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3,3

sur 2677 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Les premières pages de "Cher connard" sont à l'image du titre, d'une vulgarité crasse. Un homme, Oscar, écrivain plongé dans la tourmente de MeToo et une femme, Rebecca, célèbre actrice sur le déclin s'insultent par mails. Pas de doute, nous sommes bien en 2022, à l'heure du "sans filtre" sur les réseaux sociaux, les plateaux télé et jusque dans les discours présidentiels. Las, le livre commençait déjà à me glisser des mains. Les pages éructaient de rage mais je n'entendais pas, je n'entendais plus, l'auteur criait trop fort. Et puis cette colère brouillonne qui envoie ses missiles tous azimuts a fini par me cueillir. Car Virginie Despentes, c'est la perfection du tir, la phrase qui touche au bon endroit, au bon moment. Et dans ce livre explosif autant que corrosif, tout le monde en prend pour son grade, pas seulement l'homme blanc privilégié qui use de son pouvoir. Despentes s'attaque aussi aux bobos féministes, au milieu de l'édition, aux accros d'Instagram et de Twitter. Guerrière, elle dénonce avec beaucoup de justesse le sort que le cinéma réserve aux actrices vieillissantes, soumises à la dictature du botox et des régimes amincissants. Jadis, le cinéma les avait faites reines. A présent il les efface, tout simplement. Si nos vieux schémas semblent indépassables, Virginie Despentes les secoue. Allons-nous subir encore longtemps cet autoritarisme patriarcale qui imprègne toute notre société? Bien sûr, c'est avant tout aux femmes que le livre s'adresse et certains passages sont un vrai défouloir, une jubilation pour la lectrice qui, même si elle ne connaît pas personnellement d'écrivains, connaît forcément un Oscar. Il est l'archétype de l'homme médiocre en tous points, pas vraiment méchant mais tellement égocentré qu'il se croit tout permis. D'ailleurs quand il se fait metooïser, il ne comprend pas ce qui lui arrive, n'ayant jamais eu conscience d'avoir été grossier ni surtout d'avoir été trop loin. Avant MeToo, les femmes buvaient leur honte mais à présent elles la vomissent sur les réseaux, quitte à s'en retrouver éclaboussées, à l'instar de Zoé, l'attachée de presse qu'Oscar a harcelée jusqu'à ce qu'elle craque.

Ces trois personnages qui prennent la parole à tour de rôle ont la même hargne et semblent parler par la même bouche. Ils sont coupables et victimes tout à la fois mais surtout victimes de cet emballement médiatique qui les écrase et confisque leur parole. le fait que chaque personnage s'exprime dans le même style ne m'a pas gênée. Ils sont interdépendants et ont besoin l'un de l'autre pour délivrer leur message. Plus j'avançais dans ma lecture et plus je me disais que Despentes avait écrit un livre salutaire, un livre qui se fiche de plaire aux lecteurs et à la presse, qui ne cherche pas la récompense mais la vérité. Et peu importe que cette vérité soit laide, comme un cadavre dans la lumière crue des néons.

