AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,38

sur 377 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La Mer à l'envers, ce n'est pas la mer à boire...
Quand justement Rose part en croisière avec ses deux enfants, elle n'imagine pas un seul instant que plus rien ne sera comme avant, comme le surgissement de l'inattendu dans ses jours ordinaires.
Son couple est un peu en perdition, elle ne sait plus trop bien où elle va, avec l'ennui qui l'étouffe, son métier qui ne la passionne plus et un mari alcoolique. Cette croisière sur la Méditerranée dans cet immense paquebot de luxe est l'occasion pour elle de prendre un peu le large, faire ce pas de côté devenu salutaire. Rose est une femme et mère un peu perdue dans sa vie, elle a pourtant l'habitude d'aider les autres, elle est psychologue, un peu guérisseuse aussi, mêlant la magie à la pratique de son métier, c'est ce qui rend également insolite son personnage un peu déviant.
Les couples sont un peu comme ces grands bateaux difficiles à manoeuvrer, à faire bouger de leurs trajectoires, et quand il y a une voie d'eau qui s'agrandit, c'est un peu comme le Titanic, l'orchestre continue de jouer sa musique comme si de rien n'était.
Une nuit le paquebot de croisière où séjournent Rose et ses enfants rencontre une embarcation en difficulté, remplie de migrants à son bord. Rose, dans cette cabine de passagers un peu étroite pour trois personnes, se doute qu'il vient de se passer quelque chose... Elle entend des voix, des cris... Pendant que la croisière s'amuse, Rose va être témoin du sauvetage de ces survivants.
Elle est un peu perdue comme cette nuit-là sur le pont du bateau avec la Méditerranée qui l'entoure, immuable, se frayant un chemin parmi les membres de l'équipage et les réfugiés transis de froid, elle enjambe les corps de ceux qui se sont peut-être noyés, tandis que d'autres passagers continuent de danser deux ou trois étages plus bas dans l'ivresse et la frénésie de la musique.
On distribue des couvertures de survie, du café chaud, on évacue ces nouveaux arrivants dans la zone sous l'eau, juste sous le casino, des femmes bercent des bébés en pleurs. C'est une scène sidérante avec l'angoisse de la nuit, peinte avec justesse, j'ai l'impression d'être aux côtés de Rose qui s'active parmi les visages hagards parce qu'elle sait y faire. Parmi les naufragés, le regard d'un jeune homme capte son attention, c'est encore un adolescent, il s'appelle Younès, il a seize ans, plus tard elle apprendra qu'il est venu de son Niger natal en passant par la Libye. Ce dont il a besoin, c'est d'un téléphone. Il est aussi perdu qu'elle, comme venu de nulle part... Alors elle court vers sa cabine et lui ramène celui de son fils Gabriel qu'elle lui a pris à son insu, avec son chargeur... Elle ne sait pas encore que ce geste déclenchera tout.
Le lendemain, les garde-côtes italiens emportent les migrants sur le continent. Gabriel, désespéré, cherche alors son téléphone partout, et verra en tentant de le géolocaliser qu'il s'éloigne du paquebot. Younès l'a emporté avec lui, de l'autre côté du paysage, dans son périple au-delà des frontières.
J'ai aimé cette image du signal de la géolocalisation comme une étoile égarée dans la nuit sidérale d'un écran informatique, comme un fil invisible qui continue de les relier encore un peu et peut-être à jamais...
Imagine-t-elle à ce moment-là que l'étoile refera surface dans le ciel... ?
Marie Darrieussecq esquisse une histoire de vie presque ordinaire, avec comme toile de fond le sujet prégnant de l'immigration qui parvient jusqu'à nos quotidiens par le prisme de l'actualité. C'est le chemin d'une mère de famille pleine de bon sens qui croise le destin d'un jeune migrant. Ce sont deux trajectoires qui se croisent dans l'incompréhension réciproque de deux mondes.
Plus tard, quand Younès refera surface dans sa vie, il y aura le regard des autres sur Rose, celui de ses proches, ses enfants, son mari alcoolique, sa mère, ses amis...
La plume de Marie Darrieussecq est sarcastique pour dire l'hypocrisie, l'indifférence, l'incompréhension des autres. Il n'y a aucune morale, aucun jugement, aucun bon sentiment pour dire cela, Rose aussi est égoïste, tâtonne aussi dans cette incompréhension. Marie Darrieussecq ne dénonce rien, elle observe et raconte une histoire aux apparences légères sur un sujet qui prend aux tripes.
L'écriture pourrait presque paraître banale, le texte est gorgé de phrases courtes qui cueillent l'instant et charrient des sensations très fortes. Malgré ses apparentes maladresses et ce sentiment d'inachevé, ce récit poétique, où s'invite un peu de magie, porte une humanité qui fait du bien.
C'est un roman étrange et attachant, perturbant aussi, dont la voix continue de résonner longtemps après, comme ce petit signal de géolocalisation, sorte de bouée en perdition dans la nuit abyssale.
Commenter  J’apprécie          5638
Entre divorcer ou suivre son mari (très porté sur la boisson) au pays Basque, Rose, psychologue et parisienne, hésite. Pour réfléchir à la question, sa mère lui offre ainsi qu'à ses enfants une croisière. Durant ce périple, Rose va croiser la route de Younès, migrant recueilli sur le bateau, à qui elle va donner un manteau et le téléphone de son fils. Ce choix va changer sa vie (et celle du jeune homme)...Un roman intéressant, qui pose un regard acéré (absolument pas manichéen) sur les politiques migratoires. C'est un récit qui questionne tout en étant le portrait très crédible d'une femme à la croisée des chemins. j'ai beaucoup aimé, tout m’a paru juste.
Commenter  J’apprécie          542
La croisière (ne) s'amuse (pas).
Rose est gâtée : pour Noël, sa mère lui a offert une croisière en Méditerranée sur un luxueux paquebot. Elle tente d'y passer un séjour agréable avec ses enfants, tandis que son mari est resté à Paris, mais elle n'est pas dupe de l'énorme machinerie capitaliste sur laquelle elle vogue. Une nuit, le paquebot croise une embarcation de migrants sur le point de chavirer et leur porte secours. Rose va s'attacher à l'un d'eux, Younès, du même âge que son fils, et sa vie va s'en trouver modifiée.

