Le duo formé par le Belge Stephen Desberg et l'Italien Enrico Marini nous offre un diptyque fort sympathique qui marche sur les traces des westerns spaghetti tardifs à la fois engagés et grimm & gritty…
Nous suivons la quête de vérité et de vengeance de Matthew Montgomery, huile de Washington qui s'aventure en terre sauvage pour découvrir qui a violé, tué et mutilé sa femme et sa fille. le contrôle des allées et venues le mène sur la piste d'un dénommé Jason Cauldray qui dirige le chantier de chemin de fer de Topeka au Kansas, sorte de poubelle renversée où les cendres de la racaille servent d'engrais au progrès de la civilisation…
La narration qui fait la part belle aux réflexions du héros qui ressemble à Sean Connery (en plus baraqué ^^) est soignée, et rend hommage à de grands récits du genre car elle relate la transfiguration du héros entre civilisation et barbarie. Après j'ai trouvé qu'on en faisait trop dans le grimm & gritty : OK pour l'histoire dure voire crue, l'encrage gras et les couleurs sombres mais stop à la fin avec les viols, le rough sex voyeuriste et les relations dominants/dominées qui n'en finissent plus…
Dans la deuxième partie du récit, pour atteindre Jason Cauldray et avoir réponse à ses questions, puisque personne ne veut lui répondre par peur dudit Jason Cauldray qui dirige la ville et le chantier en dictateur psychopathe, Matthew Montgomery doit dessouder un à un ses lieutenants après avoir été mis devant le fait accompli par la belle prostituée indienne Wakita… Il doit désormais aller au bout de son voyage au coeur des ténèbres !
L'épilogue est très beau : Matthew Montgomery change complètement de vision du monde et de la vie, et retourne à la case départ pour prendre un nouveau départ… Mais au final c'est une belle histoire mal fagotée : ATTENTION SPOILERS
- Qu'est-ce que c'est que cette histoire avec Jason qui dépose des petites pilules blanches dans la bouche de ses victimes et qui espère qu'elles ressuscitent ? Un moyen de se déculpabiliser d'avoir laissé son père mourir en ne lui donnant pas son remède ? C'est tordu mais ça se tient, mais quel est l'intérêt de mettre ça dans un récit aussi court à part faire genre ???
- Qu'est-ce que c'est que cette histoire avec Jason qui agit comme un écoterroriste misanthrope prêt à tuer pour préserver la nature sauvage mais qui dirige le chantier qui détruit ladite nature sauvage ? Un moyen de décrocher le jackpot avant de partir pour des contrées plus vertes ? C'est tordu mais ça se tient, mais quel est l'intérêt de mettre ça dans un récit aussi court à part faire genre ??? Et puis le « je veux à la fois une nature immaculée et tout le confort de la vie moderne » c'est carrément contradictoire : il ne pouvait pas directement prendre ses cliques et ses claques pour l'Alaska au mieux d'agir de manière aussi tarabiscotée…
- Qu'est-ce que c'est que cette histoire avec Jason qui dirige un harem cosmopolite pour retrouver le désir viril après le traumatisme de sa correction reçue lors de son dépucelage éventé par son père intégriste religieux ? C'est tordu mais ça se tient, mais quel est l'intérêt de mettre ça dans un récit aussi court à part faire genre ???
- surtout qu'en plus le personnage de Jason Cauldray est juste un leurre en fait… Il est persuadé que Matthew Montgomery le pourchasse pour démasquer sa grosse magouille, qui est torchée en 1 page, alors que ce dernier le pourchasse pour confondre ses crimes de sang… qui ont été commis par le maquereau métis qui voulait se venger du suicide du seul amour de sa vie suite aux lois anti-indienne qu'il a négligemment signé dans son bureau bien chauffé…
WTF !!! Ça sort de nulle part et c'est torché en 1 case !!!
L'histoire d'amour du maquereau métis, qui voulait retrouver l'amour de sa mère indienne dans les bras d'une pute indienne j'y crois pas une seconde tellement on nous a montré hideux et odieux lors de ses rares apparitions, et j'y crois d'autant moins qu'il traite comme de la merde la soeur de son défunt amour alors qu'en agissant autrement cela aurait donné corps à son histoire… Et puis le mec qui débarque de la cambrousse et qui en 2 temps 3 mouvements trouve le domicile d'une huile de la Maison Blanche pour commettre un double viol/ meurtre sans hésitation, sans erreur, et sans témoin… suspension d'incrédulité, d'autant plus que son patron n'est au courant de rien alors qu'il était accompagné de son homme de main !
Je reste sur la désagréable impression que Stephen Desberg a suivi le cahier des charges d'un roman policier sans pour autant le maîtriser car on suit durant 100 pages un suspect principal qui n'a finalement rien à voir avec le véritable meurtrier qui déboule à la fin presque de nulle part pour apporter des révélations censément fracassantes qui pour moi sont bien tombées à plat…
Comme d'habitude, les graphismes du talentueux Enrico Marini rattrape tout mais les scénaristes bankables de la bande-dessinée franco-belge feraient mieux de se remettre en question au lieux de compter sur des top dessinateurs pour masquer leurs erreurs.
