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sur 82 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Valse russe de Nicolas Delesalle est le destin croisé de deux personnages pris dans les méandres de l'histoire ukrainienne.
Un reporter français d'origine russe, l'auteur, se rend en Ukraine en février 2022. Certain de l'agression imminente de Vladimir Poutine, il hésite entre Kiev et le Donbass pour rejoindre finalement un poste avancé dans la banlieue de Donetsk mais c'est Kiev qui sera frappée. le photographe qui l'accompagne souffrant atrocement, ils sont forcés de battre en retraite et de prendre le train en gare de Zaporijia, où se pressent des milliers de passagers partant vers l'Ouest pour un voyage sans retour.
Tout en étant plongé au coeur du conflit, dans ce pays mis à feu et à sang, Nicolas Delesalle s'interroge sur son identité, commençant par se demander ce qu'il fiche là, quelle est la force qui l'attire, « ce n'est pas mon pays, ce n'est pas ma guerre » et quelle est la raison qui le pousse à prendre le risque de mourir ici.
Ce conflit le touche au plus près de par ses racines et le plonge dans ses propres souvenirs d'enfance, lui rappelant d'autres voyages. Il n'oublie pas le premier, cet étrange voyage scolaire en terre soviétique, en pleine guerre froide, organisé par sa mère, professeure de russe, cette mère fille d'émigrés qui avaient fui la révolution bolchevique. Un sentiment vertigineux de retrouver ses racines lui avait fait dire « Je suis chez moi ».
Mais aujourd'hui, en parcourant ces villages ravagés, et au contact de ces femmes, ces hommes et ces enfants, en colère et en pleurs, il se sent vide. Si jusque-là, il était fier de ses racines russes, c'est maintenant plutôt un sentiment de honte qui l'envahit, transpirant son déchirement et son impuissance devant cette Russie et cette Ukraine qui se délitent. Son identité est ébranlée.
Un autre personnage, Sacha, un Ukrainien de soixante-treize ans au visage dépourvu de poils depuis qu'en 1986 il a déversé des tonnes d'eau sur le réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl, qui, dès qu'il a vu passer les blindés a voulu s'engager. Il a été chargé ensuite de surveiller un jeune soldat russe Vania. Celui-ci, emprisonné pour avoir volé une oie et un agneau, piégé par les promesses de Prigojine, s'était retrouvé dans le groupe Wagner et a été fait prisonnier par les Ukrainiens. Une relation particulière s'est instaurée entre eux, entre Sacha qui a beau être Ukrainien, parle en russe, pense en russe, jure en russe et Vania, qui en arrivant à la maison en bois de Sacha se demande quelle est la différence qu'il y a entre eux deux. « On parle la même langue, on mange la même chose, on a la même culture, on vit dans les mêmes maisons, dans la même nature. »
C'est d'ailleurs cette relation entre Sacha et Vania qui va devenir au fil des heures passées ensemble et notamment à travers leurs parties d'échecs, une relation père-fils qui m'a le plus émue et qui démontre s'il en était besoin de l'absurdité de la guerre.
Avec Valse russe, Nicolas Delesalle nous plonge dans la guerre, dans ce conflit fratricide qui oppose la Russie et l'Ukraine, avec réalisme mais aussi beaucoup d'humanité pour une approche plus intime de la quête d'identité et finit par se laisser bercer par les trois temps de la valse. « Un, deux, trois, la Russie, l'Ukraine, la guerre. Un, deux, trois, les origines, le désenchantement, le renoncement. Un, deux, trois, tout avoir, tout perdre et devenir ce qu'on n'était pas. »
Valse russe de Nicolas Delesalle mêle avec brio intime et universel.

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Avec la disparition ou probablement plutôt l'élimination d'Evgueni Prigojine hier, 23 août, l'ouvrage de Nicolas Delesalle prend une tournure d'actualité rare.

