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3,77

sur 86 notes
Le narrateur, journaliste français d'origine russe, est en mission en Ukraine, un pays qu'il connaît bien, quand la Russie lui déclare la guerre, le 24 février 2022.

Au détour des pages, il raconte les hommes qu'ils croisent et avec qui il passe plus ou moins de temps ; leurs histoires, leurs attentes, leurs espoirs, leurs interrogations ... Il nous fait également part de ses questionnements sur son identité russe, son regard sur celle-ci qui évolue, qui change.

Quelques chapitres font revivre le passé familial de l'auteur narrateur. Sa mère, professeur de russe, fantasque, tête en l'air, imprévisible, son père né au Chili de multiples origines, ses deux soeurs aînées, sa scolarité chaotique puis sa réussite au concours d'entrée à l'école de journalisme.

L'histoire de Sacha, un vieil ukrainien qui contre toute attente se prend d'amitié pour le jeune russe Vania, prisonnier venant du groupe Wagner placé sous sa garde, est particulièrement attendrissante.

C'est un livre très bien écrit et agréable à lire, parfaitement équilibré. Un récit sincère, humain, intéressant. le sujet de la guerre est bien sûr présent, mais il y est aussi abordé le sujet des origines, de la famille, des rencontres, des amitiés et du travail d'un journaliste reporter de guerre.

C'est un livre court, 200 pages, mais dense par la variété des thèmes abordés et c'est surtout la déclaration d'amour d'un fils à sa mère, d'ailleurs le livre finit par un toast repris en choeur : "Aux mères !".

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Cela fait un an que les Russes ont lancé l'assaut contre l'Ukraine lorsque le narrateur, un journaliste français, prend le train pour gagner Kiev. Ce pays, il le connaît déjà : il s'y était rendu dès le début du conflit. Mais ce qu'il connaît surtout c'est la Russie. Enfant, il y avait fait plusieurs séjours avec sa mère, descendante de Russes blancs, qui y organisait des voyages scolaires. Même s'il n'en maîtrisait pas la langue, se rendre là-bas c'était retrouver ses racines, faire face à un peuple avec lequel il se reconnaissait des caractéristiques physiques communes, replonger dans une histoire familiale. Mais comment considérer ces origines désormais ?

Alternant les chapitres, Nicolas Delesalle évoque la situation actuelle de l'Ukraine et l'histoire de la Russie à travers une trajectoire personnelle et familiale qui semble avoir de forts accents autobiographiques. Il privilégie ainsi une approche humaine et singulière qui présente des atouts… et des limites.

C'est en effet avec tendresse et non sans humour qu'il évoque la figure maternelle, provoquant ainsi chez le lecteur une profonde empathie. le caractère fantasque de cette femme, sur lequel il met largement l'accent, nous la rend éminemment sympathique.

Quant à la poignée de personnages qu'il rencontre lors de sa traversée de l'Ukraine, qu'il s'agisse du vieux Sacha qui, à soixante-dix ans, veut toujours défendre son pays ou de Vania, le jeune prisonnier russe dont il a la garde, ils sont dépeints avec cette même attention à la relation qui se tisse en dépit de la situation dramatique dans laquelle elle s'inscrit.

Il en résulte un texte très plaisant à lire, emmené par des protagonistes attachants, qui offre chemin faisant une certaine image du conflit russo-ukrainien. Il présente à ce propos quelques éléments intéressants et évite de sombrer dans une approche manichéenne. Mais on reste cependant sur sa faim : l'approche très intimiste choisie par l'auteur ne permet pas une réelle analyse ni une réelle compréhension des enjeux. Là n'était sans doute pas l'objectif de l'auteur, mais cette lecture a néanmoins provoqué chez moi un sentiment mitigé. Si j'étais malicieuse, je dirais que le traitement choisi n'est pas loin de celui de Paris Match, pour lequel officie Delesalle : il nous offre des instantanés poignants, jouant sur la corde sensible et présentant des destinées personnelles savamment relatées, mais qui peinent à rendre compte de l'événement dans sa globalité et sa complexité… Pourquoi pas. il faut juste adhérer à la démarche.
Lien : https://delphine-olympe.blog..
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Voici ce qu'écrit du livre son auteur sur sa page X: "Celui-ci, il me tient à coeur. Il parle de la guerre en Ukraine, de ma mère russe, de la force des origines, de ce qu'on échoue à en faire, des rencontres qui font de nous ce qu'on n'était pas. Une valse qui, je l'espère, vous filera le tournis."

