AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,36

sur 293 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Comme moi, vous devez probablement avoir des auteurs dont vous ne ratez aucune de leurs nouveautés. Pour moi, mon écrivaine chouchou c'est Chloé Delaume. Ses mots résonnent en moi comme jamais. Son parcours chaotique, son enfance traumatique, ses souffrances psychiques me ressemblent tant et plus. J'attendais donc avec grande impatience le prochain livre de cette auteure.

Le personnage central n'est autre que Clotilde. La pauvre folle qui n'aime ni les enfants ni les hommes, ni le réel, Clotilde "flotte en société comme l'ombre d'un astre mort", elle vit seule dans son petit appartement parisien avec son chat siamois Citrouille. Et puis ses petites pilules car Clotilde souffre de bi-polarité. Clotilde est aujourd'hui une femme déboussolée et perdue dans un train qui, de gare en gare, l'emmène à la fin du monde... Elle doit régler son histoire de coeur avec Guillaume, homosexuel, une histoire toxique qui l'a probablement rendue folle et qui la ronge depuis des années.

Elle plonge dans le puits sans fond de sa mémoire pour tirer à la surface les cicatrices qui l'habitent. Elle fait appel aux souvenirs d'une enfance meurtrie et retrace méthodiquement l'origine de sa bi-polarité, marquée par le féminicide tragique de sa mère quand elle avait dix ans. le thème omniprésent de la santé mentale est un fil conducteur récurrent dans les livres de Chloé Delaume (comme son enfance fracturée dans "Le cri du sablier" et ses pulsions suicidaires dans "Eden matin midi et soir"). Sous le couvert d'un pamphlet sociologique, médical ou même féministe, l'auteure dissèque le psyché complexe de Clotilde.

La première partie du livre, centrée sur les troubles mentaux déchirants de Clotilde, m'a indubitablement captivée.

Cependant, la suite m'a plongée dans une perplexité croissante. L'auteure semble se perdre dans un enchevêtrement confus de sujets variés (le célibat, la sonorité, les mouvements metoo et LGTB, l'homosexualité, la prostitution, l'amour toxique,...), tout cela grouillant anarchiquement sans suivre une trame littéraire cohérente.

L'auteure se disperse à mon sens à tous vents. La vie détaillée de Clotilde semble perdre toute connexion avec sa maladie au fil des pages. le côté médical disparait pour faire apparaitre une héroïne sexiste, qui juge, qui broie, qui un jour déteste les hommes pour ensuite tomber raide dingue d'un homosexuel.

Malgré ces réserves, j'ai retrouvé la plume audacieuse et provocatrice typique de Chloé Delaume qui manie les mots comme des armes et joue avec les codes traditionnels du genre littéraire avec une facilité déconcertante. Sa prose audacieuse résonne contre les murs; elle fait couler le sang des mots sur le papier; elle balance entre réalisme cru et beauté sordide; elle assombrit tout sur son passage. Certains passages offriront un certain réconfort à ceux qui souffrent de pathologies mentales tandis que d'autres défieront les conservateurs puritains un peu trop frileux.

"À user ses souvenirs on ne peut pas être vivant : le cimetière des amours mortes est son seul horizon, dans sa cage thoracique s'épuise son coeur zombie."

Lien : https://coccinelledeslivres...
Commenter  J’apprécie          10312
Une femme, la cinquantaine se rend en train à Heidelberg, en Allemagne, elle a choisit un voyage au long cours, avec moult correspondances, lui laissant le temps de reconstituer le puzzle de sa vie. Brutalement orpheline à 10 ans, traumatisée, elle parvient, aidée par la lecture et en particulier par la poésie à survivre malgré une bipolarité diagnostiquée. le patriarcat peut trembler, tant elle le secoue en revendiquant son féminisme, mais cela n'est pas aussi simple qu'elle voulait le croire, ses diverses expériences personnelles en sont la preuve !
Commenter  J’apprécie          160
Je n'avais encore jamais lu Chloé Delaume, j'en avais pourtant envie tant on m'avait vanté la beauté et la puissance de son écriture ainsi que l'intelligence de ses propos. C'est "Pauvre Folle" qui s'est finalement frayé un chemin jusqu'à ma bibliothèque grâce notamment à une vidéo de l'auteure Diglee qui le vante et le vend avec tellement de conviction et de talent qu'il est impossible de ne pas succomber à la tentation.

