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Citations sur Eucharis (10)

ENFANCES

XX


La terre plate au four céleste lève comme
Une galette à la croûte dorée. Le vin
Des nuits reflété par les fleuves, les mers,
Vieillit dans le secret des ombres sidérales, attendant
Quelles noces, quel céleste festin ?

p.35
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Qui témoigne de la sollicitude?
Qui

Passe dans l'ombre bleue des ifs?
L'ange

Sur le mur blanc ne projette aucune ombre, et s'avance

Vers la chambre modeste, au cœur du monde, traversant

Le jardin bleu semé de buis où chante suavement

La tourterelle.
Et vous étiez assise,

Songeant à la maison cachée dans l'ouvrage de l'aube,

Qu'éclairent des soleils qui ne s'épuisent pas.
Que selon la

parole,
Il en soit fait ainsi.
Et la parole irradie le vitrail
De votre corps, au jour qu'avait fixé selon votre douceur
Celui qui nidifie le mercure des eaux, pour que
Se renouvelle le jardin, plus suave que la nuit captive
Au cœur humide et capiteux des roses du matin.
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La maison est proche, à peine visible mais si belle,

Saurons-nous l'atteindre?

Les routes dorées sur l'envers des champs

Finissent par pourrir; ainsi les feuillages

Ruissellent ensemble, et les eaux volages

Courent à l'envi jusqu'aux embouchures,

Pour se perdre aux vents - et la mer lascive

Essuie les douleurs, efface les pages.

Il reste le murmure très aimant des branches;

L'écharpe des fumées salue les nuages,

Et ce frémissement si proche : qui

Déplie le vent, ouvre la page,

Puisque tout s'enfuit, même le souvenir?

Les mots maladroits qu'assemble le poème

Tentent bien de dire qui n'a pas de nom.

Un soir souviens-toi du murmure des étoiles,

De la nappe où l'on a disposé

Le pain azyme et blanc, le cratère doré

Où se dresse un agnelet de neige.
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CHANT DE PÂQUES

Lorsque le crépuscule du matin

S'unit aux nuits crépusculaires,

Alors nous verrons poindre la paix promise.

La paix soit avec vous pour une nuit sans fin,

La nuit de haut large et lumière.

Sur les tombes ouvertes s'ébroue le matin,

Et le vent fuyant conduit au couchant

La mort soumise et solitaire.

Les nuits vieilles s'enfuient, l'angoisse et tant de crainte.

Alors nous avions peur : qui grince dans la porte;

Qui rôde autour de l'arbre gris; au fond

De nous, des inconnues hostiles nous adressaient des signes.

Enfin s'unit le jour à la nuit douce en
Lui,

Nuit renversée de l'ombre, et convertie

Pour les yeux seuls qui contemplent quand

Les autres se ferment.
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CHANSON

Le temps ravit les jours anciens

Les mois les heures les années

Ce que je suis ne sera plus

Je ne puis revenir aux lieux ensevelis Aux maisons froides aux jardins morts Je dirai sur la splendeur étale des plaines L'horizon où s'enfuirent les nues

Je suis la terre et le déclin des branches Le chant l'oubli du chant la parole déprise Sollicitude sans emploi mains aux ressources vagues J'ai connu la douleur l'espérance la
joie

Le temps ravit les jours anciens

Les mois les heures les années

Ce que je suis ne sera plus

Tristes oiseaux craignant le froid Les jours défilent puis se rompent La mort se cache dans le soir Quand la lampe faible s'allume

S'en reviendront l'hiver et les pas étouffés Dans la neige immobile sur les trottoirs L'heure pâlit à la fin de l'été Ce que je suis ne sera plus

Le temps ravit les jours anciens

Les mois les heures les années

Je n'étais rien le temps me dilapide.
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CAMPAGNE

Ici la foule des tournesols

Courbe vers l'orient ses têtes recueillies,

Serrées dans le drap jaune des cornettes, souriantes.

Le jour décroît, aussi la mansuétude est douce

Parmi les orges fraternelles, versant au coin du champ

L'obole de la veuve au moineau roux qui loge

Dans le lierre.
L'avoine est lasse de combattre

Et fléchit lentement, au gré des vents onctueux

Sa lance.
Les filles du blé, en agitant leurs nattes blondes

De l'azur se souviennent, mourant et renaissant, où le soleil

encore,
Qu'annoncent merles, passereaux, et la mésange
Qui sautille sur le sentier fragile, resplendira.
Forêts et sombres eaux du
Cher,
Où le ciel transparent laisse pressentir
Le secret que l'eau entortille dans l'ombre;
Peupliers inquiets, chênes vétustés, saules échevelés,
Hissez du haut de vos mâtures l'astre qui roule
Sur la pente du ciel jusqu'aux mers,
Qu'il réveille les villes laides, les fermes
Dont se désagrègent les blancs tuffeaux, la lente
Eternité des caves ouvertes sur le vide.
Et le secret s'allonge sur la cendre des rivières :
Vainement la nuit déserte engendrera l'oubli.
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BABYLONE

Est-il des saints dans
Babylone, et l'eau irriguant les terrasses

Ruisselle-t-elle d'une source pure?
Qui prévaut ici-bas

Dans la lourde démarche des habitants de l'ombre, au pied

des fortifications?
Les mendiants affamés de l'invisible quittent la zone
Qui borde les maisons laides.
Babylone, ville sans désir.
Les saints dans la torpeur s'éloignent en gémissant :
Nous t'aimions, pays injuste, terre de convoitise, cité bénie
Par le soleil qui paye aux briques son tribut.
L'étoile
Abusive n'ose plus effleurer les citernes.
Le cheval peine
Sous le harnais, flétrissant de la jambe
L'ombre des pauvres sur le mur des jardins.
Babylone, ville

savante.
Nous mesurons de nos dociles instruments
Le cours des astres sur le registre de la nuit.
Ville de vieux
Hommes, ville sans passion.
Regarde au carrefour les frises
De héros qui se faufilent dans la gloire.
Entends le démocrate
User de son mensonge et la fille appeler de sa voix susurrante, À la tombée du soir, le promeneur recru de solitude.
Les guerriers sales s'en reviennent, glissent le long des murs
Bardés d'obscènes inscriptions.
Nul n'attend rien, ni demain,
Ni jamais.
Babylone, le temps continue de battre sur la grève,
Avec le cœur du soir dans l'arbre rose, et le moineau.

La mort desséchera l'enfant chétif et nu, l'homme vieux,
La carcasse du cheval mon veillé par le buisson de mouches,
Sous le regard du saint qui pleure.
La glace du désert
Pénètre dans les cœurs et les jardins abstraits.
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AUTOMNE


L'automne jette aux balcons de la ville
Les douceurs tristes des campagnes.
Nous ne les verrons plus avant l'hiver; les hirondelles
Sont parties; le feu noie les éteules de brouillards;
L'arbre déploie dans le ciel blanc sa pourpre.
Tu n'es rien
Pour eux, un voyageur à peine, le solitaire dont la main
Flatte l'échiné du cheval qui trépigne et le flanc du bouleau.
Les orties croissent en bordure des pelouses.
En bas du raidillon, les brebis continuent de lever
Au moindre bruit leurs yeux trop doux, craignant
Le boucher aux mains nues, quand le soir tombe,
Rougissant les confins des vallées.
Alors
Les haies s'emplissent de bruits nocturnes dans le bocage;
Les musaraignes ont quitté les champs; le loir
Du grenier heurte aux murs sa tête aux dents luisantes.
La sève s'en retourne à la terre endormir les ardeurs
De l'été; le mica de l'insecte est déposé dans la caverne
Molle de l'hiver, puisque descend — et toi-même
Y peux-tu quelque chose? - la mort
Que nous voulions traquer parmi les ronces,
Habitante des flaques d'argile où l'eau se désapprend À chérir le rapide visage des promeneurs,

Accoutumée depuis toujours à se glisser parmi les arbres,
Pour rejoindre dans les nues d'éphémères gisants,
Lorsque l'hiver chasse les bancs d'oiseaux des plages,
Et que l'aube verse des larmes sur les dernières roses.

II

Dans le journal qui parle de décombres,

Il jettera les épluchures des légumes,

La chevelure terreuse de la pomme à cuire.

Il me reste l'amour, dit la chanson, il me reste

Le bel amour.
Les faits divers

Tordent leur encre autour des blancs du papier sale,

Tandis qu'armé du croc de
Vulcain,

L'homme dont l'ombre croît sur les murs incertains,

Irrite le vieux poêle qui tousse et craque.
Dehors

Les troupeaux de l'hiver immuable défilent sans bruit.

Ciel de
Bohême, ciel vagabond.
Ici, du monde vaste,

Nous retiendrons le nom de paix.

Un feu de bois, le soir, nous servait de repère,

Et la tasse de lait, mise à tiédir,

Il la buvait si lentement

Sous la pendule aux aiguilles agiles,

Qu'un peu de temps s'estompait pour l'attendre.
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ART POÉTIQUE

Et tu disais, mais savions-nous comprendre? le poète

Est celui, dans la liesse, qui jonche de rameaux,

La terre où s'avance l'ânon du
Seigneur;
Jérusalem

Tremble dans la lumière, délivrée de la pesanteur

Accablante du mal.
Nous avions pressenti

Sa céleste beauté; son diadème sanglant

Scintille étrangement au-dessus des villes.
Le poème

Étend la charité de ses syllabes, la douceur

De sa musique sur l'asphalte où passe le roi glorieux

Des futures douleurs.
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Un feu dans le jardin fermé, lentement rêve.

L'arbre avare contemple son trésor inutile.

Automne campe à la fenêtre.
Ses brouillards

Ont revêtu les toits de ce silence triste

Qui fait jaillir la lampe à la proue des rideaux.

Mais où en est la nuit? dit le veilleur,

Et le rideau retombe sur la vitre éclairée.

La richesse, à quoi bon? songe tout bas la branche,

Et l'or s'écroule doucement sur les pelouses.

Là-bas, ce banc sur lequel vous aimiez vous asseoir

Est demeuré désert; et l'ombre descendue

Refoule jusqu'aux rues bruyantes les souvenirs

Qui dorent leur image sur nos branches.

Quelle est cette richesse?
Alors, le patriarche

A mis sur son épaule pour partir une besace :

Il faut gagner la nuit généreuse qui passe

Au-dessus des fumées et des visibles ciels,

Et reconnaître enfin parmi les plus lointaines

Des étoiles, celle où le souvenir

S'affine à la clarté de la lampe espérance,

Que le vent porte à l'aube et les chants à nos lèvres.
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