Au hasard de mes lectures, je découvre ce tres beau livre de l'écrivain-reporter Nicolas Delesalle apres avoir lu avec un certain ennui le dernier roman d'un écrivain-star qui a récemment failli devenir "immortel". Comme quoi, il ne suffit pas d'avoir du bagout et de l'imagination pour écrire, il y faut aussi du coeur et du vécu et Nicolas Delesalle en a assurément. Les pages notamment sur Sacha le retraité ex-pilote militaire ukrainien et son "prisonnier" le gamin Vania devenu malgré lui mercenaire Wagner ou les aventures a travers la France des musiciens russes Piotr et Vadim accompagnés de la maman de l'auteur - "la troika infernale" - amenent le lecteur au bord des larmes ou au contraire a sourire béatement ou meme a rire de bon coeur.

Il est dommage que les éditions Lattes publient ce livre en tant que roman car on se rend compte en lisant que tout y est vrai, y compris l'histoire extraordinaire de Sacha et de Vania. Ce n'est pas un roman, mais un récit autobiographique, un carnet de route (l'auteur est grand-reporter) et aussi un livre de réflexion, non d'un intellectuel habitué a se triturer les méninges pour en sortir des choses "intelligentes" mais d'un homme sensible et intelligent qui nourrit ses réflexions d'un riche vécu personnel. Si vous vous fiez a l'étiquette "roman" sur la couverture et que vous vous attendez a lire une intrigue haletante bien linéaire avec un début et une fin ainsi que des personnages qu'on peut "adorer" (un verbe a la mode completement vidé de son sens) ou détester, alors vous risquez d'etre décu(e). Or donc, oyez oyez braves gens: ceci n'est pas un roman de guerre, pas un roman d'amour, pas un roman d'aventure, pas un roman psychologique, non ce n'est pas un roman du tout.

Souvenirs d'enfance savoureux imprégnés de la nostalgie d'une Russie idéalisée dans laquelle plongent les racines familiales de l'auteur, images bouleversantes de la guerre en Ukraine, personnages russes et ukrainiens immergés dans cette guerre qui sont autant de rencontres réelles dans une Ukraine qu'une guerre absurde rend par moment presque irréelle, c'est une lecture non-seulement passionnante et émouvante mais surtout enrichissante, de celles dont on sort avec l'impression d'etre devenu un peu meilleur. Meilleur car Nicolas Delesalle nous fait comprendre que les hommes ne sont ni bons ni mauvais mais tout cela a la fois selon les vents qui font tourbillonner leurs "petites" destinées dans la "grande" Histoire.

Ce livre se lit en gourmet des sentiments et émotions authentiques, de ceux qu'on ne peut imaginer mais seulement reconnaitre. C'est le livre d'un homme qui a vécu ce a propos de quoi il écrit et qui a passé du temps dans sa vie a essayer d'y reconnaitre les pépites de ce qui est essentiel. C'est probablement pour ca que l'auteur trouve a chaque fois les mots justes sans meme essayer de "faire du style". Pour savourer un tel livre, le lecteur doit donc aussi avoir vécu et passé du temps a tamiser les pépites...
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« Une valse à trois temps,
Qui s'offre encore le temps
De s'offrir des détours
Du côté de l'amour ».

Le grand Jacques a-t-il inspiré le petit Nicolas ?

« Une valse a mis le temps
De bâtir un roman ».

Brel versus Delesalle, l'amour et la guerre, namour et naguère, la goure et l'amer, y a tromperie douce-amère.
Déjà deux ans de conflit, pesant et confit, encore un pour le tempo, un deux trois, un deux trois ! Quitte à valser, autant que ce soit en rythme...

Au premier temps de la valse, c'est la guerre vue par le reporter. Il est seul et il s'aperçoit que Poutine bat la mesure et il se demande pourquoi. Pourquoi se confronter à ces évènements extérieurs à soi, risqué, non ? Il veut raconter ce qu'il voit, et témoigner des atrocités, pour ne pas oublier.

