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3,3

sur 2677 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un livre calibré pour la rentrée littéraire : une auteure connue et reconnue, déjà primée à plusieurs reprises (prix Renaudot, prix de Fore), un titre accrocheur à l'oxymore intrigante, un sujet dans l'air du temps, Me Too et les réseaux sociaux, une actualisation du récit puisque le confinement covidien le traverse... Tout pour donner une belle tête de vainqueur à ce roman.

Au final, le livre n'a rien gagné, en termes de prix en tout cas. Parce qu'il s'est en revanche bien vendu... Et a été plutôt défendu qu'assassiné par la critique. Une fois toutes ces vagues littéraires passées, comme les vagues du Covid, j'arrive après la fête et je regarde ce qui reste, je donne mon avis sur le champ de bataille un peu déserté.

Tout d'abord, dire que le livre est à la fois intelligent et bien écrit, ce qui m'empêche d'en dire trop de mal et qui me fait comprendre le soutien global qu'il a plutôt connu. L'analyse de notre société est plutôt réussie, il y a quelques accents houellebecquiens dans le style percutant. Les thématiques sont maîtrisées par une auteure qui a soigneusement choisi le contexte qu'elle connaissait, le monde du cinéma et de l'édition, celui de la célébrité, des addictions pour ne pas sombrer dans la déprime. L'héroïne principale est nancéienne, on ne renie pas ses origines même si on les assassine de mots choisis. La réflexion globale sur Me Too, les réunions des Narcotiques Anonymes, tout sonne juste et, même si on est pas toujours d'accord, on ne peut que reconnaître que l'analyse est plutôt brillante. Même l'idée de choisir deux personnages à la fois aux antipodes du genre et proches par leur histoire personnelle nourrit le récit, avec l'interposition du personnage de Zoé qui apporte sa jeunesse et sa rage aux réflexions des deux quinquas désabusés;

Et pourtant ça ne marche pas vraiment, les engrenages ne tournent pas totalement rond. D'abord parce qu'à mon sens ce n'est pas vraiment un roman. Despentes s'est offert un essai romancé sur les sujets qui l'animaient et où elle voulait livrer son opinion. Les deux personnages essaient de se parler et deviennent miraculeusement amis... alors qu'ils ne font souvent qu'étaler leurs discours respectifs, faisant semblant de comprendre l'autre pour qu'il accepte de l'écouter. le contrepoint de Zoe sert à montrer à quel point la jeunesse est belle dans ses outrances, mais tellement peu sage dans ses emportements. le dispositif épistolaire aurait pu fonctionner, mais pas quand il ne sert que d'outil rhétorique plus que narratif. A plusieurs moments, se glissent des réflexions un peu hors sujet mais qu'on sent destinées à délivrer le message de l'auteur. Cette façon un peu perfide de glisser au milieu de l'histoire des idées, presque de façon subliminale, publicitaire m'a particulièrement dérangé et empêché d'apprécier complètement le moment. Et puis on ne peut ignorer que la discussion entre un écrivain à succès et une star du cinéma, fussent-ils d'origine modeste, cela reste quand même déconnecté de certaines réalités quotidiennes, comme quand Rebecca a envie de conseiller à Zoé de quitter son boulot si elle souffre trop... Et oui, c'est si facile...

C'est dommage car l'objet reste particulièrement représentatif de son époque, le confinement n'est pas qu'artificiellement utilisé, le discours intelligent sur les addictions mérite d'être soutenu... Et l'analyse de trouver une vraie conclusion, dans l'intérêt de la rencontre réelle, celle qu'offre les Narcotiques Anonymes dans leur réunion, ouvrant ainsi la voie à une empathie qui manque tellement à Zoé et à notre époque de réseaux parfois trop asociaux. Dommage que le lecteur soit le seul à pouvoir tirer cette conclusion, dommage que les personnages ne se rencontrent finalement jamais, à part dans un futur hypothétique à réinventer.
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Un roman épistolaire et trois personnages.

