Les monnaies locales complémentaires : pourquoi, comment ?

Une monnaie locale complémentaire est créée par une association qui émet des bons d'achats dont la valeur est supérieure ou égale à la valeur en monnaie nationale qu'il a fallu dépenser pour les acquérir. L'utilisateur dépense les bons dans un réseau de prestataires qui acceptent de se faire rémunérer en recevant ces bons. Charge à eux ensuite d'écouler ceux qu'ils ont reçus en guise de paiement auprès de leurs fournisseurs ou bien, si nécessaire, de les échanger en monnaie nationale. Dans ce cas, une retenue de l'ordre de 5% est appliquée, ce qui incite les prestataires à développer leur réseau de fournisseurs au sein de la communauté. Les sommes en monnaie nationale versées par les utilisateurs sont placées sur un compte éthique (pas de spéculation financière) et servent à financer des projets locaux (réfection d'installations publiques par exemple). Certaines monnaies locales sont fondantes, c'est-à-dire que, comme pour tout bien matériel, les bons se dévalorisent au fil du temps (à raison de quelques pourcents sur quelques mois). Cela incite les utilisateurs à faire circuler leur bons rapidement. de fait, la circulation des monnaies locales est supérieure à celle des euros.
Certaines associations demandent également une adhésion annuelle aux utilisateurs. A l'inverse, lorsque le réseau se développent, elles permettent aux utilisateurs de toucher en monnaie locale une somme supérieur à celle dépensée pour l'acquérir (on achète 110 unités de monnaie locale pour 100 euros par exemple). Il est impossible pour les utilisateurs de convertir leurs bons en euros.
L'intérêt des monnaies locales est de localiser la valeur puisque celle-ci circule entre les membres de la communauté : l'argent n'entre pas sur le circuit international où 97% des échanges concernent la spéculation et 3% seulement l'achat de biens et de services. Les prestataires sont sélectionnés pour leur "éthique" (écologie, développement durable, production biologique etc.). Ils favorisent eux-mêmes les fournisseurs locaux (puisqu'ils doivent écouler leurs propres bons). La monnaie locale est donc un moyen de stabiliser une partie de l'économie en la localisant et, ce faisant, de lutter contre la finance spéculative internationale, tout en défendant une économie plus "humaniste" (dans le sens où elle replace l'être humain au coeur du système des valeurs).

C'est en commençant par expliquer la valeur relative de l'argent que l'auteur débute sont livre et en mettant en évidence la perversion des systèmes bancaires. C'est ensuite en résumant une vingtaine d'expériences (dont les plus anciennes datent des années 1930) qu'il entreprend de nous expliquer le fonctionnement de ces monnaies locales. En vérité, le propos est convaincant, sans doute favorisé par une forme ludique et un ton léger. Comme l'auteur base son argumentaire sur des expériences et qu'il ne cesse d'enjoindre le lecteur à se faire la sienne, il semble qu'une critique du livre ne peut être complète sans une expérience personnelle d'utilisation de la monnaie locale. Ca tombe bien, j'en ai repéré une près de chez moi. Dès que j'ai pu dépenser quelques bons chez les commerçants, il conviendra donc que je revienne achever ma présente critique.