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sur 82 notes
Avec la Russie, l'Ukraine, la vie de tous ces gens pris dans une tourmente effroyable, Nicolas Delesalle, fort de son expérience familiale et professionnelle, m'emmène au plus près de cette guerre qui ravage l'est de l'Europe, dans Valse russe.
C'est en effet une Valse russe que l'auteur, grand reporter à Télérama puis à Paris Match, maîtrise bien, variant les époques et les lieux.
Tout d'abord, c'est un train qui l'emmène vers Kiev puis voici Sacha qui creuse un trou pour pêcher dans un lac gelé. Ce dernier vit à 500 mètres d'une frontière invisible entre Russie et Ukraine. Sacha parle russe, est Ukrainien, a 73 ans et, malgré son âge, a tenu à s'engager pour défendre son pays envahi par les chars russes. Après quelques mois, on lui a demandé de rentrer chez lui afin de rendre service autrement à la défense de son pays. Son voisin, Volodia, pêche aussi mais c'est la présence du jeune Vania qui intrigue. Est-ce le début d'une partie du jeu d'échecs ?
Nicolas Delesalle raconte bien. J'aime son style simple, efficace, intéressant et surtout la sincérité dont il fait preuve tout au long de ce livre que j'ai du mal à appeler roman.
D'un chapitre à l'autre, l'auteur m'emmène au coeur des combats puis revient en 1986 alors qu'il a 14 ans. C'est là que sa mère entre en scène car il fait partie d'un voyage scolaire qu'elle organise. Elle qui est née à Paris de parents russes blancs ayant fui la Révolution de 1917, enseigne la langue de ses parents, langue que l'auteur n'a pas réussi à apprendre vraiment. D'ailleurs, il n'hésite pas à appeler sa mère pour lui demander de servir d'interprète si nécessaire.
Avec ces retours en arrière expliquant bien le dilemme auquel est confronté l'auteur, c'est quand il fait partager son vécu de journaliste au plus près des combats, qu'il décrit la mécanique infernale du groupe Wagner, ou encore lorsqu'il voyage dans un train bondé fuyant la guerre, que son récit devient de plus en plus poignant. Voilà un bon moyen de prendre un peu plus conscience du drame que vivent tous ces gens menacés par les bombes et devant tout abandonner pour échapper à la mort.
Nicolas Delesalle fait de très intéressantes rencontres comme, par exemple, Igor, Constantin, Svetlana… Cette dernière demande : « de quoi sommes-nous coupables ? » et elle pleure avec la mère de l'auteur, au téléphone.
Avec son vécu en Russie ou en Ukraine, Nicolas Delesalle fait bien comprendre toute l'ineptie d'une guerre voulue par Poutine qui, après modification de la Constitution, restera au pouvoir jusqu'en 2036, soit plus longtemps que Staline ! Il aura 84 ans.
Si, victime de la désinformation, les Russes – pas tous - soutiennent la guerre contre l'Ukraine, il ne faut pas oublier le goulag que Viktor Antonovitch Boulgakov (86 ans) - rencontré par l'auteur - a vécu ou les démêlés de la mère de l'auteur avec le KGB. Ces rencontres, ces souvenirs, ces anecdotes font partie de cette Valse russe qui se termine avec Boris, reporter suisse, autour d'une grillade de brochettes d'agneau, les fameux chachliks.
Malgré ce clin d'oeil sympathique, je souligne encore toute l'importance de ce livre dont la lecture permet de prendre un peu plus conscience du drame touchant le peuple ukrainien. Ce drame est relégué au second plan, presque oublié depuis plusieurs semaines. La lecture de Valse russe m'a permis une prise de conscience salutaire menée de façon originale par Nicolas Delesalle.
Ce livre fait partie de la sélection pour le Prix des Lecteurs des 2 Rives 2024, à lire assurément