Le premier, c'est Oscar , un écrivain qui ayant croisé l'actrice Rebecca Latte, se permet de critiquer son physique vieillissant...
La réponse de Rebecca sera cash :" Cher connard.."
S'en suivra des mails où chacun se confiera et une amitié improbable naitra. ( Faut dire que c'est le grand vide autour d'eux...)
Il faut dire aussi, qu'ils ont beaucoup de points communs, à commencer par leur enfance, Rebecca était l'amie de Corinne, la grande soeur d'Oscar et puis, ils ont pas mal d'heures de vol, une addiction à certaines substances et le désir d'arrêter plus ou moins.
Le troisième personnage est Zoë Katana, qui tient un blog féministe, et qui par le biais de #metoo, va dénoncer Oscar du temps où elle était son attachée de presse. Oscar va se prendre la vague en pleine face et se plaindra à Rebecca, de ce traitement , qui en tant que féministe, va ouvrir les yeux d'Oscar sur son attitude passée .


Entre féminisme, mouvement #metoo, la jeunesse qui s'enfuit pour l'une, l'autre qui peut pas "pécho"les meufs bonnes vu qu'il est trop vilain , les réunions aux Narcotiques Anonymes , et le Coronavirus qui s'invite dans ce roman , Virginie Despentes nous brosse le portrait d'une certaine France.
Le journal L'Express parle de "roman (qui ) est le florilège de nos préoccupations dans la France Post Covid"...

Pas convaincue par cette phrase... la France , c'est vite dit... On est tout de même dans l'entre-soi !
Paris/ le même quartier /le milieu de l'édition ( un écrivain, son ex-attachée de presse devenue blogueuse à succés ) et celui du cinéma avec une actrice.
Et bien, je ne me suis pas reconnue dans les tribulations de Virginie Despentes ! On a quand même affaire, entre Oscar et Rebecca, à des alcooliques, drogués, ayant très bien réussi socialement et professionnellemnt mais n'étant pas heureux pour autant, et surtout, très, très, très nombrilistes..
( Oscar qui a une fille adolescente, n'a pas instauré de relation digne de ce nom avec elle, et bien que sobre , n'y arrive toujours pas. Il aurait mieux vallu qu'il adopte un chien, en gros, c'est moins de boulot, moins de conflits ! )


Tous les passages sur la drogue et l'alcool et les séances aux NA, m'ont saoulée (sans mauvais jeu de mot ). Sur ce point-là, je trouve que Virginie Despentes se répéte, et n'évolue pas.


La relation entre l'écrivain et l'actrice, me parait dans son commencement, assez artificielle, du point de vue scénaristique.
Comment , alors que tout commence par des "insultes", en arrivent-ils à se confier autant, l'un à l'autre ? ( J'aurais compris si ça avait été des anciens amis ou amants qui reprennent contact ).

Leurs écrits tournent en roue libre ( ni formules de politesse au début, ou d'au-revoir à la fin ) et on a plus l'impression de deux monologues que d'échanges véritables . Leurs propos sont comme un gros "dégueulis verbal": moi, moi, moi... Jamais, ils ne rebondissent sur ce que l'autre vit, ou si peu...

Pensées éparses, sans queue ni tête, propos politiques, observations mêlés à ce qu'ils vivent dans leur quotidien. On passe de l'un à l'autre, sur le même ton, Virginie Despentes, n'arrivant,absolument pas, à se couler dans la peau de tel ou tel personnage. Tout le monde écrit pareil : homme, femmes.


Au niveau de l'action dans ce livre , c'est encéphalogramme plat ! Un trajet pour Barcelone que l'une appréhende ( car il y a port du masque obligatoire durant la durée du trajet), et un séjour en maison de campagne pour l'autre...
Et sinon, que du bla bla...

Alors, bien sûr , c'est Virginie Despentes toujours aussi cash. Des fois, ça interpelle, dés fois ça fait mouche, ça amuse, ça questionne. Et je me suis surprise à guetter les fulgurances, les phrases choc, comme autant de petits cailloux qui me traçaient un chemin.


