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Citations sur Au loin (41)

Simplement, il n'avait plus ni objectifs ni destinations. Il n'avait plus même le désir de mourir, comme cela avait été le cas après les tragédies les plus dévastatrices de sa vie. Il était juste une chose qui continuait d'exister. Non parce qu'elle le voulait, mais parce qu'elle avait été ainsi conçue. Continuer d'exister avec le strict minimum était la ligne de moindre résistance. C'était naturel et par conséquent involontaire. N'importe quoi d'autre aurait requis une décision. Et la dernière décision qu'il avait prise avait été de creuser son abri. Et il continuait à creuser parce que, tout bêtement, décider d'arrêter était au-dessus de ses forces.

(P274)
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Et qu'importe que Pingo - puisque tel était son nom à en croire Antim -fût un des poneys chétifs dédaignés par les pillards ; qu'importe qu'Hakan n'eût ni selle ni bride mais en lieu et place de celle-ci une simple lanière de cuir nouée autour du museau
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Ils vivaient comme des naufragés. À la maison, des journées entières passaient sans que personne ne prononçât un seul mot. Les deux garçons se réfugiaient aussi souvent que possible dans les bois ou dans les fermes abandonnées, où Linus racontait à Håkan quantité d’histoires – des aventures qu’il affirmait avoir vécues, des récits d’exploits qu’il tenait prétendument de la bouche de leur héroïque protagoniste, ou encore des descriptions de contrées lointaines qu’il semblait, étrangement, connaître dans les moindres détails. Compte tenu de leur isolement - et du fait que ces garçons ne savaient pas lire–, ces contes n’avaient pu trouver leur source que dans la prodigieuse imagination de Linus. Néanmoins, aussi extravagant qu’il puisse paraître, Håkan ne mettait jamais en doute leur véracité. Il vouait à son frère une confiance aveugle. Peut-être parce que, quelque bêtise qu’ait pu faire son cadet, Linus le défendait toujours et n’hésitait jamais à essuyer les reproches et encaisser les corrections à sa place. Sans Linus pour veiller à ce qu’il mange à sa fin, pour garder la maison au chaud pendant que leurs parents glanaient dans la campagne ou le distraire avec ses histoires quand la nourriture et le bois venaient à manquer, Håkan serait très vraisemblablement mort.
Tout changea le jour où la jument fut grosse. Lors d’une de ses visites, l’intendant ordonna au père d’ Håkan, Erik, de veiller au bon déroulement de la gestation – bêtes et troupeaux ayant payé un lourd tribut à la famine, cette naissance serait du pain béni pour l’écurie de plus en plus dépeuplée de son maître. Les mois passant, la jument grossit dans des proportions anormales. Et quand elle mit bas deux poulain, Erik, nullement surpris, décida, peut-être pour la première fois de sa vie, de mentir. Avec l’aide des garçons, il débroussailla un coin dans les bois et construisit un enclos, à l’abri des regards, où il cacha un des poulains sitôt qu’il fut sevré. Quelques semaines plus tard, le régisseur vint réclamer son frère. Éric laissa son poulain dans sa cachette et veilla à ce qu’il devienne un yearling vigoureux. Le moment venu, il le vendit à un meunier, dans une bourgade suffisamment éloignée de la ferme où personne ne le connaissait. Et le soir de son retour, il annonça à ses fils qu’ils partaient le surlendemain en Amérique –seuls. La vente du poulain ne lui permettait de payer que deux traversées. Et de toute façon, ajouta-t-il, il était hors de question qu’il s’enfuie comme un criminel. Leur mère, elle, ne dit rien.
Håkan et Linus, qui n’avaient jamais vu de ville, pas même en illustration, se hâtèrent de gagner Göteborg dans l’espoir d’y passer un ou deux jours, mais ils parvinrent juste à temps pour embarquer sur leur bateau à destination de Portsmouth. Une fois à bord, ils se partagèrent l’argent, au cas où il arriverait quelque chose à l’un d’eux. Durant cette partie du voyage, Linus décrivait longuement à Håkan toutes les merveilles qui les attendaient en Amérique. Ni l’un ni l’autre ne parlant anglais, le nom de leur destination se réduisait pour eux à un talisman abstrait : « Nujårk».
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Il toussa et laissa entendre une respiration sifflante. Le prophète a dit: "il existe trois sortes de pauvres -le pauvre du Seigneur, le pauvre du diable, et les pauvres diables." Il parti d'un rire et se remit à tousser.
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Dans la nature, rien de ce que l’on laissait derrière soi ne pouvait être récupéré un jour. Chaque rencontre était la dernière. Personne ne revenait d’au delà de l’horizon. Retourner vers quelque chose ou quelqu’un était impossible. Tout ce qui n’était plus à portée du regard était perdu à jamais.
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Questions, accusations, menaces, jugements. Parler. Il ne voulait plus parler. Sans destination clairement définie, et sans autre but que la solitude, il était plus facile d'éluder le monde.
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L’homme posa une autre question, et ces mots-là ne semblaient pas être de l’anglais. Il refit une tentative dans une langue aux sonorités gutturales et rêches. Håkan le regarda tout en frottant la peau à vif de ses poignets.
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L'aube n'était qu'une intuition, une certitude encore invisible, mais Hakan s'élança vers elle à toute jambes, le regard rivé sur ce lointain qui ne tarderait pas à rougeoyer et lui montrer la direction menant à son frère.

(P71)
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Un naturaliste doit observer le monde avec affection et bienveillance – voire lui vouer un amour ardent. Il se doit d’honorer la vie que sa lame a ôtée en appréciant toujours à sa juste valeur, et avec dévotion, son caractère unique et irremplaçable, mais sans jamais perdre de vue le fait que, aussi étrange que cela puisse paraître, cette vie unique et irremplaçable représente aussi la totalité du monde.
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Håkan avait appris que la pitié était un sentiment insatiable – une fausse vertu, affamée de toujours plus de souffrances pour montrer combien elle pouvait être infinie et sublime. 
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