Frère Wulf, tome 4 : L'Avènement de l'obscur

Le dernier roman de Joseph Delaney, dernier tome et chapitre des aventures d'épouvanteurs.
L'auteur n'aura jamais hésité à jouer avec le sacrifice du temps qui passe pour ses personnages et des personnages qui disparaissent et cette fois, c'est lui qui tirera sa révérence et nous devrons faire avec.
C'est un univers qui s'achèvera mais ne s'éteint pas, si on continue de le lire.

Wulf sera le dernier épouvanteur,du moins le pense t-on.
Sacrifier ses "remparts" faits homme pour que chacun vive en paix et fonde une famille, c'était ici dans l'ordre des choses.
C'était un prix somme toute logique, comprenait-on, comme certains dans notre réalité devenait soldat ou gardien de la paix.
Sauf que ces protecteurs là vivront parmi leur pairs, patrouilleront parmi eux et fonderont à leur tour des familles.
Ces épouvanteurs de Delaney pouvaient se connecter aux menaces, les étudier, apprendre à les repousser mais, frayaient avec eux. Ils émergeaient donc de la masse en petit nombre utile mais ne devaient se multiplier, ils étaient dédiés au sacrifice naturel, c'était le mode d'évolution de cette société vieillissant à côtés des bois hantés, des étangs de sorcières d'eau, voisins des forces sombres et incontrôlables, leur univers cerné par la peur au quotidien en guise de frontière. Nos héros épouvanteurs seront récompensés de souffrances, de solitude et de résurrection, nous faisant progresser dans notre connaissance de l'obscur - et cela dépassait de loin le seul personnage du Malin - .
Joseph Delaney aura renouvelé un peu la mythologie du mal et développé un univers effrayant mais presque fascinant.

Wulf est-il le dernier?
Ainsi, du temps aura passé, près d'un siècle depuis les dernières aventures de Tom et Alice Ward, nos réguliers de la série.
Le jeune frère Wulf sera le dernier à s'opposer à l'obscur, un épouvanteur inattendu qui rompra avec la tradition du septième fils d'un septième fils.
Wulf était tout autre chose, capable de puiser dans une autre magie et une autre dimension pour donner corps à ses saints de prière pour lui venir en aide.
Désincarné de sa dernière lutte (voir tome précédent), ce qui est assez nouveau pour un épouvanteur, il pourra toutefois user de son pouvoir et incarner ses créations à volonté, un tulpa de loup ailé, un tulpa de saint vengeur ou bien un tulpa de sa forme humaine d'origine.
Le temps aura passé plus rapidement dans la dimension où il se sera formé aux tulpas, Wulf est prèt mais seul.
Enfin presque, puisqu'il y aura encore Grimalkin et son apprentie Thorne.
Le mal se renouvèlera, c'est une guerre de pouvoir pour une place chaque fois vacante.
Là bien entendu, Wulf suivra les trâces de Tom, brisant totalement le commandement du vieux Gregory de ne jamais s'acoquiner avec l'obscur car l'obscur est pernicieux et indigne de confiance selon lui.
Grimalkin et Thorne étaient des sorcières puisant leur résistance dans l'obscur et ainsi après la mort, elles lui appartenaient complètement, mais choisissaient de faire le bien, aidant la place vacante à le rester.

Avec la solitude qui pesait sur le coeur de feu Tom Ward, on se demandera si la réclusion ne sera pas trop lourde pour Wulf qui n'aura plus non plus le soutien de Tilda, la fille de Tom et Alice, morte depuis aussi.
Nous, lecteurs, trouveront dans l'évolution des contextes, dans le renforcement des contradictions et les nouveaux compromis de chaque nouveau personnage un biais pour ne jamais nous ennuyer et toujours voir venir.
Même quand le Malin n'est plus, il existera encore des menaces encore plus hostiles. Comment cela peut-il?
Le Malin n'était-il pas selon nous au sommet de la chaine alimentaire maléfique?
Quoi de nouveau pour ce tome?
Les sorcières, un siècle après, sont aussi présentes et féroces à regret, suivant un cycle de renouveau comme les arbres et les saisons, c'est donc que le mal ne faiblissait pas comme on s'y serait attendu.
Wulf remarquera un dérèglement climatique curieux et le titre annoncera "L'avènement de l'obscur".
Wulf n'est-il vraiment que le dernier rempart connu?

Des surprises, rebondissements attendus, des tourments, des mensonges, des tentations, des victoires peut-être, le sel de la série.
Merci Monsieur Delaney, nous profiterons de ce dernier tome.

C'est avec une vive émotion que je suis en train de rédiger ces quelques lignes. Joseph Delaney m'accompagne depuis vingt années maintenant, avant même qu'il ne soit connu en France. Je ne suis qu'être attristé par son décès tant pour l'homme que pour son oeuvre qui m'a procurée d'excellents moments de lecture remplis de valeurs que j'affectionne tant.

Il est indispensable de préciser que ce roman a été finalisé moins de quatre semaines avant la disparition de Joe qui a été publié dans l'état sans le moindre remaniement par la maison d'édition faisant ainsi de ce premier jet le texte le plus authentique que vous pourriez avoir l'occasion de lire dans la série consacrée à l'épouvanteur (& Cie).

C'est toujours un véritable plaisir de retrouver les aventures de l'épouvanteur du Comté. Elle est loin l'époque de John Grégory ou bien encore de Tom Ward, mais l'avénement De Wulf a redonné un coup de peps à une série qui commençait à s'essouffler. Certains lecteurs pourraient regretter ce choix de Joseph Delaney, surtout en ce qui concerne le rythme nettement plus rapide de l'intrigue. Je dois bien admettre que certains passages semblaient avoir être précipité, notamment en ce qui concerne les deux « combats de Boss ». Il est, effectivement, perturbant de passer 30 pages sur une banale sorcière quand il suffit de trois lignes afin d'exterminer un Dieu de l'Obscur.

Ce quatrième volume de Frère Wulf n'était pas supposé être le dernier de la série, mais il n'aurait pas pu exister une meilleure fin, un peu comme si l'auteur lui-même étant conscient qu'il était essentiel de proposer aux lecteurs une aventure comme il n'aurait jamais pu leur proposer à travers ses personnages, à savoir vivre sa propre histoire.
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Une grande saga se termine définitivement avec ce dernier tome. Et quelle aventure ! Je suis partagée entre la tristesse de devoir quitter cet univers si riche et la joie ainsi que la reconnaissance d'avoir pu entrer dans la vie de tous les protagonistes.

Monsieur Delaney, merci pour cet héritage fabuleux que vous laissez derrière vous !

Tom, Alice, Gregory, Grimalkin, Thorne, Wulf, Jenny, Sliter et consort... Vous allez terriblement me manquer !

Ce dernier livre clôture parfaitement la fin de cette grande histoire. Bien sûr, on sent que cela aurait pu continuer encore. Mais le départ de l'auteur signe, comme la maison d'édition le dit si bien, le début de l'histoire que nous pouvons continuer à créer dans nos imaginaires. Sans doute pas avec la même force que celle De Wulf mais du moins, pouvons nous essayer 😉