AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,65

sur 75 notes
J'ai, littéralement, été happée par ce sombre et fort récit .

Cataract City, petite ville à proximité des chutes du Niagara est le genre d'endroit d'où il est difficile de s'échapper quand on y nait et que ses parents travaillent à la fabrique de biscuits qui doit employer la moitié des habitants de la bourgade .

Duncan et Owen sont deux copains d'enfance qui ont grandi là, partageant leur passion de gosses pour les matchs de catch, comme ceux que je regardais gamine, l'Ange Blanc et le Bourreau de Bethune qui me faisaient frissonner de peur et mourir de rire ...

L'enfance insouciante se termine brutalement pour nos jeunes garçons par un involontaire raid de survie dans la nature hostile .

Combats de boxe à mains nues, courses et combats de chiens, contrebande , quelques années de prison ... font rapidement partie de la vie de Duncan ; c'est un des modes de vie de ces hommes : alcool, violence et confrontations avec quelques indiens retors des réserves voisines , les rancunes sont tenaces, les haines s'enracinent à vie, il n'y a pas que la forêt qui soit sauvage.

Les chapitres se succèdent, le plus souvent à travers le regard de Duncan, parfois avec celui d'Owen, moins rude .

Les femmes sont peu présentes, mères ou amantes comme Edwina , les mères ont renoncé, les plus jeunes parviennent parfois à s'échapper mais avec toujours un regard en arrière .

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, le récit n'est pas une succession de violences, un catalogue des vices humains , la profondeur des mots exprime souvent le peu d'espoir et d'avenir mais sans défaitisme ou misérabilisme , ce sont des hommes qui ne baissent pas les bras, qui n'abandonnent pas et conservent un sens de l'honneur et une sensibilité parfois à fleur de peau comme lorsqu'il s'agit de soigner ou d'enterrer leurs chiens .

Domine sur l'ensemble de l'histoire , la magnifique amitié de deux hommes et une fin en paroxysme de dépassement de soi et haletante à souhait pour le lecteur .

Bien que je me sois de temps en temps perdue dans les époques, j'ai dévoré ce roman .
Commenter  J’apprécie          250
Avec la puissance et la sensibilité révélées par Un goût de rouille et d'os, adapté au cinéma par Jacques Audiard, Craig Davidson explore dans ce roman vertigineux le conflit intérieur de deux hommes liés par un secret d'enfance.

Duncan Diggs et Owen Stuckey ont grandi à Niagara Falls, surnommée par ses habitants Cataract City, petite ville ouvrière à la frontière du Canada et des États-Unis. Ils se sont promis de quitter ce lieu sans avenir où l'on n'a d'autre choix que de travailler à l'usine ou de vivoter de trafics et de paris.

Mais Owen et Duncan ne sont pas égaux devant le destin. Tandis que le premier, obligé de renoncer à une brillante carrière de basketteur, s'engage dans la police, le second collectionne les mauvaises fréquentations. Un temps inséparables, sont-ils prêts à sacrifier le lien qui les a unis, pour le meilleur et pour le pire ?

Avec ses deux personnages principaux il nous fait entrer dans le monde du catch, des courses de lévriers, des combats de chiens où la pitié est absente, des matchs de boxe où tous les coups sont permis, l'univers de de Rouille et D'os n'est pas loin, même si le décor et les personnages principaux y différe pas mal. La violence est extrême, mais cette effroyable dureté est tempérée par la tendresse qu'il y a au fond de ces deux hommes Ducan et Owen, que, les conditions de vie imposées par une ville aussi rude que Cataract City n'ont pu éteindre.

C'est un livre fort et intense, captivant et puissant qui reste dans les mémoires longtemps après l'avoir fermé.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          170
Niagara Falls, ou Cataract city : « This city holds you », cette ville te tient, fait dire l'auteur en conclusion à Owe, l'un des deux protagonistes, et sans l'aide d'un puissante force de séparation telle le canon du cirque pour quitter son orbite, on ne peut s'en échapper.
En effet, le pouvoir d'attraction intangible et poisseux de la ville pèse sur chaque page de ce roman, à tel point que c'est un soulagement d'en sortir.

Après « les chutes » de Joyce Carol Oates, « Cataract City » qui marque pour moi un retour littéraire dans ce lieu de l'autre côté de la rive cette fois, me rappelle à nouveau ce sentiment étrange, ressenti en y arrivant en voiture par le côté américain, de m'être trompée d'endroit : avant d'arriver aux chutes, on traverse une immense plaine minée d'usines fumantes, toute la laideur du monde industriel à perte de vue côtoyant l'un des plus spectaculaires paysages que la nature puisse offrir.
Lieu pour le moins étonnant, envoûtant dans ses contradictions ; pas étonnant qu'il soit source d'inspiration pour des écrivains aimant fouiller la complexité des choses et des hommes.

Terrain fertile pour Craig Davidson qui signe-là d'une écriture âpre et poétique une histoire d'amitié faite de rivalité et de soutien à la vie à la mort, de ténacité et d'abandon entre deux hommes, Dunk et Owe, luttant pour s'arracher à l'attraction morbide de la planète Cataract.

Un beau livre qui vous ancre dans la terre, mais je dois reconnaître avoir par moment peiné sur des longueurs – entre passages testostéronés de combat d'hommes ou de bêtes et déambulations nocturnes peuplées de rêveries noires – qu'une lecture en VO n'a pas simplifié.
Commenter  J’apprécie          130
"Pour terminer, d'autres remerciements- et sans doute mes excuses aussi- à Niagara Falls. Au cas où l'on voudrait croire que la ville est exactement telle que je la décris, j'admets que non, sans équivoque." Il a raison, Craig Davidson, de rappeler que son livre est un roman est que la réalité n'égale pas l'affliction. Et de s'éviter ainsi de se faire lyncher par les habitants de cette ville frontière qui ne peut être aussi sinistre et blafarde. Quoique. Cataract City la montre en tous cas sous un jour particulièrement gris -"Une ville minable"- lieu de trafics et de vies poisseuses. Comme celles de ses deux héros, amis pour la vie malgré des destins contraires bien que, là encore, ils se rejoignent dans une existence de losers amenés à souffrir jusque dans leur chair avant d'entrevoir un début de lumière. Comme son compatriote canadien Boyden, Davidson est maître dans l'art de ramener l'homme à sa pauvre condition, comme écrasé par les forces de la nature. Mais là où le premier se fait souvent lyrique, le second est plus brutal, meurtrissant ses personnages avec un quasi masochisme. Davidson est l'écrivain des coups : du sort, mais aussi dans la gueule, excusez l'expression. C'est de la littérature virile, si tant est que cela signifie quelque chose. Deux morceaux d'anthologie se dégagent, l'un au début, à l'adolescence, l'autre à la fin, à l'âge adulte : deux épreuves surhumaines où la survie dans un environnement hostile (forêt puis neige) ne tient qu'à un fil et au lien qui unit les deux garçons et ensuite les deux hommes. Entre ces deux longues séquences, le roman est sans doute moins spectaculaire mais il faut se laisser prendre par un rythme contemplatif qui ne l'est qu'en surface. La construction du livre est remarquable et son dénouement laisse un goût étrange dans la bouche. D'os et de rouille, oui, quelque chose du genre.
Commenter  J’apprécie          120
Duncan Craig sort de plusieurs années d'emprisonnement et revient vivre dans la ville de Cataract City. Il y retrouve Owen qui était son meilleur ami, désormais policier. Duncan se souvient de leur enfance, de leur adolescence, et des expériences qu'il ont partagées, de celles qui les ont rapprochés mais aussi celles qui les ont éloignés.
Les circonstances qui ont amené Duncan en prison s'éclairent progressivement. Parmi elles, l'ambiance de Cataract City occupe une grande place. Un grand espoir des jeunes de cette petite ville industrielle des Etats-Unis qui vit repliée sur elle-même, est précisément de la quitter. Pour cela tous les moyens peuvent être bons, légaux ou pas, mais pas toujours sans risques…

Bien que la vie de Duncan n'ait pas été particulièrement palpitante à Cataract City, le récit qui en est fait est agréable et émaillé d'une grande variété de situations.
Les portraits des personnages sont réussis, de même que la description du cadre et des modes de vie. En outre, même si ce n'est pas le sujet du livre, le sort des autochtones n'est pas oublié ici.
L'auteur décrit parfois un peu trop longuement le déroulement de certaines compétitions (automobile, combat de catch…), probablement pour ajouter un peu de suspense. L'une d'entre elles, en l'occurrence une course de chiens, m'a cependant beaucoup plu, par sa vivacité et son originalité. La filature policière de la fin de l'ouvrage lui donne aussi un peu un profil de livre d'action, dont je me serais passé.

Je lirai volontiers d'autres ouvrages de Craig Davidson.
Commenter  J’apprécie          100
Cataract city, la ville des chutes d'eau, se situe à la frontière du Canada et des Etats-Unis.
C'est dans cette petite ville ouvrière que vivent Owen et Duncan, deux gosses unis par un lien très fort voire violent depuis 3 jours passés ensemble dans la forêt. 3 jours angoissants et périlleux au cours desquels ils ont pu constater que les héros de l'enfance ne sont que des hommes avec leurs défauts et leurs faiblesses.

Affectés par leur différence sociale, les deux enfants vont finir par ressentir de la rancoeur l'un pour l'autre. Owen devient policier, faute de mieux, tandis que Duncan vit de petits trafics, poussé par le sentiment d'être forcé de prendre des risques et de contourner la loi pour survivre et faire ce qu'il veut.

Car il faut survivre dans cette ville qui les hante, les étouffe, les dévore. Courses de chien, contrebande, combats clandestins... Dans cette atmosphère presque cauchemardesque, les deux hommes comprennent progressivement que la ville où ils sont nés les a façonnés et a fait d'eux ce qu'ils sont, comme si elle était inscrite dans leur ADN.

Le récit débute par leur retrouvailles, lorsqu'Owen vient chercher Duncan à sa sortie de prison.
A travers les récits alternés des deux personnages, nous en apprenons plus sur ces deux destins brisés et sur cette amitié vacillante mais tenace, qui manque de se briser mais résiste aux épreuves et aux déceptions.

L'auteur s'attache à décrire les effets d'une relation longue avec quelqu'un qui est comme un frère. Et nous montre qu'il n'est pas possible de le soutenir envers et contre tout.
Un constat amer, une écriture violente, une réalité cruelle...
Peut-être un peu trop pour moi. Un livre qui, malgré ces quelques longueurs, vaut la peine d'être lu.
Commenter  J’apprécie          82
Craig Davidson, né en 1976 à Toronto, est un écrivain canadien anglophone. Il vit à Calgary, en Alberta. Son premier recueil de nouvelles, paru en 2006 en français sous le titre Un goût de rouille et d'os, a été adapté au cinéma par le réalisateur français Jacques Audiard en 2012. Son troisième ouvrage, Cataract City, est sorti il y a quelques mois.
Duncan Diggs et Owen Stuckey ont grandi à Niagara Falls, surnommée par ses habitants Cataract City, petite ville ouvrière à la frontière du Canada et des États-Unis. Ils se sont promis de quitter ce lieu sans avenir où l'on n'a d'autre choix que de travailler à l'usine ou de vivoter de trafics et de paris. Tandis que le premier, obligé de renoncer à une brillante carrière de basketteur, s'engage dans la police, le second collectionne les mauvaises fréquentations et sort de huit de prison quand le roman débute.
Si vous aimez les romans où les personnages semblent vivre sous vos yeux en chair et en os, vous allez être gâtés ! Ah ! Ah ! Ah ! Parce qu'on a l'impression à lire Craig Davidson qu'il s'est déniché un créneau original ( ?) dans lequel il se vautre avec volupté, l'étalage des corps en souffrance, des os fracturés, des plaies sanguinolentes, des gnons et des moignons, des cicatrices sur la peau, j'en passe et des meilleurs.
Le roman est fait de présent et passé en flashbacks parfois désarçonnant, le tout reconstituant la vie d'Owen et Duncan, de l'époque de leurs huit ans, copains de rue, jusqu'à l'âge d'homme. Enfants ils ont été « enlevés » en forêt durant trois jours par leur idole, un catcheur pas vraiment méchant mais bien allumé et usé, ce qui nous vaut les premières scènes de souffrance, ici dans les milieux du catch (on pense au Mickey Rourke du film The Wrestler), puis le parcourt du combattant type commando pour s'échapper de la forêt-marécage, sauf que ce sont des gamins.
C'est un peu une des facilités du scénario, plonger nos deux héros dans des environnements divers mais tous sujets parfaits pour que Craig Davidson expose son obsession : il y aura donc après le catch, les courses de chiens, les combats de boxe minables (là on pense à Ragging Bull de Martin Scorcèse), les thanatopracteurs des Pompes funèbres etc. et j'y ai vu des passages barbants. Même si globalement, le roman est plutôt réussi, on hésite souvent entre bien et mauvais. Par exemple la construction, allie la très banale alternance de chapitres dressant le portrait d'Owen ou de Duncan avec des ellipses ou des retours en arrière qui déstabilisent avec bonheur le lecteur. Ou bien la très longue séquence finale avec Owen et Duncan alors adultes, une course poursuite avec un gros méchant, dans la neige et la glace, en forêt au bord du fleuve - ce qui boucle avec le début du roman et leur enlèvement – elle tient le lecteur en haleine mais les exagérations des blessures et souffrances éprouvées agacent en même temps.
Il y aussi du bon, le personnage puissant d'Edwina qui passera d'Owen à Duncan puis quittera la ville, « Elle est partie sans s'arrêter. Elle a réussi le seul truc que, malgré tous les rêves, tous les projets, je n'avais pu me résoudre à faire : quitter Cataract City. » Quant au fond du roman, l'amitié virile, les destinées, l'amour, il est gentiment traité sans soulever un enthousiasme notable. L'écriture est fluide, le rythme enlevé, ça se lit très bien. le début et la fin (malgré les outrances déjà dénoncées) du bouquin sont très bien aussi.
J'ai dit précédemment que le roman était globalement réussi, je ne vais pas changer d'opinion maintenant. Mais ne m'en demandez pas plus non plus.
Commenter  J’apprécie          80
Voici le roman le plus « testostéroné » de cette rentrée littéraire ! On y trouve pêle-mêle : du catch, de la boxe clandestine, des voitures détruites, de la prison, des courses de chiens, de la bière et une amitié virile ! L'auteur de « de Rouille et d'os » et de « juste être un homme » continue de creuser le sillon de son univers bien particulier, et c'est encore une belle réussite !

Le livre raconte la vie de deux jeunes garçons dans la ville industrielle de Cataract City (plus connue sous le nom de Niagara Falls). La vie va les rapprocher, les séparer et les faire s'entrechoquer pendant plusieurs dizaines d'années, mais leur amitié passera toujours devant les autres considérations sociales et survivra à toutes les épreuves. Craig Davidson malmène ses personnages avec une écriture âpre qui prend aux tripes (on a souvent mal pour eux !) mais il arrive à nous émouvoir car ses personnages ont du coeur. Même si son univers semble au premier abord assez masculin, je suis sûr que les femmes y trouveront leur compte. Car au-delà de l'histoire, Craig Davidson sait nous emmener dans son univers grâce à une écriture et un talent unique.
Commenter  J’apprécie          70
En quelques années Craig Davidson est devenu l'auteur à lire. Celui qui nous réinvente le roman noir. Pas spécialement le thriller ou le polar, le roman noir comme Jim Thompson savait nous les ficeler.

Il enterre ses personnages dans une ville dépressive à souhait. le genre de ville que l'on voudrait pouvoir quitter, mais que l'on ne quitte jamais. Ou les deux pieds devant. Il termine de poser le décor en jetant en pâture des combats de chiens, de boxe et du trafic de cigarettes.

Puis il assaisonne le tout d'amitié, une amitié rare et forte, destructrice, d'amour, de haine, de passion, de culpabilité... Il marine le tout à grand renfort de flashbacks, qui nous montrent que les choses se répètent toujours dans des villes comme Cataract City.

Il se dégage alors une poésie brute, sentant la testostérone, suintant le désespoir et la mort.

Difficile sans doute de rester indifférent. J'ai accroché. Mais j'ai calé sur quelques longueurs. Craig Davidson nous entraîne parfois dans de sombres méandres de l'âme humaine, sans que l'on en voie la raison. Tout ça pour ça, se dit-on. Au terme des 480 pages, qu'il aurait pu raboter à 400, il nous balance une fin dans la tronche, qui nous laisse un goût amer. Je ne dévoile rien, le lecteur sait qu'avec Craig Davidson, tout est possible.
Commenter  J’apprécie          40
Ce roman est génial. Tout comme « juste être un homme », il décrit le destin de deux hommes. La ville tient une place centrale dans le roman, c'est un personnage à part entière. C'est très masculin, un livre de bonhomme. L'auteur nous propose une incursion dans plusieurs univers : toujours celui de la boxe à main nue, ainsi que celui des combats de chiens et des courses de lévriers. La nature, les chutes, la forêt, la neige, y sont très bien décrites aussi. le livre est poignant. Très belle psychologie. J'aime beaucoup. Parfois des longueurs dans les descriptions de douleurs et de galère, mais ça tient bien la route, on s'y croirait. Un roman dur et émouvant.
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (135) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2873 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}