J'aime bien Marie Darrieussecq, parce qu'il y a toujours une légère touche de bizarre dans ses histoires, et celle-ci n'y coupe pas. J'aime aussi son intelligence et son humanité, et sa façon d'aborder les sujets d'actualité avec une honnêteté qui fait du bien. On n'est pas dans les bons sentiments, ici, on est dans la réalité, avec ses limites, ses contraintes, ses possibilités.
Et avec Rose, donc, responsable et pragmatique, mais aussi capable d'initiatives qui dérogent à son rationalisme, et de choix pas toujours explicables mais toujours justifiés par quelque chose qui la dépasse. Et j'ai été impressionnée par la façon dont l'auteur excelle à saisir ces instants furtifs où la vie déraille, et par son talent à retranscrire le vertige juste avant qu'il se dissipe.
Mais ce roman est aussi un témoignage juste des années 2020, entre angoisse climatique, crise migratoire et tournant identitaire ; comment envisager sereinement l'avenir dans ces conditions, et surtout comment vivre au mieux ce présent anxiogène quand on a grandi dans le confort mental des années 70-80 ? Toutefois, si Rose n'hésite pas à donner son point de vue sur ce que lui inspire le monde, ce livre n'est en aucun cas une incitation à l'activisme ; Marie Darrieussecq ne dénonce rien, elle raconte -qui plus est, sur un ton léger, presque futile. Et ce décalage entre le fond et la forme rend la lecture encore plus perturbante -et passionnante.

