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3,24

sur 403 notes
Ce roman est très bien écrit, (c'est difficile d'ailleurs, d'expliquer en quoi un livre est bien écrit. Mal écrit, c'est simple, bien écrit, c'est plus compliqué. Je pense que c'est dans l'association d'idées éloignées, dans le tissage régulier avec quelques fausses notes qu'on peut trouver la beauté ). Chaque phrase, chaque idée recèle une pièce du puzzle. Il n'y a pas de noeud (de fil rouge), plus des réseaux d'intrigues qui se rejoignent parfois (comme la vie, en fait), mais pas toujours. Si j'ai mis un certain temps à me sentir impliquée, c'est parce qu'on ne saisit pas immédiatement de quoi on veut nous parler. C'est diffus, c'est comme des pensées trop abstraites pour être expliquées.

Ce qui est intéressant, c'est ces prolepses : on va toujours de l'avant (quitte à taire l'entre-deux). Et ça donne la même impression étrange que quand parfois on est dans sa chambre, et qu'on se dit « ah tiens, c'est vrai, ma commode était là il y a un an », comme si le passé se superposait en accéléré au présent. (le père qui devient soudainement aveugle, par exemple, le mariage, tout à coup, ça reproduit vraiment cette plasticité du temps). Et parallèlement, on assiste aussi à la fragilité du destin : le champ de tous les possibles qui se referme, comme un carrefour bouché, comme voir tous les chemins qu'elle n'a pas empruntés.

Il y a quelque chose d'évanescent, de fondu, c'est comme un bonbon sur la langue. Je suis touchée, sans réussir à comprendre pourquoi (et je pense que c'est la grande réussite du roman. On ne peut pas le réduire à une thématique, à une intrigue). Mais d'un autre côté, c'est aussi le défaut majeur. Parce que quand l'on dévie trop, on ne sait plus trop ce qu'on lit. J'ai ressenti une frustration au début et à la fin (la boucle est bouclée au moins :D). Donc un livre à lire, surtout si vous aimez la littérature-aquarelle (quand ça bave et dépasse).
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Je suis une fidèle lectrice d'Agnes Desarthe et je ne manque aucun de ses livres. La lecture de «  l'éternel fiancé » m'a un peu surprise. L'auteur parle toujours autant à mon coeur, il y a une sensibilité et une délicatesse dans l'écriture. Des passages m'émeuvent mais je garde un sentiment mitigé une fois le livre terminé. Je ne vois pas où l'auteur veut nous mener et quelle est finalement l'histoire. Je trouve la fin un peu baclée et le tout assez peu structuré. Les personnages sont parfois proches de la caricature mais en même temps nous sommes dans un roman. Pas le meilleur livre pour moi mais j'attends le prochain !
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Dans ce roman pluriel qui m'a émerveillée il est question tout d'abord d'une histoire d'amour qui découle d'un irrattrapable « je ne t'aime pas».

« Comme en musique, elle reprend au début et, à partir de là, le lien se noue.
ll lui dit qu'il l'aime parce qu'elle a les yeux ronds, et elle lui répond : « Moi aussi, je t'aime, parce que tu as les cheveux de travers », et tout recommence. »

L'énigmatique Etienne appartiendra pour toujours à notre narratrice, deviendra son « éternel fiancé », celui qui, chaque fois qu'elle le recroisera, aura oublié.
Parce que cette chance que la musique accorde de recommencer pour perfectionner, amender, la vie ne l'octroie pas.

C'est ainsi, sur une tonalité mélancolique qu'Agnes Desarthe aborde la notion du temps perdu mais qu'on retrouve, de l'oubli, de la mémoire.

« Je suis au centre. A gauche mon passé, à droite mon avenir, et moi, au milieu, au présent, à l'invariable présent.
Ce temps que la musique ignore. »

« Je rebrousse chemin, je revois chaque bifurcation, les instants de choix, les moments irrémédiables. Je démêle mon existence comme une chevelure qui n'a jamais connu le peigne. Je méprise mon destin, et cela crée en moi une aigreur terrible.
Je réécris mon histoire à partir de souvenirs, de bribes d'existence avortées qui, au terme d'une hésitation, à la faveur d'un changement d'avis, n'ont pas fécondé l'avenir. »

L'héroïne aimera, lui aussi. Elle quittera, lui aussi. Mais elle restera impuissante et ne dévoilera pas ses émotions.
L'auteur compose la partition de la vie et s'interroge sur ce qu'on peut bien faire du présent, moment incarné par un chef-d'orchestre emprisonné dans son oubli et sa joie constante et donc dans l'impossibilité de construire un avenir parce qu'il n'a pas de souvenirs.