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Valse russe de Nicolas Delesalle est le destin croisé de deux personnages pris dans les méandres de l'histoire ukrainienne.
Un reporter français d'origine russe, l'auteur, se rend en Ukraine en février 2022. Certain de l'agression imminente de Vladimir Poutine, il hésite entre Kiev et le Donbass pour rejoindre finalement un poste avancé dans la banlieue de Donetsk mais c'est Kiev qui sera frappée. le photographe qui l'accompagne souffrant atrocement, ils sont forcés de battre en retraite et de prendre le train en gare de Zaporijia, où se pressent des milliers de passagers partant vers l'Ouest pour un voyage sans retour.
Tout en étant plongé au coeur du conflit, dans ce pays mis à feu et à sang, Nicolas Delesalle s'interroge sur son identité, commençant par se demander ce qu'il fiche là, quelle est la force qui l'attire, « ce n'est pas mon pays, ce n'est pas ma guerre » et quelle est la raison qui le pousse à prendre le risque de mourir ici.
Ce conflit le touche au plus près de par ses racines et le plonge dans ses propres souvenirs d'enfance, lui rappelant d'autres voyages. Il n'oublie pas le premier, cet étrange voyage scolaire en terre soviétique, en pleine guerre froide, organisé par sa mère, professeure de russe, cette mère fille d'émigrés qui avaient fui la révolution bolchevique. Un sentiment vertigineux de retrouver ses racines lui avait fait dire « Je suis chez moi ».
Mais aujourd'hui, en parcourant ces villages ravagés, et au contact de ces femmes, ces hommes et ces enfants, en colère et en pleurs, il se sent vide. Si jusque-là, il était fier de ses racines russes, c'est maintenant plutôt un sentiment de honte qui l'envahit, transpirant son déchirement et son impuissance devant cette Russie et cette Ukraine qui se délitent. Son identité est ébranlée.
Un autre personnage, Sacha, un Ukrainien de soixante-treize ans au visage dépourvu de poils depuis qu'en 1986 il a déversé des tonnes d'eau sur le réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl, qui, dès qu'il a vu passer les blindés a voulu s'engager. Il a été chargé ensuite de surveiller un jeune soldat russe Vania. Celui-ci, emprisonné pour avoir volé une oie et un agneau, piégé par les promesses de Prigojine, s'était retrouvé dans le groupe Wagner et a été fait prisonnier par les Ukrainiens. Une relation particulière s'est instaurée entre eux, entre Sacha qui a beau être Ukrainien, parle en russe, pense en russe, jure en russe et Vania, qui en arrivant à la maison en bois de Sacha se demande quelle est la différence qu'il y a entre eux deux. « On parle la même langue, on mange la même chose, on a la même culture, on vit dans les mêmes maisons, dans la même nature. »
C'est d'ailleurs cette relation entre Sacha et Vania qui va devenir au fil des heures passées ensemble et notamment à travers leurs parties d'échecs, une relation père-fils qui m'a le plus émue et qui démontre s'il en était besoin de l'absurdité de la guerre.
Avec Valse russe, Nicolas Delesalle nous plonge dans la guerre, dans ce conflit fratricide qui oppose la Russie et l'Ukraine, avec réalisme mais aussi beaucoup d'humanité pour une approche plus intime de la quête d'identité et finit par se laisser bercer par les trois temps de la valse. « Un, deux, trois, la Russie, l'Ukraine, la guerre. Un, deux, trois, les origines, le désenchantement, le renoncement. Un, deux, trois, tout avoir, tout perdre et devenir ce qu'on n'était pas. »
Valse russe de Nicolas Delesalle mêle avec brio intime et universel.

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Avec la disparition ou probablement plutôt l'élimination d'Evgueni Prigojine hier, 23 août, l'ouvrage de Nicolas Delesalle prend une tournure d'actualité rare.

Un des personnages du livre, qui couvre l'invasion criminelle par Poutine de l'Ukraine, Vania, 23 ans, a par dérision dans sa cellule de prison opté pour devenir mercenaire du groupe paramilitaire Wagner, fondé par Prigojine et Dmitri Outkine. Selon les dernières informations, tous deux plus huit autres seraient morts dans la chute de l'avion privé de Prigojine près de Tver, à environ 250 kilomètres nord-ouest de Moscou.

