Les Veines des autres Fleurs
Sont les Fleurs Pourpres
Puisqu’à ses moments perdus la Nature
Nomme la « Branche » et la « Jugulaire ».
Nous passons, elle demeure
Nous conjuguons Ses Talents
Pendant qu’Elle crée et fédère
Sans une syllabe.
II. La gloire est une abeille
(Choix de poèmes, 1858-1881)
p. 227
Le chagrin est une « provision » jamais complètement dépensée, il en reste toujours pour un prêt à l’amiable.
L’Amour — est antérieur à la Vie —
Postérieur — à la Mort —
Le Paraphe de la Création, et
L’Exposant de la Terre —
Nous ne savions pas que nous allions vivre —
Ni quand — nous allions mourir —
Notre ignorance — notre Cuirasse est —
Notre portons la Mortalité
Aussi légèrement qu’une Robe Choisie
Jusqu’à ce qu’on nous somme de l’ôter —
Le printemps est une joie si belle, si unique, si inattendue, que je ne sais que faire de mon coeur. Je n’ose pas le prendre, je n’ose pas le laisser.
Le coeur continue à sangloter durant son sommeil.
Le temps est une épreuve de chagrin
Mais pas un remède —
S’il en était un, cela prouverait
Qu’il n’y avait pas de maladie.
Pour faire une prairie il faut un trèfle et une seule abeille,
Un seul trèfle, et une seule abeille,
Et la rêverie.
La rêverie seule fera l’affaire
Si on manque d’abeilles.
J’ai senti un Accroc dans mon Esprit —
Comme si mon Cerveau s’était déchiré —
J’ai tenté de faire — Reprise sur Reprise —
Mais les pièces ne s’ajustaient pas.
J’ai lutté pour enchaîner une pensée
À la pensée suivante —
Mais j’ai perdu le Fil qui s’est emmêlé
Comme des Pelotes — sur le Sol.
Voici ma lettre au Monde
Qui ne M’a jamais écrit —
Les simples Nouvelles que la Nature disait —
Avec une tendre Majesté
Son Message est confié
À des mains que je ne vois pas —
Pour l’amour d’Elle — Doux — compatriotes —
Jugez-Moi avec — tendresse