AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,61

sur 73 notes
5
4 avis
4
17 avis
3
8 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je ne le répéterai jamais assez : Thomas Day compte sans aucun doute aujourd'hui parmi les meilleurs auteurs français, tout genre confondu. Fantasy, science-fiction, fantastique, uchronie, rien de l'effraie, tout lui réussit et « Sept secondes pour devenir un aigle » en est encore une fois la preuve. Si, plus de dix ans après le percutant et choquant « Stairways to hell », l'auteur ne semble en aucun cas avoir perdu de sa sincérité ni de sa noirceur, ses derniers écrits témoignent indéniablement depuis quelque temps d'une plus grande acuité, voire même de davantage de maturité selon Olivier Girard, auteur de l'avant-propos précédant le recueil. Moins d'excès, davantage de maîtrise et de profondeur. Autant de qualités que le lecteur avait déjà pu apprécier dans les derniers recueils en date de l'auteur, qu'il s'agisse de « Sympathies for the devil » ou encore de « Women in chains ». Après la violence faite aux femmes, voilà donc que Thomas Day se consacre à l'écologie, ou plutôt aux rapports entretenus entre l'homme et la nature. Comment vivre avec le fait que notre planète risque fort de devenir de moins en moins habitable? Quelle attitude adopter à l'égard de la nature alors que l'on sait désormais que l'espèce humaine menace le fonctionnement écologique même de la Terre et qu'elle est capable d'altérer l'ensemble du système de la planète?

Autant de questions essentielles que se sont appropriés depuis quelques années de nombreux auteurs des littératures de l'imaginaire, à commencer par ceux de science-fiction. A travers ce recueil de six nouvelles, dont trois inédites (certaines ayant déjà été publiées dans des revues ou anthologies telles que « Angle mort », « L'O10ssée » ou « Retour sur l'horizon »), Thomas Day offre à son tour quelques pistes de réflexion, sans jamais porter de jugement ou tomber dans le travers de la moralisation. de l'Amérique à l'Australie en passant par le Japon, le Pacifique et bien sur l'Asie, continent cher à l'auteur, les six textes du recueil nous plongent dans des décors tour à tour sublimes (la jungle cambodgienne, les vastes étendues désertiques australiennes) ou terribles (le monde mort de « Lumière noire »), mais toujours exotiques et prompts à enflammer l'imagination. Les magnifiques illustrations en noir et blanc réalisées par Aurélien Police et qui marquent le commencement de chaque nouvelle constituent également un bonus appréciable et participent très certainement au dépaysement du lecteur (on lui doit d'ailleurs également la sublime couverture de l'ouvrage). Mentionnons enfin la présence à la fin du recueil d'une postface très complète et fort instructive intitulée « Et la science fiction entra elle aussi dans l'antropocène », réalisée par Yannick Rumpala, docteur en sciences politiques.

Attardons nous à présent plus en détail sur les différentes nouvelles du recueil qui, en ce qui me concerne, sont toutes sans exception d'une qualité et d'une profondeur remarquables. Un style directe et cru mais infiniment poétique, des personnages tout en nuance, des décors dépaysant, et surtout des idées toujours originales : voilà ce que recèlent chacun des textes de Thomas Day. Parmi mes favoris figure sans aucun doute ici « Mariposa », nouvelle qui ouvre le recueil et relate l'expérience inoubliable vécue dans les années 1940 par deux soldats, l'un américain, l'autre japonnais, sur une petite île du Pacifique peuplée d'arbres à papillons aux étranges vertus thérapeutiques. Avec « Sept secondes pour devenir un aigle », direction l'Amérique où l'auteur aborde cette fois le thème du terrorisme écologique à travers l'histoire d'un vieil Indien bien décidé à se battre pour sauvegarder les derniers vestiges de son monde. Récit court mais intense qui ne manque pas de susciter chez le lecteur une foule d'interrogations. « Éthologie du tigre », consacrée à la lutte d'un homme pour protéger les tigres d'Asie, et « Shikata ga nai », mettant en scène un groupe de jeunes Japonnais gagnant leur vie en pillant la zone irradiée de Fukushima, sont également de belles réussites. Je serai un tout petit peu plus nuancée sur « Tjukurpa », histoire de quatre jeunes Aborigènes cherchant dans la réalité virtuelle à se reconnecter avec leurs racines, et « Lumière noire », récit post-apocalyptique, même si leur lecture fut également très plaisante.