Virginie Despentes fait du Despentes, mais ça tourne un peu en rond , si vous voulez mon avis...
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J'ai adoré Vernon Subutex parce que Despentes avait su me faire voyager dans des mondes inconnus de moi et surtout parce qu'elle était parvenue à créer de l'empathie pour des cons et des salauds dont l'humanité soudain me sautait à la gorge.
Alors que là, l'ex-jeune qui se résout à devenir vieille en arrêtant la came, le beauf ordinaire qui prend conscience de ses privilèges de mec blanc et la blogueuse conscientisée quoique fragile, comment dire…? Ça ne me fait pas voyager au-delà du périph'. Pour un livre qui se veut aussi politique, le peuple a sacrément disparu, en même temps que la jeunesse des protagonistes. On reste dans le Paris des privilégiés, dans l'entre-soi des classes moyennes +, on a certes des problèmes, mais pas de fins de mois, et même quand on se hait, on partage la même culture.
De plus, la forme épistolaire fait long feu. Les trois narrateurs ne se distinguent guère l'un de l'autre par le style, leurs réflexions tournent le plus souvent à la tartine éditoriale, quand ce n'est pas aux monologues croisés de retour de week-end autour de la machine à café. D'ailleurs, le format « lettre » disparaît, l'absence de formule de politesse au profit d'un cut très journalistique fait qu'on croit lire une anthologie de billets d'humeur impersonnels sans destinataire identifié.
Alors, ça peut donner trois pages sur la difficulté à acheter un billet de train maintenant que tout est informatisé, même qu'avant c'était plus simple et les jeunes ne se rendent pas compte que ça complique pour rien, c'est à ça qu'on comprend qu'on est devenus vieux, pas vrai, ma pauv' Lucette?
Alors, quand même, c'est du Despentes, ce qui permet de trouver, même au fin fond de l'éculé, la remarque qui fait mouche ou la silhouette d'un personnage croqué sur le vif, à grands traits généreux, comme ce préposé à la lecture des billets de train, autrefois cheminot fier de son expertise, désormais dépendant du laser capricieux qu'il doit pointer sur nos téléphones.
Ce cheminot, je ne le connais pas et soudain je le comprends, alors que la féministe qui fréquente régulièrement le café du commerce en évitant les glaces qui lui rappelleraient qu'elle n'est plus tout à fait de première jeunesse, elle, je ne la connais que trop. Et même si je suis (un peu) flattée qu'il y ait (un peu) du Despentes en moi, j'aimerais trouver un peu plus d'inquiétante étrangeté dans mes prochaines lectures.
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Les critiques étaient plutôt mauvaises, mais j'ai eu envie malgré tout de me frotter à ce Cher Connard. Allez, même pas peur ! D'abord, parce que j'avais apprécié la trilogie Vernon Subutex, que certaines idées de Despentes m'avaient marquée et m'étaient restées en mémoire, et ensuite parce qu'avec toutes ces mauvaises critiques, j'avais envie de me faire ma propre opinion.
Oscar Jayack, écrivain déclinant, passe le plus clair de son temps à jouer à des jeux débiles sur son téléphone ou à se défoncer. Rebecca Latté, une actrice proche de la cinquantaine, voit le nombre des propositions qui lui sont faites décliner de façon inversement proportionnelle au nombre des kilos affichés sur la balance.
L'univers d'Oscar explose le jour où son ancienne attachée de presse, Zoé Katana, balance son nom pour harcèlement sur son blog féministe.
Si le piquant et le mordant sont bien présents dans le portrait au vitriol des personnages, des mondes de l'édition et du cinéma, après un départ tonitruant, la suite ronronne gentiment en mode Metoo, sans grande originalité.
J'ai été déçue de ne pas trouver des idées qui bousculent un peu, des pensées novatrices qui sortent des sentiers battus. Cela me semble en partie dû au fait que Virginie Despentes a voulu brasser trop de sujets ce qui aboutit à rester trop en surface. Les nombreux passages sur les addictions des personnages ont fini par m'indifférer, ainsi que les redites dans les logorrhées très satisfaites d'elle-même de Rebecca, les pensées dépressives, misérabilistes et essentiellement nombrilistes d'Oscar.
Sur la quatrième de couverture, le livre est comparé aux Liaisons dangereuses. Oooh là, tout doux bijou, je dirais que c'est précisément là que le bât blesse, car dans les Liaisons dangereuses les lettres se font écho, et l'intrigue se trame sous nos yeux admiratifs et écarquillés devant le machiavélisme de l'auteur. Dans Cher connard, le lecteur se retrouve dans une partie de ping-pong mollassonne entre deux protagonistes (Oscar et Rebecca), dont les mails s'enchaînent de façon artificielle, sans beaucoup de répondant entre eux. D'autant que Rebecca et Oscar mettent tous les deux un point d'honneur à surtout parler d'eux, à n'en faire qu'à leur tête, le tout sans prendre l'avis de l'autre en (grande) considération. Il y a également quelques rares incursions de Zoé Katana dans les échanges Rebecca/Oscar qui tombent un peu comme un cheveu sur la soupe.
Je n'ai pas compris le choix par l'autrice de ce format épistolaire assez lourdaud, qui n'a pas permis une réelle confrontation d'idées entre les deux protagonistes. Qui en 2022 communique encore dans de longs mails (à part en cas de déclaration de sinistres à son assureur) ? L'ensemble manque de dynamisme, de structure, sans idée phare venant bousculer ou réveiller l'ensemble.
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Comme chantait le vieux Bob : "the times they are a-changin' ". Et j'ai un peu de mal à m'adapter.
Oscar Jayack (le "connard" du titre) est écrivain, et il échange des mails avec Rebecca Latté, star de cinéma, depuis qu'il l'a traitée de crapaud sur son compte Instagram -tellement qu'il n'en revenait pas de l'avoir croisée si vieille et moche alors qu'elle l'avait tant fait fantasmer. de son côté, Zoé Katana commence à raconter sur son blog féministe la façon dont Oscar la harcelait lorsqu'elle était son attachée de presse -et voilà le connard #MeTooïsé. Rebecca continue néanmoins de correspondre avec lui, tout en se rapprochant de Zoé.
Et c'est tout.