Un des personnages du livre, qui couvre l'invasion criminelle par Poutine de l'Ukraine, Vania, 23 ans, a par dérision dans sa cellule de prison opté pour devenir mercenaire du groupe paramilitaire Wagner, fondé par Prigojine et Dmitri Outkine. Selon les dernières informations, tous deux plus huit autres seraient morts dans la chute de l'avion privé de Prigojine près de Tver, à environ 250 kilomètres nord-ouest de Moscou.

"Valse russe" constitue en fait un double témoignage : d'abord celui d'un reporter renommé qui s'est rendu à différentes reprises de février 2022 à mai 2023 à différents endroits d'Ukraine, tels Tchernihiv, Kiev, Bakhmout, Odessa, etc. et celui de plusieurs personnes victimes d'une façon ou d'une autre de l'initiative guerrière du maître du Kremlin.

L'ouvrage dépasse cependant le simple compte rendu ou témoignage et acquiert une dimension littéraire du fait de l'origine partiellement russe de son auteur, qui évoque avec tendresse et mélancolie ses visites en Russie comme adolescent et jeune homme avec sa mère bien-aimée, Anne Kanjounzeff, née à Paris de parents russes qui eux ont fui la révolution de 1917 et de qui il raconte avec empathie le passé mouvementé.

Ce que j'ai particulièrement apprécié dans ce livre, c'est l'honnêteté de son auteur.
Nicolas Delesalle raconte la fierté qu'il a eue pendant des années de ses racines russes, mais après avoir vu l'horreur et la misère des Ukrainiens par la faute des Russes, déclare (à la page 71) : ... pour la première fois de ma vie, j'ai honte... J'ai honte d'être russe."

Les quelque 200 pages de "Valse russe" se lisent très vite et je peux recommander cet ouvrage pour l'approche équilibrée d'un conflit sanglant qui continue de semer morts et destructions.
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" Je me laisse bercer par les trois temps de la valse Un, deux, trois, la Russie, l'Ukraine, la guerre.
Un, deux, trois, les origines,le désenchantement,le renoncement.
Un, deux, trois,tout avoir, tout perdre et devenir ce qu'on n'était pas."
Ces quelques lignes extraites de Valse russe incarnent à merveille l'esprit du livre.
Nicolas Delesalle est un reporter de guerre, il part au début du conflit en février 2022 couvrir la guerre entre la Russie et l'Ukraine.
Mais nos choix ne sont jamais indemnes de notre identité profonde.C'est le cas de Nicolas Delesalle dont la mère est russe , il a hérité de tout ce bagage identitaire dont il ne peut se défaire, qu'il revendique même haut et fort avant de comprendre à l'issue d'un long cheminement qu'il est d'origine russe mais n'est pas russe .Et l'amène à dire:
" J'ai des origines russes, mais je suis français."
C'est néanmoins cette attirance, cette quête identitaire qui le pousse vers l'Ukraine et lui fait partager le sort de l'Ukraine d'aujourd'hui meurtrie dans sa chair.
Nicolas Delesalle nous fait toucher l'absurdité de la guerre grâce à deux hommes qu'ils rencontrent.
L'un est Ukrainien : Sacha ,il a combattu avant de devenir le geôlier d'un jeune Russe qui faisait partie des troupes de Wagner.
La guerre est absurde, ces deux hommes que tout oppose deviennent des amis.Par cette très belle rencontre, Nicolas Delesalle pointe la belle idée que l'homme est un humain avant tout, qu'il peut se reconnaître avant tout comme un Homme quelque soit sa nationalité.
J'ai beaucoup aimé ce roman qui nous remplit d'espoir dans l'avenir de l'humanité et nous fait espérer que cette guerre finira bientôt.






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Acquis le 1er septembre 2023 - Librairie Chantelivre / Issy -Les-Moulineaux.

Une lecture très appréciée....qui remue les tripes par la justesse du propos et la volonté tenace de l'écrivain d'être au plus près des hommes, femmes et enfants rencontrés, dans la folie de la guerre !