Quoi de mieux, pour finir, que les mots d'Olivier Girard qui résume parfaitement toute la force et la subtilité de ce recueil dans les toutes dernières phrases de son avant-propos : « Thomas Day a longtemps hurlé. Désormais il suggère, montre et démontre en mille nuance. Sa voix n'en a que davantage de poids. »
Commenter  J’apprécie          3610
En six nouvelles et 300 pages, Thomas Day, auteur de textes de SF et de Fantasy (alias Gilles Dumas en tant qu'éditeur), partage ici sa vision (plutôt pessimiste) de l'état de notre monde et du sombre futur des hommes. Il prend résolument position pour le respect écologique de la planète Terre et « milite » même, dans certains de ses récits (dont le titre éponyme du recueil) pour le « deep ecology » (pensée radicale).
Dans la plupart de ses histoires, un élément ou aspect fantastique traverse -presque mine de rien- l'intrigue, sauf dans la dernière et plus longue nouvelle « Lumière Noire » qui est un texte de pure SF dans laquelle L'Intelligence Artificielle a supplanté l'homme... et dieu.
Je vais vous épargner l'habituel bla-bla sur le fait que dans un recueil on apprécie certains récits plus que d'autres ;-)
Peut-être parce que la cause pour les animaux en voie d'extinction me touche plus particulièrement, c'est « Éthologie du tigre » qui a trouvé ma préférence. Ce n'est pas seulement un voyage instructif à travers le Cambodge, mais aussi (surtout ?) un beau texte qui explique avec sensibilité comment un homme, pourtant défiguré par une tigresse, défendra cette espèce jusqu'au bout.
Commenter  J’apprécie          322
En Résumé : J'ai passé un très bon moment de lecture avec ce recueil de 6 nouvelles de l'auteur. On retrouve à chaque fois des histoires qui se révèlent efficaces, percutantes, et captivantes, mais qui surtout nous offrent des axes de réflexions vraiment intéressants et soignés. L'humain est souvent au centre de l'histoire, apportant sa vision et son espoir d'un monde qui est souvent malmené par l'Homme. Comme on l'annonce dans la préface, on sent bien que la plume de l'auteur s'est un peu assagie, moins de violence et de sexe, mais elle se révèle toujours aussi puissante et percutante, juste plus mature. A noter aussi une postface intéressante sur la science-fiction de Yannick Rumpala. Alors bien sur un ou deux textes m'ont paru légèrement en dessous ou m'ont un peu moins accroché, mais au final un très bon recueil de nouvelles qui mérite d'être découvert.

Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
Commenter  J’apprécie          302
La Terre se porterait-elle mieux sans l'Homme ?

C'est la première fois que je me lance dans un livre de Thomas Day. J'avais bien lu quelques nouvelles ici et là, publiées dans la revue Bifrost, mais jamais du 100% Day. Suite au numéro spécial sur l'auteur dans la même revue, l'envie d'en découvrir plus est nait, même si j'vais un peu peur : j'entendais ici et là que ses textes étaient souvent âpres, violents et remplis de stupre. Après lecture, il y a un peu de vrai, mais pas autant que je le craignais. Ai-je aimé ? OUI, j'ai même rempilé avec un autre recueil de l'auteur : This is not America. le sujet qui se dégage est l'écologie au sens large. Publié en 2013, il est toujours d'une actualité brûlante. J'ai trouvé que Thomas Day sait très bien brosser un univers et des personnages crédibles en quelques lignes, il va droit à l'essentiel tout en donnant des détails ici ou là.

Première chose à l'ouverture du recueil, je ne vais pas pouvoir râler contre l'éditeur : un avant propos, une postface, une bibliographie et des illustrations ! Voilà qui met dans de bonnes conditions de lecture.


Mariposa
Un texte qui nous parle du voyage de Magellan, d'une île, Mariposa, et des arbres à papillon. le rapport ? Et bien il faudra lire ce texte fantastique pour l'apprendre ! Même si je ne connais pas l'histoire de Magellan, cela ne m'a pas empêché d'apprécier la ballade temporelle sur plusieurs époques.

