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sur 86 notes
Le narrateur, journaliste français d'origine russe, est en mission en Ukraine, un pays qu'il connaît bien, quand la Russie lui déclare la guerre, le 24 février 2022.

Au détour des pages, il raconte les hommes qu'ils croisent et avec qui il passe plus ou moins de temps ; leurs histoires, leurs attentes, leurs espoirs, leurs interrogations ... Il nous fait également part de ses questionnements sur son identité russe, son regard sur celle-ci qui évolue, qui change.

Quelques chapitres font revivre le passé familial de l'auteur narrateur. Sa mère, professeur de russe, fantasque, tête en l'air, imprévisible, son père né au Chili de multiples origines, ses deux soeurs aînées, sa scolarité chaotique puis sa réussite au concours d'entrée à l'école de journalisme.

L'histoire de Sacha, un vieil ukrainien qui contre toute attente se prend d'amitié pour le jeune russe Vania, prisonnier venant du groupe Wagner placé sous sa garde, est particulièrement attendrissante.

C'est un livre très bien écrit et agréable à lire, parfaitement équilibré. Un récit sincère, humain, intéressant. le sujet de la guerre est bien sûr présent, mais il y est aussi abordé le sujet des origines, de la famille, des rencontres, des amitiés et du travail d'un journaliste reporter de guerre.

C'est un livre court, 200 pages, mais dense par la variété des thèmes abordés et c'est surtout la déclaration d'amour d'un fils à sa mère, d'ailleurs le livre finit par un toast repris en choeur : "Aux mères !".

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Je suis un fidèle de Nicolas Delesalle. Que ce soit avec ses récits ou ses fictions, il m'a toujours convaincu. Il faut dire que même s'il est journaliste avant d'être romancier, il excelle dans les deux registres.

Sur la couverture de ce livre, il est écrit « roman », mais tout ce qui est raconté tend vraiment vers l'histoire vraie. Dès le début du conflit ukrainien, l'auteur est sur place pour assister aux évènements. Au plus près des gens, il peut ainsi ressentir le pouls de la population sur place et nous rendre compte. le lecteur est donc immergé dans le moment, par le biais de scènes de la vie quotidienne de ses combattants.

En parallèle de son récit, il nous raconte le destin de deux hommes issus des deux camps qui se retrouvent à vivre ensemble par la force de la guerre. Ces personnages montrent que la vie continue son chemin sur les cendres de la bataille.

Cette « Valse russe » est une danse qui nous entraîne entre réalité et fiction au coeur du monde cruel. Elle permet aussi à l'écrivain de mettre ses origines à l'épreuve. En effet, sa mère étant russe, il possède un certain nombre de souvenirs liés à ce pays. Son passé et son présent s'entrechoquent. Il peut faire le parallèle entre la Russie qu'il a connu dans sa jeunesse et la patrie destructrice qu'elle est devenue.

Ce récit d'un demi-russe en pays ukrainien est empreint d'une grande nostalgie. On sent tout le désarroi du narrateur devant la tragédie. Mais c'est aussi une version très humaine de cette guerre à travers les victimes collatérales. Nicolas Delesalle est un fin raconteur qui sait faire voyager ses lecteurs et toucher leur sensibilité. A mon goût, il n'est pas assez reconnu. Vous savez ce qu'il vous reste à faire !
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Grand reporter, Nicolas Delesalle part couvrir le conflit Russo-Ukrainien en février 2012. Téméraire.

Nicolas Delesalle porte une croix orthodoxe autour de son cou. Croix offerte par sa mère. Russe. Mère qu'il appelle à la rescousse des qu'il a besoin d'une traduction. Touchant.

Un vieil ukrainien près de Kiev marche lui aussi avec une croix orthodoxe autour du cou. Ils ne vont pas tarder à se rencontrer. Émouvant.

Le temps d'une valse à trois temps.
Les origines, le désenchantement, le renoncement.
La France, la Russie, l'Ukraine.
La guerre, l'identité, l'appartenance.

