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EAN : 9782368129098
192 pages
Charleston (18/10/2022)
4.42/5   118 notes
Résumé :
Un roman fort, qui aborde la question des violences conjugales dans un style maîtrisé, élégant, au travers de personnages finement construits.
Une brillante avocate s’apprête à plaider. Elle sait ce qu’elle a à faire, à dire, pour convaincre les jurés et la Cour. Sa voix ne tremble pas, elle sait jouer avec les mots et les silences. Elle est à sa place. Une patiente est allongée sur un lit d’hôpital. Multiples fractures, côtes fêlées, coupures sur le cuir che... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (47) Voir plus Ajouter une critique
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Un roman ô combien nécessaire pour lever le voile sur les violences conjugales et dénoncer le quotidien d'une femme sur cinq en France. Que la révolte guette, que la colère s'habille en reine, que les yeux ne se ferment plus jamais.

Yolaine Destremau a reçu le prix de l'héroïne engagée 2022 pour La malentendue et c'est amplement mérité !

Cécilia est une jeune femme pétillante, joyeuse, dynamique, optimiste. Tout va très vite lorsqu'elle rencontre Abel. Ils tombent follement amoureux et se marient alors qu'ils se connaissent à peine. Cécilia trop amoureuse ne veut pas voir, ni les remarques désobligeantes ni les réactions disproportionnées ni les amis qui s'en vont ni les paroles mesquines presque haineuses. Cécilia pense que cela va passer, elle redouble d'efforts pour que son homme soit heureux et serein. Mais plus le temps passe, plus la situation s'aggrave. Jusqu'à une première gifle pour des verres mal rangés. Encore ici, Cécilia se dira que c'est pareil dans tous les couples, les disputes, les colères, une main levée, c'est le lot de tous. Elle minimise, elle ferme les yeux, elle croit aux promesses, elle oublie.

Certaines scènes psychologiques sont terribles, je pourrais vous en parler longtemps mais hors de question que je vous en dise plus. Ce qui est effrayant c'est cette escalade sans fin dans la violence, le sabotage de l'autre, l'emprise, l'emprisonnement, le piétinement de la confiance, du respect, de l'amour. C'est laid, c'est sale, ce sont des images par dizaine de scènes de maltraitance avec en toile de fond cette impuissance pour la victime de se libérer de son bourreau. Mieux vaut se voir comme une héroïne plutôt qu'une victime. Et d'une héroïne, Cécilia en a tous les visages. Il en faut de la force, du courage pour rester auprès d'un tel tortionnaire, ou bien est-ce la peur qui tient les chevilles, est-ce le souvenir de jours heureux bercés d'amour qui tient à la gorge et ferme les portes.

Si vous ouvrez ce livre, vous ne pourrez plus le lâcher. Peut-être que comme moi, vous cheminerez à côté de Cécilia, tomberez avec elle, pleurerez pour elle. Car que devient-on lorsqu'on essuie constamment brimades et coups? Une malentendue. La malentendue.

Le sujet des violences conjugales est traité ici avec beaucoup de pudeur et d'émotions. C'est fin, travaillé et immersif. Rien n'est laissé au hasard. L'histoire se déroule sous nos yeux, les scènes sont heurtantes, choquantes, troublantes, effrayantes. Et tellement d'actualité. L'écriture de Yolaine est imagée amplifiant les impressions visuelles plus que troublantes.

Le chemin de Cécilia pour accepter sa condition de femme battue prendra du temps, héroïne-victime, c'est confus, la frontière est mince, brumeuse, puis il y a ces rêves qu'on n'a pas envie de piétiner, les enfants qui naissent, l'espoir qui revient nous charrier. Ceux qui se disent que les femmes battues sont lâches et passives, je leur conseille de lire La malentendue car on comprend mieux grâce à ce livre combien il est difficile de se libérer d'une relation toxique. Personne n'est préparé à voir le mal, à le vivre, à le subir et à y croire pour s'en libérer.
Lien : https://coccinelledeslivres...
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Quelle claque !
Je découvre cette auteure avec ce livre.
Je l'ai lu d'une traite et je suis vraiment estomaquée par la fin de ce récit.
Malheureusement, de nos jours, les femmes battues sont légions et peu se sortent de l'engrenage dans lequel leur compagnon les enferme. Parfois, et on en parle moins, certains hommes le subissent aussi. Mais là n'est pas le sujet.