Sept secondes pour devenir un aigle nous emmène dans les pas d'un jeune indien dans une sorte de parcours initiatique. C'est beau, c'est violent (moralement), ça en dit plus que tout ce qui n'est pas écrit. le titre est superbe. Alors pourquoi 7 secondes pour devenir un aigle ? La nouvelle est gratuite sur le site de l'éditeur, tu cliques et tu lis.

Éthologie du tigre nous emmène au Cambodge dans les pas d'un amoureux des tigres. Un très bon texte, sauf pour l'histoire d'amour, autour du tourisme "vert". L'occasion en trois actes de prendre connaisse d'un mythe cambodgien.

Shikata ga nai nous parle de la zone contaminée de Fukushima où des paumés tentent de vivre en pillant ce qui peut l'être. Ca se lit rapidement et s'oublie aussi rapidement.

Place à l'Australie avec Tjukurpa où de jeunes aborigènes tentent de retrouver leur lieu de vie avant l'arrivée de l'homme blanc. Entre cyber réalité et réalisme glaçant.

Lumière Noire est la version longue d'une nouvelle publiée initialement dans Retour sur l'horizon. Une IA gouverne désormais un monde ravagée et nous suivons les pas de quelques rescapés. J'ai beaucoup aimé ce texte que j'ai trouvé quasi poétique même si nous sommes dans le cadre du post-apo.

La postface, Et la science-fiction entra elle aussi dans l'anthropocène, de Yannick Rumpala clôt de belle manière ce livre. Je ne peux que vous inviter à la lire, c'est gratuit sur le site de l'éditeur. Et une postface citant mon Robert est toujours un bon texte !
Commenter  J’apprécie          161
Pendant longtemps, je n'ai pas aimé les nouvelles, préférant les grandes sagas s'étalant sur des centaines et des centaines de pages. Avec l'âge (lol) j'en viens à les apprécier de plus en plus. Je trouve qu'elles permettent aux auteurs de tester des concepts, des idées intéressantes qui ne seraient pas forcément viables dans un roman de 500 pages mais enflamment l'imagination le temps d'une petite dizaine de pages. C'est particulièrement le cas pour la science fiction, et c'est donc le cas de ce recueil.

Je n'avais encore jamais lu de livres de Thomas Day, et ce recueil de nouvelles m'a vraiment donné envie de m'intéresser de plus près à son oeuvre. J'ai beaucoup apprécié l'univers de l'auteur, sa façon d'écrire qui suggère plus qu'elle ne montre et provoque mine de rien un paquet de réflexions. J'ai tendance à lire très vite et à engloutir les livres, mais celui-ci m'a forcé à m'arrêter sur certains passages, à les relire pour bien m'imprégner de l'ambiance, et ce fut une expérience nouvelle mais bien agréable.

J'ai trouvé toutes les textes passionnants, chacun dans leur style, même si j'ai un peu moins accroché avec l'avant dernier (Tjukurpa). Toutes ces histoires ont en commun l'exploration des relations de l'homme avec la nature, et ce n'est pas toujours beau à voir.
Celle qui m'a le plus marqué est celle qui donne son titre au recueil (Sept secondes pour devenir un aigle), vraiment percutante dans tous les sens du terme... En tant que grande amatrice d'univers post-apocalyptique, j'ai également énormément apprécié la dernière nouvelle, Lumière Noire, qui est aussi la plus longue.

Enfin, le livre en lui-même est très soigné. Chaque nouvelle est illustré d'un magnifique dessin (celui d'Éthologie du Tigre est une merveille). de plus, je ne sais pas si c'est le cas pour tous, mais j'ai eu la surprise de découvrir dans mon exemplaire un marque page assorti au livre ! Ça fait plaisir !

