Quand on me dit Hermann , perso , je lis les yeux fermés – enfin un peu ouverts quand même , question de praticité . Comanche , Bernard Prince , Jeremiah...autant de séries mémorables qui auront bercé mon lointain passé de jeune lecteur balbutiant .
Ici , Hermann revient à ses premières amours , le western ! Avec un titre aussi réaliste que métaphorique , l'auteur dégaine sa plume pour délivrer un one-shot qui sent bon le whisky , le sang et la poussière !
Récit initiatique d'un jeune garçon un peu niais se construisant au fil du temps et des rencontres dans un far-west en pleine mutation . Bourré de références cinématographiques , il me fit tour à tour penser à Little Big Man , Nevada Smith et Jérémiah Johnson . Il aurait pu trouver pire...
Melvin Hubbard – aucun lien de parenté avéré avec Ron le gourou – est amoureux de la jolie Celinda . Encore que jolie n'est peut-être pas ce qui s'impose , d'emblée , à l'esprit , tant Hermann a toujours eu du mal avec les personnages féminins...Léger problème s'il en est , elle se fait descendre sous ses yeux ébaubis , contrariant alors vraisemblablement un futur mariage qui s'annonçait si prometteur .
Et là , tout de go , comme ça , sans réfléchir , l'on se dit que ça va chier des bulles – normal , dans une BD – et qu'une vengeance de force 12 sur l'échelle du talion n'allait pas tarder à pointer le bout de son gros pistolet à bouchon !
Tout faux ! Same player shoot again . Il en sera évidemment question , au final , mais là n'est pas l'essentiel . Au sortir de cette lecture , l'auteur semble avoir mis l'accent sur ces hommes courageux , volontaires et intrépides qui , forts d'un cheminement personnel aussi chaotique que formateur , font que leurs rêves deviennent réalité . Ajouter à cela une bonne dose de chance et une petite pointe d'opportunisme , éléments essentiels à notre poor lonesome cow-boy pour , finalement , concrétiser la promesse faite à sa belle avant que cette dernière n'entame le dernier tube de Cloclo dans sa baignoire...
De Louise , la putain au coeur d'or , à Jude Ladouceur , le trappeur roublard , en passant par Bannings le borgne , le tenancier esclavagiste , autant de personnages emblématiques d'un âge d'or construit dans la violence qui se meurt peu à peu . Autant de symboles qui feront passer Melvin du statut de jeune bourrin mal dégrossi à celui d'adulte mature .
Hermann nous replonge brillamment dans l'Ouest sauvage . Il y respecte tous les codes et nous y immerge avec une facilité déconcertante . Et que dire du dessin et de l'encrage , magistral !
Mine de plomb et aquarelle font de ces planches de véritables tableaux vivants .
Hors-la-loi , joueurs de poker et saloon enfumés , nature sauvage sublimée , chercheurs d'or , gueules cassées , vengeance...cherchez pas , tout y est !
On a tué Wild Bill : superbe hommage de genre !
http://www.youtube.com/watch?v=mLXQltR7vUQ