J'ai donc énormément aimé ce roman un peu étrange mais attachant, qui interroge sur la façon d'appréhender les événements selon notre éthique, et qui offre un portrait de femme complexe (pléonasme !) très réussi.
Et à bien y réfléchir, c'est quand même plus enrichissant qu'une virée avec le Capitaine Stubing.
Commenter  J’apprécie          4814
Les 40 premières pages sont fracassantes. Elles expriment avec force le choc de deux mondes (celui des privilégiés et celui des réfugiés) sur fond de mer Méditerranée. Sans trop en rajouter, Marie Darrieussecq exprime avec justesse le désarroi de cette femme, Rose, qui n'assume pas le drame humain qui se répète sur les côtes italiennes. le sujet dominant de ce roman n'est pas la culpabilité mais l'héroïsme. Qu'est-ce qui peut faire de nous des héros ? le fait de risquer non seulement sa vie mais celle de ses proches au nom d'une noble cause ? L'inconscience ? Des facultés extraordinaires ? Rose, la protagoniste du roman, est tout cela. Une maman sensible, une femme perturbée, une magnétiseuse, une idéaliste. Tout le long du livre, Marie Darrieussecq marche sur une corde raide, entre l'envie de raconter une belle histoire et la peur de tomber dans le misérabilisme bon ton. Mais elle trouve l'équilibre. Son histoire tient la route, malgré des longueurs nécessaires, pour illustrer les hésitations de Rose, sa reconstruction, son envie d'une autre vie. C'est le deuxième thème du livre : la quête d'un ailleurs. Pour Younès, le migrant recueilli, cet ailleurs est l'Angleterre, le pays « où il n'y a pas de contrôle d'identité dans la rue ». Pour Rose, il est au pays basque. On devine que Marie (l'auteure) se cache peut-être derrière Rose (le personnage) : le mariage à bout de souffle, l'éducation compliquée des enfants, l'étrange évolution des rapports humains, les errements d'une société qu'elle ne comprend plus… Younès, l'homme qui vient du Niger, est un catalyseur. Avec son roman, Marie Darrieussecq porte un regard critique sur ce monde globalisé tout en nous affirmant qu'il est possible de le rendre meilleur. Il suffit d'un peu de folie, bien placée.
Bilan : 🌹
Commenter  J’apprécie          451
Voici un récit bien dans l'air du temps :
Rose, parisienne typique, magicienne presque à son insu, citadine bobo, personnage fantasque, très attachée à sa liberté, psychologue pour enfants, mère aimante de Gabriel, 15 ans et Emma , 7ans , un peu dépassée par le déménagement prochain au Pays basque, croise le destin de Younès , jeune adolescent nigérien——-ses yeux se posent sur lui ——: Il est très jeune, des cheveux mouillés en boucles , un grand front un peu cabossé .Il ressemble à son fils . »
Où le rencontre t- elle ?

Au beau milieu de la Méditerranée , quelques heures avant Noël , lors d'une croisière offerte par sa mère ,avec ses deux enfants .

L'énorme paquebot sur lequel elle a embarqué a croisé la route d'un frêle esquif où s'entassent des réfugiés venant d'Afrique .

Les naufragés embarquent sur le gros navire. Aux migrants elle apporte quelques affaires , à Younès , l'adolescent nigérien , elle donne le portable de son fils Gabriel.

Lorsque quelques heures plus tard , les chemins de Rose et de Younès se seront séparés , ce téléphone mobile constituera entre eux —- un lien indéniable ——un attachement —- affectif autant que lointain ——

Rose réalise que les paquebots de vacanciers pour enfants gâtés sont sur les mêmes routes maritimes que les frêles esquifs des Migrants ...

En découvrant Younès , ce jeune migrant qui a fui son pays de misère ou de danger, elle plonge la tête la première dans cette terrible réalité .

Le décalage entre ses enfants exigeants , sa vie gâtée lui saute aux yeux .
Son univers change , celui du lecteur aussi...

Ce voyage donnera une nouvelle orientation à sa vie ou comment habiter intelligemment le monde ?
N'en disons pas plus..
Ce n'est pas un roman sur l'exil mais un récit engagé sur les différences et nos difficultés à accepter l'autre ou plutôt ce qui ne fait pas partie de notre univers habituel.
. Comment bousculer son quotidien et ses habitudes pour sauver un enfant qui n'est pas le sien,?
Une réflexion prégnante et exigeante, à travers le personnage investi, complexe de Rose, sur la place de l'individu dans le monde.
«  La-mer à l’envers  » , qui n'a rien de moralisateur, reflète l'embarras de sociétés complètement démunies face aux réfugiés qui se présentent à nos portes .

Un malaise , une culpabilité diffuse , malgré l'héroïsme de Rose, traverse l'écriture de l'auteure . Les phrases sont courtes , limpides , agréables.

Des thèmes graves abordés avec simplicité , une belle réflexion, une déclaration de tolérance, d'ouverture au monde , d'écoute pour Rose qui a beaucoup à donner .....