"Valse russe" constitue en fait un double témoignage : d'abord celui d'un reporter renommé qui s'est rendu à différentes reprises de février 2022 à mai 2023 à différents endroits d'Ukraine, tels Tchernihiv, Kiev, Bakhmout, Odessa, etc. et celui de plusieurs personnes victimes d'une façon ou d'une autre de l'initiative guerrière du maître du Kremlin.

L'ouvrage dépasse cependant le simple compte rendu ou témoignage et acquiert une dimension littéraire du fait de l'origine partiellement russe de son auteur, qui évoque avec tendresse et mélancolie ses visites en Russie comme adolescent et jeune homme avec sa mère bien-aimée, Anne Kanjounzeff, née à Paris de parents russes qui eux ont fui la révolution de 1917 et de qui il raconte avec empathie le passé mouvementé.

Ce que j'ai particulièrement apprécié dans ce livre, c'est l'honnêteté de son auteur.
Nicolas Delesalle raconte la fierté qu'il a eue pendant des années de ses racines russes, mais après avoir vu l'horreur et la misère des Ukrainiens par la faute des Russes, déclare (à la page 71) : ... pour la première fois de ma vie, j'ai honte... J'ai honte d'être russe."

Les quelque 200 pages de "Valse russe" se lisent très vite et je peux recommander cet ouvrage pour l'approche équilibrée d'un conflit sanglant qui continue de semer morts et destructions.
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" Je me laisse bercer par les trois temps de la valse Un, deux, trois, la Russie, l'Ukraine, la guerre.
Un, deux, trois, les origines,le désenchantement,le renoncement.
Un, deux, trois,tout avoir, tout perdre et devenir ce qu'on n'était pas."
Ces quelques lignes extraites de Valse russe incarnent à merveille l'esprit du livre.
Nicolas Delesalle est un reporter de guerre, il part au début du conflit en février 2022 couvrir la guerre entre la Russie et l'Ukraine.
Mais nos choix ne sont jamais indemnes de notre identité profonde.C'est le cas de Nicolas Delesalle dont la mère est russe , il a hérité de tout ce bagage identitaire dont il ne peut se défaire, qu'il revendique même haut et fort avant de comprendre à l'issue d'un long cheminement qu'il est d'origine russe mais n'est pas russe .Et l'amène à dire:
" J'ai des origines russes, mais je suis français."
C'est néanmoins cette attirance, cette quête identitaire qui le pousse vers l'Ukraine et lui fait partager le sort de l'Ukraine d'aujourd'hui meurtrie dans sa chair.
Nicolas Delesalle nous fait toucher l'absurdité de la guerre grâce à deux hommes qu'ils rencontrent.
L'un est Ukrainien : Sacha ,il a combattu avant de devenir le geôlier d'un jeune Russe qui faisait partie des troupes de Wagner.
La guerre est absurde, ces deux hommes que tout oppose deviennent des amis.Par cette très belle rencontre, Nicolas Delesalle pointe la belle idée que l'homme est un humain avant tout, qu'il peut se reconnaître avant tout comme un Homme quelque soit sa nationalité.
J'ai beaucoup aimé ce roman qui nous remplit d'espoir dans l'avenir de l'humanité et nous fait espérer que cette guerre finira bientôt.






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Il est journaliste. Malgré les origines russes de sa mère, il ne parle pas la langue. Lorsqu'elle l'a accompagné en Russie au cours de ses études, ou pour son premier reportage, elle joue le rôle d'interprète. Aujourd'hui, dans le Donbas, il n'a d'elle que la croix orthodoxe qu'il porte autour du coup et les souvenirs qu'il fait revivre dans ces pages.

Les récits se mêlent et disent la complexité actuelle qu'induit la fascination pour une nation si vaste et si riche culturellement mais vouée à l'opprobre depuis les exactions poutiniennes. D'autant que la narrateur porte sur ses traits les traces de ses origines, ce qui lui vaut parfois des vérifications d'identité musclées.

