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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
De Nicole, sa mère, Sophie Daull ne connaît pas les 26 années qui ont précédé son mariage. Seules quelques photos, jaunies et racornies, sans légendes ni dates, quelques bulletins de paie ou cartes postales et un enregistrement audio de sa soeur, rassemblés aujourd'hui dans une boîte à chaussures vont permettent à Sophie, telle une couturière curieuse et capricieuse, de raccommoder les trous et tendre patiemment le fil si ténu qui le relie à Nicole.

L'auteur se livre à nouveau dans ce roman et, après avoir brillamment évoqué la mort de sa fille, Camille, se penche ici vers son passé. Ayant perdu sa maman à 19 ans, elle n'a pas eu vraiment le temps de la connaître, cette dernière, mystérieuse, éclipsant les questions ou distillant de brèves informations confuses sur son passé. Sophie Daull va parcourir le chemin emprunté par Nicole, de Coulomniers où elle aura passé son enfance auprès de ses parents et sa soeur, à Belfort en passant par Contrexéville. Un chemin cahoteux au cours duquel elle recueillera le moindre témoignage ou souvenir, traversera les lieux du passé et cherchera les documents susceptibles de l'aider. Ainsi, pourra-t-elle se raconter, et nous raconter, ce que fut la vie de Nicole, fut-elle romancée et brodée là où il manque des morceaux. Un patchwork d'émotions, de sourire, de nostalgie. Un passé recomposé pour mieux se construire. Camille, n'étant jamais loin, l'auteur offre à ses deux envolées un endroit où elles pourront se présenter. Un roman subtil et touchant, baigné dans une certaine douceur mélancolique et servi par une écriture poétique et délicate.
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Avec son deuxième roman, après le formidable « Camille mon envolée », Sophie Daull, m'a de nouveau séduit par son style d'écriture.
Toute en simplicité, en tendresse et douceur, maniant l'humour avec délicatesse, narrant le drame ou la détresse sans pathos ni excès de larmes. Semblant forte et soumise et pourtant si fragile derrière ses mots.
Bien sûr, si l'on ne voit que le sujet du livre qui nous raconte l'histoire de sa mère disparue à 45 ans dans des conditions dramatiques, on se dit que, voilà, elle remet ça. Autre personnage, autre destin tragique, sortons les mouchoirs. Mais La suture, ce n'est pas ça. Sophie Daull, ne nous demande pas de pleurer sur son triste sort. Au contraire.
Ayant reçu, en héritage, une boîte à chaussures contenant quelques objets anonymes et quelques photos sans légendes, elle va se servir de ces vestiges de son passé pour mener son enquête sur ses origines familiales.
Au fil de ses recherches, de ses rencontres, de témoignages, de documents glanés ici où là dans les différentes villes où région où vécurent ses parents, elle raconte la vie, elle raconte leur vie, elle raconte sa vie… Et comme il y a des blancs, des vides que personne ne sait combler, elle brode, elle invente, dans une imagination débordante, l'histoire de cette famille, avec ses secrets, ses non-dits, ses sous-entendus et elle le fait tellement bien, que l'on se perd avec plaisir dans son récit entre réalité et fiction.
Il y a des auteurs qui savent vous toucher, vous émouvoir, avec des mots simples et une écriture poétique, Sophie Daull est de ceux-là.
Une nouvelle fois, je suis sous le charme… Vivement le prochain.
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J'avais lu il y a quelques temps "Camille mon envolée", et j'ai eu envie de poursuivre ma découverte de cette plume tellement imagée et poétique, même si elle traite de sujets ô combien douloureux.
Elle a recousu toutes les plaies tel un chirurgien qui répare un accidenté de la route, et non un opéré programmé, à la cicatrice bien rectiligne . Elle s'est appliquée, même si par moment elle n'a pas toujours retrouvé le fil pour bien tout recoudre. Alors elle a brodé, virtuose de la couture, et peu à peu plus une goutte de sang n'a suinté. Il n'y a plus qu'à attendre la cicatrisation définitive.
Elle a soudé entre elles ses défuntes tant regrettées, surtout Camille sa fille, et puis sa mère. Elle les a voulu réunies dans un écrin de velours où l'éternité aurait un goût d'Amour.
J'ai beaucoup aimé.
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Dès le début de son roman, Sophie Daull nous fait part de son envie : enquêter sur le passé de sa mère, découvrir qui était cette femme. Elle se veut être, comme elle l'écrit, « couturière » et souhaite rassembler les éléments qu'elle connait et ceux que sa mère ne lui a jamais dévoilés (ceux qui précèdent sa naissance).

Mais qui était réellement Nicole, cette femme mystérieuse sur son passé, cette femme silencieuse qui fumait beaucoup et qui avait une aversion pour la cuisine ?