Au deuxième temps de la valse, ils sont deux, elle est dans ses bras, ils comptent tous les deux, un deux trois ! C'est sa mère, prof de russe qui nous plonge dans les racines, les origines. Ses parents, russes, sont des gens comme les autres, non ? Mais le conflit va la traumatiser. Et Poutine qui bat la mesure, elle mesure son émoi.

Au troisième temps de la valse, nous valsons enfin tous les trois, Sacha, Vania et moi. Il laisse enfin éclater sa joie. Fiction à partir de faits réels. le vieil homme et le Wagner, qui ne comprend rien à cette guerre. C'est la fraternité au-delà de la guerre, s'offrir des détours du côté de l'amour.

"Je me laisse bercer par les trois temps de la valse. Un, deux, trois, la Russie, l'Ukraine, la guerre. Un, deux, trois, les origines, le désenchantement, le renoncement. Un, deux, trois, tout avoir, tout perdre et devenir ce qu'on n'était pas."

Danse gracieuse et tournoyante, à la cadence fluide et harmonieuse, ça c'est la définition.
Et bien moi, je ne me suis pas projeté, j'ai valdingué. Sans doute le tournis dû aux allers et retours permanents entre les trois thèmes choisis, entre les époques qui se mélangent, j'ai valsé.
A un moment il qualifie de « foutraque » ce qui se passe dans sa tête, j'ai eu la même impression à la lecture de son…, de son quoi d'ailleurs ?
Roman, documentaire, autobiographie ?
Un deux trois, perdu je fus dans le rendu, la mayonnaise n'a pas pris. Oeuf, huile, moutarde, un deux trois, c'est fluide, trop, je n'ai pas senti la consistance, les ingrédients n'ont pas voulu s'homogénéiser. Il manque la pincée de sel.
Fluide mais pas limpide, cette valse russe.

Un deux trois, troïka. S'il n'en restait que trois, serait-ce Ivan le Terrible, Staline et… Poutine ?
Un deux trois, la France, la Russie, l'Ukraine.
Un deux trois, la guerre, la mère, la fiction.
Un deux trois, le roman, le documentaire, l'autobiographie.
Mais il y a conflit, intérieur. Peut-être ne suis-je pas prêt pour ce rythme ? Un quatrième temps m'empêche de virevolter en cadence.

« Une valse à quatre temps
C'est beaucoup moins dansant ».

Une valse a mis l' temps,
Des mois et des ans,
Et la guerre tout autant,
C'est beaucoup plus troublant.
Y a eu trop de détours, j'ai pas senti l'amour…

2036, c'est l'année fatidique jusqu'où Poutine s'est lui-même fixé ses limites.
Plus que douze ans. Non, encore douze années, et après ? Douce année 2036 ?
Tromperie douce-amère, conflit intérieur.
Entre rire et larmes, entre gaieté et abattement, entre passé et présent, entre révolte et renoncement, entre rêverie et réalisme.
Entre, mais pas en même temps, je suis entré, mais j'ai trouvé que c'était mal rangé, la déco m'a mis K.O., impossible de m'installer, je suis ressorti.
Je suis seul et je l'aperçois, le Poutine qui bat la mesure, et je mesure mon émoi.

Et moi ? Quand vais-je éclater ma joie ?
A mon humble avis, le grand Jacques n'a pas infusé sur le petit Nicolas.

« Une valse a mis le temps
De bâtir un roman »…

Entrez dans la danse,
Voyez comme on danse,
Sautez, brûlez,
Embrasez qui vous voulez !