A travers ce récit romancé, Nicolas Delesalle livre un témoignage à la fois brûlant d'actualité et très intime. Il évoque, avec mélancolie et tendresse, ses souvenirs d'enfance au côté de sa mère russe. Les passages aux côtés du vieil ukrainien sont extrêmement prenants et font monter la tension narrative.
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Selon que l'on soit un vieux militaire ukrainien comme Sacha, un jeune mercenaire russe comme Vania ou un reporter français d'origine russe comme le narrateur, on ne verra pas la même guerre dans celle qui vient d'éclater en Ukraine en février 2022.

Trois personnages pour une valse à trois temps sur fond d'un conflit fraternel qui va défaire bien des certitudes sur la notion d'identité sociale

Sacha, fort de ses 73 ans, se souvient d'un pays autrefois uni qui lutta contre les dégâts de l'explosion de la centrale de Tchnernobyl et refuse malgré son grand âge, d'abandonner ceux qu'il a passé sa vie à protéger.

Vania n'est qu'un jeune délinquant, sorti des prisons russes par la milice Wagner pour combattre des ukrainiens qui ne représentent rien d'autre pour lui qu'un ennemi désigné par son état-major.

Quant au narrateur, il a toujours été, jusqu'à ce conflit en Ukraine, fier de son appartenance maternelle au peuple russe. Mais plongé « au coeur de la tragédie », il trouve sa place du côté des ukrainiens pour témoigner au monde de « l'injustice qui foudroie ce peuple et de la force qui l'anime quand son univers s'écroule ».

Entre la certitude de l'un, l'inconscience de l'autre et les doutes du dernier, cette valse russe explore les questionnements identitaires, le besoin de témoigner et le poids des liens humains.

Sous des airs de légèreté et dans un style très fluide, ce roman est en fait d'une grande profondeur. Nicolas Delesalle se sert de ses trois personnages, pour s'interroger sur le sentiment d'appartenance à un peuple et affirme qu'au-delà d'un héritage ancestral « on ne nait pas russe, on le devient ».

Un beau roman qui redéfinit l'attachement à ses origines comme un équilibre entre un héritage culturel et un choix engagé. Et c'est tout à fait passionnant.

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Reporter de guerre pour Paris Match, Nicolas Delesalle part en Ukraine couvrir le conflit qui a éclaté en Février 2022. C'est son métier, me direz-vous. Oui, à ceci près que Nicolas Delesalle est d'origine russe, par sa mère, farouchement fière de ses origines, professeure de russe, qui s'est engagée toute sa vie à prouver aux français, et à son fils, que les Russes sont des gens comme les autres, des gens bien, malgré les idées préconçues. Alors quand il voit de ses propres yeux un quartier détruit par l'aviation russe, les corps des habitants ukrainiens innocents éparpillés sous les décombres, quand il entend sa mère sangloter au téléphone avec une femme qui vient de perdre sa belle-fille, c'est tout le mythe fondateur de ses origines qu'il voit s'effondrer. Lui qui était si fier d'être russe, qui revendiquait son côté slave, qui s'est construit sur cet héritage du sang pour légitimer sa différence, tout d'un coup a honte d'être du côté de l'ennemi, de se sentir appartenir à une nation capable d'un tel carnage inhumain.

Dans ce témoignage bouleversant, Nicolas Delesalle documente avec précision les dessous de cette guerre si proche et pourtant déjà largement reléguée à l'arrière plan dans nos médias. Mêlant son histoire personnelle aux observations qu'il fait sur le terrain, il nous montre l'absurdité de cette attaque entre peuples frères, ordonnée par un dictateur mégalomaniaque manipulant ses concitoyens. Il est poignant de voir comme ce conflit vient affecter ce qu'il y a de plus profond en lui, ses racines, son héritage, l'identité même qu'il s'est construit au fil des années, jusqu'à l'amener à se déconstruire entièrement, à se dissocier de cette notion romantique de « l'âme russe ».
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De Nicolas Delesalle, j'ai deux excellents souvenirs : son arrivée en moto à la Fête du livre de Merlieux, c'était en 2018, il y a six ans déjà, et la lecture de "N'habite plus à l'adresse indiquée", roman paru un an plus tard et que j'avais aimé. "Valse russe" son nouvel ouvrage, c'est naturellement autre chose, mais c'est encore plus fort.

