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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
A la surface de la Lune Alphane vivent des individus séparés à l'intérieur de différents clans : il peut s'agir du clan Manse, Heeb, Pare ou Dep. Si la mention de ces catégories ne vous évoque rien, c'est parce que ces dénominations ont justement été choisies afin de dissimuler une certaine vérité. Que diriez-vous si je vous apprenais qu'aujourd'hui même, sur notre planète Terre, de tels individus vivent –librement ou sous contrôle des hôpitaux psychiatrique- et font partie intégrante de notre quotidien ? Peut-être êtes-vous d'ailleurs l'un des leurs… En tout cas, certains d'entre eux ont laissé une trace historique sur le parcours de l'humanité : Adolf Hitler était un Pare –paranoïaque dépassé par des visions de destruction le visant en premier lieu- ; Léonard de Vinci était un Manse –maniaque à l'intellect et à la perversité débordants- ; et combien compte-t-on de Dep –dépressifs- et de Heebs –psychotiques aux visions hallucinées ?


Les terriens imaginés par Philip K. Dick dans ce roman ont trouvé un bon moyen de se débarrasser du poids morts de ces individus. Profitant de l'acquisition de la Lune Alphane, ils décident d'en faire un gigantesque hôpital psychiatrique et d'y déporter tous les malades mentaux diagnostiqués par l'institution médicale. le système fonctionne quelque temps mais, suite à une guerre qui oppose les terriens aux insectoïdes d'Alpha, le personnel se fait la malle et laisse les déments livrés à eux-mêmes. Une nouvelle société s'organise. Les terriens, un peu dépassés, regrettent d'avoir filé si vite de cette Lune finalement pas si inintéressante qu'elle ne le paraissait… et ils organisent une nouvelle mission pour en reprendre possession.


Expliquer l'intrigue des Clans de la Lune Alphane dans ses moindres détails relèverait de la gageure. Philip K. Dick est un Manse, qu'on n'en doute pas. Et sans doute partage-t-il également des traits communs avec les Heebs. Son écriture traduit un monde fantasmagorique qui se déroule certainement sans anicroche dans son esprit. En tout cas, il ne lui semble pas utile d'approfondir et de définir la quasi-totalité des néologismes qui parsèment le texte. Et si les difficultés ne relevaient que du vocabulaire… mais Philip K. Dick nous laisse également nous débrouiller pour comprendre sur quelle planète Terre nous avons malencontreusement atterri, et tant pis pour nous si nous loupons l'unique indice qui permettra peut-être de débroussailler la jungle luxuriante dans laquelle nous nous empêtrons en ouvrant son roman.


Toutefois, même si le fonctionnement de cet univers nous échappe souvent dans ses détails, le génie Manse de Philip K. Dick se révèle dans l'entremêlement d'intrigues qui peuvent se comprendre indépendamment les unes des autres –ou presque. Chaque lecteur peut y trouver son compte, et le plus assidu se passionnera peut-être triplement pour les Clans de la Lune Alphane, qu'il s'agisse de mener à bien cette nouvelle mission de reconquête de la Lune, de résoudre le jeu des complots entre la C.I.A. et l'organisation du comique Bunny Hentman, ou d'étudier l'évolution des relations entre Chuck et Mary Rittersdorf à travers le diagnostic de leurs propres déficits ou incompatibilités psychologiques. D'ailleurs, cette dernière intrigue semble être celle autour de laquelle sont bâties les intrigues secondaires des luttes cosmologique et policière. Autour de ces deux atomes instables que sont Mary et Chuck –tantôt anions, tantôt cations, se rejetant ou s'attirant en toute imprévisibilité- se joue un conflit interplanétaire qui n'a d'autre but, semble-t-il, de mettre à jour les fondements psychologiques de l'ambivalence de leurs sentiments. Si les Manses, les Pares, les Deps et les Heebs forment des coalitions, si la C.I.A et Bunny Hentman s'affrontent à coups de lasers, si les fongus meurent sous forme de spores puis régénèrent sur une autre planète, si les télépathes ne laissent passer aucune des pensées les plus secrètes, c'est, ne semble-t-il, que pour mieux cerner et conduire le parcours de maturité affective de Chuck et de Mary. En tout cas la psychologie ni l'étude de la complexité des tourments de l'âme n'échappent à l'oeil quasi-télépathe de Philip K. Dick. Lui aussi semble lire dans les pensées de ses semblables…


C'est ici que la présence de cet univers dégénéré et morcelé prend tout son intérêt. Il permet à un discours psychologique qui n'a finalement rien d'exceptionnel en soi de se renouveler et de s'exprimer à travers des concepts qui trouvent toute leur pertinence dans ce conflit d'intérêts entre la Terre et la Lune Alpha ; entre les terriens et les membres des castes Manse, Heeb, Dep et Pare.