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Je vous présente « Valse Russe » un Livre de Nicolas Delesalle (Français, né en 1972) ; 208 pages ; éditons J. ;-C. Lattès sorti le 23/08/2023. 3.78/5 ; 65 notes (Babelio !).
« Avant, les Russes venaient eux aussi pêcher ici, sur le même lac, sur la même glace. Tout le monde se foutait de savoir qui pêchait. Aujourd'hui, les Russes ne viennent plus. Ils ne viendront plus jamais. »
Comme le mot revient à la mode « page Turner » je dis toujours que ce qui importe c'est la façon de raconter une histoire, et je valide celle-là !
La Russie et l'Ukraine, qui entretenait des relations très cordiales, eh bien… La Russie a pris de court l'Ukraine, presque une attaque surprise. Alors que les jeunes « riaient au nez » quand on parlait de la guerre…
« Les Ukrainiens en parlent comme d'une invasion d'insectes géants. Ils surnomment les Russes, les « Orques », tandis que les Russes parlent de « nazis ukrainiens ». »
« le soir, à la télévision, Vladimir Poutine brandit la menace nucléaire pour punir les alliés de l'Ukraine. Je suis sorti sur le balcon de ma chambre d'hôtel pour fumer une cigarette lorsque les sirènes se mettent à hurler. Mais leur cri strident ne parvient pas à gâcher la beauté cristalline des ruelles enneigées. »
Un beau Livre regorgeant de bons passages comme ceux-ci.
C'est drôle quand j'étais petit mon chien s'appelait « Babou » ; Certains personnages ont honte d'être russes, d'autres en sont fiers…
Ça dépend des « croyances » politiques je pense.
« Soit ce type est 100 % naïf, soit il est 100 % calculateur, avait pensé Sacha en contemplant le désastre sur l'échiquier. »
« — J'y comprends rien. Pourquoi on vous fait la guerre, alors ?— Parce qu'on est de dangereux nazis, ironise Sacha avant de reprendre son sérieux. Parce que vous refusez qu'on ne soit pas russes. »
« — Un jour, à la radio, un type paniqué a annoncé l'arrivée d'un projectile inconnu qui battait des ailes. C'était… un oiseau ! »
« Les Russes ne naissent pas russes, ils le deviennent. »
J'ai beaucoup aimé que l'auteur joue sur les deux tableau, le côté « reportage » et le côté « aventures » du coup ça me convenait parfaitement !
« Vania porte un toast que nous reprenons tous en choeur, « Aux mères ! », tandis que la vodka gicle jusqu'aux étoiles. »
Phoenix
++
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Avec la Russie, l'Ukraine, la vie de tous ces gens pris dans une tourmente effroyable, Nicolas Delesalle, fort de son expérience familiale et professionnelle, m'emmène au plus près de cette guerre qui ravage l'est de l'Europe, dans Valse russe.
C'est en effet une Valse russe que l'auteur, grand reporter à Télérama puis à Paris Match, maîtrise bien, variant les époques et les lieux.
Tout d'abord, c'est un train qui l'emmène vers Kiev puis voici Sacha qui creuse un trou pour pêcher dans un lac gelé. Ce dernier vit à 500 mètres d'une frontière invisible entre Russie et Ukraine. Sacha parle russe, est Ukrainien, a 73 ans et, malgré son âge, a tenu à s'engager pour défendre son pays envahi par les chars russes. Après quelques mois, on lui a demandé de rentrer chez lui afin de rendre service autrement à la défense de son pays. Son voisin, Volodia, pêche aussi mais c'est la présence du jeune Vania qui intrigue. Est-ce le début d'une partie du jeu d'échecs ?
Nicolas Delesalle raconte bien. J'aime son style simple, efficace, intéressant et surtout la sincérité dont il fait preuve tout au long de ce livre que j'ai du mal à appeler roman.
D'un chapitre à l'autre, l'auteur m'emmène au coeur des combats puis revient en 1986 alors qu'il a 14 ans. C'est là que sa mère entre en scène car il fait partie d'un voyage scolaire qu'elle organise. Elle qui est née à Paris de parents russes blancs ayant fui la Révolution de 1917, enseigne la langue de ses parents, langue que l'auteur n'a pas réussi à apprendre vraiment. D'ailleurs, il n'hésite pas à appeler sa mère pour lui demander de servir d'interprète si nécessaire.
Avec ces retours en arrière expliquant bien le dilemme auquel est confronté l'auteur, c'est quand il fait partager son vécu de journaliste au plus près des combats, qu'il décrit la mécanique infernale du groupe Wagner, ou encore lorsqu'il voyage dans un train bondé fuyant la guerre, que son récit devient de plus en plus poignant. Voilà un bon moyen de prendre un peu plus conscience du drame que vivent tous ces gens menacés par les bombes et devant tout abandonner pour échapper à la mort.
Nicolas Delesalle fait de très intéressantes rencontres comme, par exemple, Igor, Constantin, Svetlana… Cette dernière demande : « de quoi sommes-nous coupables ? » et elle pleure avec la mère de l'auteur, au téléphone.
Avec son vécu en Russie ou en Ukraine, Nicolas Delesalle fait bien comprendre toute l'ineptie d'une guerre voulue par Poutine qui, après modification de la Constitution, restera au pouvoir jusqu'en 2036, soit plus longtemps que Staline ! Il aura 84 ans.
Si, victime de la désinformation, les Russes – pas tous - soutiennent la guerre contre l'Ukraine, il ne faut pas oublier le goulag que Viktor Antonovitch Boulgakov (86 ans) - rencontré par l'auteur - a vécu ou les démêlés de la mère de l'auteur avec le KGB. Ces rencontres, ces souvenirs, ces anecdotes font partie de cette Valse russe qui se termine avec Boris, reporter suisse, autour d'une grillade de brochettes d'agneau, les fameux chachliks.
Malgré ce clin d'oeil sympathique, je souligne encore toute l'importance de ce livre dont la lecture permet de prendre un peu plus conscience du drame touchant le peuple ukrainien. Ce drame est relégué au second plan, presque oublié depuis plusieurs semaines. La lecture de Valse russe m'a permis une prise de conscience salutaire menée de façon originale par Nicolas Delesalle.
Ce livre fait partie de la sélection pour le Prix des Lecteurs des 2 Rives 2024, à lire assurément

