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Alain Jouffroy (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070300457
194 pages
Gallimard (28/10/1937)
3.78/5   93 notes
Résumé :
D'André Breton, le public a surtout retenu les slogans, les théories définitives et les outrances provocatrices. On en oublierait presque le poète. Et"Clair de terre", justement, nous rappelle combien cette poésie demeure vivante et indispensable. Avec l'écriture automatique, les collages, les récits de rêves et autres principes d'écriture révolutionnaires, on ressent aujourd'hui encore quel choc, quel vent de tempête a pu déchaîner ce langage nouveau (ou presque...... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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André Breton (1896-1966) faut le chef de file des surréalistes. Son parcours d'artiste a été mouvementé et controversé, notamment par les nouveautés que son mouvement a proposées, comme l'écriture automatique.
"Clair de terre" a été publié en 1923, à un moment difficile pour le poète envahi alors par le doute. Dans la préface à la présente édition, A. Jouffroy écrit: « Breton, parmi tous les poètes vivants, est certainement le plus grand. Cela ne fait aucun doute pour tous ceux qui, ayant lu Novalis, Nerval, Rimbaud, Lautréamont, Apollinaire, ont découvert dans la poésie la plus complète récréation possible de l'être humain. Cela ne fait aucun doute pour tous ceux qui reconnaissent la poésie comme une révolution qui se décide de minute en minute, partout où elle se manifeste librement et sans limites ». C'est une critique laudative à laquelle j'ai du mal à souscrire. Au-delà de ma première (agréable) surprise face aux innovations surréalistes, je suis devenu assez réservé sur le résultat de ce travail. Il arrive que la poésie d'André Breton soit tout à la fois étonnante et réussie, mais je ne hurle pas d'admiration. D'autres écrivains appartenant au même courant se sont révélés plus "sages" et plus agréables à lire: je les préfère.
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Je n'ai pas trouvé au travers de ce « Clair de Terre », ce que je recherche depuis longtemps ; à savoir comprendre et aimer la poésie.
Seuls les textes tels que « Cinq rêves » m'ont vivement intéressé.
Breton sait très bien écrire, ses récits sont intéressants et ont aiguisé ma curiosité …qui retombait à la lecture du premier poème venu.
Ce n'est que partie remise, je tenterai ma chance plus tard. Tout est sûrement une question de temps…
Par contre, ce recueil de poèmes m'a permis de faire un « inventaire » de tous ces personnages qui ont créé et ont donné de la consistance aux mouvements dadaïste et surréaliste. A chaque dédicace, la liste s'allongeait : St Pol Roux, Gabory, Reverdy, de Chirico, Poiret, Eluard, Baron, Aragon, Noll, Soupault, Péret, Picabia, Desnos, Man Ray, Ernst...sans parler des précurseurs tels que Baudelaire et Barbey d'Aurevilly (réalisme) et Germain Nouveau (symbolisme).
De plus, la préface d'Alain Jouffroy est magnifiquement écrite. Elle nous fait toucher du doigt le génie de Breton et a permis de rendre ces poèmes un peu moins hermétiques à mes yeux.
C'est plein de tristesse et de nostalgie que je referme ce recueil. Triste de ne pas avoir su trouver la clé de la compréhension et nostalgique de ce siècle dernier où les intellectuels de tout genre se réunissaient et laissaient germer les idées plus ou moins farfelues pour inventer de nouveaux styles d'écriture, de nouvelles visions. Quelle émulation cela devait être !!
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Recueil étrange et inconstant, qui convulse entre le délire ennuyeux et le délire génial.
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Une lecture singulière impossible à noter. Elle nous échappe quoique nous captive bizarrement. C'est comme si ce poème-ci, ce paragraphe-là, cette phrase encore... formaient un bloc immense ou une architecture verbale sans qu'on puisse la démonter une seconde, et déboîter une pièce, ne serait-ce qu'une virgule... Non.
Curieux. Etrange. Insaisissable, indélébile à la fois : "Clair de terre" nous vaporise de ses ondes grisâtres et biscornues. Une lecture qui happe en nous laissant de marbre ; une lecture à ne point rater ; un nid de pensées qui boitent de la plus parfaite façon du monde.
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Fatras de phrases incompréhensibles, comme il se doit par la méthode de l'écriture automatique. le véritable mystère, qui me taraude, est que ces textes totalement hermétiques, et qui ne veulent probablement rien dire (mais comme on n'y comprend rien on ne peut pas le prouver), aient eu si longtemps pignon sur rue, alors qu'on devine que personne ne les a jamais lus. En tous cas personne ne donne jamais aucun signe de les avoir lus, et Alain Jouffroy, le préfacier, pas plus que les autres: pas le moindre commentaire du moindre vers, seulement des dithyrambes génériques, intitulés "Introduction au génie d'André Breton", de celui avec qui, en 1966, il venait de se réconcilier, et qui allait mourir: "Breton, parmi tous les poètes vivants est sans doute le plus grand; ça ne fait aucun doute pour tous ceux qui blah blah blah blah..." Oui mais "Au levant seize reptiles étoilés à partir d'un feu/Souterrain sont hissés au sommet d'un mât/Agitateur du ciel", ça veut dire quoi, ça évoque quoi, dans l'esprit de qui?
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
LE RÉVOLVER À CHEVEUX BLANCS

LA FORÊT DANS LA HACHE (1932)


On vient de mourir mais je suis vivant et cependant je n’ai plus d’âme. Je n’ai plus qu’un corps transparent à l’intérieur duquel des colombes transparentes se jettent sur un poignard transparent tenu par une main transparente. Je vois l’effort dans toute sa beauté, l’effort réel qui ne se chiffre par rien, peu avant la disparition de la dernière étoile. Le corps que j’habite comme une hutte et à forfait déteste l’âme que j’avais et qui surnage au loin. C’est l’heure d’en finir avec cette fameuse dualité qu’on m’a tant reprochée. Fini le temps où des yeux sans lumière et sans bagues puisaient le trouble dans les mares de la couleur. Il n’y a plus ni rouge ni bleu. Le rouge-bleu unanime s’efface à son tour comme un rouge-gorge dans les haies de l’inattention. On vient de mourir, — ni toi ni moi ni eux exactement, mais nous tous, sauf moi qui survis de plusieurs façons : j’ai encore froid, par exemple. En voilà assez. Du feu! Du feu! Ou bien des pierres pour que je les fende, ou bien des oiseaux pour que je les suive, ou bien des corsets pour que je les serre autour de la taille des femmes mortes, et qu’elles ressuscitent, et qu’elles m’aiment, avec leurs cheveux fatigants, leurs regards défaits! Du feu, pour qu’on ne soit pas mort pour des prunes à l’eau-de-vie, du feu pour que le chapeau de paille d’Italie ne soit pas seulement une pièce de théâtre! Allô, le gazon! Allô, la pluie! C’est moi l’irréel souffle de ce jardin. La couronne noire posée sur ma tête est un cri de corbeaux migrateurs car il n’y avait jusqu’ici que des enterrés vivants, d’ailleurs en petit nombre, et voici que je suis le premier aéré mort. Mais j’ai un corps pour ne plus m’en défaire, pour forcer les reptiles à m’admirer. Des mains sanglantes, des yeux de gui, des bouches de feuilles mortes et de verre (les feuilles mortes bougent sous le verre ; elles ne sont pas aussi rouges qu’on le pense, quand l’indifférence expose ses méthodes voraces), des mains pour te cueillir, thym minuscule de mes rêves, romarin de mon extrême pâleur. Je n’ai plus d’ombre non plus. Ah mon ombre, ma chère ombre. Il faut que j’écrive une longue lettre à cette ombre que j’ai perdue. Je commencerai par Ma chère ombre. Ombre, ma chérie. Tu vois. Il n’y a plus de soleil. Il n’y a plus qu’un tropique sur deux. Il n’y a plus qu’un homme sur mille. Il n’y a plus qu’une femme sur l’absence de pensée qui caractérise en noir pur cette époque maudite. Cette femme tient un bouquet d’immortelles de la forme de mon sang.

