Dès le début de son roman,
Sophie Daull nous fait part de son envie : enquêter sur le passé de sa mère, découvrir qui était cette femme. Elle se veut être, comme elle l'écrit, « couturière » et souhaite rassembler les éléments qu'elle connait et ceux que sa mère ne lui a jamais dévoilés (ceux qui précèdent sa naissance).
Mais qui était réellement Nicole, cette femme mystérieuse sur son passé, cette femme silencieuse qui fumait beaucoup et qui avait une aversion pour la cuisine ?
En partant du seul élément qu'elle dispose, c'est-à-dire d'une boîte à chaussure emplie d'objets quelconques (cartes postales, fiches de paie, enregistrements cassettes…),
Sophie Daull commence son enquête, retourne dans le passé de sa mère, peu avant la seconde guerre mondiale, et parcourt les villages qui ont marqué son existence…
C'est un réel travail d'investigation que fait l'auteure, elle le qualifie même de « pèlerinage ». En effet, on a la sensation tout au long de cette lecture que ce qu'elle fait apparait comme un devoir à ses yeux. Elle a cette envie, comme tout le monde, de savoir qui était réellement sa mère…
A partir d'éléments qu'elle apprend,
Sophie Daull nous retranscrit alors la vie de Nicole, mais est aussi obliger, parfois, d'émettre des spéculations (plus que plausibles) par manque de preuve.
«
La suture » est un condensé d'émotions. Que ce soit par le sujet abordé : revenir sur les traces du passé, qui plus est n'est pas son passé à elle mais celui de sa mère. Mais aussi par l'écriture, qui intensifie ce ressenti : chaque phrase, chaque association de mots est utilisée à merveille !
de plus, cette enquête fait remonter des souvenirs à la surface : des on-dit, des éléments de son enfance, mais aussi des moments passés avec sa fille Camille aujourd'hui décédée.
Je n'ai pas eu l'impression de lire un roman à proprement parler mais d'écouter attentivement la voix de
Sophie Daull (que je n'ai pourtant jamais entendue) me conter cette histoire, tellement les phrases s'enchaînent doucement et nous emmènent là où le veut l'auteure : dans cette enquête personnelle.
L'écriture est donc simple sans fioriture et franche (ce qui lui permet de faire preuve de dérision). En somme, la plume de
Sophie Daull est d'une grande efficacité : douce et émotive (sans tomber dans le larmoyant).
C'est un réel voyage dans la généalogie, un vrai travail de « couturière » !