Je n'ai pas adhéré à ces échanges épistolaires où chacun raconte sa petite vie, ses échecs, ses regrets, ses délires, ses hontes, et aborde un thème sociétal pour asséner sa vérité avec une certitude que je n'ai pas aimée. D'ailleurs, aucun des personnages ne m'a plu, entre Oscar ouin-ouin qui passe son temps à se plaindre, Rebecca la-la qui passe le sien à s'auto-célébrer, et Zoé qui devient zinzin avec son féminisme excessif.
Je ne me suis pas sentie concernée par la plupart des thèmes abordés (féminisme, addictions, homosexualité, réseaux sociaux...), et j'ai été déçue par le traitement éculé fait de ceux qui m'intéressent (délitement des services publics, confinement, transfuge de classe, temps qui passe...). Je me suis donc souvent ennuyée et sentie larguée (je ne connais AUCUN des chanteurs évoqués !), et je suis sortie de cette lecture avec l'impression d'être comme "un Windows 95 impossible à updater" (pour reprendre une expression de l'auteur).
Toutefois, Despentes confirme combien elle est un bon écrivain ; son écriture se bonifie au fil des romans, et j'ai eu grand plaisir à la lire et savourer son humour. Et puis, dès qu'il est question d'amour, elle vise toujours aussi juste : "Ce qui est le plus difficile, ce n'est pas de moins séduire. C'est de moins désirer, c'est de moins s'emballer."

Ce sont donc des retrouvailles en demi-teinte, comme lorsqu'on revoit une copine perdue de vue et qu'on réalise la distance qui s'est installée entre nous. Mais on reste copines quand même.
Et en attendant la prochaine rencontre, je retourne écouter Dylan.
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Cher connard est le premier livre de Virginie Despentes que je lis. J'ai hésité. D'abord parce que je n'oublie pas les propos insupportables qu'elle avait tenus après les attentats islamistes de Paris en 2015. Et aussi parce qu'en tant que mâle blanc sexagénaire, pédégé, hétérosexuel, marié depuis quarante-cinq ans, clean et vierge de toute consommation de stupéfiants, j'ai craint de m'immiscer dans un lectorat où je serais jugé illégitime : si je n'appréciais pas l'ouvrage, je risquais d'être qualifié à mon tour de connard ; et si j'étais amené à émettre une critique positive, je pouvais être accusé d'appropriation culturelle.

L'intrigue tourne autour de trois personnages, Oscar, Rebecca et Zoé, par ordre d'entrée en scène.