En partant du seul élément qu'elle dispose, c'est-à-dire d'une boîte à chaussure emplie d'objets quelconques (cartes postales, fiches de paie, enregistrements cassettes…), Sophie Daull commence son enquête, retourne dans le passé de sa mère, peu avant la seconde guerre mondiale, et parcourt les villages qui ont marqué son existence…

C'est un réel travail d'investigation que fait l'auteure, elle le qualifie même de « pèlerinage ». En effet, on a la sensation tout au long de cette lecture que ce qu'elle fait apparait comme un devoir à ses yeux. Elle a cette envie, comme tout le monde, de savoir qui était réellement sa mère…

A partir d'éléments qu'elle apprend, Sophie Daull nous retranscrit alors la vie de Nicole, mais est aussi obliger, parfois, d'émettre des spéculations (plus que plausibles) par manque de preuve.


« La suture » est un condensé d'émotions. Que ce soit par le sujet abordé : revenir sur les traces du passé, qui plus est n'est pas son passé à elle mais celui de sa mère. Mais aussi par l'écriture, qui intensifie ce ressenti : chaque phrase, chaque association de mots est utilisée à merveille !

de plus, cette enquête fait remonter des souvenirs à la surface : des on-dit, des éléments de son enfance, mais aussi des moments passés avec sa fille Camille aujourd'hui décédée.


Je n'ai pas eu l'impression de lire un roman à proprement parler mais d'écouter attentivement la voix de Sophie Daull (que je n'ai pourtant jamais entendue) me conter cette histoire, tellement les phrases s'enchaînent doucement et nous emmènent là où le veut l'auteure : dans cette enquête personnelle.

L'écriture est donc simple sans fioriture et franche (ce qui lui permet de faire preuve de dérision). En somme, la plume de Sophie Daull est d'une grande efficacité : douce et émotive (sans tomber dans le larmoyant).

C'est un réel voyage dans la généalogie, un vrai travail de « couturière » !
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Sophie Daull a eu la douleur de perdre sa fille Camille..
Pour faire revivre Camille ,cette adolescente de 16 ans Sophie a écrit un très beau et très douloureux témoignage .
Aujourd'hui elle nous parle de sa maman décédée..
L'auteure part à la recherche de sa maman disparue relativement jeune ,dont elle ne connait pas grand chose,
à l'aide de quelques photos, non datées,laissées dans une boîte de chaussures
Elle traverse la France à la recherche de traces,de souvenirs
Elle fait revivre ses deux absentes avec beaucoup de pudeur
Témoignage émouvant,sobre où l'on sent encore présente toute la douleur de cette maman
L'auteur a une belle écriture
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Très belle reconstitution généalogique dans laquelle l'imaginaire vient combler les brèches de la trame du souvenir.
Il s'agit là d'une véritable oeuvre littéraire, et non d'un récit narcissique autour de soi, comme il y en a tant.
Sophie Daull nous parle du réel et de l'imaginaire, et il n'est pas sûr que le plus important soit le premier des deux. Elle recoud avec sa propre laine l'écharpe du passé, usé, lacunaire, se dérobant avec obstination aux recherches accomplies. Du coup, sa quête se fait pèlerinage nécessaire à la cicatrisation, à la "suture", et merveille, l'écharpe tricotée à partir de faits avares d'eux-mêmes et de rêves modestes mais puissants, devient, non pas moelleuse, (comment serait-ce possible quand on perd prématurément sa mère et sa fille), mais adoucie, irisée de couleurs tendres, celles du coeur, celles dont on a besoin pour rester debout.
L'écriture est belle, poétique, sans effets inutiles.
Merci, Sophie Daull, ce livre est un vrai cadeau fait aux lecteurs et à vous-même.
Et finalement, tout n'est qu'imaginaire, car l'imaginaire, c'est ce qui nous reste.
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Sophie Daull recompose le passé de sa mère disparue depuis 30 ans afin de recoudre une histoire familiale déchirée par la mort de sa fille, Camille. de Nicole elle ne possède que des souvenirs épars et une boîte à chaussures contenant des lettres et photos sans indications. Ces indices scrupuleusement observés jusqu'à en extraire l'histoire possible, conduisent la narratrice à rebours de la biographie ajourée de sa mère. de Coulommiers à Belfort, elle part à la rencontre d'une jeune femme dont le silence semble être la couleur préférée. Comme une couturière, elle assemble les pièces d'une existence en y faufilant de la fiction là où manquent les certitudes et l'étoffe du roman se bâtit sous nos yeux, tissée d'humour, de chagrins, de regrets, de poésie, sur la trame de l'amour maternel. de ce tissu biographique et romanesque, elle réchauffe ses envolées. Elle les réunit dans une même histoire, elles qui ne se sont pas connues, et suture les blessures restées béantes.
L'écriture de Sophie Daull ondule sous les vagues du chagrin inconsolable, se plie face au gouffre des absences définitives, mais ne rompt jamais le fil de la vie et de la joie. Car le pathos est tenu à distance dans ce récit débordant d'émotion, de sensibilité mais aussi d'élan vital. La justesse de ce ton, qui tient un équilibre saisissant entre les vacillations de la tristesse et la fermeté du cheminement, suscite une empathie dénuée de tout sentiment d'apitoiement, comme une belle et généreuse intimité. Comme si la suture surfilait mes propres effilochages en même temps que ceux de la narratrice, de Camille et de Nicole. Rares sont les romans qui provoquent de telles vibrations.
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Après avoir écrit un très beau livre sur la mort de sa fille, Sophie Daull évoque cette fois sa mère disparue très jeune. Ayant perdu et sa mère et sa fille, elle se retrouve seule au monde et s'interroge sur sa place. Elle en vient à s'interroger sur le destin tragique de sa mère.