«  Le problème avec les migrants, c'est combien ils sont angoissants ... »
Commenter  J’apprécie          424
La Mère à l'endroit

Alors qu'elle est en croisière en Méditerranée, une mère de famille est brutalement confrontée à la tragédie des migrants. Marie Darrieussecq a choisi de nous confronter à l'actualité avec humour et ironie. Une belle réussite!

«"La Mer à l'envers" se lit aussi comme "La Mère à l'endroit"». La formule est d'Olivia de Lamberterie, dans sa chronique pour le magazine ELLE. Elle résume parfaitement le propos de ce roman tour à tour drôle et émouvant en montrant qu'il est davantage centré sur la mère de famille et les choix qu'elle fait que sur le migrant qui va croiser sa route. Une façon habile aussi de happer le lecteur et de le confronter à cette question: qu'aurait-il fait à la place de Rose? Aurait-il réagi à l'endroit ou à l'envers face à la tragédie qui se joue devant ses yeux?
Car rien ne préparait les passagers de ce bateau de croisière conçu pour le farniente à se retrouver soudain confronté à la «question des migrants», pour reprendre le langage des chaînes d'information en continu.
Prévenu de la présence d'une embarcation qui tentait de se diriger vers un port européen, le capitaine est parti à leur secours et a réussi à recueillir ces candidats à l'exil à son bord. Pour la plupart des vacanciers, ce sauvetage en mer tient du spectacle et, une fois la manoeuvre réussie, ils sont retournés à leurs loisirs.
Marie Darrieussecq réussit parfaitement dans le registre ironique, donnant tout à la fois à son récit la dose de cynisme qui fait le quotidien de ces gens dont on préfère ne pas connaître le destin et accentuant ainsi le fort contraste avec l'attitude de Rose qui, elle, ne détourne pas les yeux. Mieux, elle va se rapprocher d'un jeune homme et lui confier le téléphone portable de son fils afin qu'il puisse prévenir sa famille de sa situation.
Ce faisant, elle devient acteur du drame qui se joue. Au moment de débarquer, elle reste reliée à Younès, dont elle peut suivre les déplacements en traçant son portable. Retournée à Clèves, ce village imaginaire du Sud-ouest, elle «voit» son protégé à Calais et comprend que sa situation n'est pas très enviable. Aussi décide-t-elle de partir pour l'aider une fois de plus, un peu contre l'avis de sa famille.
Quand elle débarque avec le jeune homme, il faudra pour tous une période d'adaptation. Mais n'en disons pas davantage.
Rappelons plutôt que c'est à ce moment que le roman bascule. Lorsqu'il place le mari, la fille et le fils, mais aussi Rose face à Younès et face à leur indifférence, sans jamais être moralisateur. On se régale de ces pages drôles et vraies, graves et sarcastiques qui, dans un tout autre registre – mais aussi très réussi – que Mur Méditerranée de Louis-Philippe DalembertCeux qui partent de Jeanne Benameur, enrichit notre réflexion sur l'un des problèmes majeurs que les pays occidentaux ont et auront à gérer dans les mois et les années qui viennent.


Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          290
C'est une histoire dans l'air du temps.
Une interrogation que nous pouvons tous nous poser: serions-nous capables de faire assistance, héberger en gîte et couvert, voire payer un passage frauduleux pour aider un migrant démuni de tout?

Rose vit un choc quand son bateau « HLM de croisière » secoure une embarcation de fortune chargée de migrants. le décalage lui saute au coeur et aux tripes, entre sa vie confortable, ses enfants exigeants, les croisiéristes grincheux ou insouciants, et le sort dramatique d'un jeune nigérian.
Ce voyage va la changer avec une nouvelle clairvoyance s'appuyant sur la détresse perçue, une vision du consumérisme, une interrogation sur notre capacité à oser donner gratuitement, un retour vers l'essentiel: l'amour et le partage.

Marie Darrieussecq s'approprie en romancière une actualité qui nous effleure bien souvent sans conséquence sur nos vies. Les réfugiés (que l'on n'appelle plus émigrés) ne se rappellent sans doute à nous que lorsque nous les croisons réellement. Et la futilité et l'aisance de notre quotidien s'imposent en vaine culpabilité.