Le plus grand des hasards... en écoutant une chaine d'informations... j'ai entendu une voix singulière, toute en retenue, contenant une émotion indicible...Il s'agissait du grand reporter Nicolas Delesalle, racontant brièvement une histoire dans son immersion ukrainienne, qui le mettait dans un noeud d'émotions et de déchirements très communicatif, situant en plus, au coeur de l'anecdote , sa maman, d'origine russe ...

Journaliste, grand reporter, fils d'une mère russe et d'un père chilien, Nicolas D. a jusqu'à l'attaque de l'Ukraine par la Russie, été extrêmement fier de ses origines russes, en ayant, de surplus, une Maman russe peu banale, enseignante brillante, ayant passé sa vie à faire connaître et aimer sa Russie..., tenter de réduire les incompréhensions entre la Russie et l'Europe, par ses doubles fonctions d'enseignante, et d'organisatrice de voyages culturels en URSS, afin de tenter de réduire les malentendus...et la mauvaise appréhension de son pays ...

"Depuis sa naissance à Paris, de parents russes blancs émigrés de la Révolution de 1917, ma mère essaie de convaincre les Français que les Russes sont des gens comme les autres.Et pour satisfaire ce dessein étrange, elle s'est mise à organiser régulièrement des voyages en URSS en pleine guerre froide. (...)

Ma mère pense différemment. Russe de France, elle croit que les Russes de Russie sont presque normaux, en tout cas juste assez normaux pour ne pas avoir envie de détruire le monde
" même s'ils ont beaucoup souffert après soixante-dix ans de communisme. "

Ainsi l'auteur, va pour la première fois, en Russie, dans la terre maternelle, en 1988; il a 14 ans, et combien il est fier !...

Tout a basculé avec l'attaque de l'Ukraine par Poutine, en février 2022. Il se retrouve sur le terrain, comme grand reporter... et toutes ses certitudes, sa fierté d'avoir des racines russes s'écroulent, tristement, cruellement, en même temps que le rêve de toute la vie de sa mère
( souhaitant tant faire comprendre la richesse et la grandeur historique, culturelle de la Russie )...
Tout explose tragiquement !

"Ma grand-mère a rejoint Samuel en 1988, après 38 ans d'attente, trente-huit ans de vie pour rien. Elle a demandé à être enterrée avec toutes ses lettres d'amour.

Anna et Samuel reposent côte à côte au Père- Lachaise. Je passe souvent les saluer, m'imprégner de leur force, de leur histoire. Je leur raconte ma vie, mes emmerdes, la marche du monde. Depuis la guerre en Ukraine, je ne suis pas allé les voir.Je ne sais pas comment leur annoncer la nouvelle. Je n'ai pas de mots pour leur dire que, pour la première fois de ma vie, j'ai honte.J'ai honte de leur sang.J'ai honte d'être russe."

Bien loin de moi, le voyeurisme de ce conflit tragique, inhumain; ce qui m'a fait acquérir aussitôt ce livre de Nicolas Delesalle, ce sont ses déchirements, sa colère, son impuissance, son engagement ambiguë de grand reporter, ainsi que la sincérité de tous ses questionnements, sa nécessité de témoigner, de DIRE, d'engager au maximum son rôle de porte-parole, de reporter , mais aussi le chagrin sans limite pour ses racines, et l'amour fou de sa mère pour son pays, battu à mal...!!...

Ce récit interpelle...l'auteur souffre et veut rendre compte de tous ces anonymes massacrés, broyés , entraînés dans la folie guerrière d'un Poutine qui met à mal jusqu'à son propre peuple...Parmi ces hommes et femmes, un jeune homme, Vania, entraîné de force dans le groupe Wagner...gardé et protégé un moment par un vieil Ukrainien qui l'a pris sous son aile !