Sur le front, Vania et Sacha partagent leur repas après une pêche dans la glace ou une partie d'échecs. Sacha a voulu s'engager malgré son âge. Vania un milicien du groupe Wagner, prisonnier, attend d'être échangé…

Ode d'amour pour une mère fantasque et sans complexe, dont la ferveur pour son pays d'origine est difficile à partager sans conflit de loyauté dans le contexte actuel, le récit nous plonge aussi au coeur de la guerre, de sa cruauté et de ses contradictions.

199 pages Lattès 23 août 2023
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Acquis le 1er septembre 2023 - Librairie Chantelivre / Issy -Les-Moulineaux.

Une lecture très appréciée....qui remue les tripes par la justesse du propos et la volonté tenace de l'écrivain d'être au plus près des hommes, femmes et enfants rencontrés, dans la folie de la guerre !

Le plus grand des hasards... en écoutant une chaine d'informations... j'ai entendu une voix singulière, toute en retenue, contenant une émotion indicible...Il s'agissait du grand reporter Nicolas Delesalle, racontant brièvement une histoire dans son immersion ukrainienne, qui le mettait dans un noeud d'émotions et de déchirements très communicatif, situant en plus, au coeur de l'anecdote , sa maman, d'origine russe ...

Journaliste, grand reporter, fils d'une mère russe et d'un père chilien, Nicolas D. a jusqu'à l'attaque de l'Ukraine par la Russie, été extrêmement fier de ses origines russes, en ayant, de surplus, une Maman russe peu banale, enseignante brillante, ayant passé sa vie à faire connaître et aimer sa Russie..., tenter de réduire les incompréhensions entre la Russie et l'Europe, par ses doubles fonctions d'enseignante, et d'organisatrice de voyages culturels en URSS, afin de tenter de réduire les malentendus...et la mauvaise appréhension de son pays ...

"Depuis sa naissance à Paris, de parents russes blancs émigrés de la Révolution de 1917, ma mère essaie de convaincre les Français que les Russes sont des gens comme les autres.Et pour satisfaire ce dessein étrange, elle s'est mise à organiser régulièrement des voyages en URSS en pleine guerre froide. (...)

Ma mère pense différemment. Russe de France, elle croit que les Russes de Russie sont presque normaux, en tout cas juste assez normaux pour ne pas avoir envie de détruire le monde
" même s'ils ont beaucoup souffert après soixante-dix ans de communisme. "

Ainsi l'auteur, va pour la première fois, en Russie, dans la terre maternelle, en 1988; il a 14 ans, et combien il est fier !...

Tout a basculé avec l'attaque de l'Ukraine par Poutine, en février 2022. Il se retrouve sur le terrain, comme grand reporter... et toutes ses certitudes, sa fierté d'avoir des racines russes s'écroulent, tristement, cruellement, en même temps que le rêve de toute la vie de sa mère
( souhaitant tant faire comprendre la richesse et la grandeur historique, culturelle de la Russie )...
Tout explose tragiquement !

"Ma grand-mère a rejoint Samuel en 1988, après 38 ans d'attente, trente-huit ans de vie pour rien. Elle a demandé à être enterrée avec toutes ses lettres d'amour.

Anna et Samuel reposent côte à côte au Père- Lachaise. Je passe souvent les saluer, m'imprégner de leur force, de leur histoire. Je leur raconte ma vie, mes emmerdes, la marche du monde. Depuis la guerre en Ukraine, je ne suis pas allé les voir.Je ne sais pas comment leur annoncer la nouvelle. Je n'ai pas de mots pour leur dire que, pour la première fois de ma vie, j'ai honte.J'ai honte de leur sang.J'ai honte d'être russe."

Bien loin de moi, le voyeurisme de ce conflit tragique, inhumain; ce qui m'a fait acquérir aussitôt ce livre de Nicolas Delesalle, ce sont ses déchirements, sa colère, son impuissance, son engagement ambiguë de grand reporter, ainsi que la sincérité de tous ses questionnements, sa nécessité de témoigner, de DIRE, d'engager au maximum son rôle de porte-parole, de reporter , mais aussi le chagrin sans limite pour ses racines, et l'amour fou de sa mère pour son pays, battu à mal...!!...

Ce récit interpelle...l'auteur souffre et veut rendre compte de tous ces anonymes massacrés, broyés , entraînés dans la folie guerrière d'un Poutine qui met à mal jusqu'à son propre peuple...Parmi ces hommes et femmes, un jeune homme, Vania, entraîné de force dans le groupe Wagner...gardé et protégé un moment par un vieil Ukrainien qui l'a pris sous son aile !

Nicolas D. s' interroge dans un même temps sur le Pourquoi de ce métier de " grand reporter" qu'il a choisi et dans lequel il persiste...

"Le train de la dernière chance s'enfonce dans la nuit.Un.sentiment ambivalent, que j'éprouve toujours en zone de guerre, monte du fond de mon ventre: je suis à ma place.L'angoisse, la peur sont balayées par ma certitude d'être là où je dois être, au coeur de la tragédie que vivent les Ukrainiens. Je suis là pour témoigner et recueillir leurs histoires afin qu'ailleurs, loin d'ici, le monde sache contre quels vents contraires ils s'épuisent, quelle injustice les foudroie, et surtout quelle force les anime quand leur univers s'écroule.Dans la même seconde, je devine que mes mots ne changeront pas le cours de l'histoire et n'arrêteront pas la guerre .Des cailloux jetés dans l'écume d'un torrent. Mais chaque fois je pense au Sisyphe de Camus; je regarde rouler mes cailloux et je choisis de mépriser mon impuissance. "

Dans ces courts chapitres remplis de " crimes contre les hommes" ...demeure l'image lumineuse et bienveillante de la Mère de l'écrivain, incroyable femme solaire, vaillante, généreuse et fantasque. ; Un amour et un hommage filial intense:" Ma mère est capable de tout, depuis toujours"...

Présence maternelle intense qui maintient l'Espoir au fil de ces récits tragiques...De nombreuses anecdotes sur cette mère aimante et engagée...certaines, nous tirant de francs sourires et rires !
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Ce livre est plutôt une bonne surprise, où se dévoile le reporter de guerre Nicolas Delesalle: car il n'est pas simple de couvrir un conflit quand l'agresseur est le pays maternel mythifié qui a le goût de l'enfance, celui du boeuf Stroganoff.
Delesalle confronte donc à la souffrance des Ukrainiens pleurant leurs morts et fuyant les combats ses souvenirs de petit Tatar, aux yeux un peu trop bridés pour ne pas rendre perplexes ses camarades de classe (et lui-même), né en France au terme des pérégrinations compliquées de ses grands-parents.
Pour échapper à cette tension entre l'enfant qu'il fut et le témoin désolé qu'il est devenu, Delesalle ajoute à son récit l'histoire de Vania le Russe et de Sacha l'Ukrainien, celle de frères ennemis qui choisiront l'humanité et l'amitié plutôt que la haine: 3° temps de la valse, ou plus exactement trait d'union pour soigner la blessure intime et continuer d'espérer.
Ce court témoignage de 200 pages n'a pas pour vocation de nous apprendre quoi que ce soit sur le conflit en cours, mais il sait nous émouvoir et même nous faire sourire par la grâce d'une mère pour qui rien ne saurait être excessif.
Seulement voilà: pourquoi proclamer sur la couverture que ce texte est un "roman"? Car si c'est ce qu'il est, il ne casse pas 3 pattes à un canard. Il vaut pour sa sincérité et l'histoire de Sacha et Vania, si elle n'est pas authentique, perd tout intérêt. Quelle est donc cette espèce de pudeur qui voudrait qu'on se confie sans dire officiellement qu'on se confie? Ou ce partage des genres selon lequel tout ce qui ne relève pas du journalisme pur et dur (si tant est que cela existe) soit relégué dans la fiction? Ou alors c'est juste parce que l'estampille « roman » est le plus sûr chemin vers le succès, voire vers un prix?
Valse mélancolique et salades russes.
(Merci à Masse critique et aux éditions JCLattès)

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Valse russe, le roman du reporter de guerre Nicolas Delesalle se place dans les premiers jours de l'invasion russe en Ukraine en décrivant la réalité de la violence des combats, les civils tués, les familles déchirées entre pro-ukrainiens et pro-russes.

