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4,09

sur 392 notes
Un livre en hommage à Nicolas Bouvier.
Près de 70 ans après, le romancier F.H. Désérable part sur les traces d'un écrivain et d'un livre qui l'ont (comme beaucoup) marqué.

A la fin de l'année 2022, il passe 40 jours à sillonner l'Iran, au plus fort de la révolution et de sa répression par le régime.
Il nous offre un instantané d'impressions et de rencontres, dans un pays où les journalistes se font rares.

J'aime beaucoup lorsque les livres nous permettent de pousser des portes, de nous transporter dans des régions que l‘on ne connait pas forcément bien et nous font découvrir une réalité.

Passionnant et très bien écrit.
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La traversée de François-Henri Désérable est placée sous le signe de L'usage du monde écrit par Nicolas Bouvier en 1963, aventurier qui avait aussi parcouru l'Iran et d'autres pays du Moyen-Orient. Pour lui rendre hommage et suivre ses traces, Désérable intitule son récit L'Usure d'un monde. Ce monde, c'est l'Iran après la mort (le meurtre) de Mahsa Amini, cette femme arrêtée en 2022 par la police des moeurs et morte en prison des blessures qui lui ont été infligées. Désérable, contre l'avis de tous, décide de partir en Iran alors que le pays connaît une grande révolte. Sur place, il faut être très prudent. Beaucoup d'espions cherchent à mettre la main sur les opposants au régime et à l'ayatollah Khamenei. de l'intérieur, l'auteur nous raconte que c'est presque l'ensemble de la population qui a envie de voir tomber le tyran, héritier de Khomeini, fondateur de la République islamique. le lecteur, à l'abri, part donc avec lui sur les routes d'Iran, descendant jusqu'à la frontière du Pakistan, montant jusqu'à l'Iran kurde où il n'est pas en sécurité et où il sent une surveillance accrue. Une carte, en début de livre, nous permet de nous repérer facilement, et quelques photos illustrent ce périple.

(...)
Lien : https://lemanoirdeslettres.f..
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Livre découvert par hasard que j ai dévoré.

Je n avais rien lu sur l Iran depuis Persepolis et le sujet m a beaucoup intéressée …

Même si la vie et la répression effroyable décrites en Iran n'étaient finalement pas une surprise, ce témoignage par un occidental quand même un peu perché ( fallait il l être pour tenter un tel voyage ) est malgré tout une claque! Effrayant !
J ai apprécié aussi le style viril, mais teinté d'humour et d autodérision ; clairement, parfois vaut mieux-t-il en rire pour ne pas avoir à en pleurer aurait sûrement dit Beaumarchais.

En attendant, sachons apprécier de vivre en démocratie et efforçons nous de la préserver, telle est la leçon de vie qu on peut retirer de ce livre.
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Désireux depuis des années de se rendre en Iran, nourri du récit de Nicolas Bouvier, L'usage du monde (à lire bien sûr, mon billet), F-H Désérable ne peut réaliser son rêve que fin 2022 (pas vraiment le meilleur moment). Pour lui, pas de Fiat Topolino, mais toutes sorts de transports locaux, y compris des 'touristes' (oui, il existe encore des voyageurs improbables et disons hors pistes). Pour y être allée une dizaine de jours en 2009, je confirme que c'est un pays fabuleux.

Le trajet sera en gros le même que celui de Bouvier et son ami. Ce qui pourrait n'être qu'un n-ième récit de voyage en Iran prend toute sa valeur car il témoigne de l'ambiance lourde qui y règne actuellement. L'auteur relate plusieurs rencontres, on n'oubliera pas les jeunes femmes continuant à se révolter, sachant ce qu'elles risquent si on les arrête. L'on sent qu'il aime ce pays et ces habitants. Son périple se terminera prématurément, car il sera arrêté et prié de déguerpir fissa en France (rappel : il existe des français encore détenus en Iran)

Le livre est court, et réussit aussi à parler de l'histoire du pays, de ses coutumes (ah le taarof!) et souvent avec humour. Ou alors causticité? En tout cas l'autodérision apporte une note plus légère.
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Un récit de voyage en Iran à la fin de l'année 2022 (coupe du monde de football Killian MBappé y est très populaire). L'écrivain décide une fois la crise sanitaire terminée, de séjourner en Iran, un projet décidé trois ans plus tôt.

L'auteur désire suivre les traces de Nicolas Bouvier (1929-1998), écrivain, photographe et voyageur, qui écrivit L'usage du monde en 1963, un ouvrage devenu sa Bible.

Ici, il relate les 40 jours vécus en ex Perse suivant le parcours de son idole, d'ouest en Est (Téhéran, Qom, Kāchān, Ispahan, Chiraz, Persépolis, Abarkouh, Yazd, Kerman, désert de Lout, Keshit, Bam, Zāhedān (frontière Pakistanaise). Puis, Tabriz pour terminer par Saqqez dans le Kurdistan où un gardien de la Révolution lui intime l'ordre de rentrer chez lui, de s'en retourner en France ; ce qu'il fit. Son récit haut en couleur raconte son périple au pays de l'Ayatollah Khomeini.