Agréable à lire, avec cette écriture élégamment simple, aux phrases courtes et efficaces. Sans être passionnant, le sujet interpelle et incite à se positionner. Un livre au joli titre qui joue sur les mots avec ce vocable double d'une mer qui rejette ses migrants et d'une autre mère qui se regarde vivre avec une acuité nouvelle.
Commenter  J’apprécie          230
Un dilemme personnel qui cache un drame universel. La question des migrants ou plutôt des réfugiés est ici abordée sans pathos et sans non plus édulcoré le destin tragique de ces millions de personnes.
Le personnage principal a tout d'un héros de film français, bobo parisien de gauche aux problèmes tenaces mais jamais vraiment pécuniers.
L'écriture est fluide avec quelques envolées oniriques et des clins d'oeil furtifs aux lecteurs.
Mais bien plus que le style et l'histoire ce qui est marquant dans ce roman est la question suivante : sommes nous prêts à aider, à partager?
Comme le rappelle Marie Darrieussecq : quand tu n'as pas vu de pomme depuis un an, est ce que tu te caches pour la manger, ou est ce que tu prends un couteau pour la partager?
Commenter  J’apprécie          200
Voilà des années que je n'avais plus lu un roman de M.Darrieussecq, pas très emballée par son verbe.
J'y reviens, et j'ai apprécié cette fois cette écriture un peu "durassienne", comme quoi, rien n'est jamais figé.
Rose est une femme qui vers la petite quarantaine se pose beaucoup de questions, en particulier sur son couple. Sa mère lui offre ainsi qu'à ses2 enfants,( dont un ado de 15 ans )
une croisière histoire de s'aérer un peu.
Rose explore cette ville sur l'eau, Oui, les cabines de luxe sont aux ponts supérieurs, et la société dégringole ainsi jusqu'à la soute. Une nuit, un bruit sourd, des naufragés, hommes femmes enfants, un regard, celui de Younés, nigérien, ,qui accroche celui de Rose. Elle le pense de l'âge de son fils, lui donnera le portable de celui-ci, avec élan, avec des questions,"est ce bien raisonnable?" Questions qu'elle se posera encore quand elle le retrouvera à Paris et qu'elle l'accueillera dans sa famille. En fait Rose est une héroïne malgré elle, c'est son coeur qui parle , et de Calais à Londres nous l'accompagnons pour y voir le dénouement de ce naufrage.
Commenter  J’apprécie          180
Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un aussi bon roman de Marie Darrieussecq.

Rose est psychologue, mariée à un agent immobilier, elle a deux enfants et une cinquantaine d'années. Elle se demande si elle va quitter son mari qui boit ou continuer sa route avec lui. En tout cas, il est prévu que la famille quitte leur petit appartement parisien pour retourner à Clèves, son village natal, dans le sud-ouest.
Pour qu'elle puisse se reposer et réfléchir à sa vie, sa mère lui offre une croisière d'une semaine sur la Méditerranée avec ses enfants. Elle apprécie le farniente, le luxe, même si la plupart des passagers sont des retraités âgés. Une nuit, entre la Lybie et l'Italie, le paquebot heurte un canot avec des migrants. Ceux-ci sont alors recueillis par l'équipage mais il convient de s'en "débarrasser" rapidement sans que les passagers ne les voient.
Rose, curieuse et compatissante, va les approcher de près, leur offrir du café chaud. Elle repère notamment un jeune, un peu plus vieux que son fils Gabriel de 15 ans et pour l'aider, de façon impulsive, va lui donner le téléphone portable de son fils et sa parka.
Ce jeune s'appelle Younès, il vient du Niger. le téléphone qu'elle lui a laissé crée un lien de dépendance entre eux et elle va être amenée à le revoir et à l'aider.
Ce roman est très bien construit car il est basé sur l'opposition entre des mondes totalement différents, à savoir des bourgeois aisés d'un côté qui peuvent s'offrir des croisières de luxe et des migrants de l'autre, qui n'ont plus rien.
Le personnage de Rose est très intéressant car elle est en plein questionnement sur sa vie, elle est par ailleurs psychologue et un peu magnétiseuse malgré elle. C'est un beau personnage car altruiste, ce qui n'est pas toujours le cas dans ce genre de roman où les personnages principaux sont très souvent narcissiques.
C'est un roman dans l'air du temps et qui pose de vraies questions sur les migrants. Et nous, qu'aurions-nous fait à la place de Rose ?
Commenter  J’apprécie          130




Lecteurs (742) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1430 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..