Bref, ce recueil, trouvé au pied du sapin, a été une excellente découverte, et je ne peux que le conseiller même si je ne suis pas certaine que tout le monde sera sensible au style particulier de l'auteur.
Commenter  J’apprécie          70
Un livre initiatique sur l'homme et la nature à travers différents pays. L'imaginaire au service de la nature et des hommes. A lire avec une tête vide et sans a priori. Merci à l'auteur pour ces voyages qui nous pousse à prendre du recul sur le monde que nous vivons.
Commenter  J’apprécie          60
« Sept secondes pour devenir un aigle » est un recueil sympathique, mais qui ne m'aura pas marqué autant que les excellents « Sympathies for the devil » ou « La cité des crânes ». Malgré tout, cet ouvrage reste une lecture que je recommande pour les amateurs, comme moi, du ton et de la plume de Thomas Day.
Lien : https://blogconstellations.h..
Commenter  J’apprécie          40
« Sept secondes pour devenir un aigle » a été publié en 2013 par les éditions du Bélial' et a fait l'objet d'une publication au format poche en 2016, aux éditions Folio SF.

Une des six nouvelles de ce recueil a reçu le Grand Prix de l'Imaginaire de la meilleure nouvelle francophone en 2014. Il s'agit de la nouvelle éponyme, que vous pouvez télécharger gratuitement sur le site du Bélial', tout en bas de la page, où vous pouvez d'ailleurs vous procurer les nouvelles de façon individuelle, bonne idée.

Le recueil est accès sur l'écologie, il parait que c'est en vogue l'anticipation écologique. En même temps comment ne pas se sentir concerné avec tout ce qu'il se passe autour de nous. Thomas Day est concerné, il le fait savoir.

Je vais prendre le temps de dire quelques mots sur chacune des nouvelles, car elles ont toutes leur intérêt propre.

==========

La première nouvelle s'intitule Mariposa, ici point d'anticipation, mais du fantastique. Il est question d'une île du pacifique, qui traverse le temps à travers le récit. L'histoire débute par un journal de bord, écrit XVIème siècle lors d'une expédition de Magellan qui laissera sur l'île son testament. Puis les japonais y débarquent et y dénichent le testament de l'explorateur et surnomme l'île Onibaba (la femme démon). L'histoire se poursuit en passant par la guerre du pacifique lors de la seconde guerre mondiale, pour finir dans l'Amérique d'après-guerre.

L'intrigue tourne autour de l'île sur laquelle pousse des arbres mystérieux, les arbres papillons, dont les fruits ont des vertus particulières.

Le style est original, le début se fait par la lecture d'un journal de bord, puis alterne entre une relation épistolaire d'un officier japonais avec sa femme (durant la seconde guerre mondiale) et des extraits d'enregistrements de service secret américain interrogeant un ancien soldat (interrogé postérieurement sur cette même période).

La nouvelle n'est pas celle qui m'a le plus conquis, mais elle est plaisante et se lit rapidement. Il y est question de mémoire, de nature et de protection de cette dernière. L'homme qui détruit son habitat sans en connaitre toutes les secrets.

==========

Sept secondes pour devenir un aigle, la nouvelle éponyme du recueil, raconte l'histoire d'un vieil Amérindien et de sa relation particulière avec son fils. Il souhaite lui transmettre un certain mode de vie. le texte se veut teinté de mysticisme.

Il y est question dans cette nouvelle de terrorisme écologiste et donc de radicalisation, forcément. Mais aussi de transmission, de culture et du retour aux choses vrais. le thème abordé est glissant, la nouvelle est assez brute.

Je l'ai bien aimé celle-ci, il est difficile de ne pas être touché par le sujet et de se poser des questions sur notre futur.

==========

Retour en Asie, un décor que l'auteur affectionne, avec l'éthologie du tigre. Un consultant, spécialiste des tigres, est amené à se rendre au Cambodge sur un chantier d'un grand complexe hôtelier, après que les ouvriers aient découvert trois têtes de jeunes tigres posé sur un des murs de l'édifice.

Le texte est rageant tant il met le doigt sur des problèmes importants. Déforestation, destruction des habitats, extinction des espèces. le récit à un côté mystique, comme le précédent.

La nouvelle est touchante et peut mettre le moral au plus bas tant les activités humaines sont parfois impitoyables. En passant, j'y ai appris l'existence d'un mouvement politique que je ne connaissais pas : les deep ecologist.

==========

Shikata ga nai, quatrième nouvelle du recueil dont le titre signifie, en japonais, « On ne peut rien y changer ». Dans un futur proche, trois jeunes Japonais pillent et maraudent dans la zone d'interdiction de Fukushima.

La nouvelle est très courte et ne comporte pas d'éléments SFFF (me semble), est-ce vraiment nécessaire lorsque l'on parle de catastrophe nucléaire.