Nicolas D. s' interroge dans un même temps sur le Pourquoi de ce métier de " grand reporter" qu'il a choisi et dans lequel il persiste...

"Le train de la dernière chance s'enfonce dans la nuit.Un.sentiment ambivalent, que j'éprouve toujours en zone de guerre, monte du fond de mon ventre: je suis à ma place.L'angoisse, la peur sont balayées par ma certitude d'être là où je dois être, au coeur de la tragédie que vivent les Ukrainiens. Je suis là pour témoigner et recueillir leurs histoires afin qu'ailleurs, loin d'ici, le monde sache contre quels vents contraires ils s'épuisent, quelle injustice les foudroie, et surtout quelle force les anime quand leur univers s'écroule.Dans la même seconde, je devine que mes mots ne changeront pas le cours de l'histoire et n'arrêteront pas la guerre .Des cailloux jetés dans l'écume d'un torrent. Mais chaque fois je pense au Sisyphe de Camus; je regarde rouler mes cailloux et je choisis de mépriser mon impuissance. "

Dans ces courts chapitres remplis de " crimes contre les hommes" ...demeure l'image lumineuse et bienveillante de la Mère de l'écrivain, incroyable femme solaire, vaillante, généreuse et fantasque. ; Un amour et un hommage filial intense:" Ma mère est capable de tout, depuis toujours"...

Présence maternelle intense qui maintient l'Espoir au fil de ces récits tragiques...De nombreuses anecdotes sur cette mère aimante et engagée...certaines, nous tirant de francs sourires et rires !
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Je suis un fidèle de Nicolas Delesalle. Que ce soit avec ses récits ou ses fictions, il m'a toujours convaincu. Il faut dire que même s'il est journaliste avant d'être romancier, il excelle dans les deux registres.

Sur la couverture de ce livre, il est écrit « roman », mais tout ce qui est raconté tend vraiment vers l'histoire vraie. Dès le début du conflit ukrainien, l'auteur est sur place pour assister aux évènements. Au plus près des gens, il peut ainsi ressentir le pouls de la population sur place et nous rendre compte. le lecteur est donc immergé dans le moment, par le biais de scènes de la vie quotidienne de ses combattants.

En parallèle de son récit, il nous raconte le destin de deux hommes issus des deux camps qui se retrouvent à vivre ensemble par la force de la guerre. Ces personnages montrent que la vie continue son chemin sur les cendres de la bataille.

Cette « Valse russe » est une danse qui nous entraîne entre réalité et fiction au coeur du monde cruel. Elle permet aussi à l'écrivain de mettre ses origines à l'épreuve. En effet, sa mère étant russe, il possède un certain nombre de souvenirs liés à ce pays. Son passé et son présent s'entrechoquent. Il peut faire le parallèle entre la Russie qu'il a connu dans sa jeunesse et la patrie destructrice qu'elle est devenue.

Ce récit d'un demi-russe en pays ukrainien est empreint d'une grande nostalgie. On sent tout le désarroi du narrateur devant la tragédie. Mais c'est aussi une version très humaine de cette guerre à travers les victimes collatérales. Nicolas Delesalle est un fin raconteur qui sait faire voyager ses lecteurs et toucher leur sensibilité. A mon goût, il n'est pas assez reconnu. Vous savez ce qu'il vous reste à faire !
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Grand reporter, Nicolas Delesalle part couvrir le conflit Russo-Ukrainien en février 2012. Téméraire.

Nicolas Delesalle porte une croix orthodoxe autour de son cou. Croix offerte par sa mère. Russe. Mère qu'il appelle à la rescousse des qu'il a besoin d'une traduction. Touchant.

Un vieil ukrainien près de Kiev marche lui aussi avec une croix orthodoxe autour du cou. Ils ne vont pas tarder à se rencontrer. Émouvant.

Le temps d'une valse à trois temps.
Les origines, le désenchantement, le renoncement.
La France, la Russie, l'Ukraine.
La guerre, l'identité, l'appartenance.