Yolaine Destremau nous dépeint une jeune femme, avocate plutôt brillante, qui va tomber amoureuse d'un pervers narcissique. Cette femme va mettre deux enfants au monde pour faire plaisir à cet homme. Cinq années. Pendant cinq années elle va subir les brimades, les coups, les humiliations de ce conjoint qui l'emprisonne.
Cécilia, l'avocate, est une femme forte, combattive. L'épouse d'Abel, elle, n'est qu'une femme soumise et en plein déni sur son état de femme battue. Elle acquiesce tout ce que dit son mari : plus d'amis, de famille. Il la veut entièrement à lui, à sa merci.
Elle va enfin se réveiller, lorsqu'il y aura une fois de trop.

Ce livre s'avale ! Je n'ai jamais trouvé de temps mort, je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer. Il n'y a pas de chapitres et c'est certainement cela qui fait que je n'ai pas réussi à poser mon livre.
Hâte de lire d'autres ouvrages de cette auteure.
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Cécilia, ça peut vous, ça peut être moi. C'est cette jeune femme qui rêve d'amour, de bonheur et de réussite professionnelle. Elle démarre plutôt bien dans la vie, devient une avocate brillante et se mari rapidement avec Abel, l'homme de sa vie.
Abel, cet homme qui d'apparence à tout du mari idéal. Oui mais les apparences sont souvent trompeuses.
Ce bonheur que Cécilia croyait acquis va vite se transformer en enfer.
On se demande souvent pourquoi les femmes battues restent avec leur bourreau ? Déjà, il faut qu'elles acceptent ce statut humiliant, honteux, ce statut de femme faible. Et puis, il y a l'emprise de l'homme. Une emprise insidieuse qui s'insinue doucement dans chacun des pores, des organes, dans chacune des cellules de la femme. Elles restent souvent pour les mauvaises raisons mais elles ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes.
La violence conjugale ce n'est pas simplement les coups, qu'elles apprennent à cacher sous un maquillage parfait. Non ça va bien au-delà, c'est plus profond, plus malsain. Ces femmes pensent qu'elles ne survivront jamais seules, sans leur bourreau. Qu'elles ne valent rien, qu'elles sont incapables de s'en sortir. Parce que ces hommes toxiques savent se rendre indispensable, savent contrôler leur femme dans les moindres détails.
Mais ce que ces femmes ignorent c'est qu'elles sont fortes, belles, indépendantes et qu'elles sauront parfaitement s'en sortir et être heureuse loin de cet enfer. Ces femmes sont des guerrières au courage incroyable. Ces femmes ont en elles une force de vie si puissante.
Il est des romans qui se ressentent profondément, dont le poids des mots vous percute l'âme et vous marque à jamais. Celui-ci en fait indéniablement partie.
J'ai lu les dernières pages en apnée, les joues baignées de larmes.
On a beau s'attendre à ce genre de dénouement, on espère jusqu'au bout. Comme ces femmes dont l'espoir est la seule chose qui les maintien en vie.
Je crois que ce roman est bluffant par sa simplicité, son authenticité, sa justesse et sa profondeur. Chaque mot est à sa place, tout est dit de manière percutante, incisive, puissante. Il n'y a ni trop ni pas assez. C'est fort, profondément marquant. On ne ressort pas indemne de cette lecture on en ressort l'âme meurtrie et le coeur cabossé.
Pour Cécilia, Valentine et les autres, pour faire bouger les choses : lisez ce roman, offrez-le et pas seulement à des femmes, non à des hommes aussi. C'est une pépite, un joyau, un diamant brut qui est d'utilité publique.
Mesdames n'oubliez jamais que ce genre de comportement n'est pas acceptable, que l'amour ne doit pas faire souffrir et surtout, surtout n'oubliez jamais que vous êtes libres !
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Il y a des livres qu'on voudrait ne pas avoir lu, car les situations décrites sont impossibles. C'est le cas ici: non, une telle perversion, une telle méchanceté, une telle hargne chez un homme ne peut pas exister. Non, une femme à qui cela arrive ça n'existe pas, et de toute façon elle se serait sauvé tout de suite, aurait eu immédiatement l'aide de la justice. Certes, on est dans une fiction, mais tellement plausible, superbement écrite, un récit court, poignant, qui nous met directement à la place de cette femme cultivée, d'un milieu aisée (avocate, lui banquier), à qui "l'impensable" arrive. Impensable qui conduit au féminicide en France d'un nombre bien trop élevé de femmes tous les ans. Les portraits sont très justes, du couple, des enfants, des amis, de la famille. A lire et méditer.
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Tout en simplicité et en justesse, "La Malentendue" de Yolaine Destremau – lauréate du prix ô combien mérité de l'héroïne engagée 2022 – est un livre puissant, bouleversant, dérangeant, mais surtout nécessaire, que toutes les femmes devraient lire.