« - Ne vous tuez pas parce que vous l'avez quittée […]. Dans quelques mois, ou même dans quelques semaines, vous vous sentirez entier à nouveau. En ce moment, vous vous sentez comme la moitié d'un organisme qui vient de se séparer en deux ; la scission est toujours douloureuse ; je le sais à cause d'un protoplasme qui a vécu ici quelque temps… il souffrait à chaque fois qu'il devait se scinder, mais cette scission était nécessaire, il devait croître. »


Philip K. Dick est un auteur frémissant parce qu'il donne ses règles universelles à ce qui aurait pu n'être qu'une histoire réduite à sa sphère individuelle. Même s'il l'exprime avec des termes et des notions qui nous sont inconnus, elle entre en résonnance avec notre propre expérience et la transcende en nous permettant de l'observer presque objectivement –en tout cas en modifiant radicalement notre référentiel d'observation. Tout cela sur la pointe des pieds, sans jamais envahir le texte de développements alambiqués. Un peu comme ce fongus qui s'excusait en ces termes devant Chuck : « J'avais projeté de vous emprunter un pot de culture de yogourt, mais en regard de vos préoccupations, cela me semble être une requête outrageante », Philip K. Dick laisse son imagination se délier pleinement, mais se repent finalement devant son lecteur en lui donnant la possibilité de trouver son propre intérêt à cette écriture fondamentalement individuelle.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Voici le dernier livre lu dans le cadre du Summer Star Wars. J'avais déjà pu lire ce roman il y a plusieurs années mais je n'avais pas forcément beaucoup de connaissances de l'oeuvre de Dick. En matière de personnages, j'ai retrouvé ce qu'il y avait dans En attendant l'année dernière. Donc on suit les difficultés d'un homme qui cherche à trouver un moyen pour financer la pension alimentaire qu'il doit à sa femme. Femme qui est bien sûr dominatrice et sans pitié.

Il est aussi un peu dommage que ce qui s'annonçait comme une guerre spatiale se transforme en règlement de comptes matrimonial. Par contre le fait de constituer des clans à partir des pathologies des patients d'un hôpital psychiatrique reflète l'importance qu'aura la santé mentale dans l'oeuvre de Dick. Mais même s'il y a une explication succincte des caractéristiques des maladies, on reste quand même dans le flou.

Petite touche technologique, Dick met en scène des simulacres, sorte d'androïdes qui peuvent avoir une vie propre quoique limitée ou être manipulés par un opérateur. Ils sont utilisées à des fins sécuritaires mais aussi à des fins de propagande.

Les clans de la une alphane se laisse facilement lire mais laisse une impression de déjà-vu quand on a un petit peu lu Philip K. Dick.
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Sur Alpha III M2, dans le système des Alphanes, une race extra-terrestre, une lune accueille les anciens pensionnaires d'un hôpital psychiatrique et leur descendance. Relégués à plusieurs années-lumière de la Terre, ces hommes et ces femmes se sont répartis en clans selon leur pathologie : les maniaco-dépressifs, les paranoïaques, les schizophrènes aux diverses tendances, les hébéphrènes … Si cette petite société tâche de survivre malgré les évidentes difficultés, d'importants bouleversements semblent s'amonceler à l'horizon puisque la lune est l'objet d'une géopolitique intense entre la Terre et les Alphanes, soucieux de récupérer leur bien.

Au centre de cette intrigue, Chuck Rittersdorf, programmateur à la CIA, semble être dans un sacré pétrin : il divorce et Mary, son ex-femme, conseillère conjugale, veut absolument qu'il accepte un travail d'auteur de script auprès du célèbre comique, Bunny Hentman. Objet de manipulations diverses et venant de toutes parts (la CIA, Bunny Hentman, le fongus ganymédien …), le tout dans une sorte d'espionnite rappelant le contexte de la Guerre froide (où les superpuissances seraient, ici, la Terre et le système alphane), Chuck joue un rôle de premier plan bien loin de ses habitudes terriennes.

Publié en 1964, le roman pose la question de la normalité dans les sociétés humaines. La lune alphane est habitée de fous reconnus par la médecine, mais le roman montre beaucoup d'autres personnages, qualifiés de normaux par la société, et qui présentent pourtant de nombreux troubles de la personnalité

Si l'ambiance signée par Dick rappelle avec plaisir celle de ses plus grands romans, l'intrigue peine à arriver à leurs niveaux malgré une idée originale brillante.
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Un Philip K. Dick qui nous emmène sur une Lune ancien asile psychiatrique : les patients atteints de différents symptômes ont malgré leur problèmes construit une société stable ... Un homme méprisé par sa femme, des aliens, la Terre vont t'ils tout remettre en cause ?
Bon roman. L'aspect réalité/hallucination beaucoup moins présent que dans ces autres récits.
Très centré sur les problèmes du couple principal.
La bonne dose de complots : des manipulations, des motivations cachées mais pas trop
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babelio_id:Dick-Les-clans-de-la-lune-alphane/14249
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