Un livre dont le sujet peut sembler austère et rebutant. Mais la réflexion est finement et progressivement menée par l'auteur. Petit livre, mais grand sujet et brillante analyse.
Quelques citations notées :
"Le bien n'est pas une contrainte, c'est une décision."
"Toute éthique commence par la capacité à faire coïncider ses actes et ses principes."
"La vie n'est pas belle, elle est ce qu'elle est".
"Le mal est le plus souvent le bien que je ne fais pas".
"Être un peu plus que le spectateur de sa vie et des affaires du monde."
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Un ouvrage de philosophie particulièrement intéressant par le sujet qu'il aborde.
Au-delà des notions de bien et de mal, l'autrice nous invite à agir en conscience au quotidien, chacune de nos décisions revêtant une responsabilité morale qui nous engage et nous place dans une dimension éthique.
Comme tout sujet philosophique, le propos est dense mais l'écriture intelligible rend la réflexion accessible. Une lecture que j'ai particulièrement appréciée.
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Le sens du bien et du mal est-il inné ou acquis? S'il est inné, peut-il être bridé par une éducation abusive et trop laxiste ? Il ne suffit pas d'en prendre conscience, encore faudrait-il pouvoir faire le bien, dans un environnement qui nous y incite. Les guerres ne viennent-elles pas remettre en question cette éthique de vie, qui est peut-être que superficielle, motivée par le confort que nous procurent nos sociétés civilisées ? Un leurre ?
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Dans l'hostilité comme dans l'indifférence, ce que nous éludons et bafouons, c'est le face-à-face moral avec nous-mêmes, et avec ce que nous savons très clairement devoir faire. Nous nous accordons une dispense, nous nous achetons une bonne conscience ("On ne va pas changer les choses", "ce n'est pas à moi de le faire", "trop bon..."). Tel est l'athéisme moral, qui relègue l'injonction à bien agir dans les coulisses et les dimanches, loin des scènes majeures de l'existence. Telle est la méchanceté ordinaire qui habite un monde où la morale est secondaire, où le monde n'est pas un monde, habité et partagé, mais simple décor à ses activités.
La relation à l'autre s'inaugure déjà dans la relation éthique que j'ai à moi-même, et qui me constitue en sujet moral. Cela ne signifie pas que je suis naturellement bon, respectueux d'autrui, que je lui fais spontanément toute la place qu'il demande. Cela implique, au contraire, la possibilité de ne pas être bon, de nier l'autre et de me soustraire à la responsabilité que j'ai à son égard. Car pour être mauvais comme pour être bon, il faut en même façon que j'aie une conscience immédiate et continue de la dimension éthique de l'existence. (...)
S'il n'y a pas de moralité, il n'y a pas d'autre ; mais la moralité ne peut être sans l'autre : autrui est l'épreuve cruciale de la morale même si ce n'est pas lui qui fait surgir en moi la conscience du bien et mal. [p.48 - 49]
je ne fait pas le bien en vertu d'une obligation extérieur, sous l'effet d'obligation ou d'interdits socioculturels que j'aurais intériorisés. Si une bonne action n'était que la simple obéissance à des normes, elle ne serait pas morale. Ce qui lui confère sa moralité, c'est la liberté, l'indépendance de conscience et de choix qu'elle suppose et exprime. Elle doit être un engagement profond.
Quand on est gentil, ne l'est on pas toujours trop ? N'y aurait-il pas dans la gentillesse une forme d'idéalisme naïf, qui manquerait de nerfs et de tempérament ? À l'opposé, le méchant paraît doué d'intelligence, de cette intelligence rusée et calculatrice, qui a toutes les clefs et qui ouvre toutes les portes. Si le gentil est ralenti par ses scrupules et ses attentions, le méchant, est, quant à lui, en mouvement permanent, bénéficiant toujours d'un coup d'avance (...). [p.123]
On explique le plus souvent les crises et les mouvements sociaux par de purs facteurs politico-économiques - hausse des prix, baisse du pouvoir d'achat, refus de l'impôt et de l'autorité de l'état - et par le poids social des inégalités, entraînant une lutte entre classes possédantes et classes défavorisées. Mais il s'agit plus certainement dans le fond de problèmes moraux, d'appels à ce qui devrait être, à ce qui serait bon et juste.
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(Et un immense merci à Laurence Devillairs pour ce chaleureux témoignage de soutien)
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