Elle est très largement inspirée de Stalker (du jeu vidéo ou du roman de Arcadi et Boris Strougatski, prenait la référence qui vous convient), trois jeunes qui vivent et survivent grâce à une zone mystérieuse et interdite et souvent dangereuse.

Vu sa longueur, il serait bête de s'en priver, c'est frais et moderne.

==========

Tjukurpa, une nouvelle qui suit un groupe de jeunes aborigènes australiens qui se regroupent pour préserver leur pays, leur culture et surtout leur terre. Leur leader a créé un rêve, un monde virtuel, une espèce de monde ouvert (SandBox), dans lequel il a reconstitué le monde, tel un dieu 2.0. Il a vraiment tout recréé tout en respectant la cosmologie de son peuple. Il cherche des disciples pour s'occuper et préserver ce monde. Mais aussi pour préserver le monde réel, avec des moyens plus sombres et directs.

Une façon originale d'aborder un thème sensible et souvent oublié, le mépris et la destruction des cultures minoritaires.

==========

Dernière nouvelle du recueil et quasiment une novella tenant sa longueur : Lumière noire. le récit suit Jasper et Jenny qui habitent à des milliers de kilomètres, l'un de l'autre. Lui au Canada et elle au sud des États-Unis. Problème, la terre a vécu un cataclysme. Une IA (surnommé Lumière noire) s'est emparée d'une bonne partie du monde et a rebattu les cartes de l'humanité.

Je n'en dis pas plus parce que c'est vraiment un plaisir de découvrir ce monde post-apo. Je me suis vraiment régalé à la lecture de ce texte. le meilleur des six pour moi. Un mélange de Fallout et de Terminator. La nouvelle est bourrée de références et dispose d'une fin inattendue, ce qui lui donne un gros plus.

==========

Le recueil se termine sur une postface rédigée Yannick Rumpala, intitulée « Et la science-fiction entra elle aussi dans l'anthropocène… ». Un texte très intéressant sur l'avenir du genre qui nous intéresse, mais plus largement sur l'humanité.

==========

Thomas Day nous propose un recueil de nouvelles d'un haut niveau, tant par ses textes que par ses thèmes abordés.

À lire, si vous estimez, comme moi, qu'écrire de la SF sert avant tout à faire passer des messages.

Bonne lecture !
Lien : http://lecture42.blog/sept-s..
Commenter  J’apprécie          30
Ce recueil de nouvelles alterne entre le fantastique, la science fiction et le militantisme politique. le fil conducteur en est le lien, sur le point de se rompre, entre l'humanité et la nature. Ces histoires, tendues par le suspens ou par le mystère, sont très bien construites et savent retenir le lecteur. Mais, au-delà d'une habileté d'écriture sur un thème d'actualité, la terre menacée par les activités humaines, ce qui fait l'originalité et la force de ce recueil, c'est la façon dont Thomas Day construit des histoires qui sont loin d'être simplistes et linéaires, avec des personnages rendus crédibles par leurs faiblesses et leurs manque de certitudes. Thomas Day semble ne pas prendre position pour ou contre la modification du biotope par l'espèce humaine. Ses nouvelles sont des constats presque neutres d'une évolution qui semble inscrite dans l'ordre des choses. le tout est bien servi par une écriture nette et travaillée. Je ne suis pas amateur de littérature fantastique ni de science fiction, encore moins des écritures militantes, mais je reviendrai vers Thomas Day, découvert, crois-je me souvenir, par un détour dans Babelio.
Commenter  J’apprécie          30
Thomas Day est un auteur passionnant, que je découvre calmement. J'ai lu un de ses romans, il y a un moment, que je n'avais pas critiqué ("Du Sel sous les Paupières") mais apprécié; puis plus récemment une novella ("Dragon"), que j'avais encore une fois beaucoup apprécié. Et autant vous dire que "Sept Secondes pour Devenir un Aigle" ne va rien changer à l'affection que je porte à cet auteur, si original.
Un recueil de six nouvelles, donc, toutes reliées par une ambition commune: traiter à-travers de nombreux points de vue et thèmes différents, de la relation de l'homme à la "nature", et notamment de l'impact que l'un a sur l'autre et réciproquement. J'ai mis nature entre parenthèses, puisque je l'emploie ici comme un mot fourre-tout. J'y entends espèces en voie d'extinction, changements climatiques, tribus natives, lieux malmenés... Je suis très large, comme l'est Thomas Day dans son recueil.