Quand on est enfant et qu'on interroge nos parents sur leur histoire passée avant que nous soyons nés, ils nous servent une histoire, souvent simplifiée, que nous remettons rarement en cause. Devenue adulte, Sophie Daull interroge cette histoire et se rend compte que beaucoup de choses ne collent pas avec la réalité. Elle décide alors d'enquêter en se rendant sur les lieux où sa mère a grandi. Il y a un petit côté Raymond Depardon dans ce livre, quand Sophie Daull nous décrit cette France Profonde de petites villes de province qui se meurent. Ne trouvant pas trace de sa mère, elle se met à inventer son histoire, pour notre plus grand bonheur. Un très beau livre, plein de sensibilité.
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L'an passé, Sophie Daull faisait de sa fille disparue, "Un être de papier". Elle nous revient en 2016, avec un roman dans lequel elle évoque, cette fois, sa mère décédée. Sophie Daull a éprouvé le besoin, après la mort de sa fille, de remonter le temps pour faire se rencontrer, l'espace d'un roman, la grand-mère et sa petite fille.
Pour écrire "La suture", l'auteure a réuni le peu de documents dont elle disposait et s'est rendue sur les différents lieux où sa mère avait vécu, pour y mener une sorte d'enquête. le roman relate les recherches, qui seules ne permettront pas de dresser un portrait qui se tienne. Sophie Daull devra donc faire appel a son imagination pour combler les blancs et reconstituer le portrait de cette femme qui se taisait sur ses origines pour ne pas révéler un secret de famille.
Son périple à travers la France lui permet de dresser un portrait des villages de province où l'on ne trouve âme qui vive dans les rues, passé 19 heures. Elle nous fait également voyager dans le temps, des années d'après-guerre aux années 80. Les renseignements récoltés sont bien maigres mais Sophie Daull s'en accommode et le lecteur doit faire de même.
Les deux ouvrages forment désormais un diptyque. Ils se complètent et se répondent. Dans les deux récits, l'auteure dialogue avec ses mortes avec une grande douceur. Elle nous offre un texte poétique et non dénué d'humour. S'ils sont de la même veine, "La suture" est moins prenant que "Camille, mon envolée", et heureusement moins triste. de l'eau a coulé sous les ponts depuis la mort tragique de cette mère, assassinée dans des circonstances qui restent mystérieuses, dans les années 80.
Bien qu'il n'ait pas la force du premier, j'ai de nouveau été séduite par la plume désormais reconnaissable de Sophie Daull et par son sens de la métaphore. Dans "la suture" nous sommes à mi-chemin entre le récit autobiographique et le roman. Peut-être s'attellera t'elle à la fiction, pour un troisième roman ?
Sophie Daull confirme, avec ce roman, son talent d'écrivain.
Lien : http://www.sylire.com/2016/1..
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Après la perte brutale de Camille, sa fille, l'auteur se tourne vers le passé de sa mère, Nicole, décédée également trop tôt. L'auteur a en sa possession peu d'indices : quelques photos, des lettres, des bulletins de salaire... Elle va donc enquêter et partir sur les traces de sa mère à Coulommier, Le Blanc (Indre), Contrexéville et Belfort...
J'ai apprécié cette lecture, cette quête d'une fille qui cherche à mieux connaître sa mère. J'ai pensé au livre "Les gens dans l'enveloppe - Isabelle Monnin" que j'avais découvert l'année dernière, mais ici l'auteur est plus impliquée dans l'histoire puisqu'elle enquête sur ses origines. Ce livre est l'occasion de faire revivre sa mère dans son souvenir. Régulièrement, Sophie Daull évoque Camille, la petite-fille qui n'a jamais connu sa grand-mère... Sophie Daull lui confie ses pensées, ses interrogations dans sa quête.
Une écriture agréable et une quête émouvante.
Lien : http://aproposdelivres.canal..
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