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Valse russe de Nicolas Delesalle est le destin croisé de deux personnages pris dans les méandres de l'histoire ukrainienne.
Un reporter français d'origine russe, l'auteur, se rend en Ukraine en février 2022. Certain de l'agression imminente de Vladimir Poutine, il hésite entre Kiev et le Donbass pour rejoindre finalement un poste avancé dans la banlieue de Donetsk mais c'est Kiev qui sera frappée. le photographe qui l'accompagne souffrant atrocement, ils sont forcés de battre en retraite et de prendre le train en gare de Zaporijia, où se pressent des milliers de passagers partant vers l'Ouest pour un voyage sans retour.
Tout en étant plongé au coeur du conflit, dans ce pays mis à feu et à sang, Nicolas Delesalle s'interroge sur son identité, commençant par se demander ce qu'il fiche là, quelle est la force qui l'attire, « ce n'est pas mon pays, ce n'est pas ma guerre » et quelle est la raison qui le pousse à prendre le risque de mourir ici.
Ce conflit le touche au plus près de par ses racines et le plonge dans ses propres souvenirs d'enfance, lui rappelant d'autres voyages. Il n'oublie pas le premier, cet étrange voyage scolaire en terre soviétique, en pleine guerre froide, organisé par sa mère, professeure de russe, cette mère fille d'émigrés qui avaient fui la révolution bolchevique. Un sentiment vertigineux de retrouver ses racines lui avait fait dire « Je suis chez moi ».
Mais aujourd'hui, en parcourant ces villages ravagés, et au contact de ces femmes, ces hommes et ces enfants, en colère et en pleurs, il se sent vide. Si jusque-là, il était fier de ses racines russes, c'est maintenant plutôt un sentiment de honte qui l'envahit, transpirant son déchirement et son impuissance devant cette Russie et cette Ukraine qui se délitent. Son identité est ébranlée.
Un autre personnage, Sacha, un Ukrainien de soixante-treize ans au visage dépourvu de poils depuis qu'en 1986 il a déversé des tonnes d'eau sur le réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl, qui, dès qu'il a vu passer les blindés a voulu s'engager. Il a été chargé ensuite de surveiller un jeune soldat russe Vania. Celui-ci, emprisonné pour avoir volé une oie et un agneau, piégé par les promesses de Prigojine, s'était retrouvé dans le groupe Wagner et a été fait prisonnier par les Ukrainiens. Une relation particulière s'est instaurée entre eux, entre Sacha qui a beau être Ukrainien, parle en russe, pense en russe, jure en russe et Vania, qui en arrivant à la maison en bois de Sacha se demande quelle est la différence qu'il y a entre eux deux. « On parle la même langue, on mange la même chose, on a la même culture, on vit dans les mêmes maisons, dans la même nature. »
C'est d'ailleurs cette relation entre Sacha et Vania qui va devenir au fil des heures passées ensemble et notamment à travers leurs parties d'échecs, une relation père-fils qui m'a le plus émue et qui démontre s'il en était besoin de l'absurdité de la guerre.
Avec Valse russe, Nicolas Delesalle nous plonge dans la guerre, dans ce conflit fratricide qui oppose la Russie et l'Ukraine, avec réalisme mais aussi beaucoup d'humanité pour une approche plus intime de la quête d'identité et finit par se laisser bercer par les trois temps de la valse. « Un, deux, trois, la Russie, l'Ukraine, la guerre. Un, deux, trois, les origines, le désenchantement, le renoncement. Un, deux, trois, tout avoir, tout perdre et devenir ce qu'on n'était pas. »
Valse russe de Nicolas Delesalle mêle avec brio intime et universel.