A travers ce récit romancé, Nicolas Delesalle livre un témoignage à la fois brûlant d'actualité et très intime. Il évoque, avec mélancolie et tendresse, ses souvenirs d'enfance au côté de sa mère russe. Les passages aux côtés du vieil ukrainien sont extrêmement prenants et font monter la tension narrative.
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De Nicolas Delesalle, j'ai deux excellents souvenirs : son arrivée en moto à la Fête du livre de Merlieux, c'était en 2018, il y a six ans déjà, et la lecture de "N'habite plus à l'adresse indiquée", roman paru un an plus tard et que j'avais aimé. "Valse russe" son nouvel ouvrage, c'est naturellement autre chose, mais c'est encore plus fort.

Dès le début de la guerre en Ukraine, j'ai acheté, et lu "Paris-Match" chaque semaine. En réalité, je veux dire que j'ai lu les reportages signés Nicolas Delesalle. Il n'était plus question de politique, non là il était question des gens, les vrais, ceux qui étaient sur le terrain, qui souffraient, qui mouraient. J'étais sidérée de tant de malheur et en même temps de courage. J'étais aussi admirative de l'engagement des journalistes qui, au péril de leur vie, étaient là présents pour nous tenir informés.

L'auteur en parle d'ailleurs dans son roman : "Lorsque je reviens en Ukraine au bout de deux mois…je suis heureux d'être là, avec ces soldats, au mauvais endroit, au mauvais moment. Je fais mon travail." Roman autobiographique ? autobiographie romancée ? – sans doute, mais on rencontre aussi, naturellement, tous les protagonistes de cette guerre affreuse, les Ukrainiens, attaqués, fuyant leurs villes bombardées et le attaquants, soldats russes ou miliciens du groupe Wagner. Et puis, surtout, le narrateur, l'auteur plutôt, l'homme qui témoigne d'un profond respect et d'un amour sans bornes pour sa mère, Russe. Elle fut sa « prof de russe », et l'emmena avec sa classe en voyage scolaire en URSS, lui qui à cette époque était fier d'être Russe, lui qui porte sur lui une croix orthodoxe cadeau de sa mère, mais qui ne parle toujours pas sa langue maternelle. La mère a une grande place dans ce récit, mais aussi Sacha, Ukrainien, et Vania, « Wagnérien », un peu par hasard. de parties de pêche en parties d'échecs, ces deux-là s'attachent profondément l'un à l'autre, démontrant toute la « connerie » de la guerre.

C'est ainsi que par chapitres alternés et à l'aide d'une belle écriture alerte et très maîtrisée Nicolas Delesalle mêle le présent et la passé, la Russie de sa jeunesse et celle qu'elle est devenue, l'amour pour sa mère et celui de son métier, son empathie pour les Ukrainiens.

"Valse russe" est un vibrant et émouvant hommage à une mère et au peuple ukrainien.

