce dernier, geste un peu inconsidéré, qui modifiera radicalement le cours de son existence. Fin de la croisière, déménagement difficile, installation déprimante dans une bourgade du pays basque, pourtant sa région natale, la vie de Rose plonge dans le gris. Elle s'efforce de ne pas répondre aux appels fréquents d'un Younès, qu'après tout, elle n'a pas vraiment eu le temps de connaître, envers qui elle ne se sent pas redevable, même si…. Mais, un jour, un appel de Calais la bouleverse, et, la voici, bravant les réticences de son mari, partie pour un second sauvetage du jeune homme. La suite montrera que l'on ne sait pas très bien qui aura sauvé qui dans cette histoire. Car la « mer à l'envers » du titre, c'est peut-être celle qu'aura franchie Rose, rescapée de son naufrage intime, sauveteuse secourue de son désastre familial par l'installation de Younès dans sa vie, les soins qu'elle donnera aux chevilles abîmées du garçon révélant à ses mains leur pouvoir magique, aussi utile à sa paix intérieure qu'à sa prospérité professionnelle… Et le lecteur, même très cartésien, un peu sceptique face à ces pouvoirs surnaturels, oui, oui, finit par accepter, emporté par la petite musique espiègle des mots de Marie Darrieusecq, cette idée que la plus difficile des mers à traverser, c'est moins cette Méditerranée hostile des migrants africains que celle, immense, de notre méfiance et de nos préjugés. Une bien belle et malicieuse parabole, un très agréable moment de lecture !
Commenter  J’apprécie          72
Très beau roman dont le thème est l'aide que va donner une femme "ordinaire", Rose, à un migrant nigérien, Younès, découvert lors d'un sauvetage en mer alors qu'elle était en croisière avec ses deux enfants. D'abord en lui donnant le portable de son fils Gabriel, lors du sauvetage. Puis, alors qu'elle a une première fois fait preuve de lâcheté à lui donner de l'aide lors de l'arrivée de Younès à Paris, elle traversera la France pour le prendre en charge à Calais alors qu'il est blessé, l'hébergera dans sa maison du Pays Basque, le fera soigner et le remettra en condition, puis lui fournira l'argent pour l'aider à passer en Angleterre.
Ce n'est ni édifiant, ni misérabiliste, ni moralisateur.
Rose n'est pas une femme engagée, ni spécialement poussée vers l'humanitaire. Mais cette rencontre va l'entraîner dans le dépassement, le don d'elle même, malgré ses doutes et ses hésitations, voire ses lâchetés.
Ce n'est pas un livre sur la condition des migrants, c'est l'itinéraire intérieur d'une femme ordinaire avec ses problèmes de mère, de couple, de ras-le-bol de la vie exténuante de Paris, avec son choix de retour au Pays (basque) pour y retrouver ses racines suite à l'héritage de la maison familiale. Elle va changer de dimension (y compris dans l'exercice de son métier), suite à cette rencontre extra-ordinaire.
L'auteure a sa façon si particulière de raconter que j'avais déjà aimée dans "il faut beaucoup aimer les hommes". C'est, pour moi, même meilleur que ce roman. Des phrases courtes, qui rythment une pensée qui se déroule fiévreusement le plus souvent, avec ses allers-retours, ses digressions, ces coq-à-l'âne, comme l'est presque toujours notre pensée à tous. Et une émotion à fleur de peau, une spontanéité, une fragilité et une force émouvantes.
Commenter  J’apprécie          61
Rose, "bourgeoise de gauche" dit son fils fait une croisière en méditerranée avec ses 2 enfants,un ado, une petite fille. Quand le paquebot recueille à son bord des migrants, Rose sans hésiter donne à Younès, un jeune nigérien, un manteau et le portable de son fils. Les migrants débarquent ensuite en Italie, la vie à bord continue.
Mais le lien avec Younès n'est pas rompu : quand ce dernier, blessé, l'appelle de Calais, Rose va le chercher, le fait soigner, l'intègre à sa famille.
Rose est une femme ordinaire qui se trouve confrontée à un problème qui nous dépasse. Elle a bon coeur, elle a des qualités de thérapeute, elle agit en conséquence.
Les phrases sont courtes, sans pathos mais le ton est juste et la confrontation des 2 mondes, celui des enfants occidentaux super gâtés et celui des mineurs migrants dépourvus de tout, est salutaire.
Merci Madame Darrieussecq.
Commenter  J’apprécie          30
Rose est psychologue à Paris. Son ménage bat de l'aile. Sa mère lui offre une croisière en Méditerranée. Elle part avec ses enfants : Gabriel, 15 ans et Emma 7 ans. Au cours de ce périple, le luxueux paquebot va croiser la route de migrants, naufragés. Ces derniers seront momentanément recueillis sur le navire. Mais on cachera leur présence aux passagers...
Mais Rose captera le regard d'un jeune migrant, Younès, et lui offrira le portable de son fils.. La croisière se poursuit Rose pense souvent à Younès.De retour à Paris, Rose recevra des messages de son protégé. La famille déménage et s'installe dans le sud- ouest. Rose liera une relation amicale avec Younés. Elle ira le chercher à Paris et l'hébergera dans la maison familiale. Puis un jour elle le conduira à Calais afin qu'il gagne le rêve de tous les migrants : rejoindre l'Angleterre.
Rose est une femme très tolérante et pleine d'amour pour autrui;Une belle leçon d'humanité et d'humilité. Et nous , face à ce problème, quelle sera notre réaction et notre action.Il y a plein de non-dits
Un beau roman d'actualité qui nous force à réagir mais aussi à agir, et à réfléchir aux actions que nous pouvons apporter.

