Les
poèmes des années 1861-1863 furent, dit-on, ceux des années les plus prolifiques de la création littéraire d'
Emily Dickinson. Cette information étant divulguée, nous ne nous en sentons guère plus avancés.
Emily Dickinson a mené une vie de solitude et d'enracinement. Ses relations semblent avoir été nourries davantage du côté de l'imaginaire que du côté du réel. Est-ce pour cela que ses
poèmes sont si joyeux, si amusés – parfois même impertinents ? Sont-ils adressés à quelqu'un en particulier, à personne, ou à n'importe qui ? Cherchent-ils à interpeller le lecteur en le renvoyant à ses propres bassesses, ou essaient-ils d'invoquer Dieu en rendant hommage, par contraste, à sa grandeur ?
Légers, les
poèmes d'
Emily Dickinson bousculent et provoquent, à la fois par la déstructuration rythmique du langage et à la fois par des images familières, si fréquentes chez les écrivains mystiques. Je conclurai en citant
Léon Bloy : « le tissu léger de son langage qui laissait voir les formes pures de sa pensée, n'était presque rien de plus qu'un rappel constant des humbles choses de la nature qu'elle avait pu voir. »