Lien : https://memo-emoi.fr
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d'origine Russe. Habitué des scènes de guerre, car grand reporter, il s'est aussi rendu plusieurs fois en Ukraine pour couvrir le conflit. J'en conclus qu'il sait de quoi il parle et je suis intéressée par son approche.
Nicolas Delesalle s'attache à deux anti-héros : le vieil Ukrainien, Sacha, qui a combattu puis est devenu le geôlier d'un jeune Russe, Vania, engagé dans les troupes Wagner par hasard, pour sortir de la misère. Les deux hommes ont beaucoup plus de points communs que de désaccords. C'est ainsi que l'auteur veut nous démontrer l'absurdité et la complexité de ce conflit entre pays frères. La partie romanesque, reflet de ses échanges avec des Ukrainiens depuis le début du conflit, se mêle à ses réflexions sur sa "russitude" (je ne sais pas si le terme existe).
La fierté de Nicolas Delesalle pour ses origines et son physique russe est mise à mal par ce conflit. Il réalise qu'un Russe de Russie ne raisonne pas comme lui qui se considérait Russe en France. Ses rencontres avec de nombreux Ukrainiens le perturbent. S'il a dédié ce roman à sa mère, c'est sans doute en raison de l'amour enthousiaste et inconditionnel que celle-ci porte à son pays d'origine, pays certainement fantasmé. le conflit ukrainien lui fait prendre conscience qu'il ne peut plus cautionner cet attachement idéalisé à la Russie.
J'ai aimé ce regard original et sincère sur une guerre qui ne semble pas prête à s'arrêter.
#Valserusse #NetGalleyFrance
Lien : https://ffloladilettante.wor..
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Avec Valse russe, Nicolas Delesalle nous entraine en Ukraine et en Russie à différentes périodes. Il raconte les voyages de sa mère d'origine russe, combien elle était heureuse de retourner en URSS et combien elle était à chaque fois soulagée de revenir en France après s'être confrontée au système soviétique. Lui même est allé plusieurs fois en Russie et en Ukraine dans sa jeunesse, et y retourne en tant que journaliste en 2022 pour couvrir la guerre en Ukraine.

Les voyages se mélangent, les périodes aussi, il ne faut pas chercher la logique chronologique mais simplement se laisser guider par le talent de conteur de Nicolas Delesalle. Il nous décrit aussi bien son émerveillement à la découverte de l'URSS que les mésaventures de sa mère surveillée de près par le KGB, que l'incrédulité des Ukrainiens lors de l'invasion russe et tous les drames qui se jouent lorsque la population essaie de fuir l'arrivée des "Orques".

L'auteur nous raconte l'histoire de Sacha et de Vania, l'un est vieux et ukrainien, l'autre jeune et russe. Vania était en prison suite à une soirée trop arrosée, et a reçu la visite des recruteurs de Wagner ; il s'est engagé, a compris dès le premier jour qu'on l'envoyait à l'abattoir et s'est retrouvé prisonnier des Ukrainiens. Son drame est qu'il ne veut surtout pas être libéré, car il risque sa vie au retour. Vania joue l'imbécile et se retrouve sous la garde du vieux Sacha qui se lie d'amitié pour lui. Une belle histoire qui donne un peu d'espoir dans une Ukraine qui en a tant besoin.

Nicolas Delesalle nous raconte qu'il a grandi dans un quartier cosmopolite de la banlieue parisienne, où il était "le russe" à côté d'amis algériens, sénégalais ou français ou autre. Il était fier de cette origine qui le singularisait, mais depuis la guerre en Ukraine il a honte d'être russe.
Et on le comprend.
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L'auteur est français, journaliste et reporter, il a une mère russe, un père chilien. Il ne parle pas russe. Adolescent il a accompagné sa mère lors de voyages en Russie. Il était fier de ses origines russes. Mais depuis le 22 février 2022 il a honte.
Comme reporter de guerre il est parti sur le terrain, dans plusieurs villes ukrainiennes, prenant contact avec les habitants, les interrogeant.
Sacha, un vieil ukrainien, a pris sous son aile Vania, un prisonnier russe du groupe Wagner. Qui s'attachent l'un à l'autre.
L'humain face à l'humain. Pas l'ennemi face à l'ennemi. Oui c'est possible au milieu de cette guerre tueuse qui fait des milliers de victimes hommes, femmes, enfants. Tous ces morts à cause de l'orgueil immodéré d'un Poutine qui s'imagine qu'il va pouvoir recréer la Grande Russie des tsars.
L'auteur est un grand admirateur de sa mère fantasque, imprévisible, que rien n'arrête.
Un récit qui est prenant car plein de sincérité, de vérité. Qui ouvre les yeux, les oreilles sur la réalité, la monstruosité de la guerre. Qui ouvre aussi une fenêtre vers un certain espoir.
Une lecture qui malgré le sujet laisse aussi place à l'humour. J'ai apprécié le livre. A lire.
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