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Etats-Unis d'Amérique, dans les années 1860-70, en pleine construction du chemin de fer, véritable colonne vertébrale d'une nation adolescente en pleine croissance. Mathew Montgomery est un homme entre deux âges, haut fonctionnaire au ministère de la défense. C'est un être raisonnable, qui croit au progrès et à la civilisation. D'allure très citadine, il a tout du vieux beau distingué et bourgeois, une belle maison, une femme aigrie, qu'il ne supporte plus, une fille qui découvre la vie et une secrétaire qui ne fait pas que trier le courrier. Pour autant il n'aspire qu'à finir sa vie dans une cabane au fond des bois, loin du stress de la ville. Un soir, alors qu'il rentre chez lui, il découvre sa femme et sa fille mortes, et violées. Une étrange marque, en forme d'étoile, a été gravée au couteau sur le corps de sa fille. Fou de rage et de chagrin, il décide de se lancer à la poursuite du ou des assassins...
"L'étoile du désert" est un western qui se démarque des poncifs du genre par le héros qui n'est pas un cow-boy solitaire habitué des grand espaces et qui, vivant par le colt, mourra par le colt. L'idée d'utiliser un personnage urbain, projeté dans l'univers dangereux d'un chantier de ligne de chemin de fer, au milieu des plaines sauvages du far-west est plutôt bien trouvée. de fait c'est la rencontre de deux mondes que tout oppose, de l'est civilisé et de l'ouest indompté, où l'homme blanc sait se faire aussi rude que la nature et ou les indiens, et notamment les femmes, payent le prix fort de la civilisation en marche, tandis que quelques compagnies d'entrepreneurs qui ont tout compris au "rêve américain" ramassent le pactole. Pour revenir sur Mathew Montgomery, s'il ne présente pas les caractéristiques habituelles du héros de western, il en partage néanmoins une des motivations les plus répandues, à savoir la vengeance. le scénario est plutôt bien construit ; le tome 1, passée la présentation du héros et l'acte fondateur, nous donne à voir un personnage (au passage ses traits sont fortement empruntés à Sean Connery, période "A la pousuite d'Octobre Rouge") qui découvre l'univers rude et sauvage de Topeka, petite ville du Kansas, qui voit se concentrer criminalité, alcool, prostitution (surtout des indiennes), bref tout ce qui va avec l'avancer des rails dans la prairie. Jason Cauldray, qui manage tout ce petit monde d'une main de fer, est le principal suspect de Montgomery, qui passera à l'action dans le tome 2 et découvrira que les certitudes sont trompeuses et les vérités plus cruelles qu'attendues. Ainsi, en aucun cas, la vengeance ne se révélera libératrice et il faut avouer que la fin est plutôt bien trouvée et ne verse pas du tout dans le manichéisme.
Très bien mis en image par Marini, avec de chouettes cadrages, et des couleurs qui jouent sur les effets de lumières, des décors plutôt soignés, "L'étoile du désert" est une bd agréable à lire et tout juste peut-on regretter un soupçon d'érotisme qui, sans être vulgaire, n'apporte pas grand chose à l'histoire.
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Le graphisme est soigné, l'ambiance un peu glauque de cette ville sans loi est aussi bien maîtrisée. Je ne suis pas aussi séduit par la colorisation, avec ces vignettes toute en vert ou en rouge, peu naturels, suivant l'atmosphère souhaitée, c'est un peu à la mode, et vivement que cette mode passe, un bon noir et blanc possède bien plus de pêche et d'expressivité que cette colorisation sans relief. Mathew Montgomery est un haut fonctionnaire au ministère de la défense, un soir en rentrant chez lui, il découvre sa femme et sa fille sauvagement assassinées. Il décide de mener l'enquête lui même, ce qui l'amènera à Topeka, bourgade sans loi dans l'ouest, sur le chantier du chemin de fer. J'ai été convaincu par l'ambiance, mais on pourrait reprocher au scénario d'accumuler les effets du genre “Western Spaghetti” pour accentuer le style, au dépend de la crédibilité et de l'opportunité, ce qui finit par alourdir le récit et le rendre trop artificiel : l'histoire de vengeance contre Mathew Montgomery, le coup des cachets, le bureaucrate super-justicier, la cause indienne, le côté glauque de la prostitution, les manigances politiques de Cauldray… ça finit par faire beaucoup et transforme l'aventure en patchwork de tout ce qu'on pourrait y trouver, jusqu'à tomber dans l'incohérence.
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1870, à Washington. La femme et la fille d'un haut fonctionnaire du ministère de la défense, Matt Montgomery, sont sauvagement assassinés. Ce dernier part pour l'Ouest, afin de comprendre les raisons de ces meurtres...et se venger.
Chemin de fer, saloon, prostituées, armes à feu : tous les ingrédients du western sont présents dans cette BD. Mais s'y ajoute une violence exacerbée. Une vraie sauvagerie. Et cela m'a plutôt déplu. Tout comme les surprenants motifs ayant conduit à l'assassinat de la femme et de la fille de Montgomery (le sosie de Sean Connery dans "la ligue des gentlemen extraordinaires" !), qui m'ont laissés particulièrement...dubitatif.
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Ma fille a quitté la maison à cause de Glover. Elle ne sera jamais heureuse avec lui parce que Glover est un imbécile. Dans la vie, tout a toujours une explication. C'est cela, la civilisation. Des règles, des lois, un cadre où chacun a sa place, où tout a un sens.
Le chemin de fer brûle ceux qui s'épuisent à le poser, mile après mile...comme s'il fallait, par une sorte de grand sacrifice, que la civilisation naisse des cendres de la racaille.
Un petit comptable frauduleux est souvent plus doué pour manipuler des bilans que des armes à feu. Mais au bout du compte, c'est certainement moi qui fais les plus grands trous.
Chacun de nous est un désert : une oeuvre est toujours un cri dans le désert.