Oscar Jayack est un écrivain quadragénaire reconnu. Issu d'un milieu ouvrier, l'homme est timide, maladroit, anxieux. Sa vie sentimentale est hachée. Depuis l'adolescence, il compense son mal-être existentiel en se défonçant régulièrement aux drogues et aux alcools de toutes sortes. Rebecca Latté est une actrice. Naguère adulée pour son physique, elle se sent démonétisée à l'arrivée de la cinquantaine. Elle aussi abuse de l'alcool et des narcotiques, mais sur un mode festif, car elle dispose d'un bon capital de confiance en soi et elle observe avec un humour distancié les pratiques de ses contemporains. Zoé Katana est une jeune femme plutôt jolie, ayant autrefois officié comme attachée de presse dans l'édition. Elle est aujourd'hui une militante et blogueuse féministe. Elle a un compte à régler avec Oscar.

Dix ans auparavant, Zoé avait travaillé auprès d'Oscar. Il était tombé amoureux d'elle, n'avait cessé de lui tourner autour et de lui faire des avances. En vain ! Elle l'avait repoussé jour après jour. Leur manège avait fini par faire jaser dans la maison d'édition et son entourage. Pour mettre bon ordre, il avait été convenu de préserver l'auteur à succès et de virer la jeune attachée de presse, dont la carrière avait été brisée. Des années plus tard, encouragée par le mouvement #MeToo à libérer sa parole, Zoé décide de se venger en dénonçant sur son blog le harcèlement insupportable que l'écrivain lui avait fait subir. Les réactions sur les réseaux sociaux sont terrifiantes et l'opération s'avère aussi délétère pour Zoé que pour Oscar.

L'affaire, qui s'étend sur plusieurs années, est abondamment débattue par Rebecca et par Oscar, qui s'adressent de longs textes écrits, pouvant être des emails ou des messages privés, ce qui toutefois d'un point de vue formel, paraît peu crédible. Peu importe, on adhère facilement au principe narratif adopté par l'auteure et il n'est pas déplaisant. L'ensemble est structuré en plusieurs chapitres, introduits — à l'exception du premier — par une chronique du blog de Zoé : chaud bouillant ! A la suite, Rebecca et Oscar, issus d'un même prolétariat provincial, reprennent leur échange pseudoépistolaire, pour commenter successivement leur parcours d'artiste parisien, leur vie sociale, sexuelle et sentimentale, leurs rapports aux drogues et à l'alcool, ainsi que certains événements ou sujets de l'air du temps : le féminisme radical lesbien, les réseaux sociaux, la pandémie, les inégalités…

Les premiers chapitres installent entre les trois personnages un climat conflictuel. Insensiblement, tout au long du livre, sous l'influence de Rebecca qui joue un rôle d'arbitre, la tension s'apaise ; la guerre des trois n'aura pas lieu. Étonnamment, Rebecca et Oscar mettent à profit les semaines de confinement, qui les préservent des pressions habituelles de leurs milieux professionnels, pour se libérer de leurs addictions.

Sous sa forme romanesque particulière, Cher connard a été une lecture documentaire que j'ai trouvée agréable et intéressante, en dépit de longueurs et de redondances. L'ouvrage dépeint un monde qui m'est inconnu et qui m'a étonné, choqué. Un monde où pour faire illusion, on vend son âme à son dealer, tout en en attribuant la responsabilité au « système », dont on ne manque surtout pas de mentionner avec une once d'animosité méprisante qu'il est capitaliste, patriarcal et occidental.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Rentrée littéraire 2022 #2
Influencée (je dois l'avouer) par les uns et les autres, alors pourquoi pas...
Ce roman est écrit sous forme d'échanges épistolaires entre un écrivain pernicieux et une actrice féministe qui fait suite au mouvement Me Too... tout est "presque" dit et ça reflète la société d'aujourd'hui... sauf qu'ici l'auteure a initié une improbable amitié entre les protagonistes.
A vous désormais de vous faire votre propre opinion.