Lien : https://lucette.dutour0orang..
Commenter  J’apprécie          30
Rose part avec ses deux enfants faire une croisière en Méditerranée. Pendant le voyage, le bateau croise la route d'une embarcation de fortune qui contient des migrants venant d'Afrique qui cherchent à fuir la misère de leur pays pour gagner l'Europe. Parmi les migrants, Rose va croiser le regard du jeune Younès et va sentir une sorte de connexion entre eux. Younès lui demandera un téléphone. Elle volera celui de son fils pour le lui offrir. Puis chacun repart de son côté. Quelques temps après, Younès recontacte Rose. Il a besoin d'elle à nouveau.

Ce fut une lecture en demi-teinte car le point qui m'intéressait le plus, à savoir le sort des migrants, n'est abordé qu'au début et à la fin du roman. Au milieu, on se concentre surtout sur la vie de Rose que j'ai trouvée moins intéressante.
L'autrice a également voulu aborder la question du contraste entre la civilisation européenne et la condition de vie des migrants qui tentent d'échapper à leur sort. Raison pour laquelle on s'attarde sans doute sur le personnage de Rose, que j'ai trouvée assez égocentrée.
Elle nous interroge sur notre capacité à changer les choses. Ne devrions-nous pas tous pouvoir faire quelque chose à notre modeste échelle ?

J'attendais de ce livre d'être bousculée, d'en apprendre plus sur les conditions des migrants et d'être prise aux tripes... mais les émotions n'étaient pas au rendez-vous ! le rendez-vous est manqué : dommage
Lien : https://mademoisellechristel..
Commenter  J’apprécie          20
Deux mondes antagonistes par bien des aspects : le Nord et le Sud que M. D. entreprend de réunir grâce à l'humanité des personnages, avec leurs interrogations, leurs hésitations, leurs questionnements, leurs peurs, leurs sentiments...
Roman très contemporain par le sujet majeur : l'immigration mais aussi par des questions essentielles d'aujourd'hui : comment des femmes, des hommes sortent de leur léthargie sur cette planète où tout est mondialisé pour se comporter en être doué de raison, de sentiments, d'émotions pour réaliser des actes simples mais remplis de d'humanité...
Cette histoire est une histoire humaine que chacun d'entre nous doit être capable de comprendre et d'accepter.
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (742) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1430 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *}