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Françoise Delphy (Traducteur)
EAN : 9782081232136
1470 pages
Flammarion (12/11/2009)
4.38/5   65 notes
Résumé :

Emily Dickinson (1830-1886) n'est pas seulement l'un des plus grands poètes américains : c'est aussi un personnage mythique. Toujours vêtue de blanc, cette femme mystérieuse, à l'âge de trente ans, se mura à jamais dans la demeure familiale d'Amherst, son village natal, en Nouvelle-Angleterre, et passa le reste de sa vie à contempler le monde depuis sa fenêtre. Lorsqu'un ami lui rendait visite, il lui arrivait même de refuser de sortir de sa chambre pour l... >Voir plus
Que lire après Poésies complètes : Edition bilingue français-anglaisVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Je souhaite noter ici un tout petit poème devenu fameux et souvent cité, extrait de ce recueil : Emily Dickinson, "Poésies complètes", édition bilingue, Flammarion, 2009, avec son texte original, ainsi que plusieurs traductions ayant toutes des inflexions diverses, à partir d'intentions probablement différentes. Ceci permettra de se faire une idée des choix qu'opèrent les traducteurs au sein de la polysémie poétique des textes.

Voici donc le texte original :
« To make a prairie it takes a clover and one bee,
One clover, and a bee,
And reverie.
The reverie alone will do,
If bees are few. »
On trouve aussi ce petit joyau poétique dans le recueil : "Lieu-dit l'éternité" (Seuil-Points), et dans "Autoportrait au roitelet. Correspondance", deux éditions des oeuvres d'Emily Dickinsondans dans la traduction de Patrick Reumaux :
« Pour faire une prairie il faut un trèfle et une seule abeille
Un seul trèfle, et une abeille
Et la rêverie.
La rêverie seule fera l'affaire
Si l'on manque d'abeilles. »

Ce poème est un emblème joli de nos préoccupations écologiques contemporaines, et d'une singulière prescience. Il sonne étrangement à nos oreilles inquiétées par la souffrance de nos petites soeurs les abeilles, et par les blessures de la biodiversité vitale : il n'est malheureusement pas sûr que la seule rêverie y suffise...
Il célèbre aussi les retrouvailles festives avec le réel, et l'immersion de la "conscience océanique" (chère à Romain Rolland) dans la magie de l'instant et la douceur immanente des petites choses, qui marquent l'écriture unique d'Emily Dickinson, à la fois passionnée et discrète.

À noter que ce poème est cité aussi par Jean-Claude Ameisen dans sa remarquable émission sur France Inter "Sur les épaules de Darwin" (notamment la rediffusion du 09/05/2020 : "Dame bourdon et le trèfle des prés"). Il est traduit en toute simplicité par Ameisen ainsi :
« Pour faire une prairie il faut un trèfle et une abeille.
Un trèfle, une abeille,
Et de la rêverie.
La rêverie seule suffira
Si les abeilles sont rares."

On le trouve encore, dans la traduction de Michel Leiris, dans "Esquisse d'une anthologie de la poésie américaine du XIXe siècle" (Gallimard) :
"Il faut pour faire une prairie
Un trèfle et une seule abeille
Un seul trèfle, une abeille
Et quelque rêverie.
La rêverie suffit
Si vous êtes à court d'abeilles."

Enfin, en écho à ce charmant petit poème, une autre délice de la tendre Emily, qui nous parle encore de nos chères abeilles, de leurs promesses, et du rêve qu'elles inaugurent :
« Cette petite Ruche abritait
De telles Promesses de Miel
Que le Réel devenait Rêve
Et le Rêve Réel. » (Quatrains et autres poèmes brefs. - Poésie/Gallimard).
« L'espoir est une étrange chose à costume de plumes qui se pense dans notre âme, se perche sur le coeur, hante inlassablement des chansons sans paroles, et ne s'arrête jamais. Mais c'est dans la tempête que son chant est le plus doux. »
Plût au ciel qu'Emily ait raison!!!

Signalé par Eve-Yeshe, on trouve aussi ce poème cité par Georges Bonnet dans son roman : "Un si bel été", dans cette traduction :
« Pour faire une prairie, il faut un trèfle et une abeille.
Un trèfle et une abeille, et la rêverie.
La rêverie seule y suffirait,
si les abeilles venaient à manquer. »

Et pourvu que les abeilles ne viennent pas à manquer! Comme le disait Einstein, l'homme ne survivrait que quelques années à la disparition des abeilles, car certaines plantes à fleurs nécessitent une seule espèce d'insecte pour leur pollinisation et en sont étroitement et symbiotiquement dépendantes. Par leur action fécondante, les différentes espèces d'abeilles sont donc à l'un des deux bouts de la chaîne de la vie : le premier…
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J'avoue qu'il s'agit d'une découverte pour moi ; jusqu'à ma lecture de ce recueil, je ne connaissais Emily Dickinson que pour sa réputation de figure majeure de la littérature américaine.
J'ai éprouvé un sentiment mitigé à la lecture de ses poèmes, sans doute parce que je ne me reconnais pas dans sa quête de transcendance liée à sa foi chrétienne.
J'ai été surprise par l'étrange ponctuation de ses vers et l'emploi systématique des tirets d'incise que renforcent l'impression d'un murmure, d'une confidence chuchotée, voire d'un tâtonnement de la pensée devant la difficulté à exprimer une sensation. Il y a, par ce biais, quelque chose de direct, du registre de l'expérience intime qui est immédiatement transmis au lecteur. Je dirais qu'il y a une absence de seuil dans la poésie d'Emily Dickinson, nous pénétrons avec une immédiateté voulue dans son univers sensible.
La récurrence de la souffrance, de l'agonie, de la mort révèle une âme troublée par la question de « l'après ». L'existence humaine est fugace, rien ne peut combattre l'oubli, l'idée de repousser la fin est une illusion car elle est écrite par avance et scelle des épousailles avec le Ciel. le dialogue entre deux morts se tarit de lui-même quand la mémoire des défunts s'évanouit : « Et ainsi, tels des parents, qui se rencontrent une nuit – Nous devisâmes d'une chambre à l'autre – Jusqu'à ce que la Mousse atteigne nos lèvres – Et recouvre – Nos noms – »
Je ne goûte pas particulièrement cette mystique de la mort qui se développe sur une humilité très calviniste : « Si énorme, si impossible à concevoir/ Que ceux qui deux fois sont advenus./ La séparation est tout ce qu'on connaît du ciel/ Et pour l'enfer, point n'est besoin de plus. » Notre intelligence ne peut saisir le mystère de l'après-vie qu'au travers de la séparation d'avec ceux qui nous étaient chers. Mais, justement que peut avoir comme signification la douleur de la séparation ? le signe de l'existence du paradis ou de l'enfer ? J'avoue que cette question ne fait pas sens pour moi. Dickinson interroge encore et encore l'ultime fin comme si elle devait marquer l'abolition de la distance à Dieu, la vie terrestre nous y ayant condamnés.
Reste chez elle un amour contemplatif de la nature qui s'exprime avec une simplicité remarquable qui touche au coeur.
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C'est la lecture de Siri Hustvedt qui m'a amené à découvrir cette si singulière poétesse. On pourrait être tenté de qualifier cette poésie par tous les sens qu'elle embra(s)se : savoureuse, lumineuse, harmonieuse… ; cependant que tous ces adjectifs resteraient insuffisants pour en dépeindre la beauté.
Faute de pouvoir en parler donc, je limiterai cet avis à un conseil de lecture. En effet, la présentation bilingue s'y prêtant, au départ j'ai lu chaque page en me reportant au texte original. Il s'est vite avéré que c'était une erreur qui, d'une part, gâchait le plaisir de la lecture et, d'autre part, occultait le travail de la traductrice dont je tiens à souligner ici la qualité. Lisez d'abord tout le texte en français avant de vous reporter à l'original (ou l'inverse). La traduction française réussit à faire entendre une voix, une musique qui étonnamment font parfaitement écho à celles de l'original, lui rendent sa beauté dans une autre langue ; ce qui à mes yeux (et oreilles) représente une véritable prouesse. J'ignore le labeur et le temps qu'il aura fallu à la traductrice Françoise Delphy pour arriver à ce résultat, mais chapeau bas !
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Elle vécut au 19ème siècle et fut une voix majeure de la rébellion poétique et féministe contre la société puritaine de l'époque; Ses écrits datent surtout des années de la guerre de Sécession, lorsqu'elle vivait recluse et vêtue de blanc.
Ses poèmes traduisent des émotions quotidiennes mais intenses, évoquant les souffrances des années de guerre et les amours déçues du passé.
Une psychologie tourmentée, beaucoup d'intériorité.
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J'ai plusieurs fois essayer de lire de la poésie, surtout celle de poéte français, mais impossible d'accrocher. Puis, j'ai découvert la série sur Emily Dickinson, et je fus intrigué par les quelques vers de la poétesse qu'on découvre dans la série. J'ai donc cherché un livre avec ses poèmes, mais c'est rare en français. Et c'est là, où je suis tombé sur cette pépite qui est une édition bilingue. Je commença ma lecture vite et pris largement mon temps pour le finir, vu le nombre de poèmes, mais je fus charmé par ses mots. En premier, en à le droit à une biographie d'Emily Dickinson ainsi qu'une note de traduction pour mieux comprendre la lecture, et ensuite on attaque les 1 789 poèmes. Je suis subjugué par sa plume, son style d'aborder les divers sujets comme la nature ou la mort avec une certaines éléguance en personnifiants les choses. Et mes plus gros coup de coeur de ses poémes, je les notais dans un carnet. Je conseille de les lires à haute voix, car les entendre change la lecture et permet de mieux en profiter à mon goût. On voit l'évolution de ses poémes au fils du temps, ainsi que la différence de taille, certain font plusieurs vers, d'autre que quatre.

On trouve les poèmes d'Emily Dickinson quand édition bilingue, et j'ai beau être une bille en anglais, comparer les deux est intéressant. La papier du livres est extrément fin, donc à manipuler doucement si on souhaite pas abimer les pages ou les déchirer.

Lien : http://lecholitteraire.e-mon..
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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
                            
La plus belle Maison que j'aie jamais connue
Fut fondée en une Heure
Par des Sujets que je connaissais aussi
Une araignée et une Fleur —
Un presbytère de dentelles et de Duvet —
                            
                             
The fairest Home I ever knew
Was founded in an Hour
By Parties also that I knew
A spider and a Flower —
A manse of mechlin and of Floss —
                            
1877
                            
Traduit par Françoise Delphy | pp. 1160-1
(poème 1443)
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[830]
L'Admiration - et le Mépris - de ce monde -
Se font plus justes - devant une Tombe Ouverte -
Le Mourant - placé comme en Hauteur
Réorganise le Jugement
Et ce que Nous n'avions pas vu
Nous le distinguons clairement
Et surtout - nous ne voyons pas
Ce que Nous avions vu avant

C'est une Vision Composée -
La Lumière - permettant la Lumière
Le Fini - enrichi

The Admirations - and Contempts - of time -
Show justest - through an Open Tomb -
The Dying - as it were a Hight
Reorganizes Estimate
And what We saw not
We distinguish clear -
And mostly - see not
What We saw before -

'Tis Compound Vision -
Light - enabling Light -
The Finite - furnished
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"Me, change! Me, alter!
Then I will, when on the Everlasting Hill
A Smaller Purple grows –
At sunset, or a lesser glow
Flickers upon Cordillera –
At Day's superior close!"
281
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If this is “fading”
Oh let me immediately “fade”!
If this is “dying”
Bury me, in such a shroud of red!
If this is “sleep,”
On such a night
How proud to shut the eye!
Good Evening, gentle Fellow men!
Peacock presumes to die!
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J’ai au printemps un Oiseau…


Extrait 1
 
J’ai au printemps un Oiseau
Qui chante pour moi —
Il séduit le printemps.
Et tandis qu’approche l’été —
Et qu’apparaît le Rose,
Mon oiseau s’en est allé.

Pourtant je n’en ai point chagrin
Sachant que cet Oiseau mien
Bien qu’envolé —
Apprend au-delà des mers
Une mélodie neuve pour moi
Et reviendra.

Solidement saisis par une main plus sûre
Et retenus par une Terre plus vraie
Habitent les miens —
Et même s’ils s’en vont maintenant,
Je dis à mon cœur qui doute
Ils t’appartiennent….
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