Les touristes sont rares et les journalistes occidentaux totalement absents, faute de visas délivrés. D'ailleurs, on l'avait prévenu, le ministère des Affaires Etrangères français l'avait informé qu'il ne devait pas y aller, le danger étant trop grand ; le territoire placé en zone rouge par les autorités. Trop tard, l'écrivain atterrissait à Téhéran, capitale d'un pays en pleine répression contre les manifestations suivant la mort tragique d'une jeune femme, Mahsa Amini pour port du voile non conforme aux yeux de la police des moeurs.

Là, il y fait plusieurs rencontres : Saeid, Habib, Niloofar, Ali, Yassin, Aluk, Réza… Ils sont étudiants, chauffeurs de taxi, épiciers, restaurateurs ou mollahs, et des voyageurs étrangers comme lui (Suisses et Allemand dont Marek). A travers, celles-ci, c'est toute la température d'un pays à bout de souffle qu'il découvre et qu'il transcrit dans ce fabuleux roman.

Un livre intéressant et captivant. J'ai aimé ce voyage, les différentes étapes traversées. le lecteur y est transporté. A travers son récit, nous visitons les mosquées, les rues, les oasis, le désert, les mausolées, les palais, les jardins, les bazars, les poètes comme Hafez ou Rûmî, les citadelles …

Nous découvrons des usages (ta'ârof, sigheh), la monnaie, la gastronomie, son Histoire avec un grand H (Darius 1e, le Shah Pahlavi, Zarathoustra, Schulemburg, l'empereur Qadjar, l'avènement de Khomeini et de la République islamique…). Attention, nous ne sommes pas dans un guide du routard !

Comme lui, nous rencontrons des locaux, nous les écoutons. Les langues se délient, les gens parlent et dénoncent un régime asphyxiant. La peur n'est plus aussi grande qu'auparavant, les défis et la dissidence sont partout. La révolte gronde.

Il y dépeint l'usure d'un monde : un pays (autorités, mentalité, gouvernance, répression, liberté bafouée : espionnage ou bassidji, réseaux sociaux et Internet, parole réprimée, meurtres et tortures, interrogatoires clandestins, prison Evin, corruption, poids de la religion : voile et condition de la femme qui est karab, ce qui est abimée et défectueuse, ce que l'on jette puisque avariée, périmée ; la charia. Peur entretenue, l'arme la plus sûre du pouvoir, celui d'un état totalitaire et absolu).

Un monde (peuple) usé, fatigué, érodé, détérioré. Un peuple désireux d'un changement total du régime en place : 87% des Iraniens sont favorables aux revendications des manifestants (note de bas de page, p.126).

C'est avec une belle écriture, moderne au style journalistique ; une écriture ironique que l'écrivain raconte son expérience de l'Orient pour dévoiler et dénoncer ce qui est brutal, absurde, anormal et amoral. Un humour permettant de prendre de la distance avec une réalité que nous ne connaissons pas ou peu car contraire à la nôtre. Un parti pris clairement défini et hypocrite au regard de l'usage du voile en France où aucune voix ne s'élève contre lui par égard aux milliers de jeunes filles tuées pour avoir osé s'en libérer et délivrer.



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François-Frédéric Désérable n'a pas froid aux yeux : il s'envole alors que l'Iran est rouge pompier sur la carte du site de la diplomatie française : destination formellement déconseillée.

Courageux ou inconscient, selon le point de vue, l'auteur prend son billet d'avion pour l'Iran, en 2022, peu après le décès de Mahsa Amini, et les grandes manifestations qui s'en sont suivies. Mahsa, iranienne d'origine Kurde a été arrêtée par la police des moeurs iranienne pour « port de vêtements inappropriés ». Elle décédera trois jours plus tard.

Pourquoi partir et prendre autant de risque ? L'auteur veut comprendre ce qui se passe, non pas à distance en lisant les articles des autres, mais en allant sur place se faire sa propre idée. Ce voyage deviendra « L'usure d'un monde ». Dans ce livre nous avons droit à un reportage sur la situation politique du pays, à travers les yeux du narrateur et ses échanges avec la population. Cependant, Désérable n'est ni journaliste, ni reporter, mais romancier. L'usure d'une monde est un récit de voyage engagé, qui fait un clin d'oeil, par son titre et une petite partie de son contenu, à près de 70 années d'intervalle, à son mentor, Nicolas Bouvier, l'auteur de « L'usage d'un monde ».

