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Jean-Paul Mourlon (Traducteur)Greil Marcus (Préfacier, etc.)
EAN : 9782907681117
528 pages
Tristram (01/01/1996)
3.82/5   72 notes
Résumé :
L'intouchable missel du plus grand des scribouillards rock. Le Michelin de la musique de jeunes qui ne distribue pas ses étoiles mais les plante là où ça fait mal... Compilant une cinquantaine d'attentats critiques perpétrés à l'Underwood rouillée par feu Lester Bangs entre 1970 et 1982 dans diverses publications américaines, Psychotic reactions & autres carburateurs flingués est en fait le vrai faux roman de la critique musicale d'après-guerre. Mi pamphlet, mi cri ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Dans la préface, Greil Marcus cite Lester Bangs "J'étais le meilleur" puis ajoute "Peut-être ce livre exige-t-il du lecteur la volonté d'accepter que le meilleur écrivain d'Amérique n'ait écrit pratiquement que des critiques de disques". A la lecture des différents textes qui composent ce livre, on s'aperçoit vite qu'il s'agit de bien plus que de simples critiques de disques.

Bien sur, comme dans tout recueil, les textes sont inégaux, il y a du très bon et du un peu moins bon. Mais même dans ses textes les plus faibles il y a à prendre. Il faut dire que Lester Bangs a du style et un sens de la formule réjouissant ("Iggy Stooge est un parfait débile. [...] c'est l'une des facettes essentielles de son génie" ; Led Zeppelin sont selon lui des "branleurs somnolents" ; sous sa plume un album de Barry White est comparé à "une cuve de beurre de cacao").
S'il sait éreinter (ses idoles aussi d'ailleurs), il sait aussi tresser des couronnes de lauriers avec autant de talent dans le verbe comme en témoigne la magnifique analyse d'Astral weeks de van Morrison.

Par ailleurs, ses textes portant au départ sur la musique, sont souvent l'occasion de réflexions sociologiques très intéressantes sur l'époque, la jeunesse, le pouvoir des mots, les médias...
Il sait tirer parti de chaque situation pour en tirer un texte original. Par exemple, une interview avec Lou Reed qui se transforme en une joute verbale drôlatique entre deux gamins aux égos surdimensionnés. Mais sous le flot d'injures, on sent poindre l'admiration de Bangs pour le musicien, reprochant finalement à l'homme Lou de ne pas être à la hauteur du génie Reed.

Mais là où Lester Bangs montre tout son talent, c'est quand ses textes s'envolent en de folles digressions. Comme dans cet article dithyrambique consacré aux Troggs et à leurs hymnes pour ados en rut où Bangs dérive vers l'évocation de son émoi lorsqu'un jour il effleura de la main la chaussure de sa voisine de classe.

Il est dommage que Lester Bangs soit mort si jeune, avant d'écrire un roman. Il avait sans aucun doute le potentiel pour écrire des fictions formidables.
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Big Bangs

Dans une sorte de continuité du "Hollywood Babylone" de Kenneth Anger* et dans la même collection (Souple), voici un recueil des articles "écrits" par Lester Bangs, principalement issus de Creem, Village Voice et NME.

Ce recueil a été conçu par Greil Marcus, son 1er rédacteur en chef à Rolling Stone et la sélection résulte donc de son choix (aucun article paru dans Rolling Stone par exemple) et de l'image qu'il veut laisser de celui qui était son ami.

Le titre de l'ouvrage ("psychotic Reactions" et " Carburetor Dung" sont les titres d'albums des Count Five) devait être celui d'un recueil d'articles envisagé par Lester Bangs, mais finalement jamais paru.

Ce livre est remarquable et agaçant à la fois et pour les mêmes raisons. Les goûts de Bangs peuvent être partagés ou non et lui même était capable d'en changer radicalement (après avoir conchié les Stooges, il va les porter au pinacle, après avoir raillé (ô combien !) James Taylor, il va le réhabiliter en partie...), les digressions sont une constante (le 1er article sur les Yardbirds est exemplaire !) et le style est tel qu'on se prend à lui donner raison quand il s'estime supérieur à Bukowski, Burroughs et Hunter Thompson.

Alors bien évidemment, si on n'est pas sensible à ses choix, à ses arguments (adorer les Stooges parce qu'ils sont volontairement ridicules, parce que le rock lui même ne peut pas être pris au sérieux) à sa mauvaise foi assumée ou à son style, il vaut mieux s'abstenir.

Mais ce serait dommage.

Car Lester Bangs n'est pas toujours là où on l'attend et ses réflexions vont souvent au delà de la prose hallucinée et répétitive qui est le lot de ses mauvais suiveurs.
Oui, son style a tellement été copié, qu'il est devenu un peu le modèle obligé de beaucoup des critiques rock (Manoeuvre est fan de Bangs...), mais il est fascinant. En fait, à part Philippe Garnier, je ne vois guère d'équivalent.

Ses réflexions sont fréquemment à l'emporte pièces, louant les Troggs (curieusement il ne parle pas trop des Kinks -sauf pour rappeler leurs débuts à la Troggs justement et dire qu'en 64 Dave Davies ne savait pas jouer de la guitare ; mais comme il dit aussi que les Byrds, McGuinn excepté ne savaient pas jouer non plus, ça relativise...) ou Question Mark And The Mysterians tandis qu'il voue aux gémonies Elton John ou Franck Zappa, se moque de Creedence....