Dès le début de la guerre en Ukraine, j'ai acheté, et lu "Paris-Match" chaque semaine. En réalité, je veux dire que j'ai lu les reportages signés Nicolas Delesalle. Il n'était plus question de politique, non là il était question des gens, les vrais, ceux qui étaient sur le terrain, qui souffraient, qui mouraient. J'étais sidérée de tant de malheur et en même temps de courage. J'étais aussi admirative de l'engagement des journalistes qui, au péril de leur vie, étaient là présents pour nous tenir informés.

L'auteur en parle d'ailleurs dans son roman : "Lorsque je reviens en Ukraine au bout de deux mois…je suis heureux d'être là, avec ces soldats, au mauvais endroit, au mauvais moment. Je fais mon travail." Roman autobiographique ? autobiographie romancée ? – sans doute, mais on rencontre aussi, naturellement, tous les protagonistes de cette guerre affreuse, les Ukrainiens, attaqués, fuyant leurs villes bombardées et le attaquants, soldats russes ou miliciens du groupe Wagner. Et puis, surtout, le narrateur, l'auteur plutôt, l'homme qui témoigne d'un profond respect et d'un amour sans bornes pour sa mère, Russe. Elle fut sa « prof de russe », et l'emmena avec sa classe en voyage scolaire en URSS, lui qui à cette époque était fier d'être Russe, lui qui porte sur lui une croix orthodoxe cadeau de sa mère, mais qui ne parle toujours pas sa langue maternelle. La mère a une grande place dans ce récit, mais aussi Sacha, Ukrainien, et Vania, « Wagnérien », un peu par hasard. de parties de pêche en parties d'échecs, ces deux-là s'attachent profondément l'un à l'autre, démontrant toute la « connerie » de la guerre.

C'est ainsi que par chapitres alternés et à l'aide d'une belle écriture alerte et très maîtrisée Nicolas Delesalle mêle le présent et la passé, la Russie de sa jeunesse et celle qu'elle est devenue, l'amour pour sa mère et celui de son métier, son empathie pour les Ukrainiens.

"Valse russe" est un vibrant et émouvant hommage à une mère et au peuple ukrainien.

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L'auteur est un grand reporter, auteur de recueils de nouvelles.

Dans ce roman, on suit le parcours d'un journaliste français, qui a des origines russes par ses deux parents, qui se rend en Ukraine au début du déclenchement de la guerre en Mars 2022.

On suit également le parcours d'un vieil ukrainien, Sacha, qui a décidé de s'enrôler dès le début pour défendre son pays. Ancien pilote d'hélicoptère, il ne partira pas sur le front en raison de son âge mais sera chargé de surveiller un « mercenaire de la compagnie Wagner, un salaud qui avait probablement commis des crimes de guerre, ça le répugnait. » Son commandant lui ayant rappelé la valeur de ces prisonniers de guerre en cas d'échange. « Les Wagner étaient peut être des fils de pute, mais chacun valait la vie d'un soldat ukrainien ».

Vania, le jeune mercenaire, semble plutôt bête et Sacha va finalement s'habituer à lui et des liens vont se créer entre les deux hommes.

A la fin du livre, les trois hommes vont finir par se rencontrer.

Le reporter raconte sa mère, traductrice et organisatrice de voyages scolaires en Russie, dans les années 80, son rapport plutôt faible avec la langue russe, ses interrogations quant à son identité : il a peut être des traits physiques du visage slaves, il se sent profondément français dans son comportement.

Ce que j'ai aimé dans ce roman : son rapport avec l'actualité récente. Ce qu'il nous apprend sur le fonctionnement de la milice WAGNER (chaque prisonnier échangé était tué à coups de masse sur le crâne dès leur retour sur le sol russe. Pour l'exemple.)

Ce qu'il nous apprend de la psychologie russe : ceux qui sont partis à la guerre sans remettre en question les balivernes servies par le pouvoir russe, où ils se sont faits tuer, persuadés de sauver la mère patrie, la Sainte Russie.

« Aux yeux du peuple russe, Eltsine était un peu le premier garçon du village, courageux, qui sait boire et va protéger tout le monde, alors que Poutine est le magicien d'Oz. Il est l'incarnation de leurs désirs, il répond à leurs complexes. Ils croient qu'il va rendre sa grandeur à la Russie. »

« Poutine est conseillé par d'ex-kagébistes qui ont l'obsession paranoïaque du secret. Ils croient toujours que si l'on n'annonce pas une mauvaise nouvelle, elle n'existe pas. Poutine raisonne toujours comme un bolchevique, il n'y a que deux façons de voir les choses : la sienne et celle qui est fausse ».

« Poutine a agi par de lentes manoeuvres d'étranglement de la presse et de tous les opposants. »

Un roman extrêmement intéressant qui fait presque oeuvre de documentaire.

Je remercie Cultura et les Editions JC Lattès pour cette découverte.
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"Je me laisse bercer par les trois temps de la valse. Un, deux, trois, la Russie, l'Ukraine, la guerre. Un, deux, trois, les origines, le désenchantement, le renoncement. Un, deux, trois, tout avoir, tout perdre et devenir ce qu'on n'était pas." (p.200)

De ces trois temps, Nicolas Delesalle crée un récit qui nous fait voyager entre passé et présent, entre la Russie, la France et l'Ukraine, de l'intimisme des souvenirs personnels à l'universalité d'une réflexion sur l'identité.
Longtemps "fier d'être russe" par sa mère, l'auteur interroge la notion d'appartenance à un pays, à une patrie, lorsque l'actualité le conduit sur le front de la guerre russo-ukrainienne pour des reportages. le rythme de cette "Valse russe" se construit dans l'alternance entre l'horreur des scènes de guerre et la grâce espiègle des souvenirs qui émergent. La noirceur de la guerre actuelle apparaît comme enchâssée entre deux sources de lumière et d'espoir : d'un côté, l'amour profond d'un homme pour sa mère et, de l'autre, l'histoire de Sacha et de Vania, son “prisonnier”, creuset d'humanité dans une situation qui en est dépourvue.

Résumer davantage ce si beau roman me paraît inutile, voire infructueux, car il faut le lire pour en goûter toutes les facettes, toutes les richesses et nuances. La limpidité de l'écriture, aussi souple et évocatrice dans l'observation et la description des faits que précise et affûtée dans les cheminements intérieurs, fusionne avec une construction en parfaite cohérence avec le titre. Cette "Valse russe" est un concentré d'humanisme, d'une intelligence et d'une sensibilité bouleversantes. Entre rire et larmes, entre horreur et tendresse, entre révolte et renoncement, entre rêverie et réalisme, le roman de Nicolas Delesalle m'a emmenée aux confins de ce qui fait la beauté et l'abjection du monde humain et m'y a fait discerner la fragile lueur d'une indéracinable foi en l'humanité.
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L'auteur, grand reporter d'origine russe par sa mère, fait endosser son costume au narrateur qui nous entraine au coeur du conflit en Ukraine et nous livre ainsi un témoignage de l'intérieur.
Ce roman est une histoire d'origines, de racines. L'auteur se trouve face à de multiples interrogations : qu'en fait-on ? mais également, que font-elles de nous ? A quel point est-on emprisonné par ce qu'on croit être bien par rapport à ses gênes ? mais aussi, les gênes russes sont-ils dangereux ?
Jusqu'alors fier de ses origines russes, c'est en couvrant la guerre en Ukraine, que l'auteur se met à en avoir honte. Il écrit cette honte, non pas pour la libérer mais pour la partager.
Ce livre, telle une valse est traité en trois temps :
Le premier temps est celui de la guerre vue au travers du regard du reporter qui se demande pourquoi se confronter à ces évènements extérieurs à soi, pourquoi aller vers ce risque ? Il veut raconter ce qu'il voit, témoigner de ce que vivent les Ukrainiens et de toutes les atrocités dont sont coupables les russes.
Le deuxième temps est celui de sa mère, professeur de russe qui nous plonge dans les racines russes du narrateur. Elle évoque ses parents, russes blancs émigrés de la révolution de 1917. Elle essaie de convaincre les français que les russes sont des gens comme les autres mais va être confrontée à la brutale réalité lors du conflit et restera bouleversée par les atrocités qui y sont commises.
le troisième temps est la partie fictionnelle qui repose néanmoins sur des faits réels que lui a rapporté un reporter suisse. Sacha septuagénaire Ukrainien qui s'est engagé dès le début du conflit se retrouve être le geôlier de Vania, un jeune mercenaire du groupe Wagner qui ne comprend rien à cette guerre mais se retrouve piégé dans l'étau créé par Prigogine. Cette partie témoigne de la fraternité au-delà de la guerre, au-delà de la violence. Malgré la haine entre ces deux hommes que tout semble séparer, un sentiment fraternel va naître entre le vieil ukrainien et ce jeune russe qui vient remplacer son fils décédé.
L'auteur nous livre ici une petite leçon de géopolitique qui nous aide à comprendre que cette guerre était inévitable. L'Ukraine résolument tournée vers l'Europe mettait la Russie de Poutine en danger. Il nous offre également une analyse très fine de la personnalité de Poutine, de son fonctionnement intellectuel et de la façon dont il a assis son pouvoir en détruisant les oligarques les spoliant leurs entreprises et de leurs comptes en banque, en échafaudant une prison mentale où les mensonges qu'il rabâche au peuple deviennent une réalité, même pour lui, et enfin en ayant la main mise sur les médias.
Ce livre qui traite d'un fait d'actualité est édifiant et extrêmement instructif. Il traite des origines, de désenchantement, de renoncement, de la guerre, de tout avoir et de tout perdre mais aussi au final de devenir ce qu'on n'était pas.
C'est un livre, d'une grande sincérité, qui parle de cette quête intime et universelle des origines et offre un regard unique sur le conflit ukrainien.


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Cela fait un an que les Russes ont lancé l'assaut contre l'Ukraine lorsque le narrateur, un journaliste français, prend le train pour gagner Kiev. Ce pays, il le connaît déjà : il s'y était rendu dès le début du conflit. Mais ce qu'il connaît surtout c'est la Russie. Enfant, il y avait fait plusieurs séjours avec sa mère, descendante de Russes blancs, qui y organisait des voyages scolaires. Même s'il n'en maîtrisait pas la langue, se rendre là-bas c'était retrouver ses racines, faire face à un peuple avec lequel il se reconnaissait des caractéristiques physiques communes, replonger dans une histoire familiale. Mais comment considérer ces origines désormais ?

Alternant les chapitres, Nicolas Delesalle évoque la situation actuelle de l'Ukraine et l'histoire de la Russie à travers une trajectoire personnelle et familiale qui semble avoir de forts accents autobiographiques. Il privilégie ainsi une approche humaine et singulière qui présente des atouts… et des limites.

C'est en effet avec tendresse et non sans humour qu'il évoque la figure maternelle, provoquant ainsi chez le lecteur une profonde empathie. le caractère fantasque de cette femme, sur lequel il met largement l'accent, nous la rend éminemment sympathique.

Quant à la poignée de personnages qu'il rencontre lors de sa traversée de l'Ukraine, qu'il s'agisse du vieux Sacha qui, à soixante-dix ans, veut toujours défendre son pays ou de Vania, le jeune prisonnier russe dont il a la garde, ils sont dépeints avec cette même attention à la relation qui se tisse en dépit de la situation dramatique dans laquelle elle s'inscrit.

Il en résulte un texte très plaisant à lire, emmené par des protagonistes attachants, qui offre chemin faisant une certaine image du conflit russo-ukrainien. Il présente à ce propos quelques éléments intéressants et évite de sombrer dans une approche manichéenne. Mais on reste cependant sur sa faim : l'approche très intimiste choisie par l'auteur ne permet pas une réelle analyse ni une réelle compréhension des enjeux. Là n'était sans doute pas l'objectif de l'auteur, mais cette lecture a néanmoins provoqué chez moi un sentiment mitigé. Si j'étais malicieuse, je dirais que le traitement choisi n'est pas loin de celui de Paris Match, pour lequel officie Delesalle : il nous offre des instantanés poignants, jouant sur la corde sensible et présentant des destinées personnelles savamment relatées, mais qui peinent à rendre compte de l'événement dans sa globalité et sa complexité… Pourquoi pas. il faut juste adhérer à la démarche.
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