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EAN : 9782738488909
176 pages
Editions L'Harmattan (30/11/-1)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :

En 1992, la Somalie surgit sur les écrans de télévision des pays nantis. Les images insoutenables de l'agonie de milliers d'enfants faméliques, celles, brutales, de combats acharnés entre " seigneurs de la guerre " dans un Mogadiscio en ruines, le pillage éhonté de l'aide alimentaire acheminée par les 0. N. G. bouleversent les âmes sensibles et perturbent les digestions. Il fallait mettre un terme à ces ho... >Voir plus
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On dit que c'est après avoir regardé à la télévision Sixty Minutes que le Président Bush, qui venait de perdre les élections présidentielles, décida d'intervenir en Somalie, pour corriger l'image donnée par l'opération Desert Storm d'une hyperpuissance américaine uniquement intéressée à la défense de ses intérêts égoïstes. L'anecdote, rapportée par Ghassan Salamé, est non seulement révélatrice de la puissance des médias, mais surtout du manque de préparation de l'opération Restore Hope déclenchée par les Etats-Unis en décembre 1992 : il s'agissait, sans guère prendre en compte la réalité intrinsèque du théâtre somalien, de démontrer à la face du monde que l'interventionnisme américain pouvait être mû par des considérations humanitaires, et pas uniquement par de viles motivations pétrolières.

La France, ainsi qu'une vingtaine d'autres nations, participait à cette opération multinationale. Elles fournissaient aux Américains la « piétaille » écrit méchamment Alain Deschamps qui reprend à son compte sans sourciller les critiques de Pierre Mesmer : « l'Armée française n'a rien à faire dans ce pays où nous n'avons aucun intérêt et où elle joue un rôle subalterne » (p.14). L'ensemble de son témoignage révèle une identique liberté de ton caractéristique du haut fonctionnaire en retraite qui n'a plus rien à perdre et personne à courtiser.

Alain Deschamps fut à Mogadiscio, de mars à juin 1993, le Représentant spécial de la France. Son livre de mémoires (écrit semble-t-il en 1997 seulement, pour n'être publié qu'encore trois ans plus tard) ne nous apprend guère sur la Somalie : l'auteur, avant sa nomination, en « ignorai[t] à peu près tout » (p.8) et n'a pas la vanité de se poser en spécialiste. Il nous révèle plus modestement le désarroi voire l'impuissance d'un homme qui, malgré sa prestigieuse étiquette, n'aura « servi à rien » (p.155).

C'est que l'essentiel de la tâche du Représentant spécial a été monopolisé par des travaux de gestion : trouve un logement, tenir la comptabilité, communiquer avec Paris, gérer des relations souvent houleuses avec l'Action Humanitaire France (dont le responsable sera finalement traité de « rigolo »). L'action du Représentant français sur le terrain s'est bornée à presque rien : participation à une interminable conférence de réconciliation à Addis Abeba dont les conclusions ont été violées avant que l'encre n'en soit sèche, audience auprès du Général Aïdid (en revanche, Alain Deschamps ne parviendra pas à rencontrer le « Président » Ali Mahdi), mission dans le Bakol pour visiter le contingent français, voyage dans le Hiran pour un projet - avorté - d'orphelinat. L'évocation des relations avec les « américano-onusiens » (l'ONUSOM II allait prendre la relève le 4 mai de l'opération Restore Hope, mais restait, dans les faits, noyautée par les Américains) est la plus révélatrice : le Représentant français à l'instar semble-t-il de tous les autres partenaires, est strictement tenu à l'écart. On le reçoit poliment, mais on lui sert des propos lénifiants, tant à la Représentation américaine qu' au QG de l'ONUSOM.

Finalement, Alain Deschamps devra abandonner Mogadiscio dans la hâte début juin alors que la guerre fait désormais rage entre les milices du général Aïdid et les forces de l'ONUSOM. Il la quitte huit jours après un épisode horrible : la mort, sous ses yeux, de sa secrétaire dévorée par un requin. Alors que la guerre et la famine avaient fait en Somalie des dizaines de milliers de morts, le traumatisme qui aura marqué le vieil ambassadeur, au soir de sa carrière, est cet infortuné accident balnéaire. C'est à la fois dérisoire et profondément humain.
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