Loin de l'Amarillo Grande
Finies les ambiances urbaines : Blacksad se lance "
Sur la Route".
Ce 5ème tome est en effet, librement inspiré du trio Hippie
Jack Kerouac,
Allen Ginsberg et
William S. Burroughs et les références irriguent le récit (la route 66, le roman écrit sur un rouleau de papier de 30 m, la passion de Burroughs pour les armes à feu...).
Cet hommage rendu à la
Beat generation est l'occasion d'amener le personnage de Blacksad, au soleil de Tulsa (Oklahoma), d'Amarillo (Texas), de Capulin Volcano ou de Raton (Nouveau-Mexique). Ce soleil baigne la majeure partie de l'album, justement appelé Amarillo (jaune en espagnol). On rappellera que les volumes précédents mettaient respectivement en valeur le noir, blanc, rouge et bleu.
Dès le début, le récit suit 2 personnages qui vont évoluer quasiment en parallèle, jusqu'au dénouement.
D'un côté, on retrouve Blacksad, le détective félin qui aspire naïvement à un peu de tranquillité et de l'autre, Chad Lowell, un écrivain paumé, en cavale.
C'est quand le hasard fera se croiser leurs chemins, que les ennuis vont commencer.
L'ensemble s'avère un peu décevant.
D'ailleurs, autant les 1ers volumes étaient formidables (et en particulier Arctic Nation), autant je trouve que la série perd un peu en qualité au fil des sorties.
Le scénario de
Juan Diaz Canales n'est pas renversant. Les références évoquées plus haut sont davantage des clins d'oeil qu'une trame solide. A tout prendre, je préférais le détournement des codes du polar hard-boiled américain des albums du début.
Mais c'est au niveau du dessin que j'émettrai davantage de réserves.
Pour la 1ère fois, le parti pris de l'anthropomorphisme des personnages (Blacksad est un chat (ou un puma ?), Lowell un lion...un peu comme dans le Robin des Bois de
Walt Disney) m'a gêné.
Je ne voyais pas trop ce qu'il apportait jusqu'à présent, mais là, c'est pire. A un moment, les scènes se déroulent dans un cirque, avec normalement, de "vrais" animaux. Sauf que là, l'impression est bizarre. Il n'y a pas d'animaux à proprement parler, mais une espèce de mélange avec des artistes humanisés (ils se tiennent droits, ont des "mains") et d'autres, non. Les singes acrobates par exemple, n'ont aucune caractéristique physique humaine. Troublant.
Bref, j'ai trouvé que c'était un peu bancal.
Autre déception, la qualité du dessin, en dessous de ce qui est attendu. Guarnido est un formidable dessinateur, mais il donne l'impression d'avoir un peu bâclé son travail. Certaines vignettes sont quand même très moyennes, à peine esquissées (les dernières cases de la page 23 ressemblent à du
Pétillon -hommage à jack Palmer ?, le démontage du cirque page 37...).
Un album qui reste très recommandable, mais qui sent un peu la fin d'un cycle (celui des couleurs).
J'ai peur qu'à cette allure, Blacksad date.