p.123-124
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Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Le désespoir n'a pas d'ailes, il ne se tient pas nécessairement à une table desservie sur une terrasse, le soir, au bord de la mer. C'est le désespoir et ce n'est pas le retour d'une quantité de petits faits comme des graines qui quittent à la nuit tombante un sillon pour un autre. Ce n'est pas la mousse sur une pierre ou le verre à boire. C'est un bateau criblé de neige, si vous voulez, comme les oiseaux qui tombent et leur sang n'a pas la moindre épaisseur. Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Une forme très petite, délimitée par un bijou de cheveux. C'est le désespoir. Un collier de perles pour lequel on ne saurait trouver de fermoir et dont l'existence ne tient pas même à un fil, voilà le désespoir. Le reste, nous n'en parlons pas. Nous n'avons pas fini de deséspérer, si nous commençons. Moi je désespère de l'abat-jour vers quatre heures, je désespère de l'éventail vers minuit, je désespère de la cigarette des condamnés. Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Le désespoir n'a pas de coeur, la main reste toujours au désespoir hors d'haleine, au désespoir dont les glaces ne nous disent jamais s'il est mort. Je vis de ce désespoir qui m'enchante. J'aime cette mouche bleue qui vole dans le ciel à l'heure où les étoiles chantonnent. Je connais dans ses grandes lignes le désespoir aux longs étonnements grêles, le désespoir de la fierté, le désespoir de la colère. Je me lève chaque jour comme tout le monde et je détends les bras sur un papier à fleurs, je ne me souviens de rien, et c'est toujours avec désespoir que je découvre les beaux arbres déracinés de la nuit. L'air de la chambre est beau comme des baguettes de tambour. Il fait un temps de temps. Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. C'est comme le vent du rideau qui me tend la perche. A-t-on idée d'un désespoir pareil! Au feu! Ah! ils vont encore venir... Et les annonces de journal, et les réclames lumineuses le long du canal. Tas de sable, espèce de tas de sable! Dans ses grandes lignes le désespoir n'a pas d'importance. C'est une corvée d'arbres qui va encore faire une forêt, c'est une corvée d'étoiles qui va encore faire un jour de moins, c'est une corvée de jours de moins qui va encore faire ma vie.
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JE RÊVE JE TE VOIS
     
Je rêve je te vois superposée indéfiniment à toi-même
Tu es assise sur le haut tabouret de corail
Devant ton miroir toujours à son premier quartier
Deux doigts sur l’aile d’eau du peigne
Et en même temps
Tu reviens de voyage tu t’attardes la dernière dans la grotte
Ruisselante d’éclairs
Tu ne me reconnais pas
Tu es étendue sur le lit tu t’éveilles ou tu t’endors
Tu t’éveilles ou tu t’es endormie ou ailleurs
Tu es nue la balle de sureau rebondit encore
Mille balles de sureau bourdonnent au-dessus de toi
Si légères qu’à chaque instant ignorées de toi
Ton souffle ton sang sauvés de la folle jonglerie de l’air
Tu traverses la rue les voitures lancées sur toi ne sont plus que leur
ombre
Et la même
Enfant
Prise dans un soufflet de paillettes
Tu sautes à la corde
Assez longtemps pour qu’apparaisse au haut de l’escalier invisible
Le seul papillon vert qui hante les sommets de l’Asie
Je caresse tout ce qui fut toi
Dans tout ce qui doit l’être encore
J’écoute siffler mélodieusement
Tes bras innombrables
Serpent unique dans tous les arbres
Tes bras au centre desquels tourne le cristal de la rose des vents
Ma fontaine vivante de Sivas
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L'air de l'eau (1934)


J ' ai devant moi la fée du sel
Dont la robe brodée d 'agneaux
Descend jusqu' à la mer
Et dont le voile de chute en chute irise toute la
montagne
Elle brille au soleil comme un lustre d 'eau vive
Et les petits potiers de la nuit se sont servis de ses
ongles sans lune
Pour compléter le service à café de la belladone
Le temps se brouille miraculeusement derrière ses
souliers d 'étoiles de neige
Tout le long d' une trace qui se perd dans les caresses de
deux hermines
Les dangers rétrospectifs ont beau être richement
répartis
Des charbons mal éteints au prunelier des haies par le
serpent corail qui peut passer pour un très mince
filet de sang coagulé
Le fond de l' âtre
Est toujours aussi splendidement noir
Le fond de l' âtre où j ' ai appris à voir
Et sur lequel danse sans interruption la crêpe à dos
de primevères
La crêpe qu'il faut lancer si haut pour la dorer
Celle dont je retrouve le goût perdu
Dans ses cheveux
La crêpe magique le sceau aérien
De notre amour