Mais quand il nous interpelle sur le statut de rock star (lire sa séquence consacrée aux Clash), sur l'aspect puéril de "tout ça", on se dit qu'il touche souvent du doigt l'essentiel, démasquant les fausses idoles, les poses ridicules, bref, le grand cirque du Rock 'n Roll.

S'il privilégie les groupes "bruts" "débilités par l'énergie" ou les artistes provocateurs (Stooges, Lou Reed**, Slade, Troggs, PIL...), il sait aussi évoquer Chicago sans trop defaillir (alors que P. Garnier, lui, les appréciait. Comme quoi...), J. Geils Band ou le Bowie de Station et n'être jamais là où on l'attendrait, en défendant l'attitude d'Elvis Presley tout en se moquant de celle de Lenny Bruce.

Si vous vous laissez tenter par ce livre, vous allez fulminer, rire, vous interroger, adorer, détester...reste à savoir où vous positionnerez votre curseur.

Lester Bangs était un dégonfleur de baudruches qui avait de la sympathie pour les plus bêtes d'entre elles. Et au fond, pour les autres aussi.

Toujours copié, jamais égalé. Indispensable. Ou pas.

* Kenneth Anger est d'ailleurs évoqué dans un article : "en teignant en blond son dôme à la Hitler Jugend de façon à ressembler à un Kenneth Anger bubble-gum").
** Ca y est, on sait enfin qui a acheté (et surtout, écouté) "Metal Machine Music" : c'était Bangs !
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Un sacré recueil des meilleurs articles de feu Lester Bangs. Un condensé de ce que le meilleur critique rock de tous les temps a pu écrire. Dans la même veine que H.S. Thompson et son "gonzo journalism", on a l'impression d'y être, de se retrouver dans les chiottes du CB-GB's à regarder Joey Ramone en train de pisser ou d'assister aux répétitions de ses "pédales émaciées" de Led Zep'.

Parce que c'était ça, Lester Bangs, un critique qui avait des avis bien tranchés sur les artistes rocks des 70's, allant jusqu'à lancer un style, une esthétique, une façon d'être qui deviendra quelques années plus tard le mouvement punk.

Pour tous les passionnés du rock, du vrai, celui des années 60/70, et pour tous ceux appréciant cette vision du journalisme total qui donne ce cachet si caractéristique aux écrits de Bangs.
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C'est le bordel, Lester Bang. Un fatras épouvantable de fulgurances, de digressions, d'avis tranchés comme des lames de rasoir, de gnagnardises de branleurs boutonneux, de romantisme noir, de réflexions sociologiques, de pauses arty, de j'm'en-foutisme, de considérations nébuleuses, de mal-être post-moderne... Depuis le coeur de la machine rock seventies et en même temps bien au-dessus de la mêlée, un type paumé qu'à rien compris à tout ou tout compris sur rien, c'est selon. On s'ennuie et on exulte, on adore et on fustige. Tout ce qu'il dit est vain et précieux, superficiel et indispensable, ampoulé et franc comme un direct du droit en dessous de la ceinture, halluciné et lucide, drôle, barré, sombre, lumineux, fastidieux, essentiel... un peu comme le rock, en fait. En direct du bordel contre-culturel comme si on y était pas.
Lien : https://www.tristan-pichard...
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Bon...Comment dire... Ce bon vieux Lester...autoproclamé et reconnu en tant que tel, plus grand rock critique de cette foutue histoire du rock'n'roll...oui,mais encore ? J'ai du passer à coté de quelque chose, car ouais, il y a des passages sympas, drôles ou vachards, des articles intéressants, mais pour moi, la lecture c'est plus révélée chiante que plaisante. Question de gouts...Rien de bien grave..
Alors bye bye Lester! moi je me mets un p'tit coup de "Metal Machine Music" pour soigner mes acouphènes en pensant a toi, le supplice continue....Même si je sais a l'avance, par expérience, que je n'atteindrais pas la fin des vingts premières minutes..


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critiques presse (2)
SudOuestPresse
30 novembre 2023
Malgré une trajectoire de comète (1948-1982) et un mode de vie plus extrême que certains artistes, Lester Bangs, natif d’Escondido, Californie, fut l’une des plumes majeures de sa génération.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Lexpress
16 janvier 2013
On y découvrira tout ce qui a fait la renommée du pilier de Rolling Stone et de Creem : tirades déjantées et subjectives [...], irrespect pour les vaches sacrées du rock'n'roll [...], hargne antihippies, goûts précurseurs [...].
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Okay, bande de punks, vous allez y avoir droit. On va se la donner grave, et régler ça ici et maintenant. Pouvez me causer de vos MC5 et des Stooges, ou même de vos Grand Funk et autres Led Zep, ouais, tous ces enfoirés se sont taillé un sacré fromage en ville, mais je vous dis, moi, qu'il y a eu un gang si foutrement féroce qu'il aurait transformé tous ces caves en morveux pleurnichards, et en moins de trois minutes, en plus ! Les Troggs.
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