Et puis, sur fond de confinement et de délitement social, le livre bascule vers autre chose. Il s'essouffle et perd de son mordant. Rebecca et Oscar sont tous les deux toxicomanes et c'est Oscar qui décide le premier de décrocher. Rebecca suivra. L'amitié qui se tisse au fil des échanges leur donne de la force. Ils sont là l'un pour l'autre et se soutiennent quand l'un des deux est sur le point de flancher. Cette amitié assurément les rend meilleurs et d'ailleurs Oscar prend conscience du mal qu'il a fait à Zoé. Il s'excuse, carrément. Il n'est donc plus tout à fait un connard, vous en conviendrez. Et d'ailleurs pour fêter cette exemplaire rédemption, la vie lui offre une belle et intelligente jeune femme. le fait qu'elle soit plus jeune que lui m'a arraché, je l'avoue, un sourire narquois. Les vieux schémas machistes auraient-ils rattrapé Virginie Despentes sur la ligne d'arrivée? Il est à noter que dans la vraie vie, le connard n'a pas nécessairement besoin de s'amender pour être aimé par une femme de qualité. C'est là le talon d'Achille de la femme, sans doute, sa naïveté et son innocence, sa beauté aussi. Nous quittons donc notre plus tout à fait connard heureux et en passe de devenir un mec vraiment bien. C'est une belle fin moralisatrice et mièvre à souhait. Lisant cela, je me sentais agacée et déçue, presqu'en colère. On m'avait trompée sur la marchandise. le livre s'ouvrait sur un brûlot féministe et se terminait comme un scénario de mauvais film américain. Que s'était-il passé pendant l'écriture du livre? Les effets du confinement peut-être? Ou une récente addiction aux vidéos de chats? Je ne m'explique pas un tel écart entre les deux moitiés du livre. le summum étant la confidence qu'Oscar nous fait sur l'histoire homosexuelle vécue à son adolescence. L'histoire la plus romantique de sa vie, dit-il. Cette caricature était-elle vraiment nécessaire?
Je crois que j'aurais préféré que le connard reste un connard jusqu'au bout, sans remords et sans regrets, face à des femmes sans illusions. Bref, j'aurais aimé une fin peut-être plus sombre mais plus crédible, une fin qui colle avec notre époque car à ma connaissance et sauf si j'ai manqué quelque chose dans l'actualité, nos ministres, eux, ne se sont toujours pas excusés.
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J'étais à genoux devant Subutex.
Là, je me couche avant la fin
de cher connard...l'ennui!
J'ai l'impression de lire des propos de bistrot
qui n'ont rien de "brèves"
Ces échanges épistolaires s'éternisent
à défendre une idée puis, une autre
et enfin son contraire .
Il y a de l'echolalie dans l'air
embrumé d'alcool et de narcotiques.
il y a des moments de grâce, bien sûr,
des formules géniales à l'emporte-pièce...
Heureusement !
Mais ces vomissures de rancoeur
sont lassantes..
La dope, l'alcool...là est la question
Avec? Sans?
J'ai aimé la colère autour de Céline,
le covid en ville..beaucoup moins les digressions
concernant metoo..
Ennui amer et abandon..
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Voilà, paraît-t-il, « le » livre de la rentrée littéraire, celui que l'on va adorer ou détester, mais celui dont on va parler assurément.
Je n'ai pour ma part, pas à grand-chose à en dire, sinon que cette lecture m'est rapidement devenue insupportable.
Je suis pourtant assez amatrice de romans épistolaires, mais là, rien n'a fonctionné.
Je n'ai aimé ni le style, ni le propos. Des lieux communs à foison, des répétitions, des personnages caricaturaux m'obligent à jeter l'éponge, pour ne pas jeter le livre à travers les murs.
Je n'aime pas abandonner un livre, mais au vu de tous les bons romans qui m'attendent, je renonce à perdre mon temps avec une lecture devenue au fil des pages une véritable épreuve.
Merci à NetGalley et au Editions Grasset.
#cherconnarddespentes #NetGalleyFrance