Clothilde est dans le train pour Heidegberg, elle fuit. Elle fuit parce que cela fait des mois qu'elle a le vertige, qu'elle est dans la tourmente, qu'elle craint de devenir folle. Folle d'amour et de douleur. Folle de brûler et d'espérer sans espoir. Elle fuit parce qu'elle a besoin de réfléchir à la situation qui la traverse et la transperce, parce qu'elle doit avancer sous peine de couler à pic, de mourir, là comme ça à cinquante ans, avant la fin du monde et les incendies. Clothilde fuit parce que son grand amour est revenu dans sa vie. Celui qu'elle a aimé comme jamais. Celui qui l'a faite souffrir comme jamais. Celui qui vit avec un autre. Celui qui aime comme Cyrano, à travers des mots mais qui ne l'aime pas, celui qui ne l'aime plus.
Cela pourrait ressembler à bien des histoires, cela pourrait être banal et au fond, ça l'est. Pourtant ça ne l'est pas parce que le récit -véritable autofiction- est porté par une idée merveilleuse de poésie et d'étrangeté: au fil des chapitres qui se succèdent, on voit Clothilde extirper littéralement de son crâne ses souvenirs les plus forts comme autant de petites pierres, de petits objets de verres et de couleurs qu'elle expose face à elle, dans lesquels elles replongent comme Rogue et Harry dans la pensine, comme une très vieille femme sur d'anciennes photos jaunies.
C'est étrange, c'est beau, c'est incroyablement cinématographique et les souvenirs en question chatoient. Certains sont satinés, doux. D'autres poissent, saignent, étouffent un cri.

Les premiers chapitres explorent l'enfance et l'adolescence de Clothilde, les souvenirs de la mère, le traumatisme fondateur de la mort de cette dernière tuée par le père de la narratrice, la bipolarité, les envies de mourir, le parcours chaotique, la prostitution, l'impossible guérison par l'écriture et toute la générosité de cette dernière. Ces chapitres, je les ai trouvés sublimes, j'en ai souligné bien des passages que j'ai lu et relu à voix haute pour en faire résonner toute la poésie.
Les chapitres suivants insistent sur les conséquences de cette enfance fracassée sur le parcours de la narratrice, sur son rapport blessé aux hommes. Tant de lucidité et pourtant tant de passion subie, c'est étrange, presque douloureux. En creux de son histoire personnelle et grâce à elle, Clothilde interroge enfin et plus largement les questions féministes qui traversent notre époque, l'après "Me too", l'impossible réconciliation entre féminisme et hétérosexualité avec autant de colère que de finesse, avec un pessimisme que je partage pas forcement mais qui m'a poussée à me questionner.

Finalement, c'est un roman bien étrange que "Pauvre Folle" qui mêle engagement féministe et intellectuel, récit brûlant et à vif d'une passion folle; qui parvient à émouvoir et à bouleverser tout en étant parfois drolatique et tellement trash; qui constitue enfin et surtout un vibrant hommage à la poésie et à son inaltérable beauté. La langue y est sublime, vraiment.
Pour autant, si j'ai aimé cette lecture, je dois confesser que je ne l'ai pas adoré non plus. Je crois que j'ai été un peu déroutée par l'alternance quasi systématique et brutale entre les passages relatifs à la passion, au débordement et ceux plus réflexifs qui ont fini par me lasser. J'ai eu parfois l'impression de lire un essai, une tribune. Or, ce n'était pas ce que je voulais, ce que j'attendais là. Et puis, j'ai trop aimé les premiers chapitres pour ne pas avoir été déçue par les suivants. Cependant, je garde en tête et dans le coeur les souvenirs-objets, la beauté à couper le souffle de la langue et l'échange de Clothilde avec sa mère: "Moi, c'était sur Racine. le point commun, tu sais, c'est les alexandrins". Mon envie de relire Rimbaud aussi.






Commenter  J’apprécie          141
J'ai reçu Pauvre folle dans le cadre de la masse critique d'automne. Je ne suis pas habituellement une grande lectrice de Chloé Delaume, j'ai seulement lu le Coeur synthétique, qui ne m'a pas déplu mais dont je garde un souvenir vague. J'ai trouvé la quatrième de couverture assez intrigante pour me porter volontaire.
Et en effet, on peut se fier à cette présentation : on y aborde le féminicide parental, la bipolarité, la passion. Tout de suite on devine que le personnage principal est un alter ego de l'autrice et qu'il s'agit d'autofiction, style revendiqué par Chloé Delaume dans nombre de ses ouvrages. Cette introspection débute, s'étire et prend fin lors du voyage solitaire de Clotilde Mélisse, le personnage principal donc, en train, à travers l'Allemagne. J'ai d'abord été assez séduite par le style de Chloé Delaume et par les souvenirs évoqués, un peu fascinée même par la narration de l'enfance et de l'adolescence. Assez accrochée pour me réjouir de lire la suite dès que possible. Et puis est arrivée pour moi la longue description de cette ancienne histoire d'amour, de tous ses détails et par-dessus tout de l'univers virtuel/imaginaire/littéraire que se sont créés les deux amants. Un univers qui pourrait séduire les amateurs de contes : c'était un peu trop fantaisiste pour la pauvre cartésienne que je suis. Mais d'un autre côté, j'ai parfois eu l'impression de lire un scénario de film, tant Chloé Delaume suscite facilement les images qui accompagnent son récit. Et puis, en tant que femme, je me suis retrouvée et ai été émue à plusieurs reprises par les états d'âmes évoqués par le personnage principal. Enfin, Chloé Delaume fait des parenthèses incrustées dans le cours du récit pour reprendre les propos qu'elle a pu exprimer dans d'autres ouvrages sur le féminisme et sur ce que lui inspirent les hommes, et cette vision me semble suffisamment proche de celle de Virginie Despentes pour que j'y songe à plusieurs reprises.
Un livre qui devrait plaire aux fans de Chloé Delaume, de poésie, et qui s'inscrit bien dans l'air de notre temps et de l'introspection personnelle bien fouillée ; un peu décevant peut-être pour les amatrices de sensations nouvelles comme moi ?
Je remercie Babelio et les éditions du Seuil de m'avoir fait parvenir le dernier ouvrage de Chloé Delaume.
Commenter  J’apprécie          40
Une histoire intéressante mais que j'ai eu un peu de mal à suivre par moment, car je l'ai trouvée un peu décousue.
Le thème est intéressant: tomber amoureuse d'un gay en étant bisexuelle, et en étant déçue par les hommes et les femmes.
Là notre héroïne trouve l'homme parfait à ses yeux, mais le problème : il est gay, en couple, amoureux de son compagnon et ne le quittera pas.
S'ensuit, l'égrenage des souvenirs de cette histoire terminée, au long d'un voyage en train, où la narratrice revit les étapes de cette histoire.
L'écriture est puissante, forte et riche en émotions, mais parfois décousue, et trop détaillée.
C'est malgré cela, un roman intéressant par le thème et la façon de raconter l'histoire en sortant un à un les souvenirs pour les assembler pour en former un puzzle complet.
Commenter  J’apprécie          30
Il n'y a rien de classique dans la construction de ce récit, où au gré d'un voyage en train, Clotilde, la "pauvre folle", reconstruit pièce par pièce le puzzle de sa vie, plus spécifiquement sentimentale. L'originalité de la narration est plaisante et surprend autant que ce personnage, haut en couleur et bipolaire, qui ne cesse d'osciller entre réalité et monde imaginaire. le tout offrant un peu de fraîcheur dans la manière de traiter une histoire "d'amour" autour des relations de manipulation et de pervers narcissique.
Cependant, c'est aussi ce point fort qui peut rapidement perdre le lecteur, car on rentre tellement dans l'esprit tortueux de l'héroïne que l'on doit attendre plus de 70 pages pour que le tout "démarre" enfin. Il y a quelque chose de pompeux et d'agaçant dans la manière dont la narration s'écoule. Résultat, à part être témoin, on a bien du mal à s'identifier ou prendre en empathie, Clotilde, la Reine, face à son Monstre, Guillaume.
Commenter  J’apprécie          30
Je suis très partagée après avoir lu ce roman.
Si le sujet est intéressant - un voyage en train pour laisser au personnage principal Clotilde de faire le point sur sa vie- et prendre une décision dans un monde à bout de souffle, le style me laisse perplexe.
Des paragraphes d'une dizaine de lignes se suivent, sans véritable lien. Mais, le lecteur comprend qu'ils font partie d'un puzzle, celui de la pensée de Clotilde, et ces idées se croisent dans le passé et le présent pour arriver au dernier chapitre "Tout le monde descend" qui me semble le mieux écrit, l'arrivée du train et la décision que l'héroïne prend : "La fin du monde n'a pas du tout la forme prévue"
Commenter  J’apprécie          30
Première déception rentrée littéraire : Pauvre folle de Chloé Delaume
Un cauchemar pour terminer ce roman.
Les réflexions d'une femme, la cinquantaine, le temps d'un trajet en train. Clotilde a un passé douloureux, son père a tué sa mère sous ses yeux avant de se suicider. Elle est célibataire sans enfants et déteste les hommes, autant qu'elle peut les désirer.
Elle s'interroge sur sa relation avec Guillaume, homosexuel et sur sa maladie (bipolarité)
À la lire, elle est une victime éternelle des hommes, s'évertuant à devenir une guérillère. Elle en devient crispante, difficile à suivre. Au début du roman, on retrouve l'écriture, la dérision, le cynisme qui font la personnalité de l'auteur. Mais ça se gâte et la lecture devient un calvaire à suivre. Tout finit par sonner faux. Il m'a manqué le côté références médicales sur la bipolarité
Extraits :

Clothilde éprouvait de l'aversion pour les personnes exerçant le pouvoir patriarcal, pas pour tout être humain doté de testicules. En fait, elle était juste antiphallocrate, mais le terme semblait éculé. Ce qu'elle détestait, ce n'était pas le couillidé par essence, c'est ce qui les constituait socialement et culturellement.

Chloé Delaume, Pauvre folle

Elle écarte ses cheveux et pioche au fond de son crâne ses souvenirs un à un, les étale sur la tablette du train, devant elle, avec mille précautions, avant de les observer. La forme et la texture de ses souvenirs varient, mais tous sont minuscules. […] Certains sont durs, ronds et compacts ; d'autres épais et gélatineux. […] Quelques-uns sont en grappe, rattachés par des filaments ; pas des grains de raisin, des bulles de sang, d'ambre liquide, de fumée bleue.

Chloé Delaume, Pauvre folle
#booksta #rentreelitteraire2023 #deceptionlivresque #bookstagram
Commenter  J’apprécie          00
Lors d'un long trajet en train qui va l'amener jusqu'à Heildeberg, Clotilde Mélisse, bientôt 50 ans comme l'auteure (ce n'est d'ailleurs pas le seul point commun, loin de là), analyse ses souvenirs fondateurs. Un chapitre, un souvenir depuis le plus jeune âge. Se succèdent dans l'ordre chronologique de sa vie : l'amour de la poésie par sa mère, l'uxoricide, l'adolescence tourmentée chez sa tante maternelle, ses tentatives de suicide, sa bipolarité, ses séjours en HP, ses traitements, la prostitution, l'écriture pour survivre. Dans le premier tiers, j'ai beaucoup aimé l'écriture au couteau, vraie, chère à Chloé Delaume, elle ne triche pas.
Et puis dans les souvenirs fondateurs arrive celui de Guillaume, qui prendra les 2/3 du roman : un amour passionné et épistolaire, l'amour de sa vie. Avec Guillaume, qui se revendique gay, elle peut se défaire de tout ce qui est lié au patriarcat, quoique… en effet, la manipulation, le jeu et l'emprise ne sont pas loin, c'est un amour qui la rend « folle ».



Commenter  J’apprécie          00



Lecteurs (761) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5275 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}