p.166-167
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Plutôt la vie

Plutôt la vie que ces prismes sans épaisseur même si les couleurs son plus pures
Plutôt que cette heure toujours couverte que ces terribles voitures de flammes froides
Que ces pierres blettes
Plutôt ce coeur à cran d'arrêt
Que cette mare aux murmures
Et que cette étoffe blanche qui chante à la fois dans l'air et dans la terre
Que cette bénédiction nuptiale qui joint mon front à celui de la vanité totale
Plutôt la vie

Plutôt la vie avec ses draps conjuratoires
Ses cicatrices d'évasions
Plutôt la vie plutôt cette rosace sur ma tombe
La vie de la présence rien que de la présence
Où une voix dit Es-tu là où une autre répond Es-tu là
Je n'y suis guère hélas
Et pourtant quand nous ferions le jeu de ce que nous faisons mourir
Plutôt la vie

Plutôt la vie plutôt la vie Enfance vénérable
Le ruban qui part d'un fakir
Ressemble à la glissière du monde
Le soleil a beau n'être qu'une épave
Pour peu que le corps de la femme lui ressemble
Tu songes en contemplant la trajectoire tout du long
Ou seulement en fermant les yeux sur l'orage adorable qui a nom ta main
Plutôt la vie

Plutôt la vie avec ses salons d'attente
Lorsqu'on sait qu'on ne sera jamais introduit
Plutôt la vie que ces établissements thermaux
Où le service est fait par des colliers
Plutôt la vie défavorable et longue
Quand les livres se refermeraient ici sur des rayons moins doux
Et quand là-bas il ferait mieux que meilleur il ferait libre oui
Plutôt la vie

Plutôt la vie comme fond de dédain
A cette tête suffisamment belle
Comme l'antidote de cette perfection qu'elle appelle et qu'elle craint
La vie le fard de Dieu
La vie comme un passeport vierge
Une petite ville comme Pont-à-Mousson
Et comme tout s'est déjà dit
Plutôt la vie
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Vidéo de André Breton
"Il est des livres qui s'imposent. Crayon noir pourrait appartenir à ceux-là. (...) Écrire sur Samuel Paty a été une urgence doublée d'une évidence."
Ces quelques mots de Valérie Igounet, historienne, journaliste et directrice adjointe de l'observatoire du conspirationnisme, se trouvent en préface de Crayon noir, un roman graphique nécessaire publié en octobre 2023, 3 ans après l'assassinat de Samuel Paty. Il s'agit d'une enquête dessinée qui retrace l'engrenage qui a mené à ce drame, la façon dont cet événement nous a bouleversés et transformés, à un niveau individuel et collectif, mais c'est aussi un récit plein de vie qui nous fait entrer dans l'univers de Samuel Paty, son quotidien de professeur, la passion qui l'animait.
Une bande dessinée qui s'adresse à un large public, qui met des mots sur ce drame et permet de ne pas oublier, et que nous explorons dans cet épisode en compagnie de ses auteurs, Valérie Igounet et Guy le Besnerais.
Voici la liste des ouvrages évoqués dans cet épisode :
Crayon noir, de Valérie Igounet, Guy le Besnerais et Mathilda (éd. Studiofact) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22774624-crayon-noir-samuel-paty-histoire-d-un-prof-valerie-igounet-studiofact ;
Le Chevalier de la charrette, de Chrétien de Troyes (éd. Classiques Garnier) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/17994823-le-chevalier-de-la-charrette-lancelot-chretien-de-troyes-classiques-garnier ;
La Chute, d'Albert Camus (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/887645-la-chute-albert-camus-folio ;
Noces, suivi de L'Été, d'Albert Camus (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/91666-noces-suivi-de-l-ete-albert-camus-folio ;
Nadja, d'André Breton (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/394481-nadja-andre-breton-folio.
Invités : Valérie Igounet et Guy le Besnerais
Conseils de lectures de : Julien Laparade, libraire à la librairie Dialogues, à Brest
Enregistrement, interview et montage : Laurence Bellon
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