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"Cher Connard" est le tout premier roman que je lis de la sulfureuse Virginie Despentes, l'auteure aux mots transgressifs, volontiers violente dans ces prises de position qui tendent vers une sorte d'attitude "punk." C'est tout le soucis ici, que doit-on juger ? la forme ou le fond. Qu'est ce qui doit primer, l'un ou l'autre ou les deux ? On doit reconnaître à Virginie Despentes son côté anarchiste, sa "fuck" attitude, sa propension au excès en tout genres dont elle ne se cache pas. le personnage fait vendre, il n'y a qu'à voir la campagne de presse phénoménale pour ce roman annoncé comme le roman de cette rentrée littéraire par Télérama et les Inrockuptibles. Là où Despentes passe, la polémique la suit comme son ombre. Peu avare de formules chocs, elle est un excellent client des médias. Ce roman "Cher Connard" est un condensé de ce que Despentes nous propose depuis "Baise Moi." Ici, un récit sous forme d'échanges épistolaires entre une actrice de cinquante ans et un écrivain accusé d'avoir commis une agression sexuelle contre une jeune femme de sa maison d'édition. Tous les opposent mais les deux personnages vont peu à peu se confier, parler de leurs tourments, de leurs vicissitudes, de leurs excès, d'une vie chaotique, de leurs difficultés à échapper au monde de la nuit, aux dealers, à la came, la cocaïne, le crack, l'héroïne et j'en passe. Les obsessions de Despentes sont là. Tout ce petit monde se défonce par plaisir pour certain(e)s ou par ennui, pour éviter de sombrer totalement. le début fonctionne bien, on entre dans ces échanges avec plaisir. Mais las, Despentes se répète et tout son roman tourne autour de la défonce, de la volonté de se détruire, de se mettre minable par tous les moyens possibles. L'actrice et l'écrivain unis dans leurs tragiques turpitudes, leurs solitudes, leurs désarroi. Il y a un côté touchant à cette exposition des maux dans des séances pour alcooliques ou drogués anonymes. Certains passages ont leurs moments de fulgurances. Despentes n'écrit pas mal, son style est direct, sans fioriture à l'image de ce qu'elle dégage dans les médias. Mais le phénomène de répétition avec cette obsession pour la défonce, l'auto destruction ont fini par m'achever et m'ennuyer profondément. Autre aspect de "Cher Connard, l'obsession du "mâle blanc hétéro" source de tous les maux, de l'extrême droite face aux féministes. En prenant ce type de position, Virginie Despentes ne prend pas beaucoup de risque, je dirais même qu'elle ne fait que répéter le prêchi prêcha de notre époque. Ce féminisme radical et volontiers caricatural, ce mélange enfantin et sans profondeur intellectuelle des "gentilles" féministes face aux "méchants hommes blanc hétéros", face à "l'extrême droite". Quels risques prend elle ? Nul mots par contre pour condamner les agressions sexuelles d'hommes d'extrême gauche, leur antisémitisme, leur racisme, leur volonté de détruire le socle de ce qui a fonder nos sociétés depuis des siècles. Les respect homme-femme, l'égalité entre les sexes, le combat sans faille contre les féminicides, la protection des femmes victimes de violences domestiques ou sexuelles, la condamnation à des peines très lourdes de ces hommes qui son des monstres qui ne méritent aucune pitié. Nous sommes tous d'accord, mais j'aurais apprécié une forme de nuance dans les anathèmes que Virginie Despentes distribue à tour de bras. Toujours dans le même sens. Quid de l'inégalité homme/femme dans les milieux islamistes, du burkini, du voile islamique.. rien n'est dit, Despentes passe sous silence cette réalité car elle sait qu'elle prendrait alors de vrai risque. Punk de studio télé, punk de salon, celle qui se présente comme une grande gueule sans tabou est en réalité d'une bien-pensance crasse. le style d'écriture est loin d'être enthousiasmant, le récit tourne en rond et enfonce les portes ouvertes. Fausse rebelle, Virginie Despentes est en réalité partie prenante d'un système médiatique qui la consacre comme reine de la provoc, génie de la littérature, sauveuse des lettres et j'en passe alors qu'en réalité, le système qu'elle conchie depuis une vingtaine d'année maintenant l'a adoubé pour la réelle insignifiance de ses positions progressistes. Nul n'est prophète en son pays..
Lien : https://thedude524.com/2022/..
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Tout commence par un post sur Instagram d'Oscar, écrivain en manque d'inspiration et de popularité depuis quelques temps, dans lequel il s'en prend au physique d'une actrice culte cinquantenaire, Rebecca, qui selon lui aurait « mal vieilli » …