L'écriture est fluide, facile et agréable à lire. Malgré le caractère grave du sujet, l'ouvrage prête très souvent à sourire. Ce n'est pas la situation politique en Iran qui est drôle, mais bien le style d'écriture de l'auteur, souvent ironique ou sujet à l'autodérision. Ainsi, lors de sa première nuit dans une auberge à Téhéran, il croit que la tenancière le drague, il réalise seulement plus tard qu'elle voulait le prévenir d'un danger : il faut se méfier à qui l'on parle surtout sur des sujets politiques. le livre regorge d'anecdotes, parfois éculé, que l'on ramène à foison lors d'un voyage exotique. Un exemple parmi tant d'autres, a propos de ses péripéties pour prolonger son visa : « le photographe est bien au coin de la rue, seulement, il a son studio dans le sous-sol d'une banque. ».

Mais le sujet est grave, le pays est dirigé par un état islamique intolérant, aux lois moyenâgeuses. Ici les coups de fouets, déjà inacceptable en soi, peuvent mener à la peine de mort.

Si l'auteur parle peu des monuments qu'il voit – on sent bien qu'il n'est pas vraiment ici pour faire du tourisme – il cite avec justesse d'autres auteurs comme Pierre Loti (vers Ispahan) ou encore pour l'histoire du pays, le polonais Ryszard Kapuscinski, qui dit-il en parle mieux que lui. A plusieurs reprise on ressent cette modestie et ce recentrage sur les motifs de son voyage.

La vrai richesse de l'ouvrage ce sont les rencontres, aussi bien avec des iraniens que des voyageurs comme lui. En cela on ressent la comparaison dans le titre avec le récit de voyage très humaniste de Nicolas Bouvier. L'auteur le cite d'ailleurs régulièrement, cela permets d'avoir un aperçu de l'évolution du pays sur sept décennies. Malheureusement ce monde est en déconfiture. Les monuments décrit sont parfois en ruine ou très abîmés mais c'est surtout le politique qui est usé. On y découvre aussi parfois des lieux qui donne envie de faire le voyage, encore faudrait-il pouvoir le faire… en cela l'ouvrage de Désérable est précieux, il nous montre que malgré tout ce que l'on peut critiquer chez nous au moins notre pays a encore quelques valeurs des Lumières et qu'il faut se battre pour préserver cela. Là-bas, la place des femmes et des minorités (Kurde, musulmans sunnites, étrangers...) est peu enviable et ne semble, au vue de l'actualité, pas prête d'évoluer.

L'ouvrage de Désérable est un cri de révolte, le « silence n'est pas toujours porteur d'émois éloquents, mais peut aussi être lâche et coupable et funeste » (p105). le peuple iranien n'a que sa voix pour manifester, Désérable utilises lui la littérature comme moyen pour nous émouvoir. En cela son ouvrage se distingue de celui de Bouvier, c'est un récit engagé témoin des crimes et de la barbarie qui nous invite à nous révolter contre les injustices de ce monde.
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Un voyage en Iran sous la forme d'une collection d'instantanés. On rencontre avec l'auteur les différentes personnes qu'il a croisées. Beaucoup de légèreté et une pointe d'humour chez ce voyageur pourtant confronté à une grave réalité, mais que l'on effleure seulement au fil de ses rencontres.
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Un voyage en Iran en novembre 2022, décrivant quelques rencontres au hasard de ce périple mi- touristique mi- politique et rendant hommage aux iraniennes et aux iraniens qui luttent avec si peu de moyens contre la barbarie à visage islamiste. Au-delà du titre du livre, une écriture qui s'inspire avec respect de l'usage du monde de Nicolas Bouvier. Sincère et agréable à lire, mais surtout à considérer comme une invitation à poursuivre la découverte culturelle et sociétale de ce pays. Et à y voyager (ou y retourner) dès que cela sera de nouveau possible.
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En bon apôtre de Nicolas Bouvier, Désérable rend ici hommage au saint patron du voyage en retraçant une partie de son parcours en Iran. Quarante jours - de Téhéran aux confins du Baloutchistan - sont entièrement suffisants pour tâter le pouls politique de ce pays à cran. Depuis la mort de Mahsa Amini, provoquée par la police des moeurs de la République islamique (son voile n'était pas conforme), le pays a connu une vague de manifestations contre la répression accrue du régime. le déséquilibre entre les différents partis est sidérant : kalachnikov contre cheveux au vent. François Henri-Désérable nous offre une autre facette de sa plume, davantage inspirée du reportage et fait le portrait d'un peuple héroïque devant l'oppression. Il rejoint les rangs des bourlingueurs littéraires qui tentent de saisir le temps et qui, du bout de leur crayon, constatent non sans dépit, l'usure du monde.
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Ça pourrait être bon. Parce que c'est bien écrit. Parce que les phrases tiennent debout. Parce que le sujet est ok. Mais y a quelque chose qui dérange, au bout de quelques pages, on sent le type qui se regarde écrire. C'est complètement gratuit, je ne connais pas ce Monsieur. Mais à la lecture de ces pages, je mets mon billet sur un soupçon d'arrogance. Je donnerais sa chance à un autre de ses bouquins, voir si je me trompe.
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