Elle nous fait passer d'un chapitre à l'autre en jouant avec le rythme : sur la pulsation de la vie, elle alterne les tempo du largo au prestissimo, joue avec les nuances, les silences.
Quelle magnifique composition !
Il n'est pas simple de raconter l'histoire d'une vie et Agnes Desarthes le fait avec Brio !!

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Avec ce nouveau roman, Agnès Desarthe signe en poésie une belle variation sur l'amour et le temps distendu. Un amour jamais déclaré, un faux pas ou un premier rendez-vous manqué dans l'enfance et les relations amoureuses d'adultes s'en trouvent perturbées. Créant une profonde instabilité. Y accorde-t-on suffisamment d'attention ? C'est tout le sujet de ce livre.
L'écrivaine retrace la vie sentimentale d'une fillette jusqu'à la fin de sa vie avec un garçon dont les rencontres impromptues jalonnent son existence. Ces retrouvailles ponctuelles s'insèrent au coeur d'une fresque familiale composée d'individus hauts en couleurs. Des parents en dissonance tenace, deux soeurs aux tempéraments opposés à celui de l'héroïne.

Mêlant avec une grande dextérité, gravité et légèreté, - l'humour n'est pas en reste - Agnès Desarthe nous conte cette histoire car “tout ce qui n'est pas écrit disparaît”.
Une écriture délicate et inventive au service d'un très beau livre sur l'amour face au temps et son impact sur nos vies. Réjouissant !

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Ce roman aurait pu raconter une histoire d'amour idéal et simple. Simple, elle ne l'est pas. Car dès le début, et régulièrement dans le livre, la narratrice et Étienne ne seront pas d'accord, pas sur la même longueur d'onde. Agnès Desarthe observe attentivement et doucement les vibrations des coeurs et les espoirs, les soubresauts des sentiments, les épanchements de chacun. Elle ausculte la narratrice qui tente de penser son passé et son présent. Trois éléments restent continuellement : la musique, l'amour et la figure d'Étienne.
La musique est l'élément d'union et d'équilibre au sein de la famille de la narratrice. C'est un idéal qui la suit, l'émeut et l'enrichit. La musique en tant que pratique et art demeure dans sa vie et teinte les moments d'amour. Agnès Desarthe décline toutes les nuances de l'amour entre les êtres. Qu'il soit parental, familial ou amical, il doit être défini par des valeurs. La narratrice nous guide ainsi dans sa vie marquée par de nombreux soubresauts, des hésitations et cet amour pour son Éternel fiancé. Tout au long de ce texte, elle nous parle autant qu'elle s'adresse à elle-même. Elle essaye de penser sa vie.