Ce roman sonne comme un devoir de ne pas oublier cette guerre qui dure aux portes de l'Europe et raconte de manière plus intime les déchirements personnels de l'auteur d'origine russe par sa mère.

Nicolas Delesalle alterne récit de guerre et ses souvenirs d'un autrefois slave gravés par la musique d'une balalaïka, le nom de ses ancêtres, ses voyages de jeunesse en Russie dans le sillage de sa mère amoureuse de la culture russe.

Porté par une belle langue limpide et fluide, c'est un roman de brisure sur la désincarnation et la dépossession des hommes et des femmes de l'Ukraine et d'ailleurs qui ne savent plus qui ils sont, emportés et déchirés par la guerre qui les somme de choisir leur camp.

Vient se poser sur ces blessures comme une touche d'humanité salvatrice, la belle histoire d'amitié entre Sacha et Vania, un vieil ukrainien et un soldat russe, des noms en A qui portent en eux les mêmes paysages.
Fictive ou réelle, l'histoire se pose en touche de fond comme un vol d'oiseaux vers un autre monde possible.

Livre lu dans le cadre du Prix du Roman Fnac 2023.
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Je vous présente « Valse Russe » un Livre de Nicolas Delesalle (Français, né en 1972) ; 208 pages ; éditons J. ;-C. Lattès sorti le 23/08/2023. 3.78/5 ; 65 notes (Babelio !).
« Avant, les Russes venaient eux aussi pêcher ici, sur le même lac, sur la même glace. Tout le monde se foutait de savoir qui pêchait. Aujourd'hui, les Russes ne viennent plus. Ils ne viendront plus jamais. »
Comme le mot revient à la mode « page Turner » je dis toujours que ce qui importe c'est la façon de raconter une histoire, et je valide celle-là !
La Russie et l'Ukraine, qui entretenait des relations très cordiales, eh bien… La Russie a pris de court l'Ukraine, presque une attaque surprise. Alors que les jeunes « riaient au nez » quand on parlait de la guerre…
« Les Ukrainiens en parlent comme d'une invasion d'insectes géants. Ils surnomment les Russes, les « Orques », tandis que les Russes parlent de « nazis ukrainiens ». »
« le soir, à la télévision, Vladimir Poutine brandit la menace nucléaire pour punir les alliés de l'Ukraine. Je suis sorti sur le balcon de ma chambre d'hôtel pour fumer une cigarette lorsque les sirènes se mettent à hurler. Mais leur cri strident ne parvient pas à gâcher la beauté cristalline des ruelles enneigées. »
Un beau Livre regorgeant de bons passages comme ceux-ci.
C'est drôle quand j'étais petit mon chien s'appelait « Babou » ; Certains personnages ont honte d'être russes, d'autres en sont fiers…
Ça dépend des « croyances » politiques je pense.
« Soit ce type est 100 % naïf, soit il est 100 % calculateur, avait pensé Sacha en contemplant le désastre sur l'échiquier. »
« — J'y comprends rien. Pourquoi on vous fait la guerre, alors ?— Parce qu'on est de dangereux nazis, ironise Sacha avant de reprendre son sérieux. Parce que vous refusez qu'on ne soit pas russes. »
« — Un jour, à la radio, un type paniqué a annoncé l'arrivée d'un projectile inconnu qui battait des ailes. C'était… un oiseau ! »
« Les Russes ne naissent pas russes, ils le deviennent. »
J'ai beaucoup aimé que l'auteur joue sur les deux tableau, le côté « reportage » et le côté « aventures » du coup ça me convenait parfaitement !
« Vania porte un toast que nous reprenons tous en choeur, « Aux mères ! », tandis que la vodka gicle jusqu'aux étoiles. »
Phoenix
++
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
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« Une valse à trois temps,
Qui s'offre encore le temps
De s'offrir des détours
Du côté de l'amour ».

Le grand Jacques a-t-il inspiré le petit Nicolas ?

« Une valse a mis le temps
De bâtir un roman ».