Il s'en suit un échange épistolaire des temps modernes sur les réseaux sociaux. Oscar étant en parallèle dénoncé comme harceleur par une attachée de presse qu'il a conduit naguère à la démission et que règle ses comptes avec lui, via #metoo.

Cet échange commence de manière assez drôle mais Oscar s'enfonce tout seul en exhibant un déni phénoménal, il était amoureux d'elle et elle n'a rien compris bien-sûr… le genre de mec qui entend « oui » quand on lui dit et répète sur tous les tons « non ». Très vite j'ai eu envie d'envoyer promener ce livre mais j'ai eu pitié de ma liseuse…

L'idée était intéressante, mais on assiste très vite à deux monologues qui ne tentent même pas de se répondre, chacun étant obnubilé par son image.

Je m'attendais à moins de « sympathie » de la comédienne vis-à-vis d'Oscar, derrière laquelle je n'ai pas pu m'empêcher d'entrevoir Catherine Deneuve revendiquant son droit à être importunée, (non mais, je rêve elle se rend compte de ce qu'elle dit ! tout le monde n'a pas une harde de garde du corps derrière son postérieur pour le protéger !). Elle se réveille un peu tard, alors que Zoé est entrée dans sa vie, comme par hasard.

Je me suis laissée tenter par le tapage médiatique autour ce dernier opus de Virginie Despentes mais décidément, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas… Déjà, je n'avais pas réussi à survivre au premier tome de « Vernon Subutex » donc c'était ma dernière chance pour tenter d'apprécier l'auteure.

Je suis satisfaite d'être arrivée au bout de ce livre, lecture qui fut un pensum et m'a fait beaucoup grincer des dents et donner envie de mettre des baffes… Cela relève de l'exploit.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteur

#cherconnarddespentes #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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J'ai enfin fini ce livre, soit dit en passant beaucoup trop long.

Je reste totalement dubitative quant à la visée de cette histoire. J'ai beau me retourner la tête dans tous les sens, impossible pour moi de comprendre l'objectif de l'auteur, ainsi que sa pensée. Je n'ai absolument pas la moindre idée de ce à quoi il sert...

On commence l'histoire avec Oscar, un homme quelconque et accusé par une blogueuse féministe de l'avoir harcelée sexuellement au travail, qui poste un commentaire haineux sur Rebecca, une actrice de 50 ans. Elle lui répond de façon virulente, et à partir de ce ment-là, ils ont entamer une correspondance, échangeant leurs points de vue très clivés, très clichés, très insupportable, sur à peu près tous les sujets à la mode à l'heure actuelle ( harcèlement, féminisme, la rôle de la mère, l'absence d'amour et de démonstration des parents, la drogue,...)

D'ailleurs, en parlant de drogue... Tant de pages pour en parler. Pour parler du sevrage sans jamais aborder les problèmes physiques du manque. On a l'apologie de l'héroïne et du shit, et de l'alcool, on commence à comprendre au bout de quelques pages, que les substances illicites annihilent qui on est vraiment, permettent de s'anesthésier, d'oublier son malheur, et j'en passe.

Ensuite, tout le monde en prend pour son grade, mais sans savoir vraiment ce qu'en pense l'auteur... Parce que bien sûr, Corinne, la soeur d'Oscar, est une lesbienne, n'est pas belle, a toujours préféré les jeux de garçons; et puis les mères de garçons sont toutes des connasses qui déifient leur fils pour se les approprier, et bien sûr ceux qui tombent dans la drogue ont d'office été victimes de viols et attouchements durant l'enfance,... Et les femmes sont des victimes, et les hommes des connards qui n'ont pas conscience de leurs actes et se justifient de tous leurs actes condamnables... Mais quel ramassis de stéréotypes qui disent tout et son contraire, c'est un truc de fou!

On en parle, d'Oscar qui est un prédateur, qui harcèle une femme au boulot (Zoé, la blogueue, vous avez suivi?) et qui finalement avoue que dans sa jeunesse il a eu une histoire d'amour avec un gangsta tagueur de mur et délinquant, et tellement beau? Alors, ça, et parler de rap, alors que sincèrement je suis prête à parier que l'auteur n'a jamais écouté les artistes dont elle parle. Quand on met au même niveau La Fouine, Booba et PNL, c'est que très clairement, on n'écoute pas de rap français. C'est s'approprier des codes que l'on n'a visiblement pas et en tirer des conclusions. Alors même si le thème principal n'était pas le rap français, il aurait été intéressant de s'informer davantage, surtout qu'Oscar a la cinquantaine, et de peut-être lui faire aimer plutôt des groupes des années 90, qui étaient virulents et avaient des choses à raconter.

Après, on critique encore les blancs, les hommes blancs, surtout, la suprématie blanche, et bla bla bla, les hommes blancs sont des connards, des violeurs intouchables et sont à l'origine de tous les maux de la terre. Ce serait bien aussi, d'arrêter de stigmatiser les hommes blancs, en fait. Qu'on arrête de cibler une partie de la population pour lui jeter des pierres, ce serait pas mal. Oui, il y a des connards blancs, mais les hommes blancs ne sont pas majoritairement des potentiels violeurs agresseurs tabasseurs,...

Je souligne aussi le côté vulgaire qui revient trop souvent (ben oui, une femme qui s'affirme doit être vulgaire, visiblement, si elle ne l'est pas, elle correspond trop à l'image lisse d'une femme soumise); il y a aussi le personnage de Rebecca qui est imbuvable (je suis actrice, je suis belle, j'ai été belle donc je dois essayer de me faire à l'idée qu'à 50 ans je ne le suis plus,...)

