Midi pile

Jacominus Gainsborough a demandé à Douce de le rejoindre à midi pile. Très précisément. Pourvu qu'elle ne soit pas en retard. « Il est seulement 9 h 20 et je t'attends déjà. T'en doutes-tu ? » L'horloge n'arrête pas sa course et l'impatience amoureuse de Jacominus grandit. Il n'admet aucun importun sur le chemin qui mène sa bien-aimée jusqu'à lui. Il a une déclaration importante à lui faire, qui ne peut pas attendre ! Alors il a bien le droit d'être un peu jaloux et injuste, le petit lapin. « Je me souviens de chaque couleur que tu portes, et tu me parais toujours la plus jolie. Aussi ne t'en préoccupe pas trop aujourd'hui. Vois comme l'heure passe et viens ! » Douce sera-t-elle au rendez-vous fixé par Jacominus ?
Avec cet album, l'illustratrice s'est faite dentelière : chaque page est un ouvrage délicat et fragile. Parfois un rien fait toute l'illustration. Parfois la découpe ne tient qu'à un point et pourrait s'envoler. le lecteur suit le trajet de Douce vers Jacominus et explore tout un paysage en creux, dans ce qui est littéralement un travelling avant dans le livre, en laissant derrière lui les décors et les passants. L'histoire est simple et jolie : l'émerveillement tient surtout à la plongée dans ce remarquable ouvrage de papier. Je retiens la promesse formulée par Rébecca Dautremer en début d'album. « Ce livre qui te fait hausser le sourcil et retenir ton souffle, tu t'apprêtes à le TRAVERSER. […] Bref, si tu traverses avec les yeux ce livre-là, tu pourras t'y réfugier, bien peinard, autant de fois que tu en auras besoin. » Bien rangé dans ma bibliothèque, le livre m'offrira encore de beaux moments, c'est certain !

Il est là, protégé de sa protection plastique rigide.

Il est très épais, la 1ère de couverture est travaillée, pleine de découpes ouvragées, le coût tiendra compte de tout cela et nous le savons, les doigts posés dessus, nous avons affaire à du beau livre.

Le sort en est jeté, nous sommes définitivement conquis par Jacominus Gainsborough.



Nous avons déja hâte d'en apprendre plus sur le lapin et de constater le bénéfice supplémentaire tout en Pop-up.

Nous sommes au rendez-vous: Midi pile.



Éblouissant.

Nous soulevons un peu la suite des pages et nous constatons que nous passerons dans l'histoire au travers des pages, littéralement, toutes forment une profondeur de branches de papier, l'univers de Jacominus aura gagné en épaisseur, une forêt 3D de papier.



Fabuleux.

Un bel objet, vraiment.

Nous, nous sommes au rendez-vous, du moins croyons-nous que c'est l'endroit. En définitive, nous sommes un peu en avance.

Il n'est que 9h mais celui ou plutôt celle que le narrateur attend vraiment pour nous offrir une histoire n'est pas encore arrivé. de 9h à 12, il y a de la marge.

Nous prendrons le temps de lire, de tourner les pages, de promener notre regard dans la maison du début d'histoire en attendant.

Le narrateur ( est-ce bien lui qui s'active?) ne perd pas son temps, les choses bougent, changent de place, déménage t-on ici?

L'intérieur est élégant, avec ces tons rouges et verts, pour un peu ça sentirait la fraise des bois.

Qu'est-ce qui nous attend?



À la visite du voisin, nous nous rendons compte de la méprise.

Rebecca Dautremer ménage évidement la surprise pour tout le monde, lecteurs et personnages, et nous nous rendons compte que nous quittons la maison avec notre retardataire tandis que le narrateur, lui au rendez-vous, nous attend.

Quelle belle méprise!



Hâtons nous au travers des pages, mais pas trop tout de même pour ne pas risquer de manquer notre aventure à nous, droit devant et tout autour.

Un chemin de dentelle de papier.

À 10h02, nous pensons savoir ce qui attend notre compagne de route.

Avons-nous raison?

Nous ne voudrions pas essuyer une déconvenue de lecteur.

Pourtant, notre narrateur est si fiévreux et empressé.



Nous sourions du décalage, de l'allure tranquille d'un côté, de l'impatience de l'autre, au point que sa pensée parte à notre rencontre.



Nous n'en dirons pas d'avantage, profitez de l'attente.

Les jeunes lecteurs se régaleront sans aucun doute par les illustrations et la technique mais ce sont les lecteurs pré-ados qui gagneront à tous les niveaux une belle intensité et s'empareront de la profondeur romantique du texte.

C'est une page de la vie de Jacominus que l'auteure nous offre ici, un événement important déployé sur plusieurs heures qui paraissent interminables pour le personnage.

Émouvant.