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L'auteur est français, journaliste et reporter, il a une mère russe, un père chilien. Il ne parle pas russe. Adolescent il a accompagné sa mère lors de voyages en Russie. Il était fier de ses origines russes. Mais depuis le 22 février 2022 il a honte.
Comme reporter de guerre il est parti sur le terrain, dans plusieurs villes ukrainiennes, prenant contact avec les habitants, les interrogeant.
Sacha, un vieil ukrainien, a pris sous son aile Vania, un prisonnier russe du groupe Wagner. Qui s'attachent l'un à l'autre.
L'humain face à l'humain. Pas l'ennemi face à l'ennemi. Oui c'est possible au milieu de cette guerre tueuse qui fait des milliers de victimes hommes, femmes, enfants. Tous ces morts à cause de l'orgueil immodéré d'un Poutine qui s'imagine qu'il va pouvoir recréer la Grande Russie des tsars.
L'auteur est un grand admirateur de sa mère fantasque, imprévisible, que rien n'arrête.
Un récit qui est prenant car plein de sincérité, de vérité. Qui ouvre les yeux, les oreilles sur la réalité, la monstruosité de la guerre. Qui ouvre aussi une fenêtre vers un certain espoir.
Une lecture qui malgré le sujet laisse aussi place à l'humour. J'ai apprécié le livre. A lire.
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Ce livre est pour moi un peu une énigme...
Bien écrit par un journaliste, sur un sujet d'actualité : l'Ukraine
Lors de la lecture on n'apprend rien de plus que ce que malheureusement on sait déjà, on se rend compte que le journaliste a des rapports familiaux avec le pays.. sur la couverture l'éditeur a marqué "roman", alors ma question est ce un roman , un documentaire ou une autobiographie?
Je préfère nettement quand les choses sont clairement définies
D'autre part les allées retours de période font un peu brouillon.
Avis pas très positif je le crains mais sincère.

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d'origine Russe. Habitué des scènes de guerre, car grand reporter, il s'est aussi rendu plusieurs fois en Ukraine pour couvrir le conflit. J'en conclus qu'il sait de quoi il parle et je suis intéressée par son approche.
Nicolas Delesalle s'attache à deux anti-héros : le vieil Ukrainien, Sacha, qui a combattu puis est devenu le geôlier d'un jeune Russe, Vania, engagé dans les troupes Wagner par hasard, pour sortir de la misère. Les deux hommes ont beaucoup plus de points communs que de désaccords. C'est ainsi que l'auteur veut nous démontrer l'absurdité et la complexité de ce conflit entre pays frères. La partie romanesque, reflet de ses échanges avec des Ukrainiens depuis le début du conflit, se mêle à ses réflexions sur sa "russitude" (je ne sais pas si le terme existe).
La fierté de Nicolas Delesalle pour ses origines et son physique russe est mise à mal par ce conflit. Il réalise qu'un Russe de Russie ne raisonne pas comme lui qui se considérait Russe en France. Ses rencontres avec de nombreux Ukrainiens le perturbent. S'il a dédié ce roman à sa mère, c'est sans doute en raison de l'amour enthousiaste et inconditionnel que celle-ci porte à son pays d'origine, pays certainement fantasmé. le conflit ukrainien lui fait prendre conscience qu'il ne peut plus cautionner cet attachement idéalisé à la Russie.
J'ai aimé ce regard original et sincère sur une guerre qui ne semble pas prête à s'arrêter.
#Valserusse #NetGalleyFrance
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