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Virginie Despentes est la mater-ego de Michel Houellebecq. Tous deux savent cristalliser l'air du temps sur une punchline. Ils ont les mêmes obsessions : les addictions, le sexe, l'ennui, le spleen des femmes matures, la nécessité de payer ses factures, à quoi bon des enfants, et cette fâcheuse tendance à jouer les arbitres – ici de la coolitude et de la punk attitude. Il y a une différence notoire entre les deux, cependant. Despentes est de gauche : elle a un minimum d'empathie et elle n'a pas renoncé à dénoncer. Dénoncer quoi ?
- La domination des hommes depuis la nuit des temps alors que sans le vagin, Messieurs, vous n'existeriez pas (pages 30, 72, 130, 189, 197).
- Les excès et les hypocrisies du mouvement MeeToo : venant d'elle, le propos est crédible (pages 45, 92, 257).
- Les jugements hâtifs portés sur la génération Z qui préfère s'isoler dans « son » propre monde (TikTok, jeux). On ne va pas la blâmer, il suffit de regarder les infos (pages 67, 171).
Sous la forme d'un échange épistolaire (parfois d'un journal intime - le confinement), ce livre recense les colères de l'auteure qui regarde dans le rétroviseur, avec l'indulgence que l'âge lui confère (elle finit par l'écouter, ce connard). C'est aussi une longue introspection de toxico : pas trop ma came.
Ce n'est pas ma littérature de prédilection. Quand Jérôme Ferrari a envie de traiter des sujets de société, il n'écrit pas un « roman » mais des tribunes dans un journal. Ne pas confondre.
Lire le dernier Despentes, c'est assister à un dîner de noël en famille dynamité par la tante féministe, celle qui dit des choses géniales en gueulant. J'en suis sortie éclairée, divertie mais un peu saoulée.
Deux choses : 1. À mon avis, Rebecca Latté = Béatrice Dalle (citée p158) + dégaine d'Isabelle Huppert 2. Je n'ai pas arrêté de penser au « Fight Club » de Fincher.
Bilan : 🌹
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Alors il est comment le dernier Despentes ? Bon on ne va pas se mentir, je l'ai trouvé décevant. Pourtant je partais avec un a priori très favorable car j'ai beaucoup aimé les trois Vernon et King Kong théorie (et aussi mais un peu moins Apocalypse bébé).

Mais cette fois c'est un coup d'épée dans l'eau. Un roman épistolaire entre un écrivain « meetoïsé » et une actrice qui fait furieusement penser à Béatrice Dalle. Ils viennent tous les deux de Nancy, ils ont réussi et abordent la cinquantaine avec du vague à l'âme. Après un début plutôt enlevé avec les formules incisives de l'auteur telles que je les aime, l'intérêt retombe et le roman s'enlise. Plus qu'un échange épistolaire, j'ai eu l'impression de lire une tribune avec les obsessions habituelles de Virginie Despentes : le patriarcat, le féminisme, les addictions, les complexes de classe.

Et il y a des longueurs et encore des longueurs. Et le style laisse à désirer. J'ai persévéré courageusement mais j'avoue que tout cela ne m'a guère passionné. J'ai eu du mal à m'attacher aux deux personnages principaux et à vibrer pour eux. Je n'ai pas retrouvé l'étincelle de Vernon ou les démonstrations coup de poing de King Kong. Alors je vais attendre le prochain en espérant que….
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Virginie Despentes, un véritable phénomène dans cette rentrée littéraire!
Que l'on adhère ou non, on ne peut pas dire que cette autrice passe inaperçue et laisse indifférent.

Alors que Virginie Despentes a déjà sorti de nombreux livres, c'est avec "Cher connard"que je découvre sa plume incisive et percutante où deux personnes vont finalement échanger suite à la publication d'un post haineux de la part de l'un des deux à l'encontre de l'autre. Roman épistolaire des temps modernes, les personnages de Rebecca et Oscar vont vite nous montrer à quel point il est plus simple de se livrer à des inconnus plutôt qu'à des proches. En plein mouvement MeToo et en pleine pandémie, les langues de ces deux personnages vont se délier par écrans interposés et finalement aborder de nombreux sujets sociétaux souvent polémiques.

Je tiens à remercier les Éditions Grasset et Netgalley pour la découverte de "Cher Connard" de Virginie Despentes. Même si la plume de l'autrice est singulière et tranchante et qu'elle évoque des problèmatiques intéressantes, je n'ai pas réussi à entrer dans ce monde si différent de celui que je connais...comme certains pourraient dire : "ce n'est pas ma came".
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