Midi pile est un livre objet très fragile, minutieux, un livre à contempler.
Les illustrations sont vraiment belles et la lecture ressemble à un voyage dans le livre. le soucis du détail et le nombre important de pages font de ce voyage un bon moment de lecture et les enfants sont attentifs aux petites illustrations comme au déroulé de l'album.
Néanmoins, le prix du livre a de quoi faire réfléchir (50 euros quand même) et, surtout, le ton parfois onirique, presque poétique, peut décourager les plus jeunes lecteurs. Je le conseille plutôt aux grands primaires car les grands maternelle et les CP à CE2 s'ennuient quand même peu devant des moments qui tirent en longueur.

Dans la vie, il y a des rendez-vous qu'il ne faut surtout pas manquer car ils peuvent bouleverser une vie entière. Des rendez-vous qu'il est difficile de demander, de ceux qui nous rendent hésitants, bêtement nerveux, qui nous font attendre dans l'angoisse et qui rivent nos yeux sur les aiguilles de l'horloge. Jacominus Gainsborough, ce lapin timide aux yeux doux, s'est enfin lancé : il a demandé à la belle Douce de le rejoindre sur les quais, à midi pile. Il a une chose très importante à lui déclarer.

Rébecca Dautremer nous livre une nouvelle fois une pépite poétique, un trésor de douceur et de délicatesse. Avec ce livre-objet magnifique, le lecteur traverse l'image et suit le chemin de la belle Douce ainsi que la longue attente de Jacominus, qui confesse ses angoisses et ses espoirs. Un compte à rebours s'enclenche tandis qu'elle s'avance vers lui et qu'il imagine les obstacles sur sa route ; se succèdent alors les tableaux : le jardin, les faubourgs, la fête foraine et la place du village où se tiennent le marché et ses babillardes amies. le lecteur se laisse guider par Douce, dans une ambiance joyeuse et colorée, en même temps qu'il est bercé de l'impatience amoureuse de Jacominus tandis que le port se révèle peu à peu à nos yeux.
Véritable travail de dentellière, les illustrations sont d'une finesse et d'une minutie rares. On tourne les pages avec prudence et on se plonge avec des paillettes plein les yeux dans ce superbe décor ciselé, qui regorge de petits détails et de clins d'oeil savoureux qui m'ont parfois fait prendre ma petite loupe pour être sûre de ne rien rater. Page après page, c'est un théâtre de papier aux découpes fragiles, comme est fragile l'instant des retrouvailles, qui se forme et s'anime. Notre âme d'enfant est intacte, l'émerveillement sincère devant cette histoire d'amour d'une simplicité poétique profonde.

Je n'ai pas assez de mot pour vous faire comprendre la beauté de cet ouvrage, que ce soit le texte ou les illustrations, tout est chargé d'une émotion vraie, d'une tendresse qui nous fait fondre et d'une poésie qui nous enchante. Midi Pile est une oeuvre jeunesse qui a le don de rappeler en nous l'innocence et la chaleur de notre âme d'enfant, et qui saura conquérir le coeur des plus jeunes et de ceux qui leur en feront la lecture. En un mot, c'est merveilleux. À moins que ce soit tout simplement sublime.
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Midi Pile raconte une matinée cruciale dans la vie de ce petit lapin silencieux et philosophe. Si Les Riches Heures se faisait fresque d'une existence, Midi Pile est un zoom sur un grand événement pour deux êtres au milieu d'une journée ordinaire pour tous les autres (ou, du moins, leur extraordinaire à eux est une autre histoire…).
Oeuvre en papier découpé absolument magique, nouvelle preuve – s'il en fallait – de la beauté du trait et des couleurs de Rébecca Dautremer. Invitation à une traversée surprenante, à un voyage au coeur d'un livre.
Une chambre, un jardin, un bois, un marché, un port… une balade pour retrouver les vieux amis, guettant d'un oeil curieux et amusé les clins d'oeil à d'autres oeuvres. Tantôt j'ai flâné pour admirer un arbre ou la délicatesse des rubans d'un dresseur de vents, tantôt j'ai résisté à l'envie de me dépêcher pour ne pas manquer le rendez-vous ; dilemme à chaque page, avancer dans les décors et dans l'histoire ou admirer encore et encore le moindre détail.
Pour tout accompagnement, la voix de Jacominus, une voix qui se fait impatiente, attendrie, doucement jalouse, inquiète, joyeuse, une voix qui dit mille choses pour n'en dire qu'une.

Livre-objet sublime et délicat, source d'une fascination hypnotisée dès lors que l'on commence à se perdre dans les méandres de ce labyrinthe de papier. Écho merveilleux de la poésie contemplative, tendre et douce des Riches Heures. Une oeuvre d'art tout en finesse et sensibilité. Un moment de vie.
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