Seul le style sauve le roman, à mes yeux, parce qu'il est fluide et que le côté épistolaire rend le texte très simple à lire.

Pour conclure, je n'ai pas aimé du tout ce roman. Je n'ai pas du tout compris comment l'auteur se positionne et je pense que c'est mon plus grand problème. Ce livre m'aura énervée, parce qu'il dé-sert les causes féministes, il stigmatise, il s'appesantit sur la drogue et fait passer les féministes pour des connes agressives qui ne s'entendent pas en ayant plusieurs groupes. Les hommes en prennent plein la gueule aussi. Donc l'objectif de ce roman me laisse coite. Je le répète, je ne comprends pas. Pourtant, je soutiens les femmes, je suis pour l'égalité des sexes, je suis pour la liberté de la parole, pour qu'elle se libère, pour que les femmes soient estimées, respectées, qu'elle ne vivent plus dans la peur. Mais ce livre ne m'évoque absolument pas cela. Il accuse tour à tour hommes et femmes, il lance une idée puis l'autre, il est un peu décousu, peu crédible ( à quel moment un hater devient le meilleur ami de la femme sur laquelle il a craché?), cliché,...

Encore un dernier point: il manque TROP de virgules dans ce livre.

Enfin voilà, j'arrête, je pense que cette critique est déjà beaucoup trop longue et je suis désolée de ne pas l'avoir aimé, malgré quelques idées parfois justes, le style facile à lire et le structure agréable.
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Le roman s'ouvre sur les “retrouvailles” houleuses entre Oscar, un écrivain quarantenaire à succès tombé dans le collimateur #metoo, et Rebecca, une actrice quinquagénaire qui voit sa beauté décliner et les propositions de rôles se réduire à peau de chagrin. Entre la correspondance enflammée de nos deux protagonistes, de brèves incursions de Zoé Katana, la trentaine, ancienne attachée de presse et victime d'Oscar, accro aux réseaux sociaux. Celle-ci se sert de son blog à succès pour #balancersonporc et défendre ses convictions politiques, placées sous le sceau d'un féminisme engagé. En dépit de leur notoriété, ce sont trois solitudes qui vont se faire écho et s'apprivoiser au fil des lettres, tissant progressivement des liens là où il n'y aurait jamais dû y en avoir, le tout sur fond de scandale social et de crise sanitaire…

Bon, ben voilà, j'l'ai lu… C'était l'un des romans de cette rentrée littéraire que j'attendais le plus, impatiente de retrouver la verve à la fois provocante, cinglante et incisive de Virginie Despentes ainsi que ses discours politiquement incorrects et tout ce qu'il me reste après avoir refermé mon livre, c'est l'arrière goût amer d'une lecture pénible et laborieuse que j'ai été tentée d'abandonner à plusieurs reprises…

Je n'ai rien retrouvé de tout ce qui m'avait séduit dans “Apocalypse bébé” ou “Vernon Subutex”, de ces phrases qui font mouche, ni de ces idées dérangeantes que l'on pense tout bas et que Virginie Despentes dit tout haut, ou de ce style qui frappe et assomme le lecteur comme un uppercut. Ca se veut rock'n'roll et dans le coup en abordant des sujets d'actu comme les violences faites aux femmes, le féminisme et ses dérives, l'alcool et les drogues, toutes les drogues, le monde pourri du cinéma et de l'édition, le patriarcat ou encore la manipulation de masse lors de la crise sanitaire, mais ça sonne creux et superficiel. Tout est survolé, hormis le nombril de nos deux principaux protagonistes que l'on peut admirer sous toutes les coutures durant 343 pages!

Oscar et Rebecca se revendiquent comme deux marginaux, qui sont parvenus à sortir de leur condition prolétaire grâce à leur talent mais se retrouvent inadaptés dans une classe sociale qui leur fait bien souvent sentir qu'elle n'est pas la leur. Issus du même quartier, ces origines communes sont ce qui les rapprochent (ainsi que leur goût prononcé pour les drogues…) et, au fil des souvenirs et des confidences, chacun se met à nu et dévoile ses failles. Malheureusement, leurs échanges sont beaucoup trop verbeux, pleurnichards, décousus (se répondent-ils vraiment dans leurs lettres ou s'écoutent-ils seulement parler?) et surtout ils tournent en rond! J'ai trouvé qu'il y avait énormément de redites dans leur correspondance et j'ai fini par m'ennuyer assez vite…

Au final, je ne m'attendais pas à trouver Virginie Despentes et sa plume assassine dans une petite histoire d'amitié et, même si l'idée aurait pu être plaisante, là je suis carrément déçue du résultat… Dommage, mais il y a plein d'autres pépites de cette rentrée littéraire qui valent la peine d'être découvertes alors il n'y a pas une minute à perdre!
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« Les liaisons dangereuses au temps des réseaux sociaux » selon la 4ème de couverture. Voilà qui est bien présomptueux. Et absolument pas mérité.