Deux histoires s'entremêlent ; Cécilia, jeune et brillante avocate, a retenu cette phrase percutante du discours du bâtonnier lors de la remise des diplômes : « Je répète : personne ne peut avoir de pouvoir sur vous. » Et tiens, justement voilà Franck, le nouveau client qu'elle doit défendre, un homme à l'apparence affable – « tellement charmant » – accusé d'abus de faiblesse auprès d'un couple âgé. Et tiens, comme cette histoire résonne avec la sienne ! Cécilia tombe en effet, follement, éperdument amoureuse d'Abel qui la demande très vite, trop vite, en mariage. le début de leur histoire est léger, sans nuage. Mais très vite, trop vite, le mari se dévoile. D'abord les mots, les remarques : « On est mariés. Autonomes. C'est ridicule cette dépendance affective. Tu n'as plus besoin d'eux. » dit Abel sèchement à Cécilia qui annonce à ses parents qu'elle est enceinte. Puis la première gifle. Les violences physiques. L'isolement familial, social. La peur, la détresse, le déni. « J'ai peur de ne plus exister sans lui. Il m'a ôté toute confiance en moi. Et j'ai peur d'exister sans lui. J'ai perdu mon autonomie de pensée, d'action, mon intelligence. Une poupée de chiffon. »

Comme beaucoup de victimes Cécilia refuse de penser qu'elle est en danger de mort. Étonnant, non, qu'une avocate, informée, se laisse possédée, dupée, embobinée de la sorte ? Cécilia, toujours amoureuse, se retrouve seule. Son entourage (parents, amis, collègues) prend peu à peu conscience de la spirale infernale qui s'installe et tente – vainement – de la mettre en garde. Tout comme nous, scotchés à l'histoire, en apnée à chaque page, témoins en direct de la mise en place des mécanismes de l'emprise sournoise, de l'engrenage perfide, jusqu'au terrible dénouement. Nous qui, comme Franck qui a deviné et qui lui murmure « Vous voulez que je m'en occupe ?« , aimerions lui hurler : mais sauve-toi, pars, vite !

PS : En France une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon et personne n'est à l'abri. Toutes les couches sociales sont concernées. Souvenons-nous de la magnifique chanson de Jean-Jacques Goldman (sous le pseudo de Sam Brewski) Il me dit que je suis belle, magnifiée par la voix rauque de Patricia Kaas, ou du film diffusé sur France 2 Après le silence de Jérôme Cornuau !
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
À la première gifle, il faut partir. Et parfois il est déjà trop tard. C’est ce que j’ai appris, bien après. Mais l’emprise avait planté ses crocs dans la matière gélatineuse de mon cerveau, doucement, presque gentiment, implacable et irrémédiable, et n’allait plus me lâcher. Ainsi que l’amnésie, ou le déni, sa fidèle compagne.
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- Bonsoir, c'est pour déposer une main courante.
Elle continuait de me fixer, ni gentiment, ni méchamment, juste indifférente. Puis son regard s'est levé vers une pendule sur le mur, qui indiquait 17h28, et s'est reposé sur moi. Elle a ignoré mon visage tuméfié, mes doigts bandés, ou elle ne les a pas remarqués, et elle a annoncé:
-On ferme. A 17h30.
J'étais cloué sur place. Elle a soupiré et a répété, de la même voix morne:
- On ferme. Il est 17h30.
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Depuis, j’avais repris des forces, et avec celles-ci, une capacité à m’arranger avec la réalité, un sacré talent pour le mensonge. C’est ce qui se dit des gens qui souffrent d’une addiction: leur disposition à mentir. Mon addiction était Abel.
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On ne frappe pas par amour. On ne tue pas par amour. Il n’a pas de pouvoir, seulement dans ta tête . Et quand tu as peur de lui c’est lui qui gagne.N'oublie jamais que tu es libre.
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Apprendre à maitriser le silence. C'est la marque des grands. Il n'y a pas de meilleure façon de prendre possession de la parole que de commencer par se taire pour se faire entendre. Je me redresse. Je suis prête.
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Vidéo de Yolaine Destremau
Entretien – Source : Plume TV
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