C'est, très honnêtement, un recueil extrêmement maîtrisé. Presque chaque nouvelle m'a bluffé et contenté d'une manière différente. Et c'est ce qui fait, à mes yeux, la force de Thomas Day. Je l'ai au final peu lu, mais ai déjà ressenti "son univers", si j'ose aborder des thèmes aussi catégoriques. Il y a dans les écrits de l'auteur une originalité incroyable, un truc qui m'avait déjà fait adorer Barker à l'époque où je l'avais découvert. Attention, je ne compare pas les écrits de Day à ceux de Barker, mais j'y trouve une unicité comparable.
Des personnages torturés, des lieux torturés, et à-travers tout ceci des fulgurances: apogées d'émotions, sexualités tendues à l'extrême, mises en scènes ultra-esthétiques... Lire Thomas Day, c'est une véritable expérience de lecteur. Cela malmène parfois, mais c'est toujours avec une telle maestria qu'on ne se perd jamais.

Voici les points forts que j'ai retenus, au-travers des différentes nouvelles.
"Mariposa" ouvre le bal de manière grandiose. Valse incroyable où viennent se mêler sur une île mystérieuse le récit historique de Magellan, des batailles de la WWII, et de mystérieux arbres à papillon. Les premières pages de la nouvelle m'avaient fait peur (il fallait oser, M. Day, ouvrir le recueil avec quelques pages argotiques un peu arides), ceci a vite été balayé par tout le reste. la nouvelle, extrêmement esthétique, est hypnotisante et d'une beauté symbolique lourde.
La nouvelle éponyme, "Sept Secondes pour devenir un Aigle" explore le thème écologique avec une brutalité peu dissimulée. Même si je lui ai préféré la douceur de "Mariposa", cela reste d'une très grande qualité littéraire et on restera, une fois encore, émerveillé par la fin de la nouvelle, belle à souhait.
Arrive, je pense, la nouvelle que j'ai préféré dans le recueil: "Ethologie du Tigre". Probable que le nom du personnage, "Shepard", soit une référence à Lucius Shepard, auteur aventurier qui était lui aussi très inspiré par la nature de notre monde. Et j'avais tout d'abord pensé à Lucius Shepard très vite, tant "Ethologie du Tigre" me rappelait parfois le ton de certaines histoires de l'auteur, et notamment "Le Rocher aux Crocodiles" (j'en parle dans ma critique d'"Aztechs"). Alors c'est magnifique: très pessimiste parfois, plein d'envolées lyriques extrêmes, d'une finesse à couper le souffle... Une grande réussite.
"Shikata ga nai", bien qu'assez réussie dans le ton, est déjà plus anecdotique. Elle a en revanche toute sa place dans ce recueil, poursuivant l'exploration avec un ton différent et une sensibilité toute préservée.
J'ai été bien, bien moins touché par "Tjukurpa". Si le concept aborigène m'était totalement inconnu et passionnant à découvrir, la nouvelle a à la fois réussi à ma procurer un malaise que je ne parviens pas à expliquer. Déjà la narratrice, qui même si cela est probablement voulu, m'a dégoûté suffisamment pour que je ne veuille plus l'imaginer. Puis même le concept, l'ambiance du récit: j'y ai été opposant. Ce n'est donc pas un moment du recueil que je garderai dans mon coeur.
Et de finir le livre avec "Lumière Noire", longue nouvelle traitant d'un futur apocalyptique (je n'écris pas post-apocalyptique" tant l'ambiance du récit laisse imaginer qu'on est encore en plein dedans). C'est très réussi: on a là encore des idées merveilleuses, des images sublimes, et un univers délectable. Reste que la nouvelle souffre, très ponctuellement, de quelques longueurs. Mais encore une fois, ce n'est que mon avis.

En conclusion, Thomas Day nous livre encore une fois des récits passionnants. J'ai en plus été sensible au thème (difficile, finalement, de faire autrement), développé ici avec une passion et une maestria admirable. Je vous conseille donc ce recueil avec ardeur.
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (153) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4887 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}