Nous voici donc en 2020. Oscar, romancier, insulte une comédienne (Rebecca) dans un post instagram. Il a connu l'actrice, actuellement sur le déclin lors de leur enfance (elle était amie avec sa soeur). Lui-même n'est qu'un romancier assez moyen qui arrive sur le devant de la scène médiatique car accusé de harcèlement moral et sexuel par Zoé Karana, attachée de presse et blogueuse, laquelle fut un temps sa stagiaire. Oscar commence alors une correspondance par mail avec Rebecca. Après des échanges assez vigoureux, pour ne pas dire agressifs, les relations vont devenir presque amicales.

Oscar est un abruti macho de la pire espèce, incapable de reconnaître que ce qu'il appelle de la drague n'est que du harcèlement. Rebecca n'est obsédée que par sa carrière dont elle n'accepte pas le déclin. Quant à Zoé, on ne sait pas trop ce qu'elle cherche.

Le livre est construit autour des correspondances entre Oscar et Rebecca, avec de temps en temps une publication de Zoé sur son blog. Trois personnes qui devraient se parler, échanger, qui ne font que soliloquer sur leurs états d'âme sans une seconde écouter l'autre.

De Virginie Despentes, j'attendais tellement plus sur ce sujet et avec un tel titre. Mais quel ennui. On se lasse rapidement des jérémiades d'Oscar, de l'égocentrisme de Rebecca, des interventions de Zoé. Au point que j'ai fini par abandonner à la page 200, après un mois de lecture laborieuse, m'accrochant à l'espoir d'une évolution, laquelle arrive à peine avec le confinement. L'auteure semble vouloir aborder toutes les problématiques qui sont dans l'air du temps et qui sont son fonds de commerce (drogue, metoo, homosexualité, covid, doutes sur la masculinité, sexe) sans en aborder une seule dans sa totalité, sa globalité ni défendre quelque point de vue.. Les monologues des deux principaux protagonistes tournent en rond et finissent par lasser tant elles sont monocordes.

Bref, grosse déception.
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J'étais restée dubitative à la fin de la lecture du dernier tome de Subutex, ayant trouvé que ça y'était, Despentes s'était policée, trop pour moi. Et puis il y eut la lettre ouverte publiée dans Libération, après le départ d'Adèle Haenel suite à la récompense aux Césars de Polanski, qui m'avait réconciliée avec la hargne, les mots justes et percutants, de la romancière. Alors j'étais confiante quand je me suis procurée Cher connard le jour de sa publication...

Et bien si j'avais su, je me serais abstenue. Derrière un titre pseudo-provocateur, cette correspondance 2.0 entre Oscar Jayack, écrivain avec un certain succès, accusé de violences sexuelles par une de ses anciennes attachées de presse, Zoé Katana, qui publie désormais sur le Net des chroniques féministes - qui interrompent parfois la correspondance-, et Rebecca Latté, une actrice quinquagénaire forcément dans le creux de la vague, est d'une terrible platitude, bien loin des claques en pleine figure, incisives, crues, sincères, qu'a pu par ailleurs livrer Despentes tout au long de son oeuvre romanesque. de poncifs en poncifs, stylistiques, thématiques, sociologiques... l'on entre finalement dans quelque chose d'assez creux, bien peu inspiré, et plus encore peu inspirant.

Embourgeoisement dû au succès qui a fait perdre de vue l'essentiel, c'est-à-dire l'authenticité, qui ne cherche pas à plaire à tous, ou assagissement dû à l'âge, aux expériences, que sais-je... Mais je ne me reconnais plus dans cette écriture qui a, à mon sens, perdu toute âme, devenant parfois même caricaturale.