Brel versus Delesalle, l'amour et la guerre, namour et naguère, la goure et l'amer, y a tromperie douce-amère.
Déjà deux ans de conflit, pesant et confit, encore un pour le tempo, un deux trois, un deux trois ! Quitte à valser, autant que ce soit en rythme...

Au premier temps de la valse, c'est la guerre vue par le reporter. Il est seul et il s'aperçoit que Poutine bat la mesure et il se demande pourquoi. Pourquoi se confronter à ces évènements extérieurs à soi, risqué, non ? Il veut raconter ce qu'il voit, et témoigner des atrocités, pour ne pas oublier.

Au deuxième temps de la valse, ils sont deux, elle est dans ses bras, ils comptent tous les deux, un deux trois ! C'est sa mère, prof de russe qui nous plonge dans les racines, les origines. Ses parents, russes, sont des gens comme les autres, non ? Mais le conflit va la traumatiser. Et Poutine qui bat la mesure, elle mesure son émoi.

Au troisième temps de la valse, nous valsons enfin tous les trois, Sacha, Vania et moi. Il laisse enfin éclater sa joie. Fiction à partir de faits réels. le vieil homme et le Wagner, qui ne comprend rien à cette guerre. C'est la fraternité au-delà de la guerre, s'offrir des détours du côté de l'amour.

"Je me laisse bercer par les trois temps de la valse. Un, deux, trois, la Russie, l'Ukraine, la guerre. Un, deux, trois, les origines, le désenchantement, le renoncement. Un, deux, trois, tout avoir, tout perdre et devenir ce qu'on n'était pas."

Danse gracieuse et tournoyante, à la cadence fluide et harmonieuse, ça c'est la définition.
Et bien moi, je ne me suis pas projeté, j'ai valdingué. Sans doute le tournis dû aux allers et retours permanents entre les trois thèmes choisis, entre les époques qui se mélangent, j'ai valsé.
A un moment il qualifie de « foutraque » ce qui se passe dans sa tête, j'ai eu la même impression à la lecture de son…, de son quoi d'ailleurs ?
Roman, documentaire, autobiographie ?
Un deux trois, perdu je fus dans le rendu, la mayonnaise n'a pas pris. Oeuf, huile, moutarde, un deux trois, c'est fluide, trop, je n'ai pas senti la consistance, les ingrédients n'ont pas voulu s'homogénéiser. Il manque la pincée de sel.
Fluide mais pas limpide, cette valse russe.

Un deux trois, troïka. S'il n'en restait que trois, serait-ce Ivan le Terrible, Staline et… Poutine ?
Un deux trois, la France, la Russie, l'Ukraine.
Un deux trois, la guerre, la mère, la fiction.
Un deux trois, le roman, le documentaire, l'autobiographie.
Mais il y a conflit, intérieur. Peut-être ne suis-je pas prêt pour ce rythme ? Un quatrième temps m'empêche de virevolter en cadence.

« Une valse à quatre temps
C'est beaucoup moins dansant ».

Une valse a mis l' temps,
Des mois et des ans,
Et la guerre tout autant,
C'est beaucoup plus troublant.
Y a eu trop de détours, j'ai pas senti l'amour…

2036, c'est l'année fatidique jusqu'où Poutine s'est lui-même fixé ses limites.
Plus que douze ans. Non, encore douze années, et après ? Douce année 2036 ?
Tromperie douce-amère, conflit intérieur.
Entre rire et larmes, entre gaieté et abattement, entre passé et présent, entre révolte et renoncement, entre rêverie et réalisme.
Entre, mais pas en même temps, je suis entré, mais j'ai trouvé que c'était mal rangé, la déco m'a mis K.O., impossible de m'installer, je suis ressorti.
Je suis seul et je l'aperçois, le Poutine qui bat la mesure, et je mesure mon émoi.

Et moi ? Quand vais-je éclater ma joie ?
A mon humble avis, le grand Jacques n'a pas infusé sur le petit Nicolas.

« Une valse a mis le temps
De bâtir un roman »…

Entrez dans la danse,
Voyez comme on danse,
Sautez, brûlez,
Embrasez qui vous voulez !







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