Ce recueil comporte plusieurs entrées :
/
Loge de mer
/Escalier de pierres sèches
/En un lieu séparé
/Une hache au bûcher
/Besogne de poésie
/Après tant de fureur
Recueil tonique, sans arabesques inutiles,
sans spirales accessoires, sans enroulements
superflus, sans encombrements secondaires,
sans s'attarder sur ce que
Paul Valéry qualifiait
de " charmes " et comme le soulignait Alain
Bosquet, il s'agit d'un texte " dans son métal
qui n'admet pas les volutes ".
S'accrocher à l'essentiel, garder l'indispensable,
ne retenir que le précieux.
Mais je n'en dis pas plus et laisse à vos
appréciations, les extraits ci-dessous rapportés :
"
Loge de mer
V
Une lame balafre
La jetée courte
La pluie suinte du pavage
La pluie s'exulte sur la mer
Les violences du vent
Déchiquettent les bâches
Des barques à l'ancrage
p.15
"
Loge de mer
XXIV
Fanal insurgé
D'un seul pan de lumière
Loge de mer le Clairvoyant
Car la vitre jaillit
Car la vitre est soyeuse
Immense bouquet de transparence
Où voyage la mer
Embrasée par le vent
Elle émerveille l'oeil
Façade qui fulmine
Elle esquive la pierre
Elle arase la terre
Fascinante elle étend sa lueur
À l'infini de l'île
Qui ramifie le temps
p.34
"
Loge de mer
XXIX
Tant que le vent
Le moindre vent
Fait corps avec les branches
Tant que la pluie
La pluie s'exalte sur la mer
Tant que le feu
Si le feu te traverse
Fais corps avec la mer
Tant que le feu la pluie le vent
Seront ensevelis
Entre ciel et couchant
Exclus d'un vol d'un cri
D'un gris de tourterelle
Dans la montée des branches
Toi-même tu seras
Absent d'une constance
Vacant de sang retentissant
Pesant
D'une terre fuyante
Qui ne t'attendra pas
p.39-40
"
Loge de mer
XXXIV
Stratège de pierre
Ton gisement
Engendre un air accru
Ici
Loge de mer
La mer ourdit mon sang
Tant de fois dévasté
De glace tant de fois
Ici forcé au vent
Ses chiens fous
ont débusqué le pal
p.45
" Escalier de pierres sèches
IV
Comme le vent l'hiver
Qui précède le jour
Chargé de froid
Qui déchire la chair
Que le ver
Palpable
Soit gel de l'air
Qui brûle.
p.52
" Escalier de pierres sèches
V
Poète
Fais la nuit
Dans ta tête
Car le poète
Est nyctalope.
p.53
" Escalier de pierres sèches
VI
Guette
La rumeur du mot
Repousse
Les lentisques du rêve
Mais conjure
Le son
Mais conjure
Le sens.
p.54
" Escalier de pierres sèches
XI
Au lit de braises des fièvres
Plus se crispe le mot
Et se dégaine
Plus le poème
Est noeud coulant
De la pensée.
p.59
" En un lieu séparé
III
Longue et sèche balafre
Ligature perdue contre les carnassiers
L'ossuaire de pierres
Testament au fil de l'épée
Se désagrège et plonge
Où finit la mémoire
p.67
" En un lieu séparé
V
Qu'une barque t'arrache
D'entre les voix de l'eau
Et les cryptes du temps
Et tu rutiles nue
Sur l'enclume des pierres
O martelée
p.69
" En un lieu séparé
VI
Et ton cri
Étreinte rapace
Parmi les éboulis
À l'abrupt suspendus
Le feu sans fin
Nous précipite
p.70
" Une hache au bûcher
V
Poudroiement d'étendards
Ton corps étincelant
En abîme il est mûr
Arable pluvieux
Mais qui détournera
Ton leurre du néant
Une hache au bûcher.
p.81
" Besogne de poésie
II
J'aime à penser
La bataille finie
Aux vautours ivres
Des yeux des morts
J'aime à penser
Aux vautours ivres
Besogne de poésie
p.86
" Besogne de poésie
III
Boyaux et bois
Cloche de vie
Et la nuit
Aux dalles de la mer
Mais les vautours
Teneur de mort
p.87
" Besogne de poésie
VII
Si ton cri te nouait
Malgré la mer et l'olivier
Si je fus ton ravage
Ta pierre de rivage
Le fer a dénoué ton cri
Ton cri fut dénoué le jour
Les arbres sur tes pas
Ont refermé leurs feuilles
Les feuilles de la pluie
Sur toi lissent leur ciel
Un éblouissement
Te monte dans le coeur
La nuit fut ton attente
Le feu soit ton destin
p.91
" Après tant de fureur
III
Quand je sauve le feu
Pour enfanter l'orage
Où fulmine ton nom
p.99
Après tant de fureur
V
Arrive enfin
Fracassant les forêts
Enfièvre de ton sang
Les flancs de la folie
La neige se souvient
Du regard de ma nuit
p.101
" Après tant de fureur
VIII
Quand je chassais la meute
Tu triomphais du nombre
p.104
" Après tant de fureur
IX
L'hiver est ta dépouille
J'y flambe mes sarcasmes
p.105