Sous la plume d'Agnès Desarthe, cette vie faite de rencontres, de disparitions, de plaisirs et de chagrins ne prend pas la forme d'une épopée. La vie reste la vie, aussi simple que mystérieuse. Mais capter ces instants où le doute survient, où le désir jaillit, où l'amour naît est un exercice de haute voltige. L'écriture est précise, le rythme particulièrement bien tenu. L'autrice se permet des virages, des pauses pour nourrir ses personnages et les doutes. L'amour se vit aussi par l'absence des autres. le doute de l'amour est bouleversant dans ce roman. Agnès Desarthe saisit tout ce qui hante l'amour, les héritages de certaines histoires, la frustration d'autres. On voit grandir et murir tous les personnages dont le cuir a été tanné par les sentiments, joyeux et tristes.
La narratrice n'a jamais oublié ce garçon et sa déclaration car les quelques mots ont été gravés dans son coeur et son âme. Cette scène courte, innocente et touchante (comme toute anecdote de l'enfance) place l'histoire sous le signe de la magie et du sacré. L'amour est et demeure une chose sacrée qu'il faut chérir et entretenir. La narratrice et Étienne dont l'ombre plane tout au long de cette histoire placent ce sentiment au centre de leur vie. Il fait partie des sources d'énergie indispensables à leur vie. Agnès Desarthe, dans son dernier livre, parle de l'amour, de la magie qu'il provoque et des blessures fantômes qui hantent les rêves.
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La narratrice nous raconte sa vie. C'est une vie ''ordinaire'' : elle grandit dans une famille aimante, entourée de deux soeurs, d'un père, d'une mère et d'une famille pittoresque. Elle aime la musique, qu'elle pratique régulièrement. Elle grandit, trouve un travail, un mari, fait deux enfants, traverse plusieurs deuils et une crise existentielle.
En parallèle, il y a la vie d'Etienne : chaotique mais intense, pleine d'amour, pleine de drames. Etienne, toujours dans l'excès, toujours dans la passion, toujours en dehors des sentiers battus. Il mène une vie hors normes, il va au bout de ses choix, il s'invente une vie sur mesure.
le roman est construit autour des rencontres entre les deux protagonistes. Rencontres très irrégulières (tous les dix ans parfois), jamais réellement programmées, mais essentielles pour ''comparer'' des trajectoires de vie qui ''paraissent'' diamétralement opposées.
Cette structure narrative permet à l'auteure de s'interroger (et nous lecteurs par la même occasion) sur le sens de la vie, sur le temps qui file à toute vitesse et sur la mémoire des traces (que nous reste-t'il des moments vécus ? Des personnes croisées ? Des rêves et des aspirations de l'enfance?). Agnès Desarthe illustre ces interrogations en évoquant les relations familiales (parents/enfants, fratrie, famille élargie, recompositions...), le couple (amour, désir, sexualité), le quotidien (choix de vie, conformisme, prises de risques) et la place de l'art.
le livre qui commence dans une forme de légèreté, évolue vers la gravité avec l'effacement progressif des illusions. Tout ce qui vit finit par mourir, engendrant des deuils parfois complexes : c'est le lot de la condition humaine. de ce sujet grave, l'auteure parvient à faire un livre pas trop plombant qui contient de l'humour, de la poésie, une certaine dérision et de l'espoir malgré l'inéluctable. Les nombreuses ellipses qui évitent de s'appesantir lourdement sur certains drames obligent le lecteur à une certaine attention.
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J'ai beaucoup "pratiqué" Agnès Desarthe en littérature jeunesse avec satisfaction et plaisirs partagés avec les "jeunes têtes" blondes dont j'avais la charge. J'ai trouvé " l'éternel fiancé" bien pâlot à côté de " L'impossible Madame Bébé" ( par exemple) J'ai eu beaucoup de mal à suivre cette "histoire", certes bien écrite, jusqu'à la dernière page.
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J'avais mis ce roman dans ma liste à lire après avoir écouté son autrice en parler. J'ai eu du mal à entrer dans l'écriture, peut-être parce que je venais d'en terminer un autre dont le style m'avait complètement embarquée. Quant à l'histoire, j'ai trouvé que ça démarrait bien, puis que ça devenait complètement décousu. Je n'ai pas compris l'intérêt narratif de tant de digressions. Je suis donc allée au bout pour savoir où l'autrice voulait en venir et en refermant le livre, je n'ai toujours pas compris. J'ai aimé certains passages que j'ai trouvés très beaux, mais dans l'ensemble je n'ai pas trop saisi le propos.
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Je ne connaissais pas Agnès Desarthe, je m'en vais lire tous ces livres! C'est un roman qui ne lâche pas l'artillerie lourde, pas de traumas, de drame fatal, c'est un roman comme une petite musique, qui entre en vous et qu'on ne peut plus quitter tant tout semble juste, vous renvoie à votre propre expérience, à vos propres sentiments. C'est intelligent, fin. Un récit qui par touche, délicatement, nous dit la vie d'une femme, et tout d'un coup, alors qu'on l'abordait avec légèreté, nous frappe par sa profondeur, le relief qu'elle a réussi à lui donner. La petite musique se transforme en symphonie. C'est juste sublime.
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Agnès Desarthe a de toute évidence un don pour raconter des histories. On ne sait pas trop où on va et, à la fin on ne sait pas trop où on a atterri mais, malgré tout, elle nous tient en haleine tout le long, elle partage des idées et l'intimité d'une vie avec beaucoup de talent. Ce n'est pourtant pas mon registre préféré et j'ai malgré tout été incapable de m'arrêter. J'aime beaucoup son style, j'y reviendrais avec plaisir.
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