La prochaine fois, l'on ne m'y reprendra plus...
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Très sincèrement, je suis assez sidérée des éloges faites à ce roman, à quelques voix discordantes près, annoncé comme "LE" roman de la rentrée littéraire, ce qui me parait injurieux à l'égard tant de la rentrée que de la littérature.

J'avais hurlé au génie avec la meute pour Vernon Subutex, et je maintiens, c'est exceptionnel. Mais là franchement...

Cher connard, déjà le titre est à chier, ça sent la provoc de fin de récré, mais bon pourquoi pas (ouioui j'ai compris l'antagonisme entre "cher" et "connard"... ça rend pas la chose intelligente pour autant).

L'histoire en substance c'est que Oscar, un écrivain fils de prolo (ça elle y tient aux origines) que le succès à rendu super beauf et alcolo, écrit un message sur internet pour dire qu'elle a pris cher Rebecca, fille de prolo (what a surprise) star vieillissante et droguée du cinéma français, convertie au féminisme.

Rebecca lui répond, cher connard, et s'engage un échange de ce qu'on imagine être des emails, on sait pas trop.

Entre temps Oscar se fait "metooïser" par Zoé Katana, son ancienne attachée de presse, devenue bloggeuse féministe avec plein de followers pouces en l'air, qui l'accuse d'avoir ruiné sa vie en la harcelant.

L'idée ce serait donc de renouer le dialogue entre des gens qui se détestent idéologiquement.

A une époque où, comme l'écrit si bien Maria Pourchet " l'autre est bien insonorisé (...), il faut le vouloir pour l'entendre", je suis plutôt pour renouer le dialogue.

Sauf que...

En premier lieu je ne trouve pas que la nature épistolaire (si on veut) du roman fonctionne très bien ici, cette forme confortant à mon sens le sentiment que ces personnages seraient incapables de s'adresser la parole s'ils se croisaient.

J'ai lu que ce serait une forme d'éloge du distanciel comme vecteur de rapprochement... Je vois le concept, ça me parait faux, ou inexact, pour beaucoup de raisons, mais pourquoi pas.

Ensuite je ne vois pas bien où les lecteurs et critiques ont trouvé de la "bienveillance" (celle-là alors...), de l'empathie, voire un "grand shoot d'humanité".

Personnellement ce que j'ai trouvé c'est un dégueulis de toutes les idées polémiques du moment (soit environ n'importe quel sujet), sur lesquelles au demeurant Despentes a eu l'occasion de s'exprimer à l'envi dans les tribunes qui lui sont désormais offertes. En gros, rien de neuf sous le soleil de la colère.

Cher connard c'est des gens qui se détestent et qui ne supportent pas que les autres s'en rendent compte. Moi j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de haine et de détestation dans ce livre, de soi et des autres, pour quand même un résultat assez médiocre en termes d'évolutions...



A quelques fulgurances près (je pense à la description de la copine squatteuse de canapé de Rebecca), je n'ai jamais retrouvé la tendresse qu'avait l'autrice pour ses personnages dans Vernon Subutex (sorry, not sorry).

Alors après Virginie Despentes elle est intelligente, elle a une vraie pensée, et à la limite qu'on la partage ou pas c'est pas le problème, elle a le mérite d'exister.

Mais le souci c'est qu'on a compris le message au premier tiers du livre et qu'après on a juste envie de ça s'arrête parce que 1: on s'ennuie beaucoup, 2: ça commence à sentir les leçons et 3: c'est quand même très mal écrit, surtout pour quelqu'un qui se paie le luxe de cracher sur le style de Céline.

En parlant de ça justement, je terminerai avec une citation qui laisse quand même pour le moins perplexe:

"Pour être un grand auteur, il suffit que trois fils à papa se pâment en hurlant au génie. Et je méprise les céliniens. Quand ils évoquent son style inégalable, c'est toujours la soumission au pouvoir qu'ils célèbrent-quand ce pouvoir est d'extrême droite. le goût de la soumission, c'est un truc de facho. Céline singeait le langage prolétaire en vue d'obtenir un Goncourt, c'est-à-dire qu'il offrait aux salonards le prolo tel qu'ils l'imaginent. Veule, épais, incontinent, antisémite, incapable de bien baiser". Virginie Despentes, autrice à succès, membre de l'académie Goncourt De 2016 à 2020.

(il va de soi que mon ressenti semblant minoritaire, il ne vaut que ce qu'il est, une opinion)


Lien : https://chatpitres.blogspot...
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