Le droit du sol

Me voici conviée à un voyage entre deux lieux chargés d'histoire … « deux traces laissées par des sapiens à d'autres sapiens » … quelle belle idée !
Partons de la verticale de la grotte de Pech Merle, à Cabrerets dans le lot … pour Bure dans la Meuse … avec nos pieds qui fouleront le chemin.
Pourquoi marcher … « s'arracher du quotidien pour se retrouver soi même » … « exister en s'immergeant à la surface du monde » … «  traverser seul des journées de pluie, de vent, de soleil, c'est une façon active et féconde d'apprendre pas mal de choses sur moi, sur ses capacités, sur ses limites, sur ses doutes ».
Marcher pour toutes ces raisons entre autres, Étienne Davodeau cherche à nous démontrer la folie de ce qui va se passer avec ce projet d'enfouissement de déchets nucléaires, cadeau dangereux pour nos descendants pendant de très longues années en faisant le parallèle avec l'héritage laissé par nos lointains ancêtres, ces dessins enfouis dans une grotte naturelle.

De bonnes intentions ne font pas un bon roman graphique.
Ce qui se veut comme un long plaidoyer anti nucléaire …
Pas forcément anti nucléaire pour le principe mais devant notre incapacité à savoir gérer ses résidus et choisissant de les enfouir dans le sol après avoir pollué des mers et des déserts de sable … je suis moi même convaincue de notre incapacité de gérer la gestion des déchets et le démantèlement ( le démantèlement de la première centrale nucléaire française construire à Brennilis (1) n'est toujours pas commencé) …

N'est qu'un long dialogue maladroitement mis en scène le long de ce pseudo pèlerinage, ode au retour à la terre.
Les dessins en noir et blanc ne rendent pas la magie des territoires traversés, les lieux décrits sont fades, les individus conviés à de longues démonstrations ne sont guère convainquant et la mise en scène ne met pas en valeur les explications qu'ils nous donnent … cela reste ennuyeux et c'est fort dommage.
Le choix de la marche comme un itinéraire de réflexions n'est qu'un prétexte à la mode pour nous vendre l'escapade … rien n'est fait pour nous persuader de la justesse des discours … cela reste ennuyeux et c'est fort dommage.
C'est bien la première fois qu'une oeuvre de Davodeau me déçoit !
Pas bien grave … je continuerai à suivre ses productions.

(1)
Le site nucléaire de Brennilis héberge l'ancienne centrale nucléaire des Monts d'Arrée, équipée du réacteur nucléaire EL4 (eau lourde no 4), un réacteur à eau lourde refroidi au gaz carbonique qui fonctionnait à l'uranium non enrichi. Il est situé sur les communes de Loqueffret et Brennilis dans le Finistère, dans les monts d'Arrée à environ 25 km de Carhaix-Plouguer, à 25 km au sud de Morlaix et 60 km de Brest.
Mise en service en 1967, cette centrale expérimentale est arrêtée en 1985, la France abandonnant cette filière au profit d'une technologie jugée plus stable, plus industrielle et plus rentable : le réacteur à eau pressurisée. C'est la première centrale nucléaire de France où a été entreprise une procédure de démantèlement, en cours depuis 1985